MISE AU POINT
G. Jondeau
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DOSSIER
AMC pratique n°223 décembre 2013
tive de l’aorte qu’une chirurgie d’urgence
pour dissection (figure 7).
Le traitement de la luxation du cristallin
repose sur son ablation justifiée en cas de
conséquence fonctionnelle importante et
pose le problème de la mise en place d’im-
plant qui est parfois difficile et toujours non
recommandée chez les enfants. En l’absence
d’implant, les lunettes sont nécessaires.
Le traitement rhumatologique n’est pas
spécifique (traitement de la scoliose, traite-
ment des pieds plats, des douleurs…).
Enfin, du fait de l’origine génétique de la
pathologie, il est fondamental de réaliser
une enquête familiale pour dépister les
parents atteints qui ne le sauraient pas,
avant qu’une dissection aortique ne révèle
chez eux la maladie.
Les syndromes apparentés
Les progrès réalisés ces dernières années
reposent également sur le fait que de nou-
veaux syndromes aient pu être reconnus,
dont le pronostic peut différer ou non du
syndrome de Marfan classique, notamment
parmi les formes familiales d’anévrysmes.
Certains sont associés à des signes systé-
miques, d’autres non [7].
L’importance des signes rhumatologiques,
la survenue précoce d’une arthrose doit
faire évoquer une mutation dans le gène
SMAD3 (osteo-arthritis syndrome), la pré-
sence d’une peau fine translucide, une
luette bifide, un hypertélorisme : une muta-
tion dans le gène TGFBR1 ou TGFBR2 (Loeys
Dietz syndrome) ; et un livedo racemosa :
une mutation dans le gène ACTA2.
La persistance d’un canal artériel fait évo-
quer une mutation dans le gène MYH11.
Des tableaux de Marfan classique y compris
correspondant aux critères récents, avec signes
squelettiques plus ou moins nets, l’absence de
signe ophtalmologique franc peuvent se voir
chez les porteurs de mutation dans le gène
TGFBR1, TGFBR2, SMAD3 et TGFB2.
Mais toutes ces mutations peuvent ne se tra-
duire que par un anévrysme de l’aorte ascen-
dante isolé (mais génétique, donc familial).
Quel que soit le type de mutation en cause,
le diagnostic de syndrome de Marfan ou
d’une forme apparentée conduit à la limi-
tation des sports, à la prescription d’un trai-
tement bétabloquant et à une surveillance
échocardiographique annuelle. Mais cer-
taines mutations dans ces nouveaux gènes
peuvent s’accompagner d’un risque d’ané-
vrysme cérébral, ce qui justifie un bilan vas-
culaire cérébral initial (IRM, voire scanner).
Certaines mutations s’accompagnent égale-
ment d’un risque de dilatation et de dissec-
tions d’artères périphériques, qui justifie la
réalisation d’une opacification de toutes les
artères au moins une fois chez les patients
porteurs de ces mutations (généralement
un scanner de l’ensemble des vaisseaux). Il
s’agit de formes génétiques de dilatation
ou dissections d’artères périphériques, qui
sont donc soupçonnées soit devant l’exis-
tence de signes extra-aortiques évocateurs
(arthrose précoce, luette bifide, peau fine et
transparente, hypertélorisme…), soit devant
la pathologie aortique et son caractère
familial. Ce dernier point souligne encore
la nécessité de faire une enquête familiale
pour dépister les apparentés qui présen-
tent un anévrysme de l’aorte ascendante,
Figure 7. Evolution de la prise en charge des patients illustrée par la modification des
indications des chirurgies aortiques (histogramme supérieur) et le type d’intervention réalisée
(histogramme inférieur).