Examen rare complémentaire
Examen rare complémentaire
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successifs de congélation-décongélation.
Cependant, cette stabilité n’est que
relative lorsque la détection est réali-
sée par une technique immunoenzy-
matique.
Une analyse rétrospective des résultats
obtenus en Western blot dans notre
laboratoire confère une spécificité de
93 % et une sensibilité de 88 % à la
14-3-3 dans le diagnostic de MCJ spo-
radique ; la valeur prédictive négative
est de 98 % (nombre de cas suspectés :
1 900 ; MCJ sporadiques vérifiées :
240). Les performances de la 14-3-3
varient peu en fonction de l’âge des
patients. On note toutefois que la spé-
cificité (98 %) et la sensibilité (91 %)
de la 14-3-3 sont les plus élevées chez
les patients âgés de 50 à 60 ans, alors
que la spécificité baisse légèrement
après 80 ans (89 %).
La protéine 14-3-3 peut être détectée
occasionnellement dans le LCR de
patients présentant des pathologies
entraînant une souffrance neuronale
(tableau II). Dans le cadre d’une
étude rétrospective, des résultats obtenus
dans le cadre du réseau national de
surveillance des maladies de Creutzfeldt-
Jakob (U360/InVs), nous avons exa-
miné le diagnostic définitif porté chez
80 patients parmi les 90 sur 1 770
(5 %) ayant présenté une 14-3-3 faus-
sement positive dans le LCR (8) : 21
présentaient un accident vasculaire
cérébral, 14 une encéphalopathie
métabolique ou médicamenteuse, 10
une encéphalite infectieuse, 8 une
paranéoplasie et 4 présentaient un état
de mal récent. Enfin, 12 patients ont
été diagnostiqués comme atteints de
maladie d’Alzheimer, et 11 de
démence d’étiologie inconnue, soit
0,5 % des patients testés.
Dans un grand nombre de situations
pouvant entraîner une élévation de la
14-3-3 dans le LCR, l’expérience
montre que ce phénomène est le plus
souvent transitoire et qu’une nouvelle
ponction lombaire réalisée à un mois
d’intervalle permet d’observer la nor-
malisation de la 14-3-3.
Si la 14-3-3 est un marqueur d’orien-
tation diagnostique intéressant dans la
MCJ sporadique, son élévation est
retardée dans les formes acquises, le
plus souvent caractérisées par le déve-
loppement d’une démence tardive ; il
faut donc répéter sa recherche lorsque
cette étiologie est suspectée. À titre
d’exemple, la 14-3-3 ne s’élève que
6 mois après l’apparition des premiers
signes cérébelleux chez des patients
développant une MCJ iatrogène liée à
l’hormone de croissance (9). Par
ailleurs, la moitié des cas de vMCJ
seulement présente une 14-3-3 posi-
tive lorsque le diagnostic est évoqué.
Quelle conclusion attendre de la 14-3-3 ?
La 14-3-3 n’est pas un marqueur pré-
symptomatique des maladies à prions.
La recherche de la protéine 14-3-3
dans le LCR n’est en aucun cas un test
diagnostique à réaliser de manière sys-
tématique devant un patient présentant
un tableau neurologique ou psychia-
trique mal défini. Les demandes faites
de façon aveugle ont peu de chance
d’être contributives et sont même à
proscrire, car l’expérience montre que
lorsque la 14-3-3 s’avère positive pour
une autre raison que la MCJ, la forte
suspicion de MCJ qu’elle entraîne
immanquablement est à l’origine de
situations difficiles à gérer, en parti-
culier quand du matériel médico-
chirurgical sensible a été utilisé. Le
cadre de recherche le plus favorable de
la 14-3-3 dans le LCR est donc celui
d’une démence rapidement progres-
sive, chez un patient présentant un
LCR pauci-cellulaire, avec une protéi-
norachie inférieure à 1 g/l, après avoir
écarté un autre diagnostic à l’imagerie.
Dans ce contexte, la détection de la
14-3-3 dans le LCR est fortement évo-
catrice d’une MCJ. Cependant, dans
environ 10 % des MCJ sporadiques, la
protéine 14-3-3 n’est pas détectée.
Cette absence d’élévation de la pro-
téine 14-3-3 pourrait être en relation
avec le degré d’extension des lésions
cérébrales, qui conditionne le relar-
guage de protéines dans le LCR. Avec
la répétition de l’examen, il est pos-
sible de mettre en évidence la positi-
vité tardive du marqueur.
Dans les fortes suspicions de formes
iatrogènes (principalement liées à
l’hormone de croissance) et le vMCJ,
il est recommandé de réitérer la
recherche de la 14-3-3.
Les explorations à suivre
Dans toutes les suspicions de maladies
à prions, une étude du gène PRNP
devra être réalisée afin d’exclure une
origine génétique. En effet, en l’ab-
sence de contexte familial, des muta-
tions de PRNP sont observées dans
des formes apparemment sporadiques.
Le génotype au codon 129 du gène
PRNP n’a aucun intérêt diagnostique.
Il a en revanche un intérêt épidémio-
logique majeur dont on se convainc
facilement en constatant que tous les
cas de vMCJ connus à ce jour sont
homozygotes méthionine/méthionine
au codon 129, un génotype présent
chez 35-40 % des Européens.
Dans les suspicions documentées de
vMCJ et après exclusion d’une forme
génétique, une recherche de PrPSc
wAccidents vasculaires cérébraux
wAngiopathie amyloïde
wComitialité
wDémence d’autre origine
wDémence type Alzheimer et maladie
d’Alzheimer
wEncéphalite d’Hashimoto
wEncéphalites infectieuses herpétiques et non
herpétiques
wEncéphalopathie toxique
wEncéphalopathie métabolique
wHémorragie méningée
wHydrocéphalie
wIschémie cérébrale
wLeucoencéphalopathie
wMyélome multiple
wParanéoplasie (lymphome,astrocytome)
wSclérose latérale amyotrophique
wSyndrome de Down
wSyndrome de Rett
Tableau II. Situations cliniques pouvant
occasionnellement s’accompagner d’une
élévation de 14-3-3 dans le LCR en
dehors des maladies à prions.