From
TraitementActualités 212
Le dolutégravir et le fœtus
Les combinaisons de médicaments anti-VIH puissants (couramment appelées TAR) et d’autres mesures ont permis
de réduire énormément le risque qu’une mère séropositive accouche d’un bébé infecté, particulièrement dans les
pays à revenu élevé où les soins et les traitements sont largement accessibles. En supprimant la quantité de VIH
chez la mère jusqu’à un niveau très faible, la TAR joue un rôle clé pour protéger le fœtus contre l’infection.
Pendant la grossesse, les médicaments anti-VIH passent de la circulation de la mère dans celle du fœtus via une
connexion physique appelée placenta. Il est donc important d’étudier le mouvement de ces médicaments à travers le
placenta afin que les chercheurs puissent évaluer le potentiel de ces médicaments pour protéger le fœtus contre le
VIH.
Inhibiteurs de l’intégrase
La classe la plus puissante de médicaments anti-VIH est celle des inhibiteurs de l’intégrase. En voici quelques
exemples :
dolutégravir (Tivicay et dans Triumeq)
elvitégravir (dans Genvoya et Stribild)
raltégravir (Isentress)
Lorsqu’ils sont utilisés à titre de TAR, les régimes à base d’inhibiteurs de l’intégrase réduisent rapidement la charge
virale. Ces médicaments sont généralement bien tolérés, et le raltégravir et le dolutégravir interagissent relativement
peu avec d’autres médicaments. Pour ces deux raisons, les régimes à base d’inhibiteurs de l’intégrase, et plus
particulièrement ceux incluant le raltégravir, ont été prescrits par des médecins à certaines femmes enceintes ayant
récemment reçu un diagnostic de VIH.
Le dolutégravir fait son entrée
Le dolutégravir est le plus récent des inhibiteurs de l’intégrase et il est de plus en plus prescrit dans les pays à
revenu élevé. Comme certaines femmes séropositives recevant une TAR contenant le dolutégravir sont susceptibles
de tomber enceintes, il est important d’évaluer l’impact éventuel de ce médicament sur le fœtus. Pour commencer à
explorer cette question, des chercheurs de Nijmegen, aux Pays-Bas, ont créé un système dans leur laboratoire. Ce
dernier consiste à utiliser des placentas donnés pour stimuler la circulation sanguine entre le fœtus et la mère.
Résultats clés
Le dolutégravir peut traverser le placenta et entrer dans le système sanguin du fœtus.
Les chercheurs considéraient comme « modérée à élevée » la concentration de dolutégravir dans le sang parvenant
au fœtus. À la lumière de leurs résultats, les chercheurs néerlandais s’attendent à ce que la concentration de
dolutégravir dans le sang parvenant au fœtus d’une mère enceinte recevant ce médicament soit entre « cinq et 10
plus élevée » que chez les adultes recevant le dolutégravir.
Grâce à cette concentration relativement élevée de dolutégravir dans la circulation du fœtus, il est probable que ce
médicament protège celui-ci contre le VIH. Les chercheurs néerlandais soulignent toutefois que cette forte
concentration de dolutégravir soulève la possibilité d’effets secondaires pour le fœtus. Or, lors d’études menées sur
des souris et des rats enceintes, d’autres chercheurs n’ont pas trouvé d’« indice direct » que l’exposition au
dolutégravir a provoqué des anomalies congénitales ou nui au développement du fœtus.
Besoin de documenter l’issue des grossesses