COPYRIGHT PULSUS GROUP INC. – DO NOT COPY SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE – 89e congrès annuel Des problèmes dermatologiques courants au cabinet du pédiatre James Bergman, MD FRCPC Professeur adjoint de clinique Département de dermatologie et de science de la peau University of British Columbia Vancouver (Colombie-Britannique) Miriam Weinstein, MD FRCPC Professeure agrégée de médecine et de pédiatrie Université de Toronto Co-chef, Dermatologie The Hospital For Sick Children Toronto (Ontario) Le pédiatre peut traiter et suivre de nombreux problèmes dermatologiques courants en toute sécurité, mais un aiguillage est conseillé lorsque le diagnostic est incertain, que le traitement peut être complexe ou que le problème cutané laisse croire à un syndrome plus grave. De nombreux troubles cutanés observés en pédiatrie suscitent des doutes quant au diagnostic et à la prise en charge optimale. S’il examine attentivement une ou deux caractéristiques distinctives, le clinicien peut généralement déterminer le problème ou distinguer un trouble bénin d’une entité plus grave aux caractéristiques parfois similaires. De nouveaux médicaments et de nouvelles modalités peuvent remplacer ou compléter les traitements classiques de plusieurs problèmes courants. Les hémangiomes Les hémangiomes sont causés par une prolifération vasculaire. D’ordinaire, ils prennent de l’expansion pendant les six à 12 premiers mois de vie, se stabilisent, puis se résorbent doucement. « Ils ne disparaissent pas toujours complètement. Ils peuvent laisser des effets résiduels, tels que des télangiectasies ou des tissus fibro-adipeux », indique le docteur Bergman. La plupart des hémangiomes sont bénins, mais un traitement agressif s’impose parfois. Par exemple, de gros hémangiomes nasaux peuvent avoir des effets esthétiques marqués en raison de la destruction du cartilage. Un hémangiome en barbe (hémangiome du bas du visage et du cou) peut être indicateur d’une atteinte laryngée qui peut toucher les voies aériennes et mettre en jeu le pronostic vital en cas de saignement. Une lésion dans la région de l’aine peut avoir tendance à se rompre, à s’ulcérer, à infecter et à former une cicatrice. « Les gros hémangiomes périnéaux peuvent s’associer à des anomalies gastro-intestinales ou génito-urinaires », souligne le docteur Bergman. Une lésion près de l’œil peut nuire à la vision ou provoquer un effet de pression, ce qui justifie un traitement rapide ou l’aiguillage vers un dermatologue. Un gros hémangiome facial peut également faire craindre un syndrome PHACES (l’acronyme anglais de malformation de la fosse postérieure, hémangiome, anomalies des artères cérébrales, malformations cardiaques, troubles oculaires et anomalies du sternum), qui exige un bilan diagnostique approfondi. Un patient ayant de nombreux hémangiome est plus vulnérable à une hémangiomatose systémique. Ce risque augmente considérablement lorsque le patient présente plus de cinq lésions, ajoute le docteur Bergman. Lorsque l’hémangiome met en jeu le pronostic vital ou a des conséquences fonctionnelles importantes, la plupart des dermatologues pédiatres utilisent désormais du propanolol par voie orale au lieu de fortes doses de stéroïdes par voie orale. Cette stratégie soulage l’anxiété des parents et des médecins à l’égard des effets secondaires. Le propanolol semble sécuritaire, mais étant donné ses mécanismes d’action connus et les déclarations d’effets secondaires, seules des personnes qui connaissent le traitement des hémangiomes au propanolol devraient l’utiliser (1,2). Lorsqu’un hémangiome donne lieu à des préoccupations esthétiques, psychosociales ou moins graves sur le plan médical, un traitement topique au bêta-bloquant peut être efficace (3). Le timolol est en vente sous forme de préparation ophtalmologique 0,5 %. Le docteur Bergman confie que dans sa pratique, il utilise un composé pharmaceutique de timolol dans du gel 2 % qui peut en accroître l’effet et en faciliter l’application grâce à sa consistance plus épaisse. D’après son expérience, le timolol topique 2 % peut très bien fonctionner, mais tout dépend de l’épaisseur de l’hémangiome et de la rapidité à laquelle la lésion est traitée. Les risques d’effets secondaires sont beaucoup plus faibles avec l’utilisation de bêta-bloquants topiques qu’avec des préparations orales, et aucun parent n’a remarqué d’effets secondaires localisés. Un granulome pyogène ou un mélanome de Spitz? Les granulomes pyogènes sont mal nommés parce qu’ils ne sont ni infectieux, ni granulomateux. Il s’agit de tumeurs vasculaires bénignes courantes qui peuvent surgir après un traumatisme mineur. Souvent pédonculés, ils ont tendance à saigner facilement. Les parents finissent souvent par faire porter un bandage à l’enfant en tout temps. Les patients arrivent souvent au cabinet avec le « signe du pansement », qui contribue au diagnostic et à la différenciation d’autres papules rougeâtres. Selon de récentes études, l’imiquimod topique est une possibilité thérapeutique plus simple et moins invasive que le traitement de référence, soit un curetage et une électrocautérisation (4,5). Il faut conseiller les parents quant au risque d’irritation associé à ce médicament. En cas d’irritation, il faut avertir le patient d’interrompre le traitement jusqu’à ce que l’irritation disparaisse, puis de le reprendre, mais à une moindre fréquence. Compte tenu des résultats obtenus dans le traitement des hémangiomes, on peut envisager d’utiliser du timolol pour traiter les granulomes pyogènes. Ce traitement ne suscite pas l’irritation que peut causer l’imiquimod. D’après l’expérience du docteur Bergman, le timolol topique pourrait être moins efficace, mais il faudra des recherches supplémentaires pour définir quel sera le meilleur traitement. Si le pédiatre fait l’ablation d’un granulome pyogène (par curetage), il doit envoyer l’échantillon au laboratoire, car le mélanome de Spitz peut parfois lui ressembler. Lorsque le clinicien n’est pas certain du diagnostic (mélanome de Spitz, granulome pyogène ou autre), il faut envoyer la biopsie à un dermatopathologiste d’expérience, afin d’éviter de confondre le mélanome de Spitz avec un autre type de mélanome au microscope. Même si le mélanome de Spitz est considéré comme un problème bénin, on ne connaît pas son pronostic et son risque véritables. C’est pourquoi certains dermatologues préfèrent en faire l’ablation, tandis que d’autres optent pour un suivi étroit. Le molloscum contagiosum Le molloscum contagiosum, une infection virale, se caractérise par des papules perlées et arrondies. Un phénomène de Koebner (la formation de papules le long d’une zone soumise à un traumatisme) peut être évocateur du molluscum parce que les papules forment souvent une ligne causée par le grattage. D’ordinaire, une rougeur secondaire indique la présence d’une réaction inflammatoire plutôt que d’une infection. « J’aime observer un peu d’inflammation (rougeur) dans la région. Je dis à mes patients que c’est un signe que le corps cherche à se débarrasser de 3 COPYRIGHT PULSUS GROUP INC. – DO NOT COPY SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE – 89e congrès annuel l’infection », explique le docteur Bergman. La réponse inflammatoire peut induire un eczéma secondaire qui camoufle le molluscum. L’eczéma disparaîtra si on guérit le molluscum. Cependant, lorsque l’eczéma est bien présent, il est important de traiter l’inflammation qui s’y associe, même si les effets anti-inflammatoires des médicaments peuvent provoquer une exacerbation temporaire du molluscum. Il n’y a pas de traitement probant favorisé du molluscum, sans compter qu’il est également possible de ne pas le traiter. Certains préconisent le curetage, qui s’associe à un bon taux de guérison, mais ce processus accroît l’anxiété du patient et peut-être le risque de cicatrices. Le recours à la cantharidine (6) ou à l’imiquimod topique (7) pourrait bien être plus simple et plus agréable pour le patient et sa famille, remarque le docteur Bergman. Dans une étude sur la cantharidine, le taux de guérison s’élevait à environ 90 % au bout d’un ou de deux traitements. Les patients qui utilisent de la cantharidine peuvent voir des cloques se former sur leur peau, car ce produit est un extrait des cantharides, des insectes aux propriétés vésicantes. Cependant, si on en applique une petite quantité qu’on lave au bout de quatre heures, le risque est faible. Les parents de patients ayant une pigmentation cutanée plus importante devraient être informés que le taux d’hyperpigmentation postinflammatoire est alors plus élevé. La cantharidine n’est pas recommandée sur le visage, le cou ou l’aine, en raison d’une plus forte tendance à la formation de grosses cloques dans ces foyers. Une verrue ou un nævus épidermique? La verrue est causée par l’un des plus de 200 virus du papillome humain transmis par contact direct ou par auto-inoculation. La plupart du temps, les enfants ont des verrues vulgaires (verruca vulgaris) sur les pieds ou les mains, ou des verrues planes, généralement sur le visage. Puisque certaines verrues disparaissent au bout d’un certain temps, la décision d’amorcer un traitement doit tenir compte de l’efficacité du traitement proposé, de ses effets secondaires, y compris la douleur, de la probabilité d’observance, de son caractère pratique et de son coût. Une récente analyse Cochrane a établi que l’acide salicylique était le traitement le plus efficace. Si les préparations en vente libre n’agissent pas, « j’en utilise souvent [une concentration de 50 %] dans de la gelée de pétrole blanche. On en applique une petite quantité sur la verrue, qu’on recouvre d’un pansement. Les tissus se mettront à macérer… il faut en avertir le patient », déclare la docteure Weinstein. Le nitrogène liquide est moins efficace, et à moins d’appliquer une crème anesthésiante, il est douloureux pour les 4 enfants. Toutefois, les adolescents sont souvent en mesure de le tolérer. Certains praticiens utilisent de l’imiquimod (dans une indication non autorisée) pour traiter les verrues vulgaires. « Je ne l’emploierais pas pour soigner les verrues plantaires [parce que] selon moi, l’hyperkératose qui se forme sur la verrue en empêche une pénétration suffisante », indique la docteure Weinstein. D’après des rapports isolés, au moins deux études ont évalué l’efficacité du ruban adhésif entoilé (duct tape) par rapport à un pansement occlusif ordinaire ou à la cryothérapie pour se débarrasser d’une verrue. Dans l’une de ces études, souligne la docteure Weinstein, « toutes les verrues qui ont répondu au ruban adhésif entoilé l’avaient fait en trois semaines. Ainsi, si les parents veulent l’utiliser, je leur dis de le faire pendant trois semaines [et de remplacer le ruban toutes les semaines]. S’ils constatent une atténuation de la verrue, ils peuvent continuer jusqu’à sa disparition. Si rien ne se produit [au bout de trois semaines], il est peu probable que ce traitement fonctionne. » Puisque les nævi épidermiques sont papillomateux et verruqueux, on peut les confondre avec des verrues, remarque la docteure Weinstein. « Le problème [des nævi épidermiques], c’est que leur apparition est souvent latente. Bien qu’ils soient programmés dès la naissance, ils ne sont pas toujours visibles à la naissance... Souvent, nous pouvons rassurer la famille en leur disant qu’il ne s’agit pas d’une verrue, mais d’une tache de naissance ». Ils ont tendance à grossir jusqu’à ce que l’enfant soit à peu près d’âge scolaire. S’ils sont dérangeants, on peut faire l’ablation de ces lésions bénignes au laser, par cryothérapie ou par excision. Les taches chauves, brunes ou blanches Les nævi sébacés sont des plaques grasses, ovales et chauves de couleur saumon qui se forment sur le cuir chevelu ou d’autres régions de la tête ou du cou. Ils peuvent fluctuer (par exemple, ils sont plus évidents pendant la première enfance et la puberté), mais se résorbent complètement d’eux-mêmes. On a déjà cru que les nævi sébacés s’associaient à un risque de carcinome basocellulaire de 10 % à l’âge adulte, mais selon la documentation scientifique la plus récente, ce risque serait probablement inférieur à 1 % (8,9). Ils augmentent toutefois d’environ 10 % le risque de tumeurs annexielles (9). Il faut conseiller aux patients de se faire évaluer dès qu’une nouvelle bosse se forme sur la plaque. Pour des raisons esthétiques, de nombreux enfants ayant un nævus sébacé veulent en faire faire l’ablation à l’adolescence. L’intervention peut alors être pratiquée sous anesthésie locale en toute sécurité. L’aplasie cutis se distingue du nævus sébacé par son apparence brillante, lisse et de type cicatriciel. S’il est gros (plus de 3 cm) ou situé sur le cou, la colonne vertébrale ou la région médiane, postérieure ou antérieure au vertex, ce type de lésion peut exiger des explorations. Les anomalies concomitantes (hémangiome ou tache vasculaire) ou une « collerette » de poils autour de la lésion, qui laissent présager une atteinte neurocutanée, sont d’autres sources d’inquiétude. Lorsqu’un patient consulte en raison d’une macule café au lait qui est généralement irritée ou enflée, le clinicien doit tenter de confirmer un signe de Darier. Ce signe désigne une urticaire, qui devient brunâtre lorsqu’on la frotte fermement, et permet de diagnostiquer une maladie à mastocytes. Cette maladie est un continuum qui varie entre une atteinte solitaire localisée et une maladie systémique. Heureusement le mastocytome solitaire en est la forme la plus courante. Il se manifeste par des symptômes lésionnels localisés qui se résorbent généralement au fil du temps. Une atteinte plus étendue peut produire une urticaire pigmentaire, souvent circonscrite à la peau, mais qui peut toucher les organes systémiques. Les patients devraient éviter les déclencheurs connus, soit la chaleur, le froid, le stress, certains aliments et certains médicaments. Chez les patients ayant des mastocytomes multiples (urticaire pigmentaire), il faut prescrire un auto-injecteur d’adrénaline en guise de précaution, car il est possible d’observer une dégranulation généralisée des mastocytes. Parmi les nombreuses causes de taches blanches sur la peau, soulignons le pityriasis versicolor et le vitiligo. Le pityriasis versicolor, qui se manifeste souvent en châle, produit de petites squames plissées, explique le docteur Bergman. Quant au vitiligo, il est bien démarqué et sa distribution est généralement symétrique. De plus, il produit une dépigmentation, tandis que les lésions du pityriasis versicolor sont hypopygmentées. De même, le pityriasis alba produit des régions hypopigmentées aux bordures indéfinies. On peut traiter le pityriasis versicolor à l’aide d’antifongiques topiques ou oraux. Un moyen plus simple et moins coûteux d’éliminer le pathogène responsable, le Malassezia, consiste à utiliser un shampooing antifongique. On peut l’appliquer de la peau jusqu’aux pieds, le laisser agir pendant cinq minutes, puis le rincer. Il faut répéter le traitement tous les jours pendant une semaine. De nouvelles méthodes contre les poux Une infestation par des poux de tête est source d’embarras, de détresse, d’exclusion de l’école ou du milieu de garde et d’opprobre. Les traitements locaux maintenant accessibles COPYRIGHT PULSUS GROUP INC. – DO NOT COPY SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE – 89e congrès annuel sont les insecticides (perméthrine [p. ex., Nix (Insight Pharmaceuticals, LLC, ÉtatsUnis)], pyréthrine synergisée [p. ex., Shampooing R&C (Block Drug Company, Inc., États-Unis)] et malathion) et les modalités non insecticides ou physiques. L’ivermectine par voie orale est largement utilisée ailleurs, mais difficile à obtenir au Canada. De nombreuses souches de poux deviennent résistantes aux insecticides (10) qui, en plus d’une activité ovicidaire incomplète, peuvent susciter des échecs de traitement. De nouveaux médicaments en vente libre, tels que le myristate d’isopropyle en association avec de la cyclométhicone (p. ex., Resultz [Nycomed Canada Inc., Canada]) ou du diméthicone (100 cST 50 % w/w, p. ex., NYDA [PediaPharm Inc., Canada], approuvé par Santé Canada en 2011), tuent les poux par des mécanismes physiques (déshydratation ou asphyxie), plutôt que par neurotoxicité, expose la docteure Weinstein. Dans des études comparatives, ils sont plus efficaces que la perméthrine pour éradiquer tant les poux adultes que les lentes. « Ils règlent peutêtre le problème de la résistance et les inquiétudes à l’égard des pesticides », ajoute-t-elle. À l’instar des insecticides, deux traitements administrés à sept à dix jours d’intervalle, suivis du passage du peigne fin dans les cheveux, garantissent une éradication complète des lentes et des œufs. Les remèdes maison, comme la mayonnaise, l’huile de théier et l’huile de noix de coco, ne sont pas étayés par les données probantes à jour. De même, puisque les poux ont besoin de s’alimenter régulièrement en sang, peu de données corroborent la nécessité ou l’utilité d’une décontamination de l’environnement à l’aide de pesticides. Le lavage des vêtements, des jouets et de la literie à l’eau chaude, ou l’entreposage des articles dans un sac bien scellé pendant quelques jours à quelques semaines, est probablement tout aussi efficace. Si les patients ou les parents se plaignent encore de symptômes, les cliniciens devraient envisager plusieurs possibilités, y compris l’échec du traitement attribuable à des poux résistants, à une mauvaise observance de la posologie ou à une réinfestation. De plus, la docteure Weinstein suggère d’envisager d’autres diagnostics. « Bien des choses expliquent des démangeaisons du cuir chevelu, la dermatite atopique en étant l’une des principales. » L’eczéma complexe Les patients qui font de l’eczéma peuvent présenter une infection secondaire à des pathogènes comme le staphylocoque, le streptocoque (impétigo) ou l’herpès simplex. Le risque est accru par la perte de la fonction de barrière cutanée que suscite l’eczéma. Les signes et symptômes d’eczéma impétigineux peuvent être plus subtils que ceux de l’impétigo seul, remarque la docteure Weinstein. « Vous pouvez observer une croûte épaisse ou jaunâtre, mais parfois, c’est simplement un eczéma qui s’aggrave. Et les patients vous indiquent que leur traitement habituel ne fonctionne plus. Bien sûr, ils peuvent avoir des problèmes systémiques, mais c’est peu fréquent. » Les antibiotiques topiques et les bains d’eau de Javel (1/2 tasse d’eau de Javel dans une cuvette de dimension standard, remplie au quart d’eau, trois fois par semaine) peuvent aider les patients qui font de l’eczéma à se débarrasser d’une infection et d’une colonisation bactériennes. « Je ne les utilise pas [les bains d’eau de Javel] en première ligne, mais j’y recours chez les enfants dont l’eczéma devient constamment impétigineux ou dont l’eczéma est difficile à contrôler », confie la docteure Weinstein. L’infection par le virus d’herpès simplex peut provoquer la formation de lésions importantes chez les patients qui font de l’eczéma. Généralement groupées, ces lésions sont d’apparence très similaire. « Elle peut s’associer à un fort degré de morbidité et doit être dépistée et traitée convenablement », souligne la docteure Weinstein. Selon l’état du patient ou la possibilité d’un suivi, on peut envisager de l’acyclovir par voie orale ou intraveineuse. Si l’eczéma herpétiforme touche la pointe du nez ou l’œil, l’aiguillage vers un ophtalmologiste peut s’imposer, en raison du risque de kératite herpétique. La réparation de la barrière Outre les corticoïdes et les inhibiteurs de la calcineurine, les cliniciens peuvent également envisager d’utiliser une émulsion pour barrière cutanée sur ordonnance pour contribuer à rétablir le contenu en céramide convenable de la peau (p. ex. EpiCeram [PediaPharm Inc., Canada]). Certains émollients visent également à accroître le contenu en céramide de la peau pour traiter l’eczéma (p. ex., CeraVe [Coria Laboratories, États-Unis], Restoraderm [Galderma, Suisse]). « Les inhibiteurs de la calcineurine et les cortisones sont des anti-inflammatoires et des anti-prurigineux. J’aime les comparer à des extincteurs des flambées d’eczéma, remarque la docteure Weinstein. [L’émulsion pour barrière cutanée] fonctionne différemment. Elle tente de réparer temporairement l’anomalie de la barrière, qui représente l’un des principaux problèmes de l’eczéma. Si on répare la barrière, moins d’irritants pénétreront dans la peau et favoriseront une réponse inflammatoire, et on évitera la perte d’eau. » Elle croit que ce produit pourrait être efficace sur des plaques eczémateuses légères ou minces ou dans le cadre d’une polythérapie. « On peut mélanger toutes ces catégories. Par exemple, on peut utiliser un inhibiteur de la calcineurine sur le visage et un corticoïde sur le corps. On peut aussi utiliser [le produit pour barrière cutanée] en début de flambée, et si on ne le contrôle pas, passer à un inhibiteur de la calcineurine. » On pourrait offrir le nouveau traitement aux patients ou aux parents qui s’inquiètent de l’usage des stéroïdes, mais d’après la docteure Weinstein : « Si le patient souffre d’un eczéma agressif qui couvre une grande partie de son corps, je vais probablement insister lourdement pour le contrôler rapidement au moyen d’un corticoïde. Il pourra utiliser les autres produits plus tard, quand l’inflammation sera moins marquée. » DIVULGATION : La docteure Weinstein a agi comme consultante ou conférencière pour Pediapharm, Nycomed et Galderma. Références 1. Leaute-Labreze C, Dumas de la Roque E, Hubiche T et coll. Propranolol for severe hemangiomas of infancy. N Engl J Med 2008;358:2649-51. 2. Sans V, de la Roque ED, Berge J et coll. Propranolol for severe infantile hemangiomas: Follow-up report. Pediatrics 2009;124:e423-31. 3. Pope E. Topical timolol gel for hemangiomas. A pilot study. Arch Dermatol 2010;146:564-5. 4. Glencoglan G, Inanir I, Gunduz K. Pyogenic granuloma in two children successfully treated with imiquimod 5% cream. Pediatr Dermatol 2009;26:366-8. 5. Tritton SM, Smith S, Wong LC et coll. Pyogenic granuloma in ten children treated with topical imiquimod. Pediatr Dermatol 2009;26:269-72. 6. Silverberg NB, Sidbury R, Mancini AJ. Childhood molluscum contagiosum: Experience with cantharidin therapy in 300 patients. J Am Acad Dermatol 2000;43:503-7. 7. Hanna D, Hatami A, Powell J et coll. A prospective randomized trial comparing the efficacy and adverse effects of four recognized treatments of molluscum contagiosum in children. Pediatr Dermatol 2006;23:574-9. 8. Cribier B, Scrivener Y, Grosshans E. Tumors arising in nevus sebaceous. A review of 596 cases. J Am Acad Dermatol 2000;42:263-8. 9. Rosen H, Schmidt B, Lam HP et coll. Management of nevus sebaceous and the risk of basal cell carcinoma: An 18-year review. Pediatr Dermatol 2009;26:676-81. 10. Marcoux D, Palma KG, Kaul N et coll. Pyrethroid pediculicide resistance of head lice in Canada evaluated by serial invasive signal amplification reaction. J Cutan Med Surg 2010;14:115-8. 5