problématique générale exposée ici, ainsi que les problématiques particulières présentées dans chaque partie
(dans leurs introductions aussi bien que dans les commentaires de chaque texte), sont le résultat d’un travail
de préparation qui s’est largement confondu, pour les auteurs, avec un travail de recherche. En termes
concrets, ce travail était donc évolutif et progressif, ponctué par des rencontres en forme de « remue-
méninges » qui jouaient de fait le rôle de séminaires, et constitué de patientes réécritures d’un argumentaire
au départ très différent de ce qu’il est devenu aujourd’hui . Nous ne prétendons pas que les recherches qu’on
trouvera ainsi consignées dans ce produit final soient toutes originales au regard de la littérature existante sur
chacun des sujets abordés. Par contre, elles ont représenté pour nous, une aventure intellectuelle qui ne
diffère pas fondamentalement d’un travail de recherche. Pour cette même raison, nous considérons qu’il reste
et doit rester, de ce point de vue, une esquisse qu’il nous sera loisible de reélaborer. Nous espérons que ce
caractère évolutif et exploratoire, qui garde à cet ouvrage le caractère d’un « work in progress », sera sensible
au lecteur intéressé à une telle démarche ou souhaitant s’y initier. À titre d’universitaires, nous projetons
d’ailleurs pérenniser l’expérience sur de nouveaux ouvrages, en y associant cette fois-ci des étudiants.
Organisation de l’ouvrage
La problématique que nous avons décrite ci-dessus étant assez vaste, il a fallu bien sûr choisir des
questions particulières qui illustraient ce propos général. Ce volume comporte donc deux grandes parties, la
première consacrée aux nombres en tant qu’ils sont impliqués dans une opération de mesure, qu’il s’agisse de
mesurer des grandeurs courantes (comme des longueurs inaccessibles ou des distances angulaires) ou des
grandeurs plus élaborées (comme celle de masse, dont le concept a été profondément modifié après les
travaux de Newton). Dans cette partie, on veut faire entendre que, depuis la plus haute antiquité, ce que nous
appelons ici le « registre métrologique », c’est-à-dire le contexte dans lequel des nombres sont utilisés dans
une opération de mesure, est source d’un certain nombre de raisonnements qui sont à la fois explicites, riches
et qui relèveraient aujourd’hui d’une opération de modélisation de la réalité. Dans la seconde partie, nous
nous intéressons aux nombres en tant qu’ils permettent d’estimer quantitativement une réalité sociale,
économique ou humaine. Il s’agit ici de faire entendre, ici aussi, à quel point les données numériques qui
rendent compte de ces réalités très particulières ont fait l’objet d’une construction très progressive ; que le
principe même de cette construction n’a pas été sans débats très virulents ; enfin et par conséquent, qu’il pose
des problèmes éthiques auxquels il faut réfléchir.
Du point de vue de sa présentation concrète, le volume est pour l’essentiel un recueil de textes
originaux traduits (le cas échéant) et longuement présentés. Sauf exception, la plupart de ces textes sont
accessibles dans leur intégralité, pour beaucoup d’entre eux en ligne. Ce choix était délibéré, car ces lectures
d’extraits doivent servir dans notre esprit à introduire des lectures plus étendues. À l’inverse, une partie
importante de notre travail a consisté à choisir les extraits qui nous semblaient pertinents en fonction des
nouvelles questions que nous avons développées ou découvertes au fur et à mesure de notre travail. Chaque
partie comporte ainsi cinq ou six textes qui sont ordonnés d’un point de vue à la fois chronologique et
thématique, suivant une problématique exposée dans l’introduction et qui sert de « fil rouge » à chacun des
commentaires particuliers. La présentation de chaque texte poursuit plusieurs objectifs. La présentation
historique vise à restituer dans ses grandes lignes le contexte du document présenté, le corpus dans lequel il
prend place, son usage ancien, et son intérêt historique. Elle est destinée à bien faire comprendre certains
éléments indispensables à la compréhension du document ou bien qui sont simplement intéressants
culturellement. Le cas échéant, elle donne aussi une idée des questions de recherche que posent de tels
documents, dans l’esprit général indiqué plus haut. La présentation pédagogique intéresse plus
particulièrement les enseignants, les étudiants qui se préparent à l’être, enfin les formateurs d’enseignants :
elle explique l’intérêt du document et ses enjeux, que ce soit pour approfondir tel ou tel aspect de
l’enseignement ou pour nourrir la compréhension de notions et méthodes scientifiques dans un contexte
culturel « large ». Dans cette partie on suggère quelques pistes pour utiliser ces textes (ou simplement s’en
inspirer) dans la construction de séances d’enseignement et/ou de formation . Cette présentation n’a aucune
ambition prescriptive ou concrète, au sens qu’elle ne propose aucune activité « clés en main » aux lecteurs,
cela pour deux raisons. D’une part, nous n’avons pas eu matériellement le temps d’associer, au cours du
travail éditorial, un travail d’expérimentation pédagogique à l’étude et la sélection des extraits choisis. D’autre
part et plus profondément, nous considérons que ce n’était pas ici notre rôle de prescrire des modalités
détaillées d’exploitation, dont la définition revient à chaque enseignant et n’est jamais la même d’un individu à
l’autre, mais de les suggérer en fonction de l’analyse des textes et de notre propre expérience d’enseignement
ou de formation. Une bibliographie contenue dans les notes des deux commentaires propose enfin quelques
lectures accessibles (sur papier ou en ligne) afin de prolonger la réflexion sur un document donné. Les
références aux ouvrages mentionnés sont toutes regroupées en fin d’ouvrage, et comme pour les textes eux-
mêmes, nous avons systématiquement signalé ceux qui étaient lisibles en ligne ou téléchargeables .
La science des nombres , par le groupe ReForEHST
document de présentation pour en savoir plus sur l'ouvrage- © Adapt-Snes éditions