2 - Livret - Le directoire et la fin de la république

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LA RÉVOLUTION FRANÇAISE V
LE DÉLITEMENT RÉVOLUTIONNAIRE ET LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE - N°3
LES RÉPUBLIQUES SOEURS
ET LES TENTATIVES D’EXPORTER LA RÉVOLUTION
«Au nom de la nation, la République accordera fraternité et
secours à tous les peuples qui voudront la liberté.»
Décret de la Convention, 19 novembre 1792
I
LA SITUATION DE CET ÉPISODE DANS LE CADRE DE LA RÉVOLUTION
1 - Un autre aspect caractéristique de la Révolution française : les «Républiques soeurs»
2 - Phénomène qui commence dès 1792 et dont l’apogée sera sous le Directoire avec la conquête de
l’Italie en 1797
3 - Des républiques souvent éphémères et à la fin absorbées par la République (transformées en
départements)
4 - Une histoire relevant des guerres révolutionnaires et de la politique extérieure de la Révolution
5 - Dans ce cours, je m’en tiens uniquement aux «Républiques soeurs» de la période de 1792-1799
6 - Des Républiques soeurs à ne pas confondre avec les révolutions et républiques «parallèles»
A - États Belgique unis (1789-1790), Belgique qui sera annexée à la France aussi
B - République liégeoise (1789-1791), incorporée à la France en 1795
C - Le cas partiel de la République batave (1795)
II
LE PROCESSUS DE CRÉATION DES RÉPUBLIQUE SOEURS
1 - Un principe absent des idéaux de 1789, mais qui deviendra très important à partir de 1795
2 - A ce titre, le 12 mai 1790, la Constituante déclare renoncer aux guerres de conquête
3 - Un processus qui débute fin 1792 avec les premières victoires françaises en Belgique
4 - L’origine de la question est la suivante : que faire des territoires conquis ?
5 - En plus, les politiques français devront faire face à des demandes d’aides de révolutionnaires
européens
6 - A cela s’ajoute quelques réelles demandes de rattachement de populations à la France au début
(avant que cela ne devienne une fiction justifiant les annexions)
7 - Sans oublier la participation de nombreux étrangers dans les armées françaises
8 - Cela donnera lieu à des grands débats du côté des révolutionnaires français
9 - L’exemple de la conquête des pays bas autrichiens par Dumouriez
10 - Des positions politiques qui évolueront en fonction des circonstances et des régimes politiques
révolutionnaires, entre annexion pure et simple et République soeurs
11 - Au final, la décision d’appliquer les principes de la révolution aux territoires conquis, qui
deviennent ainsi «libérés»
12 - Une mesure officialisée par la Convention le 15 décembre 1792
13 - Le résultat de la convergence de cinq lignes de forces politiques et idéologiques
14 - La ligne politique initiale du pré-carré des «frontières naturelles» évoluera vers l’expansionnisme
et l’annexion
15 - Ce qui expliquera leur destin au sein de la Révolution, autant que leur disparition sans le soutien
français
16 - Après 1799, le déclin de cette politique au profit de l’annexion
III
LES PRINCIPALES RÉPUBLIQUES SOEURS
- En Allemagne
- République de Mayence (1792-1793)
- République Cisrhénane (1797), départementalisée en 1797 et annexée à la France en 1801
- En Suisse
- République rauracienne (Jura suisse) (1792-1793), la première république soeur, annexée à
la France le 21 mars 1793
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- République lémanique (canton de Vaud) (1798), intégrée à la république Helvétique
- République helvétique (1798-1803), qui deviendra la Confédération Suisse sous tutelle
napoléonienne
- Belgique (annexée en 1793 et 1795)
- République bouillonnaise ou république de Bouillon (1794-1795), annexée par la France
- Pays-bas
- République batave (1795-1806)
- Irlande
- République de Connaught (1798)
- Les républiques soeurs italiennes
- République d'Alba (dans le Piémont) (1796), du 25 au 28 avril 1796 !
- République bolonaise (1796), intégrée dans la République Cispadane le 16 octobre 1796
- République cispadane (à Modène) (1796-1797), intégrée à la République Cisalpine
- République transpadane (à Milan) (1796-1797), intégrée à la République Cisalpine
- République cisalpine (Lombardie) (1797-1799), rebaptisée République italienne en 1802
- République bergamasque (Venise) (1797), intégrée à la République Cisalpine
- République crémasque (Venise) (1797), intégré à la République Cisalpine
- République bresciane (Venise) (1797), intégrée à la République Cisalpine
- République ligurienne (ancienne République de Gènes) (1797), annexée à l’empire en 1805
- République d’Ancône (région Marches) (1797-1798), intégrée à la République Romaine
- République tibérine (Pérouse) (1798-1799), intégrée dans la République Romaine en 1799
- République piémontaise (royaume de Piemont-Sardaigne) (1798-1799), puis République
Subalpine (1802) avant d’être annexée par la France
- République romaine (1798-1799), ex États pontificaux
- République parthénopéenne ou napolitaine (Naples) (1799)
- En Grèce
- Les départements français de Grèce (Venise) (1797-1799), qui deviendront la
République des Sept-Îles en 1800
IV
PARTICULARITÉS DE CET EPISODE DANS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
1- Une création de Républiques soeurs qui jouera beaucoup plus dans la mobilisation européenne
que la mort de Louis XVI
2 - Des républiques «clones» plus que soeurs, la «françisation» de leurs institutions
3 - Des républiques liées à la France par des traités de soumission (troupes, argent, fournitures...) et
la présence de troupes françaises
4 - Des états satellites, prélude à leur annexion et départementalisation
5 - Ces «républiques» furent en fait pour les français des administrations d’occupation
6 - De libérateurs dans certains cas, les français vont toujours devenir occupants et s’aliéner les
populations
7 - Une politique d’exploitation économique et de pillage des oeuvres d’art des «Républiques soeurs»
8 - Des républiques ne fonctionnant que grâce à des minorités jacobines, aux troupes françaises et à
de dures répressions
9 - L’occupation française entraînera d’innombrables insurrections populaires pour se libérer du joug
français et révolutionnaire
10 - Les idéaux politiques justifiants ces intervenants militaires, notamment le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes, ont le plus souvent été bafoués par l’occupation française
11 - Très vite, les espoirs de liberté des peuples serviront de prétexte aux annexions françaises
12 - Les intérêts nationaux primeront sur le respect des idéaux révolutionnaires en externe
13 - Un mouvement qui va continuer pendant la période napoléonienne
14 - Paradoxalement, le démantèlement des Républiques «pas soeurs» qui existaient antérieurement
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V
CONCLUSION
1 - Les Républiques soeurs furent donc surtout une expansion de la République plus que de la
révolution
2 - Le triple échec politique des Républiques soeurs pour la France
A - Elles vont envenimer les relations entre la République et le restant de l’Europe
B - Ces occupations dressèrent une bonne partie des peuples contre la France, même
partisans de la Révolution
C - Elles ne résisteront pas sans la France
3 - Un autre exemple de l’état «révolutionnaire» contre l’esprit de la Révolution
4 - Elles vont contribuer à faire de la Révolution française une Révolution européenne
ORA ET LABORA
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Document 1 : En 1789-1790, les Constituants mettront régulièrement en avant le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes. C’est même l’acte fondateur de la Révolution avec le serment du Jeu de Paume. On
peut étudier plus particulièrement le cas des principes avancés dans le cadre de l’affaire des princes
possessionnés en 1790 (princes étrangers ayant des possessions en Alsace). Au moment de l'abolition des
droits féodaux, les princes allemands ayant des biens et des possessions en Alsace, protestèrent contre la
perte de leurs droits et en appelèrent à l'empereur et à la Diète du Saint Empire. L'Assemblée constituante
refusa leur demande en vertu de la thèse de Merlin de Douai selon laquelle l'Alsace était française, non pas
en vertu des traités de Westphalie, mais par la volonté de ses habitants. Voici un passage central de
l'argumentation de Merlin de Douai sur ce thème extrait de son Rapport fait à l'Assemblée nationale au nom
de son Comité de féodalité, le 28 octobre 1790, sur les droits seigneuriaux des princes d'Allemagne en
Alsace (l’orthographe est d’époque).
Philippe Antoine Merlin, dit Merlin de Douai (1754-1838)
Mais le traité de Munster existe, &, je l'ai déjà dit, il n'est pas plus permis dans une
convention publique que dans une convention privée, de prendre l'utile, & de laisser
l'onéreux. Dès-là, nécessité de reconnaître que si c'est par le traité de Munster que la
France est devenue souveraine de l'Alsace, la France doit exécuter les conditions qu'il lui
a imposées, & par conséquent fournir les indemnités dont nous parlons.
C'est donc sur le traité de Munster que porte la question toute entière, & il est évident que
la France doit des indemnités, si elle a eu besoin de ce traité pour devenir souveraine de
l'Alsace; comme il est évident qu'elle ne doit rien, si elle a pu le devenir sans le secours
des stipulations qu'il contient.
Qu'avons-nous donc à examiner en dernière analyse ? un seul point, un point infiniment
simple, celui de savoir si c'est le traité de Munster qui forme le titre légitime de la France
à la souveraineté de l'Alsace, ou, ce qui revient au même, si c'est à des parchemins
diplomatiques que le peuple Alsacien doit l'avantage d'être François.
Sans doute, Messieurs, il vous paroîtra fort extraordinaire qu'il faille remonter à des
temps de guerre, de désolation & de tyrannie, pour trouver la cause de l'association de
nos frères d'Alsace à la belle & heureuse constitution qui s'élève au milieu de nous.
Nous ne le savons que trop, il a été un temps & il n'est pas si éloigné, où les Rois,
habiles à profiter du titre de pasteurs des Peuples que leur donnent dans un autre sens
les livres sacrés, disposoient en vrais propriétaires de ce qu'ils appeloient leurs
troupeaux. Vendre, échanger, donner, céder par force des villes, des cantons, des
provinces entières, tels étoient les jeux de leur puissance ou les sacrifices de leur
foiblesse, tel étoit l'objet principal de leur politique.
Alors, sans doute, un traité par lequel un Monarque acquéroit de nouveaux sujets &
aggrandissoit son domaine, étoit pour lui un contrat obligatoire ; nul prétexte ne pouvoit le
dispenser d'en remplir les conditions ; & si, par exemple, Louis XIV ou Louis XV avoient
voulu supprimer en Alsace les droits dépendans des fiefs régaliens, nul doute que l'un ou
l'autre n'eût été tenu d'en indemniser les propriétaires.
Mais aujourd'hui que la raison déchirant le bandeau de l'ignorance, a appris à tous les
hommes leurs véritables droits ; aujourd'hui que la souveraineté des peuples, si longtemps oubliée ou méprisée, est enfin consacrée avec éclat; aujourd'hui que les Rois sont
généralement reconnus pour n'être que les délégués, les mandataires des nations dont
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ils avoient jusqu'à présent passé pour les propriétaires & les maîtres ; qu'importent au
peuple d'Alsace, qu'importent au peuple Français les conventions qui dans les temps du
despotisme ont eu pour objet d'unir le premier au second ? Ce n'est pas à ces
conventions qu'est dûe l'union qui s'est opérée entr'eux. Le peuple Alsacien s'est uni au
peuple François parce qu'il l'a bien voulu. C'est donc sa volonté seule qui a ou
consommé ou légitimé l'union. Et comme il n'a mis à cette volonté aucune condition
relative aux fiefs régaliens d'Alsace, ne peut-on pas, ne doit-on pas même regarder les
droits dépendans de ces fiefs, comme soumis à la règle générale suivant laquelle il ne
peut être exigé d'indemnité pour l'anéantissement des impositions ci-devant perçues au
profit de particuliers ?
C'est ainsi, Messieurs, que vous avez repoussé par un il n'y a lieu à délibérer, la
réclamation que la république de Gênes faisoit devant vous le 21 Janvier dernier, d'un
article du traité par lequel elle prétendoit avoir cédé à la France la souveraineté de la
Corse. Vous avez dit : " Ce n'est pas en vertu de ce traité que le peuple Corse est uni à la
France: son union est l'effet d'un consentement libre de sa part, & elle n'existe que
depuis que ce consentement a été manifesté par l'envoi de ses députés à l'Assemblée
Nationale: le traité qu'on réclame ne mérite donc aucune considération. " - Et d'après ce
raisonnement, voici ce que vous avez prononcé : "L'Assemblée Nationale a décrété
qu'attendu le vœu énoncé par les habitans de l'Ile-de-Corse de former partie de la
Monarchie Françoise, il n'y a lieu à délibérer sur le mémoire de la ville de Gênes ".
Vous trouverez, sans doute, Messieurs, une grande analogie entre ce cas & celui sur
lequel vous allez délibérer. - Comme le peuple Corse, le peuple Alsacien a manifesté
clairement, l'année dernière, le vœu d'être uni à la France. Comme le peuple Corse, le
peuple Alsacien a par ce vœu légalement & librement émis, purifié ce qu'avoit eu
jusqu'alors d'injuste & d'illégal l'exercice que nos Rois avoient eu sur lui d'une
souveraineté qu'ils ne devoient qu'à des conquêtes & à des traités. Comme le peuple
Corse, le peuple Alsacien est devenu François parce qu'il y a consenti. - Et puisque vous
avez décidé que le traité par lequel la Corse avoit été cédée de fait à la France, n'étoit
pas même digne d'une délibération de votre part; quel cas pouvez-vous faire aujourd'hui
des conditions apposées au traité qui a transféré de fait à la France la souveraineté de
l'Alsace ?
Merlin, député de Douay
Rapport fait à l'Assemblée nationale au nom de son Comité de féodalité, le 28 octobre
1790, sur les droits seigneuriaux des princes d'Allemagne en Alsace
A.Nationales, AD XVIIIA 51
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Document 2 : Décret de la Convention du 15 décembre 1792 annonçant l’annexion des territoires conquis.
Alors même que Brissot parlait encore le 21 novembre d'une ceinture de républiques autour de la France, il
exhortera le 26 novembre devant la Convention de reculer «nos barrières jusqu'au Rhin». Quelques jours
plus tard, la Convention adopte à l’initiative de Pierre Joseph Cambon un nouveau décret le 15 décembre
1792 par lequel la France proclame la liberté et la souveraineté de tous les peuples chez lesquels elle a
porté et elle portera les armes. Cependant, le texte détaillé du décret met en évidence une tutelle du peuple
libéré jusqu'à la fusion naturelle avec le France.
Rapport introductif de Pierre-Joseph Cambon (1756-1820),
député du département de l'Hérault à l'Assemblée nationale (extraits)
Quand la France s’est levée en 89, elle a dit Tout privilège du petit nombre est une
usurpation ; j’annule et casse tout ce qui fut sous le despotisme par un acte de la volonté.
Voilà ce que doit faire et dire tout peuple qui veut être libre et mériter la protection de la
France.
Partout où elle entre, elle doit se déclarer franchement pouvoir révolutionnaire, ne rien
déguiser, sonner le tocsin... Si elle ne le fait pas, si elle donne des mots et point d’acte,
les peuples n’auront pas la force de briser leurs fers... Voyez déjà la Belgique ; vos
ennemis y sont triomphants, menaçants ; ils parlent de vêpres siciliennes. Vos amis y
sont abattus ; ils sont venus ici, timides et tremblants, n’osant même avouer leurs
principes ; ils vous tendaient les mains, disant "Nous abandonnerez-vous ?"
Non, ce n’est pas de la sorte que la France doit agir. Quand les généraux entrent dans un
pays, ils doivent assembler le peuple, lui faire nommer des juges, des administrateurs
provisoires, une autorité nouvelle, et l’ancienne la mettre à néant... Voulez-vous que vos
ennemis restent à la tête des affaires ? Il faut que les sans-culottes participent partout à
l’administration. (Tonnerre d’applaudissements)
Nos généraux doivent donner sûreté aux personnes, aux propriétés. Mais celles de l’Etat,
celles des princes, de leurs fauteurs et satellites, celles des communautés laïques et
ecclésiastiques, ils doivent les saisir (c’est le gage des frais de la guerre), les tenir, non
par leurs mains, mais par celles administrateurs que nommera le peuple affranchi.
Ils doivent supprimer toute servitude, tout privilège, les droits féodaux, les dîmes, tous les
anciens impôts. S’il faut des contributions, ce n’est point à vos généraux à les établir ;
c’est aux administrations provisoires, à vos commissaires, qu’il appartient de les lever, et
sur les riches seulement ; l’indigent ne doit rien payer. Nous ne sommes pas des agents
du fisc, nous ne venons pas pour vexer le peuple.
Rassurez-les, ces peuples envahis ; donnez-leur une déclaration solennelle que jamais
vous ne traiterez avec leur ancien tyran. S’il s’en trouvez d’assez lâches pour traiter euxmêmes avec la tyrannie, la France leur dira Dès lors, vous êtes mes ennemis ! Et elle les
traitera comme tels.
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Le décret de la Convention
(Extraits)
La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de ses comités des finances, de
la guerre et diplomatique, réunis, fidèle aux principes de la souveraineté du peuple, qui
ne lui permet pas de remettre aucune institution qui y portent atteinte, et voulant fixer les
règles à suivre par les généraux des armées de la République, dans les pays où ils
porteront les armes, décrète :
Article 1er : Dans les pays qui sont ou seront occupés par les armées de la République,
les généraux proclameront sur-le-champ, au nom de la nation française, la souveraineté
du peuple, la suppression de toutes les autorités établies, des impôts ou contributions
existants, l’abolition de la dîme, de la féodalité, des droits seigneuriaux, tant féodaux de
censuels, fixes ou casuels, des banalités, de la servitude réelle et personnelle, des
privilèges de chasse et de pêche, des corvées, de la noblesse et généralement de tous
les privilèges.
Article 2 : Ils annonceront au peuple qu’ils lui apportent paix, secours, fraternité, liberté et
égalité, et ils le convoqueront de suite en assemblées primaires ou communales, pour
créer et organiser une administration et une justice provisoire ; ils veilleront à la sûreté
des personnes et des propriétés, ils feront imprimer le langage ou idiome du pays,
afficher et exécuter sans délai, dans chaque commune, le présent décret et la
proclamation y annexées.
Article 3 : Tous les agents et officiers civils ou militaires de l’ancien gouvernement, ainsi
que tous les individus ci-devant réputés nobles, ou membre de quelque corporation cidevant privilégiée, seront, pour cette fois seulement, inadmissibles à voter dans les
assemblées primaires ou communales et ne pourront être élus aux places
d’administration ou du pouvoir judiciaire provisoire.
Article 6 : Dès que l’administration provisoire sera organisée, la Convention nationale
nommera des commissaires pris dans son sein pour aller fraterniser avec elle.
Article 11 : La nation française déclare qu’elle traitera comme ennemi le peuple qui,
refusant la liberté et l’égalité, ou y renonçant, voudrait conserver, rappeler ou traiter avec
le princes et les castes privilégiées ; elle promet et s’engage à ne souscrire aucun traité,
et de ne poser les armes qu’après l’affermissement de la souveraineté et l’indépendance
du peuple sur le territoire duquel les troupes de la république sont entrées, et qui aura
adopté les principes de l’égalité, et établi un gouvernement libre et populaire...
Extraits du Décret de la Convention du 15 décembre 1792.
Document 3 : Aquarelle de Goethe de 1792 représentant un arbre de la liberté à la frontière de Mayence, le
panneau indique «Passans, cette terre est libre». Cette aquarelle est le symbole des espérances de bien
des peuples et des esprits d’alors dans la Révolution française pour obtenir la liberté et la démocratie dans
leur propre pays. L’histoire en décidera autrement.
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Document 4 : Au début de la République batave, les hollandais accueillent avec joie les français comme en
témoigne cette gravure représentant la fête de l’alliance des Républiques française et batave en juin 1795.
La fête se déroula sur la place de la Révolution. L'enthousiasme populaire est rendu sensible par les
mouvements de foule : un échafaudage improvisé qui s'effondre, des enfants qui courent, des soldats mêlés
au peuple. Sur un bûcher, au pied de la colonne de la Liberté, on brûle des symboles de l'Ancien Régime.
En proclamant l'abolition du stathoudérat, les Hollandais espéraient sur leur révolution serait suivie d'une
paix avantageuse. Mais la Convention exigea que la Flandre hollandaise et une indemnité de cent millions
de florins.
Drapeaux et fanions de la République batave
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Document 5 : C’est durant la campagne d’Italie de Bonaparte (1796-1797) que le plus de «républiques
soeurs» furent créées soit directement soit ultérieurement (République de Rome, République
Parthénopéenne). Pour montrer quels furent les rapports de domination entre la France et ces républiques,
on peut prendre comme exemple un texte de Bonaparte adressé aux autorités de Milan (future République
Transpadane en octobre 1796, puis intégrée dans la République Cisalpine en 1797).
La République française, qui a juré haine aux tyrans, a aussi juré fraternité aux peuples.
Une armée républicaine, forcée de faire la guerre à mort aux rois qu'elle combat, voue
amitié aux peuples que ses victoires affranchissent de la tyrannie. (...) L'armée a à
poursuivre ses victoires. (...)
Pour assurer la marche des troupes, des approvisionnements leur sont nécessaires ;
elles doivent les trouver dans la Lombardie (*); le droit de la guerre les leur assure,
l'amitié doit s'empresser de les lui offrir. Vingt millions de francs sont imposés dans les
différentes provinces de la Lombardie autrichienne. (...) C'est une bien faible rétribution
pour des contrées aussi fertiles, si on réfléchit surtout à l'avantage qui doit en résulter
pour elles.
Proclamation de Bonaparte à Milan, le 19 mai 1796.
*Province du nord de l'Italie qui était possession autrichienne.
Le général Bonaparte proclamant la République Cisalpine à Milan le 9 juillet 1797.
Tableau de Louis Lafitte (1770-1828) en 1813, commandé en 1809 pour la salle de
l'Empereur au Sénat conservateur (palais du Luxembourg).
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Document 6 : Carte des annexions et Républiques soeurs (1796-1799).
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Document 7 : Dessin satirique de l’époque montrant l’inquiétude des rois devant la création des
Républiques soeurs, qui «poussaient comme des champignons : «Le roi de Prusse (1) : Dieu comme ça
pousse, c'est effrayant ! - L'empereur de Russie (2) : Ça serait bien agréable à manger.. ; - L'empereur
d'Autriche (3) : N'y touchez pas c'est vénéneux !» Ce dialogue cocasse reflète assez fidèlement l'inquiétude
des cours européennes devant l’expansion révolutionnaire. Chaque nouvelle République sœur étend le
glacis de la République française, accroît ses ressources en hommes et en biens. De plus, les conquêtes
aggravent le danger de contamination. L'auteur a indiqué par erreur la République parthénopéenne (de
Naples) qui ne sera fondée qu'en janvier 1799.
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Document 8 : Carte des départements français de 1801. De nombreux territoires (Belgique, États
pontificaux, Nice, Savoie) et Républiques soeurs (de Liège, de Bouillon, de Cisrhénanie, de la République
rauracienne...) sur les «frontières naturelles» ont été annexés et transformés en départements. A l’apogée
de l’Empire en 1812, il y aura jusqu’à 130 départements.
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Document 9 : Autre destin de ces «Républiques soeurs» pour celles qui ne seront pas départementalisées :
leur contrôle direct par Bonaparte à l’exemple de la République cisalpine. Le 26 janvier 1802, la Consulte de
la République cisalpine était réunie en comices à Lyon pour décerner la présidence au Premier Consul.
Tableau de Nicolas-André Monsiau (1754–1837)
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POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS
- Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen -
Cycle I - La montée des tensions
1 - Qu’est-ce qu’une révolution ?
2 - Introduction générale à la Révolution française, la décade révolutionnaire
3 - La Révolution française, enjeux philosophiques et enjeux politiques
4 - Les structures de l’Ancien Régime
5 - Le couple royal, personnification du régime
6 - L’évolution des mentalités, les conséquences des Lumières
7 - La guerre d’indépendance américaine et ses influences sur la Révolution française
8 - L'état de la France à la veille de la Révolution française
9 - Le système fiscal de l'Ancien Régime
10 - 1774-1788, l'impasse constitutionnelle
11 - La crise du royaume et la journée des tuiles de 1788
1507 3011-01
1507 3011-02
1507 3011-03
1507 3011-04
1507 3011-05
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Cycle II - 1789, année révolutionnaire
1 - Les cahiers de doléance, radioscopie du royaume
2 - Les États Généraux, l’éveil politique du peuple
3 - Le Serment du jeu de Paume
4 - L'assemblée constituante, nature et œuvre
5 - La prise de la Bastille
6 - La grande peur de l’été 1789
7 - La nuit du 4 août 1789, l’abolition des privilèges
8 - Le 26 août 1789, le vote de la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen
9 - Les journées d'octobre, le retour du roi à Paris
10 - Journaux et gazettes, le rôle de la presse dans la Révolution française
1507 3012-01
1507 3012-02
1507 3012-03
1507 3012-04
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1507 3012-06
1507 3012-07
1507 3012-08
1507 3012-09
1507 3012-10
Cycle III - L’organisation de la nouvelle France
1 - La nationalisation des biens du clergé
2 - La constitution civile du clergé
3 - La création des départements et des communes
4 - Le 14 juillet 1790, fête de la Fédération
5 - L'émancipation des juifs, le 28 septembre 1791
6 - L'invention du système métrique
7 - Le 3 septembre 1791 : l’espoir d’une monarchie constitutionnelle
8 - L’adoption de la Guillotine et la réforme du système pénal
9 - La chute de la monarchie, le 10 août 1792 et l’exécution de Louis XVI
10 - L’internationale révolutionnaire de la Révolution française
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Cycle IV - La république dans la tourmente
1 - La naissance de la première République
2 - La convention nationale, nature et oeuvre
3 - La France en guerre contre l'Europe des rois
4 - La naissance de la Marseillaise
5 - La terreur : 1793-1794, guerre civile et dictature robespierrienne
6 - 1794, l'affaiblissement du pouvoir de la Convention et le retour de la contre-révolution
7 - Le calendrier révolutionnaire et la déchristianisation
8 - Les cultes révolutionnaires
9 - La révolution et les savants, la révolution et la science
10 - La révolution française et la laïcité, la première laïcité française
11 - Les femmes dans la révolution française
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Cycle V - Le délitement et la fin de la république
1 - 1795, le Directoire et la nouvelle constitution de l’an III
2 - Les guerres d’Italie et la montée du général Bonaparte
3 - Les républiques soeurs et les tentatives d’exporter la révolution
4 - Les colonies, l’esclavage et la révolution française
5 - Les guerres vendéennes et chouannerie
6 - L’insurrection de Vendémiaire
7 - Gracchus Babeuf et la conjuration des égaux le 10 septembre 1796
8 - Bonaparte et la fin de la révolution française, le coup d'État du 18 Brumaire
9 - Les conséquences nationales de la révolution française
10 - Les conséquences mondiales de la révolution
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Livres généraux sur la révolution
- La Révolution française, 1789-1799, Jean-Clément Martin, Belin, 2004
- La révolution française 1789 -1799, Michel Vovelle, Editions Armand Colin, 1998
- Dictionnaire historique de la Révolution française, sous la direction d’Albert Soboul, PUF, 1989
- L’État de la France pendant la Révolution, 1788-1799, Collectif, La Découverte, 1988
- La Révolution française, François Furet et Denis Richet, Hachette, 1988
- Histoire et dictionnaire de la Révolution française, sous la direction de Jean Tulard, coll. Bouquins, Laffont,
1987
- Histoire de la révolution française, Jean-Claude Hallé, Nathan, 1983
- La Révolution française, Georges Lefebvre, PUF, 1968
- La révolution française, Albert Soboul, PUF, 1965
Livres sur les républiques soeurs
- Les Républiques sœurs sous les regards de la grande nation, De l'Italie aux portes de l'Empire
Ottoman,l'impact du modèle républicain français, Michel Vovelle, L'Harmattan, 2001
- Les républiques sœurs, Jean-Louis Harouel, PUF, coll. Que sais-je ?, 1997
- Républiques soeurs : le Directoire et la Révolution atlantique, Pierre Serna, Presses Universitaires Rennes,
2009
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