Module 1 – Aspect professionnel de la santé 1.1.1 DÉCRIRE CERTAINES NOTIONS ET PRINCIPES FONDAMENTAUX RELATIFS À L’ASPECT ÉTHIQUE ET JURIDIQUE DU DOMAINE DE LA SANTÉ. ASPECT ÉTHIQUE DU DOMAINE DES SOINS DE SANTÉ L’éthique est l’étude de la bonne conduite, de la moralité et des actions jugées acceptables. Elle dit aux humains comment agir, se comporter et être, entre eux et avec ce qui les entoure. Les personnes qui respectent les normes d’éthiques visent le bien de la personne et non ses préférences personnelles. Dans le domaine des soins de santé, un code d’éthique sert de guide pour offrir des soins humainement, avec compassion et en tenant compte de la sécurité du client. Un guide de droits et de règles à suivre selon l’éthique est appelé un code de déontologie. Chaque profession a son propre code de déontologie qui est suivi par les professionnels dans leurs pratiques. CONCEPTS FONDAMENTAUX Selon Potter et Perry, une pratique suivant une bonne éthique dans le domaine des soins de santé sont: l’autonomie, la bienfaisance, la bienveillance, la justice et la fidélité. a) Autonomie : L’autonomie désigne l’indépendance de la personne. Le patient prend les décisions envers sa maladie et des soins de santé. Le respect du droit du client d’agir en fonction de ses propres choix est à la base de la pratique dans le domaine des soins de santé. Il relève des droits du client de suivre ou non les recommandations en matière de soins, même lorsqu’il s’agit d’une question de survie. Le client doit être informé des implications des interventions et y consentir avant qu’elles soient mises en œuvre. Ceci s’applique à toute intervention, qu’il s’agisse 1 d’une intervention aussi simple qu’un soin d’hygiène ou complexe telle une intervention chirurgicale. Cependant, en réalité, certaines exceptions se font voir, par exemple, une personne dans le coma, un enfant, une personne atteinte d’une maladie mentale grave. Dans ces cas, une personne les représentant (parent, conjoint, famille) doit intervenir. Le maintien de l’autonomie du patient est l’un des aspects les plus importants du domaine des soins infirmiers. Le bien-être physique et psychologique du client est étroitement lié à la reprise de ses activités le plus rapidement possible, qui veut dire qu’on ne lui rend pas service en faisant tout pour lui. b) Bienfaisance : La bienfaisance signifie aider les autres et faire le bien. L’intervenant qui est bienfaisant ne se contente pas seulement de faire son travail, mais il fait passer l’intérêt du client avant le sien, s’efforce de comprendre ses besoins et agit en conséquence. c) Bienveillance (non-malfaisance): La bienveillance consiste à éviter de faire du tort. Elle revient à s’engager à effectuer les interventions les moins nuisibles pour le client. Parfois, il est mieux d’essayer de ne pas nuire que de faire du bien. Par exemple, la chimiothérapie peut prolonger la vie, mais peut nuire à court terme à cause des effets secondaires. Donc, est-ce que c’est toujours la solution? Si le patient a peu de chance de s’en sortir, est-ce que ça vaut la peine de passer à travers les effets secondaires? d) Justice : Dans le domaine des soins infirmiers, la justice désigne l’équité dont doit faire preuve le personnel soignant. Les ressources et soins doivent être divisés de façon juste et égale entre tous les patients, et selon un ordre de priorité établi. Mais, il peut être difficile d’être juste en tout temps : par exemple, qui décide de l’ordre des personnes en attente de greffe? e) Fidélité : La fidélité désigne le fait de tenir ses promesses. L’intervenant doit soutenir le patient même s’il est en désaccord avec ses décisions. Elle s’applique également à l’obligation de continuer à offrir les soins au client, peu importe ses sentiments envers celui-ci. 2 ** En réalité, certains devoirs ont priorité sur d’autres. Exemple : Si un patient est suicidaire, protéger la personne ou les autres passe avant le respect de l’autonomie. L’empathie se définit par l’habileté à percevoir, à identifier et à comprendre les sentiments ou les émotions d’une autre personne tout en maintenant une distance affective par rapport à cette dernière. En psychologie sociale, le terme empathie, désigne la capacité d’acquérir une certaine connaissance de l’autre et de se mettre à sa place pour mieux le comprendre et mieux percevoir ses attentes. Ne pas mêler avec le terme sympathie qui veut dire comprendre et partager les sentiments ou émotions. Les intervenants doivent faire preuve d’empathie tout au long de leurs soins afin d’être PRATIQUE PROFESSIONNELLE – Code de déontologie Le code de déontologie est à la base de la pratique professionnelle de plusieurs professions relevant du domaine des soins de santé. Il s’agit d’un ensemble de principes moraux et de devoirs applicables à tous les membres d’une même profession afin de guider leurs comportements. Certains codes de déontologie énoncent les principes fondamentaux suivants : l’imputabilité, la responsabilité, la défense des droits, la confidentialité et la vérité. a) Imputabilité : L’imputabilité désigne l’obligation de répondre de ses actes, être responsables de ses actions. b) Responsabilité : Le terme responsabilité en soins de santé implique la capacité de faire la différence entre le bien et le mal ainsi que le devoir de remplir ses fonctions de façon consciencieuse (avec soin) et logique en tout temps. En agissant de façon responsable, l’intervenant gagne la confiance des membres de l’équipe, du client ainsi que des membres de sa famille. c) Confidentialité : Les renseignements portant sur le client doivent demeurer secrets afin de protéger sa vie privée. Il est interdit de communiquer tout renseignement au sujet du client de quelque façon que ce soit (à moins qu’il ne s’agisse des membres de l’équipe soignante qui sont directement ou indirectement impliqués dans les soins). 3 d) Vérité : Les intervenants dans le domaine des soins de santé doivent dire la vérité. Cependant, il est important de tenir compte de l’aspect de la confidentialité et de demeurer à l’intérieur des limites de ses fonctions. Par exemple, révéler le diagnostic à un client relève des fonctions du médecin. VALEURS Une valeur est une croyance personnelle concernant une idée, une attitude, une coutume ou un objet qui va diriger la manière d’agir d’une personne. Elle désigne l’importance que valent les choses aux yeux d’un individu. Les valeurs morales dictent les actions et la façon de voir les choses. Elles se mesurent par le degré d’importance d’une certaine croyance et jusqu’où la personne irait pour la défendre lorsqu’elle est remise en question. Les valeurs sont à la base des opinions ou des façons de penser. L’individu fait appel à ses valeurs pour catégoriser le bien et le mal. Le système de valeurs diffère d’un individu à l’autre, selon ce qu’il a vu depuis la naissance et il évolue selon les expériences vécues. Par conséquent, ce qui est bien ou mal varie selon l’individu. Pour adopter de nouvelles valeurs, une personne doit d’abord connaître ses valeurs au moment de la remise en question et savoir comment elles influent sur son comportement. La clarification des valeurs est un processus de découverte de soi qui aide la personne à prendre conscience de ses valeurs et à mieux les comprendre. Dans le domaine des soins de santé, les intervenants doivent respecter le système de valeurs des clients en essayant de comprendre l’effet des différences sur leur santé et leur bien-être et ce, sans porter de jugement. L’ethnocentrisme désigne le fait de croire que sa propre culture est supérieure à celle des autres. L’intervenant qui fait preuve d’ethnocentrisme risque de s’appuyer sur ses propres perceptions et valeurs sans tenir compte des perceptions et des convictions du client. DILEMME MORAL Selon Antidote, le dilemme désigne une situation où l’on doit choisir entre deux possibilités contradictoires comprenant toutes deux des désavantages. De nombreux dilemmes moraux (désaccords moraux) peuvent survenir dans des circonstances très variées. 4 Exemples : a) génie génétique si un test génétique est disponible pour une maladie dont il n’existe aucun traitement ou chirurgie, est-ce que toute l’information doit être donnée au patient (loyauté et autonomie) ou par bienveillance, l’information n’est pas donnée? b) Progrès dans l’infertilité mène à plusieurs grossesses multiples. Avortement sélectif ou risque de bébés très prématurés demandant beaucoup de soins hospitaliers? c) Suicide assisté comment respecter le droit d’autonomie avec ses croyances personnelles? Ils surviennent lorsque les décisions prises par un client ou par un professionnel sont à contre le système de valeurs des autres membres de l’équipe de soins de santé. Activité d’apprentissage (mise en situation) : Un secouriste arrive sur les lieux d’un accident. Deux victimes sont étendues sur le sol : l’une d’elle est un enfant et l’autre, sa mère. Il est impossible de secourir les deux victimes. Laquelle des deux victimes le secouriste doit-il aider en premier en tenant compte des éléments suivants : 1) un second enfant est dans la voiture, 2) l’état des deux victimes est critique, et 3) la mère a moins de chance de s’en sortir. QUESTION EN BIOÉTHIQUE La bioéthique désigne le champ d’étude et de recherche portant sur les enjeux éthiques posés par les progrès scientifiques et technologiques de la médecine et des sciences de la vie. Les sujets de délibérations suivants relèvent tous du domaine de la bioéthique: l’assistance médicale à la procréation la contraception l’avortement le clonage humain le don de gamètes ou d’embryons l’eugénisme (stérilisation de personnes handicapées et de celles à risque génétique) prélèvements et greffes d’organes ou de tissus (*vente d’organes) l’acharnement thérapeutique (utilisation de thérapies exagérées) l’euthanasie et le suicide assisté le contrôle de la sénescence (processus de vieillissement normal) les interventions sur les êtres et les milieux non humains (OGM – organismes génétiquement modifiés, soit les plantes et les animaux et utilisation d’antibiotiques chez les animaux). 5 ASPECT JURIDIQUE DU DOMAINE DES SOINS DE SANTÉ Selon l’Association des consommateurs du Canada, les droits des clients en matière de soins de santé comprennent : le droit d’être informé le droit d’être reconnu comme responsable de sa propre santé le droit de prendre part au processus de décision concernant sa santé le droit d’avoir accès à tous les soins de santé peu importe le statut économique, le sexe, l’âge, les croyances, l’origine ethnique ou la situation. ASPECT JURIDIQUE DES SOINS DE SANTÉ a) Confidentialité : Les intervenants de l’équipe de soins de santé ont une obligation envers le secret professionnel. Qu’il s’agisse de confidences ou d’information privilégiée, il est primordial de ne divulguer aucune information ou renseignement concernant un client. b) Consentement éclairé : Fondé sur les connaissances et la compréhension de tous les éléments importants pour prendre une décision face à une intervention. Ces éléments comprennent les risques et les conséquences possibles, incluant celles associées au refus de l’intervention ainsi que les alternatives. Le fait de traiter une personne sans son consentement peut conduire à une poursuite judiciaire. Questions : a) À quel âge la personne mineure peut-elle donner son consentement au Nouveau-Brunswick ? b) Que se passe-t-il en cas d’urgence ou lorsque le client est inconscient ? c) Défense des droits du client : Il relève de la responsabilité de l’intervenant de défendre le client lorsque ses droits risquent d’être attaqués ou lorsque son bien-être ou sa sécurité est en jeu (soit à cause du comportement d’un autre intervenant ou lorsque des politiques ou des mesures sont à l’encontre du bien-être du client). d) Diffamation : Allégation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la réputation d’une personne. 6 e) Dossier du client : Puisque le dossier du client contient tous les renseignements se rapportant à l’ensemble des soins ainsi que des signes et symptômes qu’il présente, il sert de moyen de communication entre les membres de l’équipe soignante et de document légal advenant une poursuite. Par conséquent, l’information doit y être notée de façon claire, précise, complète, pertinente. De plus, le texte doit être présenté dans un ordre logique et sans erreur. Tout établissement doit conserver les dossiers médicaux et ils doivent contenir l’information concernant tous les soins qui ont été offerts au client. Si un dossier est perdu ou incomplet, la cour présumera que les soins n’ont pas été offerts et qu’il y a eu négligence. Cas de Kolesar contre Jeffries (Ontario 1976) Il fait partie des droits du client de consulter son dossier. Cependant, pour avoir accès à son dossier, il doit procéder selon la démarche établie dans l’établissement. f) Loi du bon Samaritain : Loi élaborée pour protéger les gens qui viennent en aide aux autres (tel un secouriste) et qui agissent de façon raisonnable sans énorme négligence. Elle prévient qu’une personne qui porte secours à une autre soit tenue responsable des dommages résultant de son intervention à moins qu’ils n’aient été infligés de façon intentionnelle ou s’ils ont été causés par insouciance, imprudence ou négligence. g) Négligence : Comportement qui ne respecte pas les normes de soins établies (telle l’ordonnance médicamenteuse, appelée communément prescription). h) Normes de soins : Des normes constituent des règles écrites portant sur la façon de répondre à des exigences de base ou d’atteindre l’excellence. Elles s’appliquent à tout établissement de soins de santé tels les centres hospitaliers et les foyers de soins. Le non respect des normes de soins constitue une implication juridique. Les normes s’appliquent par exemple à la température des repas, aux règlements concernant l’administration des médicaments, les mesures de prévention et les directives à suivre en cas d’incendie et la mise en disponibilité des extincteurs. Se référer à http://www.gnb.ca/0017/Seniors/ARFStandardsandProcedures-f.pdf Normes et procédures des établissements résidentiels pour adultes (Il s’agit des 7 règlements pour les foyers de soins spéciaux et autres établissements résidentiels au Nouveau-Brunswick). i) Préjudice : Faute commise contre la personne ou ses biens de façon intentionnelle ou non (telle la négligence). Les préjudices intentionnels violent les droits de la personne et incluent les voies de fait, la diffamation, l’emprisonnement injustifié et l’atteinte à la vie privée. j) Voie de fait : Lorsqu’une personne touche intentionnellement une autre personne sans son consentement. 8 1.1.2 ANALYSER SES VALEURS PERSONNELLES PAR RAPPORT AUX VALEURS ESSENTIELLES À LA PRATIQUE DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ. Suggestions : 1 - Se référer à Potter et Perry p. 300 Encadré 17.5 Exercice sur les valeurs culturelles 2 - Dresser une liste des valeurs essentielles pour œuvrer dans le domaine de la santé dans un ordre de priorité selon sa perception puis les comparer à ses valeurs personnelles. 3 - Se référer à Potter et Perry p. 301 Tableau 17.3 Valeurs et comportements essentiels en soins infirmiers et comparer ces éléments à son système de valeurs personnel. 4 -Visionner le film « Le docteur » (un film de Randa Haines avec William Hurt) puis dresser une liste des scènes qui sont à l’encontre des valeurs et des comportements décrits par Potter et Perry et justifier. 9 1.2.1 UTILISER LES FONDEMENTS D’UNE COMMUNICATION EFFICACE DANS DES RELATIONS PROFESSIONNELLES POSITIVES. La communication est le processus par lequel les individus transmettent des messages (information, idées et émotions) afin d’exercer une influence mutuelle. La communication est essentielle dans le domaine des soins infirmiers. Par conséquent, le manque de communication entraîne de sérieuses difficultés et peut mettre à risque la sécurité et le bien-être du client. DÉFINITION DE LA COMMUNICATION Selon Antidote, la communication constitue un échange d’une information, d’un message entre un sujet émetteur et un sujet récepteur. + NIVEAUX DE COMMUNICATION Il existe divers niveaux de communication, soit la communication intrapersonnelle, interpersonnelle, transpersonnelle, en petits groupes et publique. a) Communication intrapersonnelle : Il s’agit d’un mode puissant de communication intérieure également appelé monologue intérieur, la verbalisation intérieure, la pensée intérieure et le dialogue intérieur (Balzer-Riley, 2000). Les pensées influencent fortement les perceptions, les sentiments, les comportements et l’image de soi-même. L’intervenant doit essayer d’éliminer les pensées négatives et autodestructives en les remplaçant par des pensées positives. b) Communication interpersonnelle : Mode de communication le plus fréquent, la communication interpersonnelle constitue une interaction entre deux personnes comprenant des signes et des symboles. Le message reflète la pensée de l’émetteur (celui qui transmet le message). Cependant, le message reçu (par le récepteur) peut être différent du message que l’émetteur avait l’intention de transmettre. c) Communication transpersonnelle : La communication transpersonnelle est une interaction se déroulant dans la sphère du spirituel. Elle implique la prière, la méditation, les rituels religieux ou d’autres moyens pour communiquer avec un être suprême. d) Communication en petits groupes : La communication en petits groupes se déroule entre un petit nombre de personnes. Dans le domaine des soins infirmiers, ce mode de communication est 10 utilisé, par exemple, dans un comité de travail ou entre les membres de l’équipe de soins de santé. e) Communication publique : La communication publique est une interaction avec un auditoire, par exemple, lorsque des sessions de formation sont offertes à un groupe de personnes. ÉLÉMENTS DU PROCESSUS DE COMMUNICATION La communication est un processus continu, dynamique et multidimensionnel dont les éléments comprennent : le référent, l’émetteur et le récepteur, le message, la rétroaction, les variables interpersonnelles, les canaux et l’environnement. a) Référent : Le référent est ce qui motive la personne à communiquer tels une image, un son, une idée, un message ou une perception. b) Émetteur et récepteur : L’émetteur est la personne qui transmet le message alors que le récepteur le reçoit. L’émetteur est responsable de la précision du message. Les rôles de l’émetteur et du récepteur sont flexibles et interchangeables. Plus l’émetteur et le récepteur ont des choses en commun, plus les liens sont étroits et plus il y a de chances que les messages soient perçus adéquatement. c) Message : Le message est le contenu de la conversation. Il est constitué d’un langage verbal, non verbal et symbolique. Un même message peut être perçu différemment par deux récepteurs, même lorsqu’il est transmis de la même façon par une même personne. Un message efficace est exprimé clairement, directement et de manière compréhensible. Lorsque le récepteur émet des signes non verbaux traduisant l’incertitude, le message doit être clarifié. d) Canaux : Les canaux sont les façons de transmettre le message, soit par l’expression faciale, les mots et le toucher. La transmission du message est se fait mieux lorsque l’émetteur utilise plusieurs canaux à la fois. e) Rétroaction : La rétroaction constitue la réponse du récepteur. Elle indique à l’émetteur si le message a été compris en observant la réaction non verbale et en écoutant la réponse du récepteur par rapport au message. En l’absence de rétroaction 11 (appelée souvent feedback), il est difficile pour l’émetteur de constater si le récepteur a bien saisi le message et s’il réagit de façon positive ou négative. Cela laisse donc place aux malentendus. f) Variables interpersonnelles : Les variables interpersonnelles sont les facteurs qui influencent la communication. L’une des variables qui influencent le plus la communication est la perception. Chaque personne ressent, interprète et comprend les évènements à sa manière. La perception de la personne est influencée par plusieurs facteurs telles les expériences vécues. g) Environnement : L’environnement est le milieu où se déroulent les interactions entre l’émetteur et le récepteur. L’environnement doit être confortable et sécuritaire. Le bruit, les températures extrêmes et le manque d’intimité peuvent entraîner de la confusion et de l’inconfort. Les distractions nuisent à la communication. FORMES DE COMMUNICATION Les messages sont transmis verbalement et non verbalement. Les personnes s’expriment entre autres, à l’aide de mots, de mouvements, d’inflexion de la voie (tons) et d’expressions faciales. La communication verbale implique la parole et l’écriture. Elle est influencée par le vocabulaire, la dénotation et la connotation (sens du mot), le débit du discours (lent ou rapide), le ton de la voix, la clarté et la brièveté (un nombre limité de mots et les idées claires éliminent la confusion), le choix du moment et la pertinence du message. La communication non verbale est la transmission de messages par le langage du corps. Elle a souvent plus de sens que les mots. Par exemple, la personne qui dit que tout va bien avec les larmes aux yeux est probablement perturbée. Les expressions faciales, les signes vocaux, le contact visuel, les gestes, les postures, le toucher, l’odeur, l’apparence physique, la tenue vestimentaire, le silence et l’utilisation de l’espace, du temps et des objets sont tous des caractéristiques de la communication non verbale. Pour devenir un observateur perspicace des comportements non verbaux, il faut beaucoup de pratique. a) Apparence personnelle : Les caractéristiques physiques, l’expression faciale, la façon de se vêtir, de se coiffer, de se maquiller, ainsi que le port de parures permettent de communiquer le bien-être physique, la personnalité, l’image qu’on a de soi, le statut social, la profession, la religion et la culture. Les premières impressions sont en grande partie fondées sur les apparences. 12 b) Posture et démarche : La façon de se tenir et de se déplacer reflète ses attitudes, ses émotions, son image de soi et son état de santé. Une posture nonchalante peut être signe d’indifférence, de dépression ou de maladie. c) Expression faciale : Les émotions telles la surprise, la peur, la colère, le dégout, la joie et la tristesse sont souvent exprimées par l’expression faciale. Les individus ne se rendent pas toujours compte du message véhiculé par l’expression faciale. d) Contact visuel : La personne qui maintient un contact visuel pendant une conversation fait preuve de respect et démontre un désir d’écouter. L’absence de contact visuel peut indiquer la présence d’anxiété, d’une attitude défensive, d’inconfort ou d’un manque de confiance. Regarder la personne de haut reflète de l’autorité alors qu’interagir à la hauteur des yeux reflète une égalité dans la relation. e) Gestes : Les gestes clarifient la communication. Par exemple, la personne qui pointe le doigt, fronce les sourcils froncés et s’exprime d’un ton de voix sévère fait preuve d’accusation ou de menace. f) Sons : Les soupirs, les plaintes, les gémissements et les pleurs font partie de la communication non verbale. g) Territorialité et espace personnel : Chaque individu a droit à son espace personnel, invisible et individuel. La personne dont l’espace personnel est menacé devient sur la défensive. ÉLÉMENTS DE LA COMMUNICATION PROFESSIONNELLE Les relations professionnelles sont créées par l’application des connaissances de la personne, la compréhension du comportement humain, les principes de base en communication, le respect de l’éthique professionnelle et l’engagement. La tenue vestimentaire et les agissements/comportements professionnels sont essentiels pour que la personne puisse inspirer confiance aux membres de l’équipe soignante, au client et à ses proches. 13 Un professionnel s’exprime de façon claire, utilise un vocabulaire approprié, écoute les autres, soutient les autres membres de l’équipe et communique avec efficacité. Son comportement doit refléter chaleur, amitié, confiance et compétence. Il est ponctuel et fonctionne de façon structurée tout en s’acquittant de ses fonctions avec un sens des responsabilités. L’intervenant doit être propre, bien mis et ne doit dégager ni parfum ni odeur. L’apparence négligée ou un comportement inapproprié nuit à l’image professionnelle de l’intervenant. a) Courtoisie : La courtoisie fait appel à l’utilisation d’un langage poli. L’intervenant courtois utilise les marques de politesse tels : « Bonjour », « Aurevoir », « S’il-vous-plaît » et « Merci ». Il frappe à la porte avant d’entrer dans la chambre et s’excuse s’il cause un ennui à quelqu’un. b) Usage du nom de famille et du vouvoiement : L’intervenant doit toujours se présenter au client, lui indiquer son statut et de s’adresser à lui avec un sourire tout en établissant un contact visuel. À moins que le client fasse la demande qu’on l’interpelle par son prénom, l’intervenant doit utiliser son nom et le vouvoyer. c) Intimité et confidentialité : Un intervenant qui adopte un comportement professionnel respecte la confidentialité et l’intimité du client. Il fait partie des responsabilités des soignants de préserver le droit à la vie privée. Les membres de l’équipe doivent éviter d’accepter de recevoir de l’information concernant le client lorsque cela n’est pas pertinent. d) Confiance : La confiance est l’assurance de celui qui se fie à quelqu’un. Pour gagner la confiance des autres, l’intervenant doit faire preuve de cohérence, de fiabilité, d’honnêteté et de compétence. Selon Antidote, la cohérence désigne l’absence de contradiction. Par exemple, la communication verbale devrait être cohérente avec la communication non verbale (telle l’expression faciale). Ceci dit, la personne qui se dit mécontente ne devrait pas afficher un sourire. 14 e) Autonomie et responsabilité : L’intervenant qui fait preuve d’autonomie est capable de se diriger pour atteindre ses objectifs et sait défendre les intérêts du client. Il est responsable de ses comportements et démontre de l’initiative pour résoudre des problèmes. f) Affirmation de soi : L’affirmation de soi est l’expression de ses droits sans violer ceux des autres (Stanhope et Lancaster, 1996). L’intervenant qui sait s’affirmer est capable de défendre les intérêts du client, de ses pairs ou les siens. Il exprime ses sentiments et ses émotions de façon ferme, spontanée et honnête. Les personnes qui sont aptes à s’affirmer reçoivent plus facilement les critiques, résistent à la manipulation, apprennent à dire non, établissent des limites et ne se soumettent pas à un sentiment de culpabilité. Les réponses affirmatives contiennent souvent des messages avec « Je », tels que « J’aimerais que.. », « Je ressens< » ou « J’ai besoin< ». Elles permettent d’exprimer son opinion, son désaccord ou un mécontentement sur un ton qui n’est pas accusateur. Par exemple, « Quand tu ris de moi, ça me blesse. Si tu veux que nous soyons toujours des amis, j’aimerais que tu ne le fasses plus. » 15 1.2.2 DÉCRIRE LA RELATION THÉRAPEUTIQUE ET SES COMPOSANTES. Dès qu’un intervenant communique avec le client, il doit mettre en œuvre un processus de communication propre à l’instauration et du maintien d’un lien avec lui et ses proches. Dans un premier temps, la relation débute par une conversation sociale courtoise. Puis, le but de la relation thérapeutique est de favoriser un lien de confiance avec le client et ses proches afin qu’ils se sentent à l’aise de discuter de questions personnelles ou de préoccupations d’ordre physique ou psychologique. Afin que ce lien soit fondé, l’intervenant doit être digne de confiance, faire preuve d’empathie ainsi que de compétence et accepter inconditionnellement le client. Le processus est fondé à partir de trois phases, soit la phase d’orientation, la phase de travail et la phase de terminaison. Les techniques de communication thérapeutique comprennent celles qui suivent: Écoute active Il s’agit d’une écoute attentive manifestée par un engagement du corps, du cœur et de l’esprit. La position de l’intervenant ainsi que le contact visuel et sa réaction verbale et non verbale indiquent au client qu’il est entièrement disponible et attentif à lui. Partage des observations L’intervenant participe à la conversation ou fait part au client de ses observations au sujet de son état. Empathie L’empathie est un élément essentiel au sein de la relation thérapeutique. L’intervenant qui fait preuve d’empathie sait témoigner au client un soutien émotif en émettant des réponses neutres et sans jugement de valeur. Partage de l’espoir Puisque l’espoir est essentiel à la guérison, les encouragements et les commentaires positifs sont importants afin d’aider les gens à atteindre leurs buts en matière de santé. Il importe cependant de souligner que le message d’espoir n’est pas toujours relié à la guérison; dans certains cas, il peut s’agir de la capacité d’affronter une situation difficile. Partage de l’humour L’humour de bon goût et bien placé permet de soulager l’anxiété, la dépression et la gêne. 16 Partage des sentiments L’expression des sentiments, incluant les pleurs, est souvent très efficace pour soulager le stress, la peine et l’inquiétude. Le partage des larmes de la part d’un intervenant peut également convenir, à condition que celui-ci puisse tout de même maîtriser ses émotions. Usage du toucher Le toucher est l’une des formes de communication les plus puissantes qui s’offre à l’intervenant. Le fait de tenir la main par exemple à une personne gravement malade ou à celle qui éprouve une perte physique ou affective est une source importante de réconfort. Il importe cependant de faire preuve de sensibilité face à la réaction au toucher et y recourir avec discrétion. Il faudrait également éviter de toucher le client qui est méfiant ou qui est en colère. Les interventions suivantes sont considérées non thérapeutiques puisqu’elles risquent de nuire à la relation en entraînant un blocage, une réaction défensive et nuisent à l’expression des sentiments : questionner sur des sujets personnels donner des conseils changer de sujet offrir un faux réconfort manifester de la pitié approuver ou désapprouver argumenter et réagir de façon défensive, passive ou agressive. 17 1.3.1 ACCUEILLIR L’APPROCHE HOLISTIQUE ET SES RÉPERCUSSIONS DANS LES SOINS À LA PERSONNE. Le grand dictionnaire terminologique de l’Office québécoise de la langue française définit le terme holisme comme suit : théorie selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui ne peut pas être expliqué par ses différentes composantes (physique, physiologique, psychique) considérées séparément. Le maintien de l’état de santé de l’individu implique l’équilibre de tous les aspects de sa vie. Le soin holistique tient compte des besoins biologiques (liés à la maladie physique), psychologiques (liés à l’état mental), sociologiques (liés à la famille, aux amis, au travail), économiques (liés à l’aspect financier) et spirituels (liés aux croyances) de la personne. Ceci signifie que le processus de guérison est favorisé si tous les besoins de la personne sont rencontrés. Par exemple, la guérison de celui qui se fait du souci en raison de son état financier risque d’être retardée. S’il est inquiet, il pourrait être moins enthousiaste à l’idée de participer au traitement. L’intervenant qui offre un soin conformément à l’approche holistique se préoccupe de tous les besoins de la personne plutôt que de s’en tenir exclusivement à l’aspect physique. Exemples d’interventions conformes à une approche holistique : Prendre le temps d’écouter la petite fille qui pleure parce qu’elle s’ennuie de son chien et demander une permission spéciale pour que ses parents l’emmène pour une visite. Aider un client âgé qui s’inquiète de son épouse à se rendre au téléphone pour prendre de ses nouvelles. Organiser une activité pour distraire le client qui s’ennuie. Exemples d’interventions qui sont à l’encontre de l’approche holistique : Un intervenant refuse à un client l’aide nécessaire pour se rendre au téléphone sous prétexte que ça ne fait pas partie de ses tâches. Un intervenant rappelle à un membre de la famille qu’il n’est pas là pour la famille mais pour le client seulement. Un intervenant dit à la petite fille qui s’ennuie de son chien que la présence d’animaux est défendue dans l’hôpital sans se donner la peine de vérifier. 18