Le scanner cardiaque, par ces avancées technologi-
ques, est la technique qui à l’heure actuelle suscite le plus
d’intérêt. Les scanners multibarrettes actuels permettent,
en une seule acquisition volumique de 20 secondes syn-
chronisée sur l’ECG avec injection intraveineuse de pro-
duit de contraste iodé, une étude bidimensionnelle (2D) et
tridimensionelle (3D) des structures cardiaques et des
artères coronaires.
La principale indication est l’évaluation des cardiopa-
thies ischémiques. Cette imagerie doit permettre à la fois
l’étude des coronaires à la recherche d’occlusion ou de
sténose et l’étude du myocarde à la recherche d’un reten-
tissement fonctionnel (perfusion-contraction). La même
acquisition permet une étude fine des différentes structu-
res cardiaques et des vaisseaux du médiastin.
Techniques d’acquisition
La préparation du patient est identique à celle d’un
examen standard. Le patient est à jeun, sous oxy-
génothérapie pour mieux supporter l’apnée, avec une voie
veineuse brachiale (18 G). Des électrodes sont posées sur
le thorax. Plus la fréquence cardiaque est basse, meilleure
est la qualité de l’image. C’est pourquoi l’utilisation des
bêtabloquants est utile en dehors des contre-indications
habituelles. L’examen pour le patient est rapide (environ
10 minutes), en ambulatoire. Il n’y a pas de contre-
indication. Les précautions habituelles sont prises comme
pour toute injection de produit de contraste iodé.
Les paramètres de l’acquisition seront un compromis
entre l’apnée d’environ 10 secondes pour le scanner à
64 barrettes, le volume à explorer (entre 12 et 15 cm), une
résolution spatiale (coupes submillimétriques) et en den-
sité optimale (120 Kv, 600 mA) et une résolution
temporelle < 250 msec pour éviter les artefacts cinétiques
(le cœur est une structure mobile) grâce à une rotation du
tube de 400 msec et une synchronisation à l’ECG. Le pitch
(espacement entre les pixels sur un moniteur) est < 1. La
synchronisation rétrospective est la plus utilisée.
Les paramètres d’injection varient suivant les équipes
(injection mono- ou biphasique, pulsée...). En moyenne,
100 à 120 mL de produit de contraste iodé à 350 mg/L par
voie intraveineuse sont injectés avec une seringue auto-
matique à un débit de3à5mL/sec.
Ce type d’acquisition est plus irradiant qu’un scanner
standard. Plusieurs techniques permettent de réduire les
doses d’irradiation, en particulier en modulant les mA en
fonction de l’ECG. Concrètement, la dose d’irradiation
varie en fonction de la phase du cycle R-R, une dose
maximale en diastole de 65 à 85 % du cycle et une dose
minimale pour les autres phases.
Parmi les facteurs responsables de la qualité de
l’image, la synchronisation à l’ECG est le paramètre essen-
tiel. Un défaut de synchronisation provoque des artefacts
cinétiques en bande qui dégradent l’image.
Notre étude sur 167 patients a montré en définissant
4 niveaux de qualité d’image que la probabilité d’un
examen de qualité optimale décroît avec la fréquence
cardiaque (tableau 1) et surtout avec les variations du
rythme en cours d’acquisition. En effet, quelle que soit la
fréquence, un rythme régulier donne un examen de qua-
lité dans plus de 90 % des cas. Pour une variation de plus
de 10 battements par minute, le nombre chute à 67 %.
L’acquisition synchronisée sur l’ECG permet de re-
construire les images cardiaques aux différentes phases du
cycle cardiaque. La meilleure phase pour les artères coro-
naires est la diastole (entre 70 et 80 % du cycle). En effet,
c’est la phase de l’immobilité complète des structures
cardiaques et du meilleur remplissage des coronaires. Il
est souvent nécessaire de reconstruire plusieurs phases à
la recherche de la meilleure sans artefacts cinétiques,
variable chez chaque patient et pour chaque artère coro-
naire. Ainsi, dans notre étude sur 100 patients, dans 83 %
des cas, les meilleures phases pour étudier l’artère coro-
naire gauche sont en diastole entre 70 et 80 % du cycle
R-R.
Pour l’artère coronaire droite, dans 25 % des cas, les
meilleures phases sont en systole entre 30 et 40 % du
cycle, d’autant plus que la fréquence cardiaque est supé-
rieure à 75 bpm (série personnelle du CCN).
Traitements d’image
Pour des raisons anatomiques, les coupes axiales sont
insuffisantes pour analyser les différentes structures cardia-
ques, en particulier les artères coronaires. Des logiciels de
reconstruction fiables et rapides ont été développés pour
extraire l’information. Grâce à l’acquisition volumique du
Liste des abréviations
2D : bidimensionnel
3D : tridimensionnel
ECG : électrocardiogramme
IRM : imagerie par résonance magnétique
IVA : artère interventriculaire antérieure
mA : milliampère
MIP : maximum intensity projection
MPR : multiplanar rendering
MPVR : multiplanar volume rendering
VR:volume rendering
Tableau 1.Proportion d’un bon niveau de qualité d’image
en fonction de la fréquence cardiaque
(expérience du Centre cardiologique du Nord)
Rythme (bpm) < 60 60-70 70-80 80-90 > 90
% Excellent ou bon 94,5 87,5 67,7 65 70
Scanner cardiaque dans l’imagerie non invasive des artères coronaires
mt cardio, vol. 1, n° 2, mars-avril 2005
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