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SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE – 89e congrès annuel
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l’infection », explique le docteur Bergman. La
réponse inflammatoire peut induire un eczéma
secondaire qui camoufle le molluscum. L’eczé-
ma disparaîtra si on guérit le molluscum. Ce-
pendant, lorsque l’eczéma est bien présent, il
est important de traiter l’inflammation qui s’y
associe, même si les effets anti-inflammatoires
des médicaments peuvent provoquer une exa-
cerbation temporaire du molluscum.
Il n’y a pas de traitement probant favorisé
du molluscum, sans compter qu’il est égale-
ment possible de ne pas le traiter. Certains
préconisent le curetage, qui s’associe à un bon
taux de guérison, mais ce processus accroît
l’anxiété du patient et peut-être le risque de
cicatrices. Le recours à la cantharidine (6) ou
à l’imiquimod topique (7) pourrait bien être
plus simple et plus agréable pour le patient
et sa famille, remarque le docteur Bergman.
Dans une étude sur la cantharidine, le taux
de guérison s’élevait à environ 90 % au bout
d’un ou de deux traitements. Les patients qui
utilisent de la cantharidine peuvent voir des
cloques se former sur leur peau, car ce produit
est un extrait des cantharides, des insectes
aux propriétés vésicantes. Cependant, si on
en applique une petite quantité qu’on lave
au bout de quatre heures, le risque est faible.
Les parents de patients ayant une pigmenta-
tion cutanée plus importante devraient être
informés que le taux d’hyperpigmentation
postinflammatoire est alors plus élevé. La
cantharidine n’est pas recommandée sur le
visage, le cou ou l’aine, en raison d’une plus
forte tendance à la formation de grosses clo-
ques dans ces foyers.
Une verrue ou un nævus
épidermique?
La verrue est causée par l’un des plus de 200 virus
du papillome humain transmis par contact di-
rect ou par auto-inoculation. La plupart du
temps, les enfants ont des verrues vulgaires
(verruca vulgaris) sur les pieds ou les mains, ou
des verrues planes, généralement sur le visage.
Puisque certaines verrues disparaissent au
bout d’un certain temps, la décision d’amorcer
un traitement doit tenir compte de l’efficacité
du traitement proposé, de ses effets secon-
daires, y compris la douleur, de la probabilité
d’observance, de son caractère pratique et de
son coût. Une récente analyse Cochrane a
établi que l’acide salicylique était le traitement
le plus efficace. Si les préparations en vente
libre n’agissent pas, « j’en utilise souvent [une
concentration de 50 %] dans de la gelée de
pétrole blanche. On en applique une petite
quantité sur la verrue, qu’on recouvre d’un
pansement. Les tissus se mettront à macé-
rer… il faut en avertir le patient », déclare
la docteure Weinstein. Le nitrogène liquide
est moins efficace, et à moins d’appliquer une
crème anesthésiante, il est douloureux pour les
enfants. Toutefois, les adolescents sont souvent
en mesure de le tolérer. Certains praticiens
utilisent de l’imiquimod (dans une indication
non autorisée) pour traiter les verrues vul-
gaires. « Je ne l’emploierais pas pour soigner
les verrues plantaires [parce que] selon moi,
l’hyperkératose qui se forme sur la verrue en
empêche une pénétration suffisante », indique
la docteure Weinstein.
D’après des rapports isolés, au moins deux
études ont évalué l’efficacité du ruban adhésif
entoilé (duct tape) par rapport à un pansement
occlusif ordinaire ou à la cryothérapie pour se
débarrasser d’une verrue. Dans l’une de ces étu-
des, souligne la docteure Weinstein, « toutes
les verrues qui ont répondu au ruban adhésif
entoilé l’avaient fait en trois semaines. Ainsi,
si les parents veulent l’utiliser, je leur dis de le
faire pendant trois semaines [et de remplacer le
ruban toutes les semaines]. S’ils constatent une
atténuation de la verrue, ils peuvent continuer
jusqu’à sa disparition. Si rien ne se produit [au
bout de trois semaines], il est peu probable que
ce traitement fonctionne. »
Puisque les nævi épidermiques sont
papillomateux et verruqueux, on peut les
confondre avec des verrues, remarque la
docteure Weinstein. « Le problème [des nævi
épidermiques], c’est que leur apparition est
souvent latente. Bien qu’ils soient program-
més dès la naissance, ils ne sont pas toujours
visibles à la naissance... Souvent, nous pou-
vons rassurer la famille en leur disant qu’il ne
s’agit pas d’une verrue, mais d’une tache de
naissance ». Ils ont tendance à grossir jusqu’à
ce que l’enfant soit à peu près d’âge scolaire.
S’ils sont dérangeants, on peut faire l’ablation
de ces lésions bénignes au laser, par cryothé-
rapie ou par excision.
Les taches chauves, brunes ou
blanches
Les nævi sébacés sont des plaques grasses,
ovales et chauves de couleur saumon qui se
forment sur le cuir chevelu ou d’autres ré-
gions de la tête ou du cou. Ils peuvent fluc-
tuer (par exemple, ils sont plus évidents pen-
dant la première enfance et la puberté), mais
se résorbent complètement d’eux-mêmes.
On a déjà cru que les nævi sébacés s’as-
sociaient à un risque de carcinome basocel-
lulaire de 10 % à l’âge adulte, mais selon la
documentation scientifique la plus récente,
ce risque serait probablement inférieur à 1 %
(8,9). Ils augmentent toutefois d’environ
10 % le risque de tumeurs annexielles (9).
Il faut conseiller aux patients de se faire éva-
luer dès qu’une nouvelle bosse se forme sur la
plaque. Pour des raisons esthétiques, de nom-
breux enfants ayant un nævus sébacé veu-
lent en faire faire l’ablation à l’adolescence.
L’intervention peut alors être pratiquée sous
anesthésie locale en toute sécurité.
L’aplasie cutis se distingue du nævus
sébacé par son apparence brillante, lisse et
de type cicatriciel. S’il est gros (plus de 3 cm)
ou situé sur le cou, la colonne vertébrale ou
la région médiane, postérieure ou antérieure
au vertex, ce type de lésion peut exiger des
explorations. Les anomalies concomitantes
(hémangiome ou tache vasculaire) ou une
« collerette » de poils autour de la lésion, qui
laissent présager une atteinte neurocutanée,
sont d’autres sources d’inquiétude.
Lorsqu’un patient consulte en raison
d’une macule café au lait qui est générale-
ment irritée ou enflée, le clinicien doit ten-
ter de confirmer un signe de Darier. Ce signe
désigne une urticaire, qui devient brunâtre
lorsqu’on la frotte fermement, et permet
de diagnostiquer une maladie à mastocytes.
Cette maladie est un continuum qui varie
entre une atteinte solitaire localisée et une
maladie systémique. Heureusement le mas-
tocytome solitaire en est la forme la plus
courante. Il se manifeste par des symptômes
lésionnels localisés qui se résorbent générale-
ment au fil du temps. Une atteinte plus éten-
due peut produire une urticaire pigmentaire,
souvent circonscrite à la peau, mais qui peut
toucher les organes systémiques. Les patients
devraient éviter les déclencheurs connus,
soit la chaleur, le froid, le stress, certains
aliments et certains médicaments. Chez les
patients ayant des mastocytomes multiples
(urticaire pigmentaire), il faut prescrire
un auto-injecteur d’adrénaline en guise de
précaution, car il est possible d’observer une
dégranulation généralisée des mastocytes.
Parmi les nombreuses causes de taches
blanches sur la peau, soulignons le pityriasis
versicolor et le vitiligo. Le pityriasis versi-
color, qui se manifeste souvent en châle,
produit de petites squames plissées, explique
le docteur Bergman. Quant au vitiligo, il est
bien démarqué et sa distribution est généra-
lement symétrique. De plus, il produit une
dépigmentation, tandis que les lésions du
pityriasis versicolor sont hypopygmentées.
De même, le pityriasis alba produit des
régions hypopigmentées aux bordures indéfi-
nies. On peut traiter le pityriasis versicolor à
l’aide d’antifongiques topiques ou oraux. Un
moyen plus simple et moins coûteux d’élimi-
ner le pathogène responsable, le Malassezia,
consiste à utiliser un shampooing antifongi-
que. On peut l’appliquer de la peau jusqu’aux
pieds, le laisser agir pendant cinq minutes,
puis le rincer. Il faut répéter le traitement
tous les jours pendant une semaine.
De nouvelles méthodes contre les poux
Une infestation par des poux de tête est source
d’embarras, de détresse, d’exclusion de l’école
ou du milieu de garde et d’opprobre. Les
traitements locaux maintenant accessibles