Taoisme, bouddhisme et réincarnationnisme

Taoisme, bouddhisme et réincarnationnisme
Aujourd'hui, je me sens d'humeur plutôt taquine et je sens mes petites cornes de
diablotin poindre gentiment sous ma chevelure, alors j'ai envie d'envoyer un
petit pavé dans la mare du réincarnationnisme béatifiant, juste pour voir les
réactions et les réponses que cela peut susciter, voire éventuellement susciter un
débat sur la question.
Roue de la réincarnation
Avec la mode des bisounours du New Age, on s'est habitué à penser que tout le
monde se réincarnait systématiquement, quoiqu'il fasse de sa vie, même s'il
n'accomplit aucun travail et aucun progrès sur le plan spirituel, comme si le
corps de gloire était un prêt-à-porter. Peut-être est-ce encore là une des multiples
aberrations et applications du piège diabolique de l'assistanat généralisé ?
Toucherions-nous un salaire spirituel même si nous n'accomplissons aucun
travail ? La réincarnation est-elle un droit de naissance qui est d'emblée acquis à
tout le monde sans qu'il n'ait à consentir le moindre effort ? Existerait-il une

Sécurité Sociale spirituelle ?
Cette mode du réincarnationnisme systématique vient en partie des travaux
d'Anne Blavastky qui a retransmis à l'Occident ce qu'elle pensait avoir compris
des enseignements reçus de ses maitres indiens, sachant d'ailleurs que tous les
maitres indiens sont loin d'être unanimes sur la question et qu'il existe entre eux
des différents importantes de points de vue. J'avais entendu un certain maitre
indien dire que lorsque des gens qui n'avaient travaillé spirituellement
mourraient, cela faisait simplement de l'humus pour la terre; peut-on considérer
cela comme une réincarnation ? Sri Aurobindo lui-même, grand parmi les
grands, était plutôt tenant de la théorie du noyau psychique, expliquant qu'on se
réincarnait selon le développement de ce noyau psychique, effectué par un
travail spirituel.
Sri Aurobindo
Une des autres sources du réincarnationnsime systématique est aussi le
bouddhisme tibétain qui est si à la mode aujourd'hui. Mais là aussi, tous ne sont
pas unanimes et l'enseignement direct transmis dans un contexte initiatique n'est
pas forcément la même chose que ce qui est dit aux masses, tout comme dans la
religion chrétienne d'ailleurs. Et puis, le bouddhisme tibétain d'aujourd'hui est-il
le même que celui des origines ? N'a-t-il pas connu, comme le christianisme,
maints abus et dévoiements, surtout depuis sa diffusion en Occident ?

Fo,
le Bouddha
Le point de vue du bouddhisme tibétain est aussi différent du bouddhisme
originel de Gautama Bouddha qui, lui, n'a jamais parlé de réincarnation ! Tout ce
dont il parlé, c'est de l'image de la flamme d'une bougie qui se transmet après
que la bougie se soit éteinte; tout le reste n'est qu'interprétation! On peut certes
voir la flamme de la bougie comme le symbole de l'esprit immortel, mais si la
flamme de l'esprit n'est pas cultivée dans cette vie, qu'est-ce qui pourra survivre
à la mort physique, être transmis et servir de support à la ré-incarnation? Tout
comme la poussière retourne à la poussière, la cire retourne à la cire! Et s'il n'ya
pas de flamme, il n'y a rien à transmettre! L'âme trop enchainée au plan de la
matière se dissoudra lentement avec la matière du corps physique; elle sera
dissoute dans le tellurisme pour être recyclée en humus. Comme quoi, même s'il
n'existe pas de Sécurité Sociale sur un plan divin, il existe bien en revanche une
entreprise de recyclage !
La Bouddha et la fleur

Gautama Buddha ne tient pas cette jolie fleur à la main par hasard, ni par
romantisme naïf! Pour savoir qui de se disciples avait vraiment compris
l'essence de son enseignement, et donc serait le plus apte à le transmettre, le
Bouddha ne dit rien, ne posa aucune question; il se contenta, dans un parfait
silence, de prendre une petite fleur dans sa main et, avec un petit sourire, de la
montrer à ses disciples réunis devant lui pour voir leur réaction. Et ce n'est pas
non plus le fruit du hasard qu'il s'agisse du fleur rouge avec une tige verte, car
vert et rouge sont justement deux couleurs fondamentales de l'alchimie
spirituelle ...
Et peut-être que si Gautama Bouddha a choisi de ne donner que cette image,
c'était justement pour éviter d'alimenter des débats qui divisent au lieu d'unir et
de nous distraire du véritable travail spirituel à réaliser, qui est bien au delà de
toute conception mentale d'ordre humain. Car pendant qu'on se bat pour savoir
qui a raison, on ne fait pas le vrai travail, c'et à dire le travail spirituel, et non le
simple gagne-pain, encore que sur un plan symbolique, le pain soit aussi un
salaire spirituel résultant d'une alchimie réussie entre les 4 éléments. Nos
politiques ne l'ont que trop bien compris et continuent à manipuler les gens avec
cynisme en les divisant, en les maintenant dans la dualité par un pathétique jeu
de guignol dont beaucoup trop de gens sont encore dupes!
Dao, le Tao

Enfin, chez les taoistes, qui sont pourtant eux aussi bien à la mode, parle-t-on de
réincarnation? Non! En tout cas, pas du tout selon les poncifes auxquels trop de
gens se sont déjà habitués! Pour les taoistes, chacun de nos 5 Organes possède
une « âme» et l'idée est d'opérer une fusion alchimique de ces 5 « âmes » afin de
donner naissance et de développer notre âme spirituelle qui seule est immortelle.
Sinon, après la mort, il n'y aura rien qui pourra survivre à la dissolution du corps
physique. Les 5 « âmes » repartiront dans le tellurisme pour y être dissoutes
avec les 5 Organes auxquelles elles sont associées. S'il n'y a pas de travail
effectué pour développer et densifier notre âme spirituelle, il n'y a aura pas de
ré-incarnation! Pas de bras, pas de chocolat, pour reprendre une expression
désormais devenue célèbre! L'immortalité de l'esprit est vue par les taoistes
comme le fruit d'un travail, et non comme un évidence, un automatisme ou un
droit de naissance. On peut d'ailleurs retrouver cela avec la parabole du talent
dans la Bible !