pharmaJournal 09 | 4.2011
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Pharmazie und Medizin · Pharmacie et médecine
Supplémentation vitaminique
La vitamine B12 peut être administrée efficacement
à haute dose par voie orale
Jérôme Berger, Marie-José Barbalat, Olivier Bugnon
Certains traitements au long cours (metformine, inhibiteur de la pompe à
proton …), mais aussi le grand âge, peuvent provoquer des carences en vita-
mine B12. Il est donc courant de proposer une supplémentation, le plus sou-
vent par voie parentérale. Toutefois, la voie orale doit parfois être recomman-
dée (patients sous anticoagulants, douleur lors de l’injection). Problème: la
seule forme orale de vitamine B12 disponible en Suisse ne contient que 15 µg
de cyanocobalamine.
ment administrée par voie parentérale
mais nous avons été confrontés récem-
ment à différentes demandes de méde-
cins concernant les possibilités d’admi-
nistrer la vitamine B12 par voie orale.
Essentiellement des spécialités
injectables de vitamine B12 en Suisse
Les spécialités disponibles en Suisse [3]
pour l’administration de vitamine B12 sont
indiquées dans le tableau. A noter que
Vitarubine® superconc. et Vitarubine®-
dépôt sont pris en charge par l’assurance
maladie de base, ce qui n’est pas le cas
des autres spécialités. De plus, on constate
qu’à une exception près, il s’agit toujours
de spécialité pour administration paren-
térale. Or, la voie orale est parfois le mode
d’administration de choix, p.ex. chez les
patients sous anticoagulants ou en raison
de la douleur provoquée par l’injection [4].
Efficacité orale de la vitamine B12
démontrée par plusieurs études
Par voie orale, la biodisponibilité de la vi-
tamine B12 est d’environ 1% par diffusion
passive et d’environ 20% via une glyco-
protéine spécifique (facteur intrinsèque)
[5]. Pour rappel, les besoins quotidiens en
vitamine B12 sont de 2 à 5 µg [4].
L’efficacité de l’administration de la
vitamine B12 par voie orale lors de carence
a été démontrée par différentes études à
des posologies très variables [4–8]. Les
schémas posologiques suivants peuvent
être retenus:
En général lors de carence en vita-
mine B12: 1000 µg/j pendant 1 semaine,
puis 1000 µg par semaine pendant
1 mois, puis 1000 µg 1 à 2 fois par
mois selon les résultats obtenus.
Lors de non-dissociation de la vita-
mine B12 de ses protéines porteuses:
125 à 1000 µg par jour en dose d’at-
taque (durée non précisée dans les
études), puis 125 à 500 µg par jour en
dose d’entretien selon les résultats
obtenus.
Ces études ont été réalisées sur de courtes
périodes et comportaient peu de patients.
Des études à plus large échelle et à plus
long terme permettraient de mieux définir
les posologies requises.
Il est à noter que l’absorption de vita-
mine B12 présente une forte variabilité
interindividuelle et que des doses quoti-
diennes inférieures à 1000 µg ne permet-
traient pas d’atteindre des concentrations
satisfaisantes chez tous les patients [5].
La posologie devrait donc être adaptée à
chaque cas selon les résultats obtenus. La
vitamine B12 possédant une large marge
thérapeutique, des suites indésirables
d’un surdosage sont peu probables [4].
Manipulation problématique de la
forme injectable en cas de prise orale!
En Suisse, la seule forme orale de vita-
mine B12 disponible est Vitarubine® com-
Spécialités disponibles en Suisse à base de vitamine B12
Spécialité Dosage Voie d’administration
Betolvex® ⎫
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⎭
1 mg = 1000 µg/amp.
i. m.
Vitamine B12 Amino® i. m. ou s. c. profond ou i. v. lente
Vitarubine® superconc. i. m. ou s. c. profond (i. v. lente possible*)
Vitarubine®-dépôt** i. m. (i. v. lente possible*)
Vitarubine® 15 µg/cpr. orale
* A éviter du fait de la rapidité de l’élimination [1]
** Contient de l’hydroxycobalamine, forme physiologique retard de vitamine B12 ayant une fixation augmentée aux protéines
sériques et tissulaires [1]
La vitamine B12 (cyanocobalamine) est
une vitamine hydrosoluble essentielle
entre autres à la métabolisation des acides
gras ainsi qu’à la synthèse d’ADN et de
myéline. Les habitudes alimentaires occi-
dentales permettent généralement de ré-
pondre aux besoins journaliers en vita-
mine B12 grâce à un apport suffisant en
produits d’origine animale (viande ou
produits laitiers par exemple). Cependant,
certaines situations peuvent conduire à
des carences en vitamine B12: p. ex. un
traitement au long cours sous metformine
ou sous inhibiteur de la pompe à proton.
Les patients âgés sont également plus
souvent sujets à un déficit en vitamine B12
[1, 2].
Les conséquences d’une carence en
vitamine B12 sont notamment une anémie
mégaloblastique (avec diminution des
capacités physiques et intellectuelles), des
troubles neurologiques et une augmenta-
tion du risque d’ostéoporose.
Il est donc courant de proposer une
supplémentation en vitamine B12 à titre
préventif ou curatif [2]. Elle est générale-