collection “A la découverte des religions”
NOTES - BIBLE (ANCIEN TESTAMENT)
LE LIVRE D'ESTHER: ORIGINE, CADRE HISTORIQUE ET SIGNIFICATION
D'où vient l'histoire d'Esther?
L'histoire d'Esther est racontée dans la Bible. Elle forme un petit livre, appelé Meghilah d'Esther ou Rouleau d'Esther, qui
appartient à la troisième section de la Bible hébraïque, les Ketoubim ou Hagiographes (Ecrits saints).
Le rouleau d'Esther fait partie des cinq rouleaux qui sont lus à la synagogue lors de certaines fêtes1. Celui d'Esther est lu aux
offices du soir et du matin de la fête de Pourim.
Selon le Talmud, le livre d'Esther est attribué à Mardochée ou aux membres de la Grande Assemblée2, dont Mardochée aurait fait
partie. Il est postérieur à 455 av. J.-C. Des spécialistes de la Bible en situent même la rédaction vers 150 av. J.-C. Un texte
biblique, le deuxième livre des Maccabées (15,36) évoque le jour de Mardochée, ce qui signifierait que la fête de Pourim était
connue vers 160 av. J.-C.
Il existe des versions grecques du livre d'Esther, rédigées en 114 av. J.-C. Plus longues que le texte hébreu, elles incluent de
nombreux passages supplémentaires, notamment un songe de Mardochée et des prières d'Esther et de Mardochée. Ces textes ne
figurent que dans les bibles chrétiennes.
La Perse sous Xerxès 1er
Le livre d'Esther n'est pas historique. Si Assuérus est bien Xerxès Ier , par contre ni Esther ni Vasti ne peuvent être identifiées à
Amestris, épouse de Xerxès. Mais le texte reflète une connaissance réelle du milieu de la cour de Perse, où se déroule l'histoire.
[…]
A cette époque, l'Empire perse s'étendait de l'Inde à l'Egypte; il était divisé en une vingtaine de provinces ou satrapies, et Suse
était une de ses capitales.
En 539 av. J.-C., Cyrus II le Grand avait pris Babylone3et rendu aux différents peuples soumis leur liberté religieuse; l'année
suivante, il avait autorisé les juifs, alors en exil depuis cinquante ans, à retourner en Judée, et il leur avait restitué les vases d'or et
d'argent du Temple de Jérusalem.
La religion officielle de l'Empire était le mazdéisme, mais chaque peuple conservait ses dieux nationaux. Vers le VIesiècle avant
J.-C., Zarathoustra (Zoroastre) réforme l'ancienne religion en donnant la place primordiale au dieu Ahura Mazda (ou Seigneur
Sage), qui est le grand dieu, la Lumière céleste, le Créateur de l'univers.
La signification du livre d'Esther
Au cours des siècles, la Meghilah d'Esther a été abondamment commentée pour faire ressortir l'actualité permanente du texte et
mettre l'accent sur le rôle d'hommes et de femmes qui, à chaque génération, assument et portent le destin de leur peuple.
Ce texte révèle le rôle essentiel de l'exil dans l'identité d'Israël. Il évoque la situation d'une population minoritaire, partagée entre
l'ouverture et l'assimilation aux mœurs d'une population différente, et la fidélité à sa propre identité dans un repli protecteur. En ce
sens, sa portée est universelle et actuelle.
A partir des persécutions réelles subies par les juifs vers 170 av. J.-C., s'est élaboré le roman historique d'Esther, c'est-à-dire un
récit fictif qui vise à donner un enseignement moral et religieux dépassant l'histoire. La non-historicité de ce livre permet de mieux
situer les derniers versets, qui furent souvent l'objet de critiques acerbes parce qu'ils rapportent les actes violents que les juifs
auraient perpétrés contre les Perses. Comme on le voit dans d'autres textes de la Bible, il ne faut pas prendre ces passages à la
lettre ni croire qu'ils incitent à employer de tels procédés. C'est l'histoire d'une délivrance et non celle d'une vengeance.
Le but de cette histoire est de mettre en évidence le mystère de Dieu qui guide l'homme même à travers une histoire d'où Il est
apparemment absent et d'inciter à la vigilance envers toute forme de tyrannie.
________________________
NOTES
1Les cinq rouleaux lus à la synagogue sont: Le Cantique des Cantiques, Ruth, l'Ecclésiaste, les Lamentations, et Esther.
2La Grande assemblée (ou Grande Synagogue) fut instituée au retour de l'exil à Babylone, vers 500 av. J.-C. Le rôle de ses 120
membres était de conserver et de transmettre la Torah (la Loi de Moïse). Elle sera remplacée, au IIIes. av. J.-C., par le Grand
Sanhédrin.
3En 587 av. J.-C., les juifs furent déportés en Babylonie. Si le texte d'Esther a été rédigé au IIes. av. J.-C., l'Empire perse incluait
alors la Babylonie et les deux régions ont été assimilées.
Colette Kessler, La reine qui ne craignait que Dieu, Les Contes du Ciel et de la Terre © Gallimard Jeunesse
© Editions Enbiro, Lausanne (Suisse) 2012
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NOTES - BIBLE (ANCIEN TESTAMENT)
LE LIVRE D'ESTHER: PRINCIPALES THÉMATIQUES
Un roman historique
Considéré par la grande majorité des spécialistes comme un roman historique, le livre d’Esther est l’un des écrits les plus tardifs
admis dans le canon de la bible hébraïque (il en existe également une version grecque). Si le cadre de l’empire perse semble
reconstitué avec finesse et pertinence, aucun personnage ne trouve écho dans l’histoire, hormis Assuérus, que l’on rapproche
généralement de Xerxès (qui a régné de -485 à -465), mais qui est présenté de manière caricaturale.
En fait le récit rend compte davantage des mœurs et des situations de l’époque de l’auteur, le IIesiècle avant notre ère. Il reflète les
inquiétudes fondées des juifs d’alors face à la politique du roi grec Antiochus IV Epiphane (-175 à -163) qui a voulu imposer une
hellénisation forcée de ses sujets et qui a été l’un des premiers souverains à déployer une politique “antisémite” (son entrée dans
le temple de Jérusalem en -168 est à l'origine de la révolte des Macchabées).
Le procédé du roman historique – qui consiste à mettre en scène des personnages fictifs dans un cadre historique – a l’avantage
de pouvoir ainsi traiter de problématiques d’une brûlante actualité sans exposer directement son auteur.
Dans ce but, le livre d’Esther opère un subtil mélange des genres. Il combine la description réaliste des intrigues et des
conséquences d’une politique cynique avec des scénarios que ne renierait pas la comedia dell’arte, usant de quiproquos et
rebondissements programmés. Ce cocktail littéraire aboutit ainsi à un petit roman – parfois jugé subversif – qui, au fil des siècles, a
constitué une source de réconfort et de motivation pour les juifs en situation d’exil et sous la menace d’extermination.
Deux types de personnages
Le livre d’Esther présente des personnages que l’on peut classer, pour simplifier, en deux catégories. Il y a, d’un côté, les bons
(Esther et Mardochée) et, de l’autre, les méchants (Aman et sa femme Zèresh), qui manipulent un roi présenté comme une
marionnette menée par son bon plaisir et les intrigues de palais.
Les représentants du pouvoir sont par ailleurs dépeints de manière caricaturale: Aman, qui est issu d’une lignée d’ennemis
d’Israël1(Esther 3,1), incarne le héros malfaisant, dont la seule ambition est le pouvoir et qui n’hésite pas à utiliser le génocide
pour arriver à ses fins; Zèresh, en coulisse, encourage son mari dans ses appétits de gloire; quant à Xerxès, il figure un souverain
hédoniste, qui laisse agir impunément des courtisans dénués de scrupules.
De son côté, Vasti, la reine déchue, peut être vue comme une rebelle pionnière de la condition féminine: elle n’accepte pas d’être
traitée comme un objet livré aux regards des mâles avinés et refuse de se plier au rôle de “soumise” que la société de l’époque lui
attribuait. Il est à noter que le récit biblique s’abstient de tout jugement (positif ou négatif) sur la conduite de Vasti.
Quant aux deux héros juifs, ils sont présens avec davantage d’épaisseur humaine. Mardochée2apparaît comme un résistant,
l’idéal du juif qui refuse tout compromis pour garder intacte la foi de son peuple ainsi que les commandements et rites qui
l’incarnent, quoi qu’il puisse en coûter.
Le personnage d’Esther est plus complexe, ne serait-ce que du fait des deux noms qui lui sont donnés: le premier, Hadassa,
signifie en hébreu myrte (le myrte est une plante méditerranéenne aromatique et thérapeutique, utilisée notamment pour la
construction des cabanes de la fête juive de Soukkot). Le second, Esther, peut provenir soit du vieux perse ester (“étoile”, d'où le
nom de la déesse Astarté/Ishtar), soit d’une racine hébraïque signifiant “la cachée”. Cette étymologie traduit le double jeu d’Esther,
qui se plie au protocole et aux coutumes de la cour royale, mais qui conserve son identité juive et reste en relation avec ses
coreligionnaires. Ainsi, la tradition rabbinique a vu en Esther celle qui doit d’abord cacher son identité avant de se révéler et
d’intervenir pour sauver son peuple.
Jeux de stratégies
Dans le livre d’Esther, les protagonistes déploient des stratégies de résistance(s) diverses, parfois antagonistes, parfois
complémentaires.
Le récit commence par une opposition entre la tactique de Vasti et celle d’Esther face à l’omnipotence du roi. La première reine se
dresse sans compromission contre les exigences de son maître; elle en paie aussitôt le prix. Esther, de son côté, renonce à une
opposition frontale pour débuter en douceur: dans un premier temps, elle paraît soumise aussi bien à Mardochée, son tuteur et
parent, qu’au roi son époux. Par la suite, elle prend des risques en usant de charme et de ruse pour obtenir ce qu’elle veut du
souverain.
Cette divergence de stratégies se retrouve dans les conduites de Mardochée et d’Esther. Chacun à sa manière, ils incarnent ainsi
une voie possible pour résister à la tyrannie. Mardochée, c’est l'opposition claire et nette, le refus d’entrer en matière face au diktat,
en renonçant à se protéger. Sa désobéissance est extérieure au système et prône l’héroïsme, un héroïsme qui se fait souvent
reconnaître à titre posthume. Mais, heureusement pour Mardochée, son histoire finit en apothéose grâce à un autre type de
résistance, celui d’Esther.
Assumant sa condition de femme, d’orpheline et de juive exilée, celle-ci ne heurte pas de front ceux qui exercent le pouvoir. Elle
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agit discrètement en utilisant les procédures mêmes de la société perse pour servir la cause de son peuple. Tout en étant soumise
à l’autorité de son tuteur et du roi, elle prend des initiatives. «Sa capacité de s’adapter sans jamais renier l’une et l’autre faces de
son identité lui a permis de développer toute une stratégie de liberté.» (Christianne MÉROZ, Esther en exil, pour une spirituali
de la différence, Aubonne: Editions du Moulin, 1995, p. 46). Sa désobéissance de l’intérieur du système offre un complément
décisif à la stratégie de Mardochée.
Face aux persécutions
En présentant les stratégies d’Esther et de Mardochée en complémentarité et non en opposition, le livre d’Esther offre une réflexion
qui a inspiré le peuple juif à travers une longue histoire de persécutions. Mais la portée du récit peut être étendue à toutes les
situations où il s’agit de survivre dans un monde hostile. Au-delà des méthodes qui peuvent diverger, la sistance n’est possible
que si les objectifs poursuivis sont clairement identifiés et les risques à assumer précisément évalués.
Festins et banquets
Le livre d’Esther est construit autour de nombreux banquets: aux premiers festins où se précipite la disgrâce de Vasti répondent les
deux derniers organisés par Esther. Celle-ci s’en sert pour confondre le méchant Aman et pour obtenir le salut de son peuple.
Tandis que les premiers banquets se déroulent dans un contexte païen, les deux banquets d’Esther sont précédés par un temps de
jeûne de la part des juifs. Ainsi, sans référence explicite à Dieu3, le livre d’Esther insiste sur la différence entre des banquets dont
l’ivresse est la seule finalité et des repas qui donnent du sens à l’histoire. Selon une interprétation juive d’ailleurs, les premières
lettres de la formule par laquelle Esther invite Aman contiennent le nom de Dieu, YHWH; entre les lignes, on peut comprendre qu’il
«ne s’agit pas seulement de repas entre amis, mais de rencontres où Dieu est invité à prendre sa place dans le déroulement de
l’histoire». (Christianne MÉROZ, op. cit., p. 34)
Exils
Le livre est marqué par la situation minoritaire du peuple juif dans l’immense empire perse. Esther est «plus que seule au mond
selon l’expression de Marie Laurencin. Non seulement elle vit la condition des minorités, mais elle est coupée de son peuple et de
sa famille pour se retrouver dans la solitude de celles et ceux qui côtoient le pouvoir.
Dans un tel contexte, il s’agit de s’intégrer sans se perdre. C’est pourquoi Mardochée tient fermement à respecter les préceptes de
la Torah (refus de se prosterner devant Aman) et ne se cache pas pour pratiquer les rites propres à sa religion (les gestes du deuil,
voir Esther 4,1). De même, Esther tient intimement à son identité, qu’elle ne dévoilera qu’au moment opportun.
Ainsi, depuis des générations, le livre d’Esther montre aux juifs qu’il est possible de rester fidèle à la Torah, même sans (le) Temple
de Jérusalem et loin de la Terre Sainte.
Libération et vengeance
La lecture du livre d’Esther laisse en finale un goût amer. La délivrance des juifs est suivie de l’anéantissement de leurs ennemis.
Même si l’on a fait remarquer qu’il ne s’agissait pas d’un génocide, il n’empêche que cette réponse de la violence par la violence ne
trouve pas d’explication satisfaisante.
Quand bien même elle dérange, la question de la vengeance ne saurait être éludée: elle est plus que jamais d’actualité, tant dans
l’histoire du monde que dans la cour de récréation.
Le livre d’Esther doit cependant être remis dans son contexte, celui d’un peuple persécuté et opprimé. Le récit raconte donc une
résistance. Dans ces conditions, le désir de vengeance est compréhensible. Mais entre le désir et le passage à l’acte, il y a une
limite, marquée par l’interdit du meurtre. Cette limite est franchie à la fin du récit. Dans la mesure où le livre d’Esther est une fiction
historique, sa conclusion est l’expression d’un cri d’appel à une justice qui «jette les puissants à bas de leurs trônes», pour
reprendre une formule du Magnificat (Luc 2,52). Mais si l’on prend à la lettre la terrible vengeance des juifs exilés en Perse, la fin
du récit est alors matière à scandale, comme l’écrit Elie Wiesel dans Paroles d’étranger (1982): «Tuer, même si c’est pour une
cause supérieure, diminue l’homme… Aux yeux de la tradition juive, la guerre n’est jamais salutaire.» Dans un autre registre,
Armand Abécassis nous rappelle que Pourim est contenu dans Kippourim (Yom Kippour), la fête de Grand Pardon, qui invite à
surpasser le mal et à transcender la violence.
________________________
NOTES
1Il s'agit des Amalécites dont parlent le Pentateuque et les livres de Samuel.
2Le nom de Mardochée rappelle “Marduk”, dieu principal des Babyloniens.
3La version grecque de l'histoire, en revanche, fait référence à Dieu et contient plusieurs prières.
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NOTES - HISTOIRE ET SOCIÉTÉ
L'ANTISÉMITISME À TRAVERS LES SIÈCLES: QUELQUES REPÈRES
Grecs et Romains s'en prennent au judaïsme
Au IIesiècle av. J.-C., sous le règne d'Antiochus IV Epiphane, les Grecs qui occupent la Judée – conquise par Alexandre le Grand –
pratiquent à outrance l'hellénisation. En imposant la civilisation grecque, ils tentent de faire disparaître la culture et les croyances
locales. Ils profanent et pillent le Temple de Jérusalem, interdisent la pratique du sabbat et celle de la circoncision. Les Juifs
doivent abandonner leur religion. Cela suscite une révolte menée par Mattathias l'Asmonéen, puis par son fils Judas, et racontée
dans les deux Livres des Maccabées.
Vers 63 av. J.-C., la Judée devient une province de l'Empire romain. En 70, Titus assiège Jérusalem, détruit le Temple, érige à sa
place un temple païen et réduit la ville en cendres.
L'antisémitisme chrétien
Dès les premiers siècles du christianisme se fait jour un antisémitisme chrétien qui au cours des âges prend diverses formes. Aux
accusations de juifs incrédules (qui n'ont pas cru que Jésus était le Messie) succède celle de peuple déicide1 (responsable de la
mort du Christ), qui engendrera des horreurs et ne sera véritablement dénoncée que dans la seconde moitié du XXesiècle,
notamment lors du concile Vatican II (1962-65)2.
C'est vers le IVesiècle que naît toute une violence verbale. Vers le XIesiècle, dans les cités devenues politiquement chrétiennes,
apparaissent les accusations et calomnies infamantes, où les juifs sont dénoncés comme profanateurs d'hosties, empoisonneurs
de puits, auteurs de meurtres rituels.
Des marques discriminatoires leur sont imposées comme le port du chapeau et de la rouelle. Des quartiers leur sont réservés, d'
ils ne peuvent sortir qu'à certains moments, les ghettos.
Tout cela s'accompagne de violences populaires, d'expulsions locales, de confiscations de biens qui enrichissent les seigneurs.
La violence se déchaîne avec les croisades
Les croisés, qui se rendent en Terre sainte pour délivrer les lieux où vécut le Christ des mains des Sarrasins, mettent à sac et
détruisent des communautés juives entières qui se trouvent sur leur route.
En 1394, Charles VI décrète l'expulsion des juifs de France. Elle sera effective jusqu'à la Révolution.
En Espagne, les juifs, qui vécurent un âge d'or pendant la domination musulmane, voient leur situation s'aggraver lors de la
reconquête chrétienne. Ils sont baptisés et convertis de force, ce qui aboutit, au XIIIesiècle, à l'Inquisition. En 1492, le décret du roi
Ferdinand et d'Isabelle la Catholique les oblige à se convertir ou à quitter le pays dépouillé de tous leurs biens. Certains adoptent
apparemment la foi chrétienne, mais restent secrètement fidèles à celle de leurs pères, pratiquant des rites en cachette: ce sont les
marannes.
La plupart se dispersent et vont se joindre à des communautés du Sud de la France, d'Afrique du Nord, Italie, Sicile, Hollande,
Turquie: ce sont les Séfarades (qui signifie Espagne, en hébreu).
Luther et Calvin ne ménagent pas non plus les juifs dans leurs écrits.
L'antisémitisme raciste
Au XVIIesiècle, c'est en Europe orientale – en Lituanie – que la situation des juifs est la plus terrible. Entre la Pologne et la Russie
rivales, des communautés entières sont exterminées.
Dans la Russie tsariste, les juifs sont aussi persécutés, astreints à des zones de résidence et soumis à une législation restrictive.
Cette politique aboutit aux pogroms de la fin du XIXesiècle, dont les plus meurtriers sont ceux de Kiev (1881), de Kichinev et
d'Odessa (1903). C'est alors que commence l'émigration vers les Etats-Unis et que mûrit l'espoir du retour en Terre promise, la
Palestine. Dans les pays musulmans, les juifs eurent aussi à subir bon nombre d'humiliations et de persécutions3.
Enfin l'antisémitisme raciste aboutit à la vague d'horreurs sans précédent qui traverse l'Allemagne nazie à partir de 1933 et
engloutit six millions de juifs4.
____________________
NOTES
1Une tradition chrétienne a répandu le mythe du juif condamné à errer éternellement pour expier son crime d'avoir crucifié le
Christ.
2A cette occasion, l'Eglise catholique a reconnnu dans le peuple juif «ce peuple qui reçut les alliances et les promesses, et dont le
Christ est issu selon la chair, peuple très aimé du point de vue de l'élection, à cause des pères, car Dieu ne regrette rien de ses
dons ni de son appel» (constitution Lumen Gentium, n. 16).
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3
En France, l'antisémitisme racial apparaît au XIXesiècle et colporte le thème du juif âpre au gain, voleur, intrigant. C'est dans
cette atmosphère qu'éclata l'affaire Dreyfus où, parce qu'il était juif, la loyauté du capitaine Dreyfus fut suspectée dans une affaire
d'espionnage dont il était innocent.
4Pour désigner l'extermination systématique des juifs menée par les nazis, on utilise le mot hébreu shoah qui signifie ruine,
désolation, catastrophe. Le terme holocauste, parfois employé, désigne plutôt un sacrifice offert librement à Dieu.
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