Le Cahier du CCM n°58 - Avril 2014 L’actualité médicale du Centre Cardio-Thoracique de Monaco Présentation du mois : Jeudi, 17 avril 2014 Nouveautés dans la cartographie intra cardiaque N. SAOUDI (Monaco) SOMMAIRE p1 Actualités en antiagrégant plaquettaire p2 Diagnostic différentiel d’une cardiopathie hypertrophique p3à4 Modes évolutifs d’une communication interventriculaire (CIV) périmembraneuse : à propos de 3 cas. En bref ■■ Le 3 avril 2014, le CCM a vu arriver un nouveau scanner SIEMENS Force. Ce nouvel appareil d’imagerie a été mis en service le 9 avril dernier et permet un rendu d’images plus rapide, et donc un examen moins irradiant. Prochainement Jeudi, 15 mai 2014 : Assistance circulatoire permanente N. BANNER (Londres - UK) Résumé de la séance précédente Actualités en antiagrégant plaquettaire Le monitoring plaquettaire par l’utilisation des tests d’inhibition plaquettaire : une mauvaise approche ou le début d’une aventure ? Le traitement anti agrégant plaquettaire est le seul traitement anti thrombotique qui ne bénéfice pas de tests biologiques pour optimiser l’efficacité du traitement contrairement aux héparines (HPBM avec le dosage anti Xa, HNF avec TCK) et aux AVK (INR). Or, une mauvaise réponse aux médicaments antiplaquettaires est associée à un risque accru de récidive d’événements ischémiques voire de mortalité cardiaque. Il existe actuellement deux types de tests : ceux qui mesurent la réactivité plaquettaire tels que les tests d’agrégation, et ceux qui mesurent spécifiquement l’effet des médicaments sur leur cible moléculaire. Les premiers mesurent la réactivité plaquettaire sous traitement, les seconds mesurent la réponse pharmacodynamique au traitement permettant de fixer un seuil à risque d’évènement cardio-vasculaire (VASP, VERIFYNOW). Le niveau de recommandation concernant l’utilisation de ces test en routine est relativement bas (Grade IIb) car les trois études explorant ce domaine sont non concluantes (GRAVITAS, TRIGGER-PCI, ARTIC) . L’étude GRAVITAS a évalué l’intérêt de doubler la dose chez les non répondeurs au clo- pidogrel. L’étude TRIGGER-PCI a évalué l’intérêt de d’utiliser le prasugrel chez les patients non répondeurs. Ces deux études négatives en raison d’un manque d’effectifs ne répondent pas à la question du monitoring plaquettaire (cad adaptation du traitement pour obtenir la valeur seuil) mais simplement le non validation du traitement prasugrel ou du clopidogrel à 150 mg chez les non –répondeurs. Concernant l’étude ARTIC, cette étude randomisée a bien utilisé le concept de monitoring plaquettaire, mais avec un algorithme si complexe (utilisation d’antiGP2b3a et de prasugrel dans l’angor stable) qu’il a été impossible d’énoncer des conclusions fiables. L’autre argument pour ne pas utiliser les tests d’agrégation plaquettaires est l’apport des nouvelles molécules (prasugrel, ticagrelor) qui ne présentent pas de « résistance ». Ceci reste à démontrer car plusieurs travaux récents révèlent un taux de résistance entre 15 et 30 % pour le prasugrel et entre 5 et 15% pour le ticagrelor. Ainsi les conclusions des experts basées sur ces trois études sont hasardeuses et surtout les tests peuvent être utiles pour identifier les patients traités par les nouveaux AAP à haut risque thrombotique. Ce qu’il nous faut, c’est le bon test pour une population ciblée avec des études bien dimensionnées en effectif… Nous sommes donc au début d’une nouvelle aventure. Pr Franck PAGANELLI, service de cardiologie, Hôpital NORD, Marseille. L’actualité médicale du Centre Cardio-Thoracique de Monaco 1. Diagnostic différentiel d’une cardiopathie hypertrophique Il s’agit d’une patiente de 77 ans connue pour une cardiopathie ischémique avec antécédent d’angioplastie-stenting de l’IVA moyenne dans les suites d’un syndrome coronarien aigu avec mouvement de la troponine en novembre 2013, adressée pour bilan d’une cardiopathie hypertrophique obstructive avec gradient maximum à 100 mmHg. Facteurs de risque cardiovasculaires : hypertension artérielle et diabète insulino-dépendant. Une IRM cardiaque a été effectuée. Cette dernière a retrouvé un ventricule gauche discrètement hypertrophié de façon concentrique sans trouble de la cinétique segmentaire et globale malgré une minime séquelle de nécrose sous endocardique au niveau de la paroi inférieure moyenne (FE à 79%, EDVI et ESVI à 72 et 15 ml/m²). Cet examen a permis d’objectiver un gradient ventriculo-aortique à point de départ de la chambre de chasse en rapport avec la présence à ce niveau d’une membrane sous aortique, la vitesse à ce niveau étant estimée aux alentours à 2 m/s à l’état basal. Cette membrane s’insère d’une part sur le septum et d’autre part sur la grande valve mitrale. Par ailleurs, l’oreillette gauche est apparue de taille limite supérieure avec un volume à 46 ml/m², la valve mitrale épaissie remaniée non sténosante avec une insuffisance centrale modérée (volume régurgitant à 22 ml/systole). La présence de ces membranes sous aortiques peut expliquer certaines formes de cardiopathies hypertrophiques. Bien souvent, cette membrane peut être accolée à la valve aortique et est très difficile à voir en échographie, l’attention pouvant être attirée par la présence d’une insuffisance aortique. Le traitement demeure chirurgical si le gradient engendré est significatif avec retentissement hémodynamique. Dr. Nicolas HUGUES, Dr Laura IACUZIO, Dr François BOURLON. 2. L’actualité médicale du Centre Cardio-Thoracique de Monaco Le Cahier du CCM Modes évolutifs d’une communication interventriculaire peri-membraneuse: à propos de trois cas. Cas n°1 Il s’agit d’un patient de 14 ans connu depuis la période néonatale pour une CIV en position péri-membraneuse. Petit à petit, les caractéristiques stéthacoustiques du souffle se sont discrètement modifiées, et l’attention a été attirée à l’éléctrocardiogramme par un changement d’axe devenu droit. A l’échographie, la CIV est apparue inchangée avec un shunt Gauche-Droite. Cependant, le septum interventriculaire est apparu rectiligne avec un ventricule droit dilaté et surtout hypertrophié en raison du développement d’un obstacle musculaire en amont des valves pulmonaires (gradient maximum de 60 mmhg). Cette sténose médio-ventriculaire réactionnelle protége les résistances vasculaires pulmonaires, et une intervention chirurgicale correctrice est prévue. Cas n°2 Il s’agit d’un patient de 44 ans connu pour une cardiopathie associant CIV peri-membraneuse et coarctation. Une chirurgie correctrice de la coarctation a été effectuée à l’âge de 8 ans, tandis que la CIV s’est obturée spontanément. Cette fermeture s’est faite grâce à l’interposition de tissu tricuspidien provenant du feuillet septal. L’IRM pratiquée met bien en évidence ce tissu redondant bombant dans le ventricule droit sans qu’il n’y ait de shunt identifiable à ce niveau. L’image est spectaculaire mais sans aucun retentissement clinique ou hémodynamique. Une simple surveillance est organisée concernant une hypertension artérielle résiduelle. L’actualité médicale du Centre Cardio-Thoracique de Monaco 3. Le Cahier du CCM Cas n°3 Il s’agit d’un enfant de 8 ans ½ connu depuis la petite enfance pour un souffle négligé, et venu pour un premier bilan. L’enfant était totalement asymptomatique avec un examen clinique sans particularités en dehors d’un souffle systolique intense irradiant en rayon de roue. L’échographie a révélé une CIV en position péri-membraneuse restrictive (V max aux alentours de 4 m/s) avec constatation de retentissements hémodynamiques : les cavités gauches sont apparues dilatées (diamètre télédiastolique à 45 mm soit +2.5 Déviations Standards), et surtout il a été retrouvé une insuffisance aortique sur bicuspidie réalisant ainsi un syndrome de Laubry-Pezzi. En effet, la cusp aortique en regard de la CIV vient obturer cette dernière durant la diastole créant de ce fait une insuffisance aortique. Par ailleurs, une ébauche de sténose médioventriculaire a également été retrouvée durant l’examen. Une cure chirurgicale complète a été proposée. Dr François BOURLON , Dr Nicolas HUGUES, Dr Laura IACUZIO. Direction de la publication : L’équipe médicale du CCM. Comité de rédaction du numéro : Franck PAGANELLI, François BOURLON, Laura IACUZIO, Nicolas HUGUES. Crédit photo scanner page 1 : Robert PALOMBA. Pour recevoir le Cahier du CCM : Centre Cardio-Thoracique de Monaco, 11 bis avenue d’Ostende, BP223, MC98004 MONACO Cedex Tél. +377 92 16 80 00 email : [email protected] Site internet : www.ccm.mc © 2014 - Centre Cardio-Thoracique de Monaco - Tous droits réservés 4. L’actualité médicale du Centre Cardio-Thoracique de Monaco