Examen rare complémentaire K. Peoc’h*, V. Quignon** , M. Laine**, N. Delasnerie-Lauprêtre***, C. Bouchet**, J.M. Launay**, J.L. Laplanche** Les différentes maladies à prions humaines La MCJ (1,5 cas par million d’habitant et par an) se décline sous trois modes différents : la forme sporadique, les formes génétiques et les formes acquises (2). La forme sporadique (85 % des cas) est d’origine indéterminée et touche les deux sexes après 50 ans. Les patients présentent généralement une démence d’aggravation rapide, associée à des myoclonies, évoluant invariablement vers le décès en 2 à 8 mois. Cette démence peut être associée à des signes cérébelleux, signes pyramidaux ou extrapyramidaux, à des troubles * Katell Peoc’h est pharmacienne biologiste, ancienne interne en pharmacie des hôpitaux de Paris. Elle est actuellement assistante spécialiste dans le service de biochimie du Pr Launay (hôpital Lariboisière, Paris) et s’occupe du diagnostic des maladies à prions humaines (Pr Laplanche), en liaison avec le réseau d’épidémiosurveillance de la maladie de Creuzfeldt-Jakob, et l’Institut national de veille sanitaire (INVS). Elle réalise sa thèse de doctorat en sciences dans l’EA 3621 “Biologie des maladies à prions et régulation cellulaire” de la faculté de pharmacie de l’Observatoire (Paris V). ** Service de biochimie et biologie moléculaire, hôpital Lariboisière, Paris. *** INSERM U360, hôpital de la PitiéSalpêtrière, Paris. visuels et à un mutisme akinétique dans la phase terminale de la maladie. Les formes génétiques (15 %) sont liées à des mutations du gène PRNP transmises sur un mode autosomique dominant. À ce jour, plus de vingt mutations ponctuelles et insertions ont été recensées dans PRNP ; la plus fréquente étant la mutation du codon 200 (E200K). Les formes iatrogènes (environ 300 cas recensés à ce jour) ont résulté de contamination par voie neurochirurgicale ou à la suite de greffes de duremère, plus rarement de cornée, ou encore après injection d’hormones hypophysaires, essentiellement d’hormone de croissance (3). La vMCJ est la conséquence d’une contamination par l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovine, probablement par voie alimentaire. Elle se manifeste par des signes psychiatriques et souvent des douleurs chez des patients jeunes (28 ans en moyenne), évoluant lentement vers la démence et la mort (4). Cette forme se différencie également de la forme sporadique par la présence à l’examen neuropathologique de dépôts amyloïdes centrés sur une bulle de spongiose ou plaque en marguerite. À ce jour, 132 cas ont été recensés au Royaume-Uni, six cas en France et un cas en Irlande, en Italie, au Canada et aux États-Unis. Les autres maladies à prions humaines comprennent le syndrome de Gertsmann-Sträussler-Scheinker (GSS), l’insomnie fatale familiale (IFF), qui sont deux maladies géné- L es maladies à prions sont des maladies neurodégénératives mortelles liées à l’accumulation dans le système nerveux central de particules infectieuses protéiques appelées prions (1). Les prions sont constitués d’une isoforme anormale (appelée PrPSc), d’un constituant cellulaire normal, la protéine prion (PrPc). Ces maladies sont retrouvées chez les animaux et chez l’homme. La plus fréquente des maladies humaines est la maladie de Creuzfeldt-Jakob (MCJ), qui existe sous une forme sporadique, génétique ou acquise (iatrogène ou nouvelle variante [vMCJ]). Le diagnostic de certitude est fondé sur l’examen neuropathologique, généralement réalisé lors de l’autopsie. Bien que rares à l’heure actuelle, les maladies à prions s’intègrent dans le cadre du diagnostic différentiel des démences. Les maladies à prions humaines sont par ailleurs des maladies à déclaration obligatoire depuis le décret du 19 avril 1996. Tout matériel utilisé dans l’examen, le diagnostic (endoscope, etc.) ou le traitement (matériel chirurgical) de ces malades nécessite un traitement spécifique modulé en fonction du risque et suivant les directives de la circulaire DGS/C/DHOS/E2/2001/138 du 14 mars 2001. Le diagnostic de ces maladies est donc important en matière de prévention et d’hygiène hospitalière. Le diagnostic biologique repose actuellement sur la détection de marqueurs de destruction neuronale dans le LCR, sur l’étude du gène de la protéine prion (PRNP), qui permet d’identifier des mutations responsables des formes génétiques et sur la mise en évidence de PrPSc dans les amygdales de patients atteints de vMCJ. La détection de la protéine 14-3-3 dans le LCR est actuellement le test le plus employé du vivant du patient dans ces maladies. 210 Examen rare complémentaire Diagnostic ante-mortem des maladies à prions humaines : du bon usage de la recherche de la protéine 14-3-3 K. Peoc’h tiques rares, ainsi que le kuru, une forme acquise liée à des pratiques cannibales rituelles en PapouasieNouvelle-Guinée, actuellement quasiment disparue. Exploration biologique Biologie usuelle Les maladies à prions humaines ne s’accompagnent d’aucune réaction immunitaire ni inflammatoire, et d’aucune anomalie biologique, à l’exclusion d’une augmentation modérée et transitoire des enzymes hépatiques. L’examen du LCR est normal, la protéinorachie est normale à modérément augmentée mais reste inférieure à 1 g/l, et la glycorachie est normale. Le LCR est pauci-cellulaire. La présence de bandes oligoclonales confinées au LCR a parfois été observée. Tests spécialisés d’orientation diagnostique Plusieurs marqueurs de destruction neuronale ont été recherchés dans le LCR de patients, dans le cadre du diagnostic des maladies à prions humaines (5). La NSE (neuron specific enolase) est une enzyme de la glycolyse, marqueur tumoral du cancer du poumon à petites cellules. Sa détermination dans le LCR des patients suspects de MCJ, avec un seuil de significativité à 35 ng/ml, permet d’obtenir une sensibilité de 80 % et une spécificité de 92 % (méthode ELISA). La protéine S-100, d’origine astrocytaire, est une protéine de fixation du calcium. Les performances du dosage de la S-100 sérique dans l’exploration de la MCJ sont décevantes, puisque la sensibilité et la spécificité ne sont que de 80 %. La protéine tau est une protéine associée aux microtubules du cytosquelette neuronal. Le dosage dans le LCR présente des performances très satisfaisantes dans le diagnostic de MCJ, mais le prix représente un obstacle majeur. De plus, ce marqueur s’élève également dans la maladie d’Alzheimer. À ce jour, seule la détection de la protéine 14-3-3 dans le LCR a donc révélé un réel intérêt diagnostique en raison de sa spécificité et de sa sensibilité satisfaisante. Ce critère prend place dans la version réactualisée des critères diagnostiques de la MCJ (tableau I). La protéine 14-3-3 est une protéine ubiquitaire particulièrement abondante dans les neurones et les hématies, régulatrice de nombreuses fonctions cellulaires. Cette protéine, dont il existe sept isoformes, ne participe pas en tant que telle à la physiopathologie des maladies à prions, mais sa présence dans le LCR est un indicateur de la souffrance neuronale. L’élévation de la 14-3-3 est contemporaine de la démence. Les isoformes de la protéine sont détectées dans le LCR par une technique de Western blot (6) (figure) ou immunoenzymatique (7). Le LCR est prélevé par ponction lombaire non traumatique (un LCR hémorragique, ou prélevé lors d’une intervention neurochirurgicale, ou post-mortem, n’est pas contributif en raison du risque majeur d’élévation non spécifique de la 14-3-3). Le prélèvement est conservé à 4 °C et acheminé à cette température au laboratoire. Si le prélèvement de LCR doit être conservé plus de 3 jours avant envoi, le LCR est centrifugé, le surnageant congelé à -20 °C et envoyé congelé. La protéine 14-3-3 présente l’avantage d’être stable aux températures usuelles de conservation, ainsi qu’aux cycles Tableau I. Critères diagnostiques européens de la MJC sporadique (d’après [10]). MJC sporadique certaine Confirmation neuropathologique et/ou PrPSc positif confirmé par immunohistochimie/Western blot et/ou fibrilles SAF (scrapie associated fibrils) MJC sporadique probable Démence progressive, EEG typique et/ou détection positive de 14-3-3 dans le LCR Et au moins deux des éléments cliniques suivants : 1. Myoclonies 2. Signes cérébelleux ou visuels 3. Signes pyramidaux ou extrapyramidaux 4. Mutisme akinétique MJC sporadique possible Démence progressive Pas d’EEG ou EEG atypique et détection négative de 14-3-3 dans le LCR Et au moins deux des éléments cliniques suivants : 1. Myoclonies 2. Signes cérébelleux ou visuels 3. Signes pyramidaux ou extrapyramidaux 4. Mutisme akinétique 1 2 3 4 5 6 7 8 30 kDa Figure. Détection de la protéine 14-3-3 par Western blot du LCR de patients suspects de MJC. La protéine 14-3-3, lorsqu’elle est présente, se matérialise par une bande à 30 kDa. 1, 2, 3 : patients MCJ ; le patient 4 est considéré comme faiblement positif. 3 : LCR hémorragique. 5, 6, 7, 8 : patients non-MCJ. Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 8/9, novembre-décembre 2003 211 Examen rare complémentaire Examen rare complémentaire successifs de congélation-décongélation. Cependant, cette stabilité n’est que relative lorsque la détection est réalisée par une technique immunoenzymatique. Une analyse rétrospective des résultats obtenus en Western blot dans notre laboratoire confère une spécificité de 93 % et une sensibilité de 88 % à la 14-3-3 dans le diagnostic de MCJ sporadique ; la valeur prédictive négative est de 98 % (nombre de cas suspectés : 1 900 ; MCJ sporadiques vérifiées : 240). Les performances de la 14-3-3 varient peu en fonction de l’âge des patients. On note toutefois que la spécificité (98 %) et la sensibilité (91 %) de la 14-3-3 sont les plus élevées chez les patients âgés de 50 à 60 ans, alors que la spécificité baisse légèrement après 80 ans (89 %). La protéine 14-3-3 peut être détectée occasionnellement dans le LCR de patients présentant des pathologies entraînant une souffrance neuronale (tableau II). Dans le cadre d’une étude rétrospective, des résultats obtenus dans le cadre du réseau national de Tableau II. Situations cliniques pouvant occasionnellement s’accompagner d’une élévation de 14-3-3 dans le LCR en dehors des maladies à prions. w Accidents vasculaires cérébraux w Angiopathie amyloïde w Comitialité w Démence d’autre origine w Démence type Alzheimer et maladie d’Alzheimer w Encéphalite d’Hashimoto w Encéphalites infectieuses herpétiques et non herpétiques w Encéphalopathie toxique w Encéphalopathie métabolique w Hémorragie méningée w Hydrocéphalie w Ischémie cérébrale w Leucoencéphalopathie w Myélome multiple w Paranéoplasie (lymphome, astrocytome) w Sclérose latérale amyotrophique w Syndrome de Down w Syndrome de Rett surveillance des maladies de CreutzfeldtJakob (U360/InVs), nous avons examiné le diagnostic définitif porté chez 80 patients parmi les 90 sur 1 770 (5 %) ayant présenté une 14-3-3 faussement positive dans le LCR (8) : 21 présentaient un accident vasculaire cérébral, 14 une encéphalopathie métabolique ou médicamenteuse, 10 une encéphalite infectieuse, 8 une paranéoplasie et 4 présentaient un état de mal récent. Enfin, 12 patients ont été diagnostiqués comme atteints de maladie d’Alzheimer, et 11 de démence d’étiologie inconnue, soit 0,5 % des patients testés. Dans un grand nombre de situations pouvant entraîner une élévation de la 14-3-3 dans le LCR, l’expérience montre que ce phénomène est le plus souvent transitoire et qu’une nouvelle ponction lombaire réalisée à un mois d’intervalle permet d’observer la normalisation de la 14-3-3. Si la 14-3-3 est un marqueur d’orientation diagnostique intéressant dans la MCJ sporadique, son élévation est retardée dans les formes acquises, le plus souvent caractérisées par le développement d’une démence tardive ; il faut donc répéter sa recherche lorsque cette étiologie est suspectée. À titre d’exemple, la 14-3-3 ne s’élève que 6 mois après l’apparition des premiers signes cérébelleux chez des patients développant une MCJ iatrogène liée à l’hormone de croissance (9). Par ailleurs, la moitié des cas de vMCJ seulement présente une 14-3-3 positive lorsque le diagnostic est évoqué. Quelle conclusion attendre de la 14-3-3 ? La 14-3-3 n’est pas un marqueur présymptomatique des maladies à prions. La recherche de la protéine 14-3-3 dans le LCR n’est en aucun cas un test diagnostique à réaliser de manière systématique devant un patient présentant un tableau neurologique ou psychiatrique mal défini. Les demandes faites de façon aveugle ont peu de chance d’être contributives et sont même à proscrire, car l’expérience montre que lorsque la 14-3-3 s’avère positive pour une autre raison que la MCJ, la forte suspicion de MCJ qu’elle entraîne immanquablement est à l’origine de situations difficiles à gérer, en particulier quand du matériel médicochirurgical sensible a été utilisé. Le cadre de recherche le plus favorable de la 14-3-3 dans le LCR est donc celui d’une démence rapidement progressive, chez un patient présentant un LCR pauci-cellulaire, avec une protéinorachie inférieure à 1 g/l, après avoir écarté un autre diagnostic à l’imagerie. Dans ce contexte, la détection de la 14-3-3 dans le LCR est fortement évocatrice d’une MCJ. Cependant, dans environ 10 % des MCJ sporadiques, la protéine 14-3-3 n’est pas détectée. Cette absence d’élévation de la protéine 14-3-3 pourrait être en relation avec le degré d’extension des lésions cérébrales, qui conditionne le relarguage de protéines dans le LCR. Avec la répétition de l’examen, il est possible de mettre en évidence la positivité tardive du marqueur. Dans les fortes suspicions de formes iatrogènes (principalement liées à l’hormone de croissance) et le vMCJ, il est recommandé de réitérer la recherche de la 14-3-3. Les explorations à suivre Dans toutes les suspicions de maladies à prions, une étude du gène PRNP devra être réalisée afin d’exclure une origine génétique. En effet, en l’absence de contexte familial, des mutations de PRNP sont observées dans des formes apparemment sporadiques. Le génotype au codon 129 du gène PRNP n’a aucun intérêt diagnostique. Il a en revanche un intérêt épidémiologique majeur dont on se convainc facilement en constatant que tous les cas de vMCJ connus à ce jour sont homozygotes méthionine/méthionine au codon 129, un génotype présent chez 35-40 % des Européens. Dans les suspicions documentées de vMCJ et après exclusion d’une forme génétique, une recherche de PrPSc 212 Examen rare complémentaire Examen rare complémentaire pourra être effectuée dans les amygdales, après examen du LCR et recherche de signaux spécifiques à l’imagerie. Des études sont actuellement en cours afin de préciser l’intérêt diagnostique de la protéine neuronale tau dans le LCR des patients suspects de ces formes acquises. Dans tous les cas, le diagnostic devra être confirmé par l’examen neuropathologique post-mortem et la mise en évidence de PrPSc, sauf si une évolution favorable ou l’identification d’une autre étiologie ont permis d’exclure le diagnostic. Pour conclure La protéine 14-3-3 est un marqueur d’orientation diagnostique précieux dans le diagnostic ante-mortem des maladies à prions humaines. Afin de rendre cet examen contributif, il convient de n’y avoir recours que dans un contexte de démence rapidement progressive, chez un patient présentant un LCR pauci-cellulaire avec une pro- téinorachie inférieure à 1 g/l, après avoir exclu une autre étiologie. Remerciements Les auteurs remercient le Dr Brandel (INSERM U360, hôpital de la PitiéSalpêtrière) pour son attentive relecture du manuscrit, ainsi que les neurologistes et neuropathologistes qui participent activement au diagnostic et à la collecte des données concernant les patients suspects de maladies à prion humaines. Références 1. Prusiner SB. Prions. PNAS 1998 ; 95 : 13363-83. 2. Brandel JP. Clinical aspects of human spongiform encephalopathies, with the exception of iatrogenic forms. Biomed Pharmacother 1999 ; 53 : 14-8. 3. Brown P, Preece M, Brandel JP et al. Iatrogenic Creutzfeldt-Jakob disease at the millennium. Neurology 2000 ; 55 : 1075-81. 4. Will RG, Zeidler M, Stewart GE et al. Diagnosis of new variant CreutzfeldtJakob disease. Ann Neurol 2000 ; 47 : 575-82. 5. Beaudry P, Cohen P, Brandel JP et al. 14-3-3 protein, neuron-specific enolase, and S-100 protein in cerebrospinal fluid of patients with Creutzfeldt-Jakob disease. Dement Geriatr Cogn Disord 1999 ; 10 : 40-6. 6. Hsich G, Kenney K, Gibbs CJ et al. The 14-3-3 brain protein in cerebrospinal fluid as a marker for transmissible spongiform encephalopathies. N Engl J Med 1996 ; 335 : 924-30. 7. Peoc’h K, Schroder HC, Laplanche JL et al. Determination of 14-3-3 protein levels in cerebrospinal fluid from Creutzfeldt-Jakob patients by a highly sensitive capture assay. Neurosci Lett 2001 ; 301 (6) :167-70. 8. Peoc’h K, Beaudry P, Lauprêtre N, Laplanche JL. CSF detection of the 14-3-3 protein in unselected patients with dementia. Neurology 2002 ; 58 (3) : 509-10. 9. Brandel JP, Peoc’h K, Beaudry P et al. 14-3-3 protein cerebrospinal fluid detection in human growth hormone-treated Creutzfeldt-Jakob disease patients. Ann Neurol 2001 ; 49 (2) : 257-60. 10. Brandel JP, Delasnerie-Lauprêtre N, Laplanche JL et al. Diagnosis of Creutzfeldt-Jakob disease : effect of clinical criteria on incidence estimates. Neurology 2000 ; 54 (5) : 1095-9. Imprimé en France - Differdange S.A. 95110 Sannois - Dépôt légal à parution. © décembre 2001 - Aljac S.A., locataire-gérant de Médica-Press Un numéro spécial ECTRIMS:ACTRIMS (décembre 2003) de 20 pages est routé en partie avec ce numéro. Un encart 4 p. UCB Pharma est broché entre les pages 194 et 195 et un encart 4 pages Sanofi-Synthelabo est broché en central. Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 8/9, novembre-décembre 2003 213 Examen rare complémentaire Examen rare complémentaire