La société médiévale en Occident aux XIème et XIIème

La société médiévale en Occident aux XIème et XIIème siècles
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La société médiévale en Occident aux XIème et
La société médiévale en Occident aux XIème et
XIIème siècles
XIIème siècles
par Charlotte Grimaldi
Mise en ligne : lundi 15 juin 2015
i Histoire médiévale
Histoire médiévale, Histoire de France, Histoire de l’Europe, Histoire économique, Histoire sociale, Histoire politique
La société médiévale en Occident aux XIème et XIIème siècles
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TEXTES sur la société médiévale en Occident aux XIème et XIIème siècles
TEXTES sur la société médiévale en Occident aux XIème et XIIème siècles
Seigneurie du couvent des Billettes
Cartulaire du couvent des Billettes
http://classes.bnf.fr/ema/groplan/flashs/terroir/
La naissance d’Ardres (vers 1060), seigneurerie, bourg et château
« [99] Herred [le père d’Arnoul] avait sa résidence à Selnesse, entre un bois [Bois-en-Ardres] et le
marais (...).
[100] Quant au lieu se presse actuellement la population d’Ardres, il était alors à l’usage de
pâture et presque désert ; seulement le long de la route qui le traversait, vers l’emplacement du
marché actuel, demeurait un brasseur de bière, chez qui les gens de la campagne s’assemblaient
pour boire ou jouer à la paume, à cause du grand espace qu’il y avait là. Tout le reste, jusqu’au
mont Agemelinde, tenu à l’état de terre vague, était appelé « la pâture », c’est-à-dire « arde » dans
le langage du pays (...). Plus tard, des gens d’autres régions vinrent y demeurer et, par
l’accroissement de la population, il se forma un village.
La population ayant augmenté sur ce site, le village se développa ; la renommée du nom d’Ardres
s’accrût tellement que Herred songea à transférer sa maison à Selnesse.
[108] Le comte Eustache [de Boulogne], comme il ne possédait rien en propre à Hénin et à
L’Ecluse, à l’exception de l’hommage, et, comme les habitants de Hénin et de L’Ecluse étaient
rebelles à son autorité, concéda en fief et à perpétuité les droits qu’il avait à Hénin et à L’Ecluse à
son sénéchal, Arnoul Ier, seigneur d’Ardres, moyennant l’hommage et en échange de services (...).
C’est pourquoi Eustache, seigneur de Hénin, et Baudoin de L’Ecluse firent hommage à Arnoul et
lui promirent leurs services, conformément à la volonté du comte de Boulogne. Pour cette raison,
des habitants de Hénin, de Douai et de L’Ecluse affluèrent spontanément auprès d’Arnoul, à
Ardres, parce qu’ils trouvaient que ce seigneur leur était bienveillant et ils choisirent de résider à
perpétuité sous son autorité, avec les habitants d’Ardres. Mais quand les habitants d’Ardres se
disputaient avec eux, ils leur reprochaient, en termes méprisants, d’être des étrangers et d’être de
condition servile.
[109] Arnoul Ier, voyant la fortune lui sourire (...), construisit dans le marais, à Ardres, une écluse
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située à environ un jet de pierre d’un moulin, ainsi qu’une seconde écluse. Entre ces écluses, au
milieu des marais (...), presqu’au pied de la hauteur qui les borde, il aménagea, en signe de sa
puissance militaire et en terre rapportée (agger), une motte (mota) ou donjon (dunjo) (...). Il entoura
d’un très puissant fossé le terrain compris dans l’enceinte extérieure, à l’intérieur de laquelle fut
inclus le moulin. Bientôt, après avoir détruit toutes les constructions de Selnesse, ainsi que son
père l’avait décidé, il renforça le donjon d’Ardres avec des ponts, des portes et tous les édifices
nécessaires.
A partir de ce jour, le principal lieu d’habitation des hommes de Selnesse ayant été détruit et les
constructions ayant été transférées et réunies à Ardres, le souvenir même que des hommes avaient
habité Selnesse disparut, de sorte que partout Arnoul fut appelé protecteur et seigneur des
habitants d’Ardres.
[111] Arnoul Ier vivait tranquillement dans sa terre d’Ardres, recherchant comment il pourrait
élever Ardres en titre et en honneur. Il s’adressa donc à Baudoin, alors comte de Guines, et il
obtint de pouvoir faire de son village d’Ardres une petite place forte qui, quoique de petite taille,
serait libre. Après en avoir obtenu l’autorisation moyennant le versement d’une très grande
quantité de deniers au comte (...), le seigneur d’Ardres institua douze pairs ou barons qu’il attacha
au château d’Ardres, puis, après avoir aménagé, en dehors de l’enceinte, un très puissant fossé en
forme de cercle comme une couronne, il établit au centre un marché et proclama qu’il se tiendrait
désormais et à perpétuité le jeudi de chaque semaine. Il donna des échevins à cette localité. »
Source : Lambert d’Ardres, dans G. FOURNIER, Le château dans la France médiévale, Paris, 1978,
p. 286.
Sentence d’arbitrage au sujet de la « rivière » de Corbreuse (1124)
Le doyen et le chantre de Notre-Dame de Paris arbitrent une querelle entre le chapitre de Notre-
Dame d’une part, et les nobles Guidon de Montfort, seigneur de Bréthencourt, et le trésorier de
Beauvais, d’autre part.
« (...) Au sujet des terres, moulins, hostises, pâtures de la « rivière », qui sont en Corbreuse et
Bréthencourt (...) et aussi sur ce que des hommes de Notre-Dame sont pris par les sergents de ces
mêmes nobles, sur la route qui va de Corbreuse à Saint-Arnoult qui est dans la terre de Notre-
Dame (...) et même sur ce que leurs sergents, qui avaient détruit la maison de Pierre de
Froideville, qui est dans la terre de Notre-Dame, le prirent lui-même, alors qu’il s’enfuyait avec ses
biens, et l’obligèrent à se racheter (...).
Nous affirmons par sentence que toute la terre et les masures et pâtures, tant de ce côté-ci du
ruisseau que de l’autre, qui s’étendent jusqu’au moulin des moines de saint Martin (...) sont dans
la terre et le domaine de l’église de Notre-Dame de Paris ; et ni le seigneur Guidon ni le trésorier
de Beauvais ni les hommes de Bréthencourt ne doivent ni ne peuvent mettre les animaux dans les
dites terres ou pâtures, aussi longtemps qu’elles sont cultivées, ni dans les jardins, les prés et
autres lieux, aussi longtemps qu’ils sont cultivés et ils doivent être protégés pour les usages de
ceux qui les possèdent, selon la coutume de ces terres. Et tant que les lieux susdits n’ont pas été
cultivés ou protégés pour les usages [des hommes] de l’église, les hommes de Bréthencourt
peuvent y mettre leurs animaux à pâturer, comme inversement les hommes de Corbreuse mettent
les leurs à pâturer dans le territoire de Bréthencourt (...).
Comme il est prouvé que des dommages ont été commis par le seigneur Guidon et les seins sur les
hommes du chapitre à ladite « rivière », dans les masures, les jardins et autres choses, jusqu’à la
valeur de XV livres, nous condamnons ledit Guidon à donner XV livres parisis aux hommes
susdits, d’ici XX jours (...). En outre, nous interdisons que lesdits Guidon et trésorier ou leurs
sergents ne prennent les hommes de la terre de Notre-Dame de Paris, sur le chemin qui va de
Corbreuse à Saint-Arnoult ».
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Source : M. GUERARD, Cartulaire de Notre-Dame de Paris, 1850, tome I, p. 258-259, t. II, p.
310-311 et p. 307-308.
La Charte de Saint-Omer (1127)
« Moi, Guillaume, par la grâce de Dieu comte de Flandre, désireux de ne pas s’opposer à la requête
des bourgeois de Saint-Omer, surtout parce qu’ils ont toujours bien accueilli ma candidature au
comté de Flandre et qu’ils m’ont toujours mieux conservé l’honneur et fidélité que les autres
Flamands, je leur concède les lois et coutumes ci-dessous à titre de droit perpétuel et j’ordonne de
la tenir pour valides :
1/ Tout d’abord contre tout homme je leur procurerai la paix et je les traiterai et défendrai, sans
mauvaise arrière pensée, comme mes hommes ; je leur concéderai que droit jugement d’échevins
soit exécuté contre tout homme et contre moi-même ; et à ces échevins eux-mêmes, je garantirai le
statut le plus privilégié dont jouissent les échevins de ma terre.
2/ Si un bourgeois de Saint-Omer a prêté de l’argent à quelqu’un et que le débiteur ait librement
accordé à son créancier, en présence d’hommes légalement capables et possesseurs d’un bien
héréditaire dans la ville, qu’en cas de non-remboursement à l’échéance convenue, exécution soit
faite sur sa personne ou sur ses biens jusqu’à restitution intégrale si le débiteur a refusé de payer
ou s’il a contesté la convention, et qu’il soit confondu par le témoignage de deux échevins et de
deux jurés, qu’il soit détenu jusqu’à ce qu’il ait soldé sa dette.
(...)
5/ Tous ceux qui ont la guilde et qui lui appartiennent, et qui demeurent dans l’enceinte de la ville,
je les affranchis de tonlieu aux ports de Dixmude et de Gravelines ; je les affranchis aussi du droit
d’épave dans toute la Flandre. A Bapaume, je leur accorde le tarif de tonlieu que paient les
Arrageois.
6/ Aucun de ceux qui s’en vont commercer en terre d’Empire ne sera astreint par aucun des miens
au paiement du droit de Hanse.
7/ S’il m’arrive, à un certain moment, d’ajouter par conquête une terre à la Flandre, ou bien si un
traité de paix était fait entre moi et mon oncle Henri, roi d’Angleterre, je les affranchirai de tout
tonlieu et de toute coutume dans cette terre de conquête et je ferai en sorte qu’ils soient admis par
le dit traité à la même franchise dans tout le royaume d’Angleterre.
8/ Sur tout marché de Flandre, s’ils sont l’objet d’une plainte, ils seront justiciables des échevins,
sans duel ; qu’à l’avenir, en effet, ils soient affranchis du duel.
9/ Tous ceux qui habitent et qui par la suite habiteront à l’intérieur des murs de Saint-Omer, je les
déclare libres de chevage, c’est-à-dire de cens par tête, et des droits d’avouerie.
Roger, châtelain de Lille Eustache, avoué
et Robert son fils et Arnoul son fils, châtelain de Gand
Razo de Grave Gervais
Daniel de Termonde Pierre, sénéchal
Hélie de Cisoing Etienne de Senongaham
Henri de Bourbourg
Ce privilège a été confirmé, ratifié et approuvé par foi et serment par le comte Guillaume et par les
barons ci-dessus nommés, l’an de l’Incarnation du Seigneur 1127, 18e jour des calendes de mai, 5e
jour de la fêtes des saints Tiburce et Valérien ».
Ed. G. ESPINAS, « Le privilège de Saint-Omer, 1127 », in Revue du Nord, 1947.
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Le sacre de Philippe Ier de France par Gervais, archevêque de Reims (23 mai 1059)
« L’an de l’Incarnation du Seigneur MLVIIII, indictions 12e, la trente-deuxième année du règne du
roi Henri, au 10 des calendes de juin, la quatrième année de l’épiscopat de Gervais, au jouir sacré
de la Pentecôte, le roi Philippe a été sacré selon ce cérémonial (hoc ordine) par l’archevêque de
Gervais, devant l’autel Sainte-Marie de l’église cathédrale. La messe ayant commencé, avant la
lecture de l’Epître, le seigneur archevêque se tourna vers le roi et lui exposé la foi catholique, le
pressant de dire s’il voulait à la fois y attacher foi et la défendre. Et comme le roi acquiesçait, on
lui apporta le texte de son engagement (professio), qu’il prit et lut en personne, bien qu’il ait été
âgé de seulement sept ans, et y apposé sa souscription. Voilà ce que disait la profession :
« Moi, Philippe, qui serai avec la faveur de Dieu le prochain roi des Francs, au jour de mon sacre
(ordinatio), je promets devant Dieu et ses saints, de conserver à chacun de vous le privilège
canonique, la loi convenable et la justice qui lui sont dus et de les défendre, avec l’aide de Dieu et
dans la mesure de mes capacités, comme doit le faire avec droiture un roi dans son royaume pour
chaque évêque et l’Église lui est confiée. Au peuple qui nous est confié, je promets de concéder
une justice qui le confortera dans son droit, par notre autorité ».
Ayant fini sa lecture, il posa cette promesse écrite entre les mains de l’archevêque, en présence
d’Hugues de Besançon, du légat du pape, Nicolas (...) [suit la liste des évêques présents, puis des
abbés].
Prenant en main le bâton de saint Remi, Gervais exposa calmement et sans colère comment
l’élection du roi et la consécration du roi lui revenaient exclusivement, puisque saint Remi avait
baptisé et consacré le roi Clovis ? Il exposa encore comment, par ce bâton, le pape Hormisdas avait
donné à saint Remi ce pouvoir de consacrer et la primatie sur toute la Gaule et comment le pape
Victor la lui avait accordé, à lui Gervais et à son Eglise. Alors, avec l’accord d’Henri son père,
Gervais élut roi Philippe. [Le roi reçoit des marques d’honneur et d’attachement du légat du pape,
des évêques, des abbés et des clercs]. Après eux, Gui d’Aquitaine. Après lui, Hugues, fils et envoyé
du duc de Bourgogne. Puis les envoyés de Baudoin de la Marche et de Gaufred, comte d’Angers.
Enfin, les comtes Raoul Vedensis, Herbert de Vermandois, Gui Ponticensis, Guillaume de
Soissons, Rainald, Roger, Manasses, Hilduin, Guillaume d’Auvergne, Heldebert de la même
province, Foulques Ecolesinensis, vicomte de Limoges. Ensuite, les milites [soldats] et le peuple,
petits et grands, d’une seule voix donnèrent leur approbation et louèrent ce choix en proclamant :
« Nous louons, nous voulons, qu’il en soit ainsi ».
Alors ce même Philippe accorda un diplôme de protection pour les biens de l’Eglise Sainte-Marie
et du comté de Reims, et pour les biens de Saint-Remi et de toutes les autres abbayes, comme
l’avaient fait avant lui ses prédécesseurs ; il le confirma et y apposa sa souscription, comme
l’archevêque. Car Philippe fit de Gervais son grand chancelier, comme ses prédécesseurs les rois
l’avaient fait avec les précédents archevêques, de sorte que le consécrateur fut aussi le
chancelier ».
Comte-rendu de la cérémonie (par Gervais archevêque de Reims ?), trad. de l’édition latine de
Richard A. JACKSON, Ordines coronationis Franciae, University of Pennsylvania Press,
Philadelphie, 1995, t. I, p. 226-232.
Le « testament » de Philippe-Auguste (1190)
« Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Amen. Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Francs.
L’office du roi consiste à pourvoir par tous les moyens aux besoins de ses sujets, à faire passer
avant sa propre utilité celle de l’Etat. Puisque donc nous embrassons de toute la force de notre
désir le vœu d’un pèlerinage en Terre Sainte, nous avons décidé, sur le conseil du Très Haut,
d’ordonner de quelle manière en notre absence doivent être traitées les affaires de notre royaume
et prises les ultimes dispositions de notre existence, s’il nous arrivait pendant notre route ce qui est
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