PDF imprimable

publicité
From TraitementSida 152
Surmonter les obstacles à la guérison
Les protocoles faisant appel à une multithérapie (HAART) et à l’acide valproïque deviendront vraisemblablement plus
répandus en 2006, car les chercheurs se sentent talonnés et ont hâte de voir quelle équipe de recherche
s’approchera le plus de l’objectif d’éliminer l’infection au VIH. Il y a fort à parier qu’on essayera diverses stratégies
visant à faire disparaître le virus complètement de l’organisme des sujets infectés. Il importe de comprendre
comment le VIH interagit avec le système immunitaire et ces médicaments afin d’y voir plus clair avec les divers
protocoles qui feront leur apparition.
Une infection différente des autres
L’infection au VIH diffère d’un grand nombre de maladies virales communes en ceci qu’elle infecte, invalide et détruit
les cellules du système immunitaire qui maîtrisent habituellement les virus. En outre, un autre aspect inhabituel du
VIH, c’est qu’il semble inciter le système immunitaire à supprimer sa propre capacité de répondre aux infections, y
compris les infections causées par le VIH.
Au plus profond de la cellule
Lorsque le VIH infecte une cellule, il y insère les instructions pour la fabrication de nouveaux virus (le matériel
génétique du VIH) et il réécrit l’ADN de la cellule. Cette cellule infectée a désormais le potentiel de devenir une usine
de virus. Puisque que le matériel génétique de la cellule contient maintenant les instructions pour la fabrication du
VIH, il devient presque impossible de se débarrasser du matériel génétique intégré du VIH sans détruire la cellule.
Dans les deux semaines suivant l’infection au VIH, le virus devient bien établi dans tout l’organisme ainsi que dans
les tissus et ganglions lymphatiques. Cette distribution rapide et de grande portée ajoute à la difficulté d’éliminer le
virus.
La multithérapie pour limiter la progression du VIH
Pour empêcher le VIH d’infecter davantage de cellules avec le temps, les PVVIH doivent suivre une multithérapie
quotidienne, sans interruption. Après le début du traitement au moyen d’une association de médicaments anti-VIH,
la capacité du VIH d’infecter plus de cellules diminue graduellement en quelques mois. Malheureusement, la
multithérapie ne peut supprimer totalement la reproduction des cellules infectées par le VIH, qui peuvent transmettre
furtivement les instructions de fabrication de nouveaux virus. Ces cellules sont appelées cellules T CD4+ à l’état
latent, et leur persistance fait obstacle à l’éradication du VIH.
À cellules différentes, des utilisations différentes
Les cellules qui, selon les chercheurs, font partie du réservoir permanent du VIH dans l’organisme comprennent les
suivantes :
un groupe de cellules T appelées lymphocytes CD4+ à l’état latent;
les cellules CD4+ à mémoire;
les cellules monocytes, macrophages et dendritiques.
Mémoire du passé
Comme l’indique leur nom, les cellules à mémoire aident le système immunitaire à se rappeler une rencontre
précédente avec un germe. Quand un microbe particulier infecte de nouveau l’organisme, la réponse immunitaire est
plus rapide et plus efficace grâce à cette mémoire immunologique. Les cellules à mémoire ont une durée de vie
supérieure aux autres cellules, peut-être des dizaines d’années.
Le système d’avertissement avancé
Les cellules monocytes, macrophages et dendritiques peuvent toutes jouer un rôle dans le système d’avertissement
avancé de l’organisme en cas d’infection. Ces cellules avisent le système immunitaire de la présence de germes
envahisseurs et contribuent à amplifier sa réaction contre ces envahisseurs. Toutes ces cellules peuvent être
infectées par le VIH.
Au niveau du cerveau
Selon les expériences menées avec des singes atteints d’une affection comparable au sida et d’après les échantillons
du cerveau prélevés chez des PVVIH décédées, le système nerveux central—le cerveau et la moelle épinière—est un
réservoir pour le VIH. La membrane de la barrière hémato-encéphalique (barrière sang-cerveau) comporte de
nombreuses petites pompes qui chassent les médicaments anti-VIH ayant réussi à pénétrer dans le cerveau. Le
cerveau et sa barrière protectrice demeurent ainsi un obstacle majeur à l’éradication du VIH. Malgré tous ces
obstacles, certains scientifiques poursuivent leurs travaux en vue de trouver un traitement curatif du VIH.
Pour enrayer le virus
Afin d’accroître les chances de succès d’un protocole d’éradication, il faut vraisemblablement avoir recours à une
association intensive de médicaments anti-VIH. En outre, les PVVIH qui participent à une recherche sur l’éradication
doivent maintenir un niveau d’observance thérapeutique élevé pour que leur charge virale soit entièrement éliminée.
Pour surveiller l’évolution des charges virales, les études sur l’éradication devront certainement utiliser de
l’équipement et des techniques de laboratoire de conception spéciale, capables d’évaluer avec exactitude des
charges virales très faibles.
La clé d’un traitement curatif
Certains chercheurs estiment que la clé d’un traitement curatif de l’infection au VIH repose sur un moyen d’obliger le
VIH à sortir des cellules à l’état latent. La multithérapie n’y arrive pas, mais des chercheurs en Amérique du Nord et
en Union européenne essaient de trouver des médicaments offrant cette capacité. Les substances mises à l’essai
freinent toutes une enzyme nommée HDAC-1, laquelle empêche l’activation du VIH. Voici des exemples des
composés possédant ce potentiel :
composé Q (tricosanthine) — un extrait de melon amer chinois;
l’acide valproïque — un médicament anticonvulsivant d’emploi répandu.
Au cours d’expériences en laboratoire réalisées avec des cellules et le VIH, les inhibiteurs de la HDAC-1 ont
déclenché la réplication du VIH dans des cellules T qui avaient été à l’état latent. Et des expériences menées auprès
d’un nombre restreint de PVVIH permettent de penser que le médicament a le même potentiel chez des sujets
vivants. Les chercheurs ont utilisé l’acide valproïque parce que ce médicament est autorisé pour la maîtrise des
convulsions et qu’il est utilisé depuis longtemps, de sorte que ses effets secondaires et ses interactions sont bien
connus. Le prochain article donne des détails sur une étude pilote de l’acide valproïque réalisée auprès d’utilisateurs
d’une multithérapie.
RÉFÉRENCES :
1. Hasse A. Perils at mucosal front lines for HIV and SIV and their hosts. Nature Reviews Immunology 2005;
5(10):783-92.
2. Andersson J, Boasso A, Nilsson J et al. The prevalence of regulatory T cells in lymphoid tissue is correlated with
viral load in HIV-infected patients. Journal of Immunology 2005;174(6):3143-7.
3. Delobel P, Sandres-Saune K, Cazabat M, et al. Persistence of distinct HIV-1 populations in blood monocytes and
naive and memory CD4 T cells during prolonged suppressive HAART. AIDS 2005;19(16):1739-1750.
4. Crowe S, Zhu T, Muller WA. The contribution of monocyte infection and trafficking to viral persistence, and
maintenance of the viral reservoir in HIV infection. Journal of Leukocyte Biology 2003;74(5):635-41.
5. Swiggard WJ, Baytop C, Yu JJ, et al. Human Immunodeficiency Virus Type 1 Can Establish Latent Infection in
Resting CD4+ T Cells in the Absence of Activating Stimuli. Journal of Virology 2005;79(22):14179.
6. Smith DM, Kingery JD, Wong JK, et al. The prostate as a reservoir for HIV-1. AIDS 2004;18(11):1600-2.
7. Clements JE, Li M, Gama L, et al. The central nervous system is a viral reservoir in simian immunodeficiency virus-infected macaques on combined antiretroviral therapy: a model for human immunodeficiency virus patients on
highly active antiretroviral therapy. Journal of Neurovirology 2005;11(2):180-9.
8. Nunnari G, Sullivan J, Xu Y, et al. HIV type 1 cervicovaginal reservoirs in the era of HAART. AIDS Research and
Human 2005;21(8):714-8.
9. Williams SA, Greene WC. Host factors regulating post-integration latency of HIV. Trends in Microbiology
2005;13(4):137-9.
10. Demonte D, Quivy V, Colette Y, et al. Administration of HDAC inhibitors to reactivate HIV-1 expression in latent
cellular reservoirs: implications for the development of therapeutic strategies. Biochemical Pharmacology
2004;68(6):1231-8.
11. Lehrman G, Hogue IB, Palmer S, et al. Depletion of latent HIV-1 infection in vivo: a proof-of-concept study. Lancet
2005;366(9485):549-55.
12. Routy J-P. Valproic acid: a potential role in treating HIV infection. Lancet 2005; 366(9485):523-4.
13. Smith SM. Valproic acid and HIV-1 latency: beyond the soundbite. Retrovirology 2005;2:56.14. Tramont EC.
HIV/AIDS: here to stay for a long time. Current Infectious Disease Reports 2005;7(14):235-237.
Produit par:
555, rue Richmond Ouest, Bureau 505, boîte 1104
Toronto (Ontario) M5V 3B1 Canada
téléphone : 416.203.7122
sans frais : 1.800.263.1638
télécopieur : 416.203.8284
site Web : www.catie.ca
numéro d’organisme de bienfaisance : 13225 8740 RR
Déni de responsabilité
Toute décision concernant un traitement médical particulier devrait toujours se prendre en consultation avec un
professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) qui a une expérience des maladies liées au VIH et à
l’hépatite C et des traitements en question.
CATIE fournit des ressources d’information aux personnes vivant avec le VIH et/ou l’hépatite C qui, en collaboration
avec leurs prestataires de soins, désirent prendre en mains leurs soins de santé. Les renseignements produits ou
diffusés par CATIE ou auxquels CATIE permet l’accès ne doivent toutefois pas être considérés comme des conseils
médicaux. Nous ne recommandons ni n’appuyons aucun traitement en particulier et nous encourageons nos
utilisateurs à consulter autant de ressources que possible. Nous encourageons vivement nos utilisateurs à consulter
un professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) avant de prendre toute décision d’ordre médical ou
d’utiliser un traitement, quel qu’il soit.
CATIE s’efforce d’offrir l’information la plus à jour et la plus précise au moment de mettre sous presse. Cependant,
l’information change et nous encourageons les utilisateurs à s’assurer qu’ils ont l’information la plus récente. Toute
personne mettant en application seulement ces renseignements le fait à ses propres risques. Ni CATIE ni aucun de
ses partenaires ou bailleurs de fonds, ni leurs personnels, directeurs, agents ou bénévoles n’assument aucune
responsabilité des dommages susceptibles de résulter de l’usage de ces renseignements. Les opinions exprimées
dans le présent document ou dans tout document publié ou diffusé par CATIE ou auquel CATIE permet l’accès ne
reflètent pas nécessairement les politiques ou les opinions de CATIE ni de ses partenaires ou bailleurs de fonds.
L’information sur l’usage plus sécuritaire de drogues est offerte comme service de santé publique pour aider les
personnes à prendre de meilleures décisions de santé et ainsi réduire la propagation du VIH, de l’hépatite virale et de
toute autre infection. Cette information n’a pas pour but d’encourager ni de promouvoir l’utilisation ou la possession
de drogues illégales.
La permission de reproduire
Ce document est protégé par le droit d’auteur. Il peut être réimprimé et distribué dans son intégralité à des fins non
commerciales sans permission, mais toute modification de son contenu doit être autorisée. Le message suivant doit
apparaître sur toute réimpression de ce document : Ces renseignements ont été fournis par CATIE (le Réseau
canadien d’info-traitements sida). Pour plus d’information, veuillez communiquer avec CATIE par téléphone au
1.800.263.1638 ou par courriel à [email protected].
© CATIE
La production de cette revue a été rendue possible grâce à une contribution financière de l’Agence de la santé
publique du Canada.
Disponible en ligne à
http://www.catie.ca/fr/traitementactualites/traitementsida-152/agents-anti-vih/surmonter-les-obstacles-guerison
Téléchargement