Il pratique le jeûne et la méditation. A Bodh-gayâ, alors qu’il est prêt à mourir à force de jeûner, il accepte l’offrande d’une
femme pour se nourrir. Il trouve là le motif qu’il développera dans son enseignement : la voie moyenne qui consiste à renoncer
à la fois aux plaisirs et aux pénitences. Il s’assoit en position du lotus sous un arbre pendant plusieurs jours. Triomphant de
Marâ (dieu des plaisirs et des tentations), il reçoit l’illumination. Siddhârta devient le Bouddha, c’est-à-dire l’Eveillé. Il com-
prend toute la vérité de l’existence humaine, à savoir le samsara (le cycle incessant des naissances et des morts), le karma
(l’ensemble des actes qui conduisent à ces renaissances), et les 4 nobles vérités. Ces 4 vérités sont : l’universalité de la souf-
france, l’origine de la souffrance qu’est le désir, le nirvana qui coïncide avec la cessation de la souffrance par extinction du
désir, et enfin l’octuple voie, la voie moyenne qui prône la paix et la non-violence, la justesse des actes, pensées et paroles, la
moralité, l’effort, la concentration, la sagesse, la compassion. Ayant reçu cette révélation, le Bouddha l’enseigne la première
fois à ses 5 compagnons à Sarnath près de Bénarès puis tout au long de 45 années de prêche. A l’âge de 80 ans, il meurt à Kus-
hinagar où il est incinéré. Ses cendres recueillies sont déposées comme reliques dans les lieux de pèlerinages bouddhiques.
Bouddha a mesuré le tragique de la situation de l’homme attaché à ce monde. L’ « Éveillé » a découvert que la douleur pro-
vient de ce qu’on ne peut pas accepter que le monde soit éphémère. Attaché à ce monde, l’homme s’enferme dans le samsara
car il ne connaît pas sa nature profonde. Pour se libérer des cycles d’existences il lui faut déraciner en lui-même tout désir
égoïste et néfaste.
Aujourd’hui les pays entièrement bouddhistes sont le Sri Lanka, la Birmanie, la Thaïlande, le Laos et le Cambodge. Le Japon
compte 40 millions de bouddhistes. Le Tibet connaît un bouddhisme particulier, le lamaïsme (de lama : moine). Le Boudd-
hisme a progressé jusqu’au 13ème siècle, à l’arrivée de l’islam en Inde.
C’est une philosophie et un humanisme très tolérants aux autres religions. En bouddhisme il n’y a pas vraiment de Dieu, sur-
tout pas de monothéisme. Il n’y a pas de livre unique, ni de langue unique, ni de conquêtes guerrières. Il repose moins sur une
croyance qu'une discipline axée sur l’effort personnel. L’homme y est au centre, non pas Dieu.
La loi karmique tenant que la souffrance d’aujourd’hui résulte d’actions négatives des vies antérieures exclut le jugement divin
et donc aussi la notion de pardon.
E) Réincarnation et Résurrection
La condition humaine commune fait expérimenter le besoin de salut. Mais il y a différentes formes de salut. On appelle reli-
gions de salut habituellement les religions qui proposent le salut qui avance dans l’histoire des hommes. Le judaïsme et le
christianisme sont des religions de salut. L’islam et le bouddhisme, en rigueur de termes, ne sont pas des religions de salut.
Pour le bouddhiste, le salut vient quand il assimile l’enseignement du Bouddha et découvre sa vérité (au bout de l’extinction du
désir). Pour le chrétien, le salut vient de Dieu, il est indissociable de l’événement Jésus-Christ qui a radicalement transformé le
destin de l’homme et du monde. Ayant triomphé de la mort une fois pour toutes (Epître aux hébreux), le Christ invite
l’humanité à partager une nouvelle vie qui sera accomplie dans une résurrection à laquelle tout le cosmos est promis.
Le salut de Dieu librement offert par le don d’un Dieu Amour fait grande place au pardon qui en découle.
Les conceptions du temps divergent en le Bouddhisme et le Christianisme. Le temps cyclique fait place au « temps droit » qui
a donné en Occident sécularisé la notion de progrès où l’avenir est associé à la notion très judéo-chrétienne d’espérance. Celse,
le païen d’Alexandrie a écrit un pamphlet Contre les chrétiens en 178, combattu pied à pied par Origène (5 tomes de son
Contre Celse dans les Editions des Sources chrétiennes, le Cerf) où il ridiculise la foi en la résurrection afin de mieux affirmer
que « la nature de l’univers est une et toujours identique à elle-même… les choses roulent sempiternellement dans le même
cercle, et, partant, qu’il est nécessaire que, suivant l’ordre immuable des cycles, ce qui a été, ce qui est et ce qui sera, soit
toujours le même » au §49. Jean-Claude Guillebaud a évoqué récemment Celse, l’inspirateur de Nietzsche, pour inviter à re-
trouver l’idée judéo-chrétienne subversive qu’est la notion d’espérance dans son ouvrage Le goût de l’avenir (Seuil 2003, 359
p.)
Dans La Vie du 28.03.2003, Guillebaud écrit : « Serions-nous en train de revenir à ce paganisme-là ? Peut-être bien. En per-
dant l’avenir, en nous détachant avec lassitude de l’idée de progrès, c’est avec ce “ temps droit ” qui fonda l’Occident lui-
même que nous rompons sans nous en rendre compte. Or, ce temps rectiligne, cette continuité orientée – salut pour les uns,
progrès pour les autres –, orientait notre histoire et lui donnait un sens. »
F) Quelques références :
1) Dossier Résurrection-réincarnation, Questions actuelles N°2 Mai 1998 Bayard 51 p.
2) La réincarnation Jean Vernette, Que sais-je ? 3002 1995 128 p.
3) Le New Age Christus n°153 janvier 1992 (l’article de Dennis Gira).
4) L’enseignement du Bouddha Walpola Rahula, Seuil Points Sagesse n°13 1978 191 p.
5) La résurrection des morts Isabelle Chareire, Les Editions de l’Atelier 1999 128 p.
G) Prochaine rencontre le mardi 30 mars 2004 :
Sur le thème de la souffrance, le mal et le malheur. Une certaine idée de Dieu est morte sur la croix.