Patrice Cani, chercheur en microbiologie à l'Université Catholique de Louvain en Belgique, connaît bien
Akkermansia. Quand il la donne à des souris qui suivent une diète « fast food », riche en graisses et en
sucres, elles prennent deux fois moins de poids que des souris qui n'ont pas reçu la bactérie.
Le lien avec le mucus? Akkermansia s'en nourrit, et il semblerait qu'elle envoie des signaux aux cellules de
l'intestin pour en fabriquer davantage. La barrière de mucus est ainsi de meilleure qualité.
Le microbiote des personnes obèses et souffrant de diabète de type deux comporte moins d'Akkermansia
muciniphila. « On a découvert que lors d'un régime riche en graisse, l'épaisseur de cette couche de mucus
est diminuée », explique Patrice Cani. Le chercheur tente d'élaborer des formules bactériennes qui pourraient
aider les personnes en surpoids à maigrir, mais aussi à limiter les dégâts métaboliques liés à leur condition,
comme la résistance à l'insuline.
Mais comment favoriser la multiplication de cette bactérie bénéfique?
Le reportage de Mario Masson, réalisé par Jeannita Richard, est diffusé à l'émission Découverte le
dimanche 27 septembre à 18 h 30 sur ICI Radio-Canada Télé.
Petits fruits à la rescousse
André Marette, chercheur à la faculté de médecine de l'Université Laval et directeur scientifique de l'Institut
sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), a obtenu des résultats convaincants avec de l'extrait de
canneberges.
« Les animaux qui développent normalement de l'obésité suite à ce régime [riche en gras et en sucre], si on
leur donne en même temps des extraits de canneberges pendant huit semaines, on prévient totalement l'effet
obésogène de cette diète fast food », explique-t-il.
André Marette utilise les petits fruits comme prébiotiques. Il pense que les polyphénols, des molécules
antioxydantes contenues dans ces petits fruits, peuvent stimuler la multiplication de bactéries bénéfiques,
comme Akkermansia Muciniphila.
Les premiers résultats des études avec des extraits de petits fruits qu'André Marette a réalisées sur des
humains sont très prometteurs. Des individus obèses ayant été traités pendant six semaines avec un extrait
de canneberges et de fraises ont obtenu une amélioration de leur sensibilité à l'insuline, par rapport à des
personnes ayant reçu un placebo.
Encore une fois, les mécanismes précis de l'implication du microbiote doivent être mieux étudiés. Mais André
Marette et Patrice Cani sont persuadés d'une chose : en plus des habitudes alimentaires, la composition du
microbiote doit être prise en compte dans la prévention de l'obésité et des maladies qui en découlent.