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pharmaJournal 19 | 9.2014
→ Pharmazie und Medizin · Pharmacie et médecine
Effets indésirables occasionnels
mais plus marqués pour la codéine
La codéine, en raison de son effet opioïde,
présente généralement des effets indési-
rables plus marqués que le dextrométhor-
phane [7]. Les effets indésirables les plus
fréquemment rapportés pour les deux
molécules sont des troubles gastro-intes-
tinaux (nausées, constipation, vomisse-
ments) ainsi que des vertiges et de la
somnolence.
Toutefois, ces effets restent occasion-
nels (<1% des patients) aux posologies
antitussives habituelles. La codéine pos-
sède également un effet dépresseur sur le
système respiratoire. En cas d’insuffi-
sance respiratoire ou d’asthme, l’utilisa-
tion de dextrométhorphane est donc pré-
férable.
Spectre d’interactions plus large
pour le dextrométhorphane
La codéine et le dextrométhorphane sont
tous deux métabolisés dans le foie par le
CYP2D6. L’utilisation simultanée de
substances inhibant le CYP2D6 (p. ex.
amiodarone, fluoxétine, paroxétine, rispé-
ridone, etc.) peut augmenter leurs
concentrations plasmatiques et donc la
survenue d’effets indésirables. Dans de
tels cas, une diminution de la posologie
est recommandée.
En plus de ces interactions pharma-
cocinétiques, le dextrométhorphane ex-
pose à un risque de syndrome sérotoni-
nergique s’il est associé à d’autres médi-
caments ayant le même effet, tels que
certains antidépresseurs ou psychotropes
[8]. En présence de substances sérotoni-
nergiques, on privilégiera plutôt l’utilisa-
tion de la codéine.
2. Antihistaminique: oxomémazine
L’oxomémazine est un antihistaminique
de la famille des phénothiazines. En agis-
sant sur les récepteurs H1, cette molécule
a pour effet de diminuer l’intensité et la
fréquence des quintes de toux. En raison
de son effet sédatif marqué et du manque
de données disponibles concernant son
efficacité, l’utilisation de l’oxomémazine
devrait être réservée aux cas de toux noc-
turne. Chez les enfants et les adolescents
(moins de 18 ans), son usage doit se faire
uniquement sur prescription médicale.
Effets indésirables à éviter chez
la personne âgée
L’oxomémazine expose à divers effets in-
désirables typiques des antihistaminiques
d’ancienne génération: sédation, effets de
type anticholinergiques tels que séche-
resse buccale ou constipation, troubles de
l’équilibre, vertiges et confusion mentale.
Nous n’avons pas trouvé d’indication de
fréquence de ces effets dans la littérature
[9], probablement dû au fait que l’oxomé-
mazine n’est pas commercialisée dans les
pays anglo-saxons [10]. En tenant compte
de ce spectre d’effets indésirables, l’oxo-
mémazine devrait être évitée chez les
personnes de plus de 65 ans.
Faible spectre d’interactions
L’oxomémazine n’interagit pas avec les
enzymes du CYP450, ce qui limite le
risque d’interactions. Les principales inter-
actions à relever sont une potentialisation
des effets dépresseurs au niveau central
ou des effets anticholinergiques en asso-
ciation avec d’autres molécules possédant
ces mêmes effets.
Les antitussifs dans la pratique
La toux sèche, dont la guérison est généra-
lement spontanée, ne nécessite pas forcé-
ment de traitement médicamenteux. Il est
généralement possible d’avoir recours à
des mesures non médicamenteuses, en
plus, voire à la place d’un traitement anti-
tussif, notamment chez les patients poly-
médiqués ou présentant une contre-indi-
cation à l’utilisation d’un antitussif.
Une hydratation adéquate et la
consommation de boissons chaudes (p. ex.
avec du miel) ou de bonbons à base de
glycérine aident souvent à soulager l’irri-
tation. En cas de toux nocturne, l’humidi-
fication de l’air peut aider à soulager les
symptômes. Il est également conseillé
d’arrêter de fumer et d’éviter toute expo-
sition à des facteurs irritants (p. ex. aller-
gènes) [1].
Si la toux est vraiment trop gênante
malgré ces mesures et qu’un traitement
s’avère nécessaire, le choix s’effectuera au
En cas de toux diurne bénigne, la codéine est recommandée chez les patients déjà traités par un
médicament agissant sur le système sérotoninergique. © Zerbor - Fotolia
Dépendance et risque d’abus [11, 12]
Un traitement antitussif devrait toujours être
conseillé pour une durée limitée (en moyenne 5
à 7 jours) afin d’éviter tout risque d’abus. En effet,
l’usage abusif et/ou prolongé d’antitussifs à ac-
tion centrale (codéine et dextrométhorphane)
peut engendrer une dépendance physique et
psychique.
Plusieurs cas d’abus de dextrométhorphane ont
été recensés ces dernières années [12], notam-
ment chez les adolescents. Cette molécule est
connue pour provoquer des effets de type
« euphorisant» si elle est consommée de manière
abusive. Ces cas restent cependant rares et isolés
et les médicaments à base de dextrométhor-
phane sont toujours considérés comme sûrs s’ils
sont utilisés aux posologies thérapeutiques re-
commandées [12]. Pour éviter de tels abus, la
forme galénique à privilégier est le sirop car il
exclut pratiquement tout risque d’abus. Il en-
traîne en effet nausées et diarrhée s’il est
consommé en grande quantité [13].
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