Université de Pau et des Pays de l’Adour Année universitaire 2002 – 2003 Premier Semestre Maîtrise d’Economie Le marketing de l’expérience touristique Audrey BAILLY Catherine AMELOT Audrey PUTS Karine LASSUS P ar le biais du marketing, on peut attirer un client et le pousser à acheter un produit, et par la suite essayer de le fidéliser. Depuis peu, on s’intéresse à ce qui se passe entre ces deux situations : l’acte de consommation pur. Outre le fait de savoir si le bien ou le service est de bonne qualité, s’il répond aux attentes des clients, le marketing cherche aujourd’hui à connaître le côté «expérientiel» de l’acte de consommation (qui est un processus de production d’une expérience plus ou moins gratifiante pour le client). Le produit affecte en effet le consommateur de manière sensorielle, psychologique et émotive. On s’intéresse à ce que ressent le client, et bien évidemment chaque personne va percevoir la même situation, le même produit de façon différente. Le but du marketing actuellement est d’agir sur les sentiments que provoque le produit afin d’en faire surgir certains de façon régulière chez les sujets markétés. En effet la satisfaction, le surplus du consommateur, va beaucoup dépendre de l’expérience qu’il aura retirée de sa consommation (dont il est acteur à part entière). Selon l’âge, la PCS, la catégorie de biens observée, etc., le consommateur va avoir des attentes précises, et une idée de l’expérience qu’il veut connaître en utilisant le produit. L’ambition du marketing va alors être de déceler ces attentes, de les satisfaire, mais aussi de les orienter. Il va donc également falloir mettre en place un contrôle expérientiel pour que la société émettrice puisse juger de l’efficacité de sa politique et éventuellement modifier son angle d’attaque (première partie). Dans le cadre des loisirs, l’expérience de consommation prend une signification toute particulière : regarder un film au cinéma, assister à un match de football, aller à EuroDysney ou partir en vacances sont autant de moments au cours desquels l’individu va éprouver des sentiments forts engendrés par l’action de consommation. Vont alors importer la typologie des lieux, l’ambiance, le confort, etc., qui vont entourer l’acte de consommation (regarder le film, assister au match). Le client va, lors du choix de son activité ludique, s’orienter vers un style d’expérience qu’il va falloir satisfaire. Pour illustrer ces notions, on peut prendre l’exemple du Club Med et de Terres d’Aventure, deux voyagistes qui ne proposent absolument pas les mêmes produits dans le cadre des vacances. L’un a adopté le concept du village de vacances, basé sur la rencontre d’autrui dans une sphère sociale similaire, l’autre s’est attaché à proposer de la découverte et du dépaysement, en toute sécurité, à des personnes proches de la nature. Les deux entreprises ne vont absolument pas viser la même expérience de consommation, et vont répondre à des publics différents, tout en contrôlant au maximum l’expérience vécue par les clients et l’adéquation de celle-ci à leurs désirs (deuxième partie). I. L’expérience dans la consommation et son implication dans le marketing. Loin de se focaliser sur les attributs et les avantages des produits et services, le marketing expérientiel s'attache aux expériences vécues par le client. Des expériences qui se produisent quand ils rencontrent, subissent ou vivent certaines choses. Ces expériences contiennent des valeurs sensorielles, émotionnelles, cognitives, comportementales et relationnelles en plus des valeurs fonctionnelles. Le point d’orgue du marketing expérientiel va être d’orienter ces sensations et de contrôler leur survenue, dans le but de satisfaire au mieux les clients et d’obtenir un phénomène de satiété. A) Le concept d’expérience Le client, lors de l’acte de consommation, va retirer une expérience particulière pour chaque produit. Cette expérience va être provoquée soit par les qualités fonctionnelles, soit par les propriétés émotionnelles du bien ou du service. Divers auteurs ont essayé de distinguer et de caractériser ces deux composantes de l’expérience : • La composante non expérientielle relève de la valeur utilitaire du produit (sa fonction première, comme nettoyer pour un aspirateur), de son adéquation à la fonction attendue et au besoin du consommateur, du signal social qu’il renvoie (faire le ménage n’est pas valorisant), du comportement et de la connaissance qu’il va engendrer. • La composante expérientielle tient elle aux sentiments et aux sensations induits par l’utilisation du produit, aux valeurs qu’il renferme, à son effet sur l’imaginaire, à la satisfaction personnelle qu’il provoque, aux réactions du sujet dans l’acte de consommation. Ces notions sont reprises dans le tableau suivant : Contributions théoriques à l’analyse du contenu de l’expérience de consommation Auteurs Holbrook et Hirschman (1982) Mano et Oliver (1993) Holt (1995) Evrard et Aurier (1996) Holbrook (1999) Holbrook (2000) Csiksentmihalyi (2000) Composante non expérientielle Composante expérientielle Commentaires Cognitions1 , affect2 , Imaginaire, comportement sentiments, plaisir Analyse du processus de décision, et non de la consommation Valeur utilitaire Stimulation, valeur Expérience évaluée à 3 hédoniste travers la satisfaction Orientation vers les Orientation vers soi, Création individuelle bénéfices de l’objet orientation et/ou collective de interpersonnelle l’expérience Valeur de signe, lien Valeur hédoniste, Analyse de la social, recherche stimulation, pratique contribution de d’information, sociale l’expérience à la expertise subjective création ce valeur Valeur utilitaire Valeur ludique, Analyse du résultat esthétique, statut, durable de éthique, estime, l’expérience de spiritualité consommation Expérience, La recherche distraction, d’expérience est un exhibitionnisme, objectif permanent 4 évangélisme de toute consommation Réponse aux besoins Réponse au besoin de L’expérience passe au sens de Maslow 5 stimulation par la production d’émotions Faculté de connaître Impression élémentaire d’attraction ou de répulsion qui est à la base de l’affectivité 3 Morale qui fait du plaisir un principe ou un but de la vie 4 Aspiration ou tendance à retourner à une vie religieuse ou selon l’esprit évangélique 5 Maslow a hiérarchisé les besoins humains sous forme pyramidale, avec, dans l’ordre croissant : les besoins physiologiques, le besoin de sécurité, le besoin d’appartenance, le besoin d’estime et le besoin d’auto réalisation. 1 2 La prise en compte de cette nouvelle approche vient élargir le champ d’action du marketing, qui se limitait auparavant à la fonction de vente et de fidélisation de la clientèle, et nécessite de nouveaux paramètres d’action. Le marketing traditionnel offre en effet peu de règles pour formaliser ce concept. Il ne présente qu'une vision analytique, rationnelle et mécanique des clients, produits et concurrents. Ses méthodes ont été développées pour répondre à l'ère industrielle et aux premières phases de la société de consommation, mais non à la révolution de l'information, de la marque et des communications que l'on connaît aujourd'hui, et il ne permet plus d’obtenir une différenciation du produit dans l’esprit du public. Le marketing expérientiel va avoir alors pour objectif de créer des expériences de consommation à forte valeur ajoutée, basées sur les cinq principaux critères suivants : ü la sensation, ü l’affectif, ü la facilité d’utilisation, et l’acquisition du fonctionnement, ü la relation physique à l’objet, le style de vie, ü l’identité sociale. Pour mettre en place ce type de politique marketing, il va falloir déterminer les différents domaines dans lesquels s’exerce l’expérience du client lors de l’acte de consommation. B) La dimension de l’expérience de consommation Holbrook et Schmitt distinguent multiples supports à la production d’expérience que nous allons utiliser pour analyser des pratiques de production d’expérience mises en œuvre par des producteurs et des distributeurs de biens et services. 1) L’ approche d’ Holbrook Selon lui l’ expérience de consommation va être construite à partir des quatre notions suivantes : Les composantes de la production d’expérience d’après Holbrook (2000) Expérience Evasion de la réalité Emotion Plaisir Divertissement Esthétique Excitation Ravissement Exhibitionnisme Porter aux nues Exprimer Découvrir Evangélisme Eduquer Donner l’exemple Garantir Prenons l’exemple du tourisme : Ø La dimension « expérience » est associée au déroulement du voyage, naturellement source d’évasion du quotidien, d’émotion et de plaisir attendu par le client ; Ø Le divertissement est lié au dépaysement et à l’ambiance : le consommateur devient acteur de son séjour ; Ø L’exhibitionnisme fait référence au comportement du touriste vis à vis des autres voyageurs : il va en effet devoir s’exposer au regard d’autrui ; Ø L’évangélisme a trait à la culture que le chaland va retirer de son voyage. Cependant on ne peut pas se limiter à l’étude de cette seule analyse car le concept d’expérience de consommation n’est pas encore formalisé de façon précise. Il faut donc compléter cette approche par celle développé par Schmitt. 2) L’ analyse de Schmitt Pour savoir quels types d’expériences offrir aux clients, Schmitt s’appuie sur cinq approches distinctes du marketing expérientiel : Ø L’ approche sensorielle s'adresse à la vue, l'ouïe, le toucher, le goût et l'odorat. Il différencie les sociétés et leurs produits par une esthétique et un style sensoriel uniques. Ø L’ approche émotionnelle fait appel aux sentiments plus profonds des clients. Elle vise à créer des expériences affectives. Pour que cette forme de marketing fonctionne, il faut bien comprendre les stimuli et situations qui déclenchent certaines émotions de même que la volonté du consommateur de s'engager dans ce processus. Ø L’approche intellectuelle fait appel à l'intelligence et cherche à créer des expériences cognitives (qui relèvent du savoir et de la croyance) dans la résolution des problèmes qui impliquent les clients sur le plan créatif. Pour réussir, il doit surprendre, intriguer et parfois même provoquer (Cf. les publicités de Benetton). Ø La composante d'action enrichit la vie des clients. Les changements de mode de vie ou de comportement sont, par nature, suscités par la motivation ou l'inspiration et fonctionnent mieux lorsqu'il fournissent un modèle (vedettes de cinéma comme « les bronzés »). Le « être-re» du Club Med est devenu un grand classique du marketing d'action. Ø Pour finir, l’approche tribale est une combinaison des quatre approches expérientielles précédentes. Cependant, il va au-delà des sentiments personnels de l'individu et fait appel au groupe. On retrouve l’esprit club du Club Med. Le marketing expérientiel va devoir agir sur ces composantes pour orienter les émotions du consommateur. C) Le contrôle de l’expérience de consommation Contrôler l’expérience est l’enjeu principal du marketing expérientiel. Ses méthodes sont très variées : elles peuvent être orales et prendre la forme d'un groupe de discussion, d'un entretien en profondeur ou d'un questionnaire ; ou visuelles et inciter les clients à créer une image visuelle de la marque. Elles peuvent être utilisées dans un environnement artificiel ou sur un lieu de séjour. On arrive ainsi à guider, façonner et gérer les expériences du client. Il est rare qu'un seul type d'expérience arrive à séduire. Idéalement, les responsables marketing devraient s'efforcer de créer des expériences réunissant les qualités des différentes catégories sus-citées. De plus, ils doivent veiller à ce que la production d’expérience soit étroitement liée au positionnement choisi par la marque. Elle reflète en effet l’image véhiculée par la marque. Pour ce faire, les responsables disposent de trois variables d’action : ♦ Le décor : c’est la théâtralisation du lieu de vente d’un produit ou le lieu de consommation d’un service (comme un voyage). Le décor doit être cohérent avec le message de l’entreprise et ne doit pas devenir l’unique variable d’action au risque d’attirer des spectateurs et non des acheteurs (Cf. Ikéa). ♦ L’intrigue : le produit doit raconter une histoire, on ne doit pas se limiter à l’énumération de ses qualités. Ce message sera véhiculé par la publicité et les événements auxquels le produit sera associé (mécénat et sponsoring : Cf. Coca Cola). ♦ L’action : le consommateur doit être acteur de son expérience et doit pouvoir la partager avec d’autres. Elle doit être source d’interactions sociales. Oublier les caractéristiques du produit et se pencher sur l'expérience des consommateurs, telle est l'idée principale du marketing expérientiel. Dans de nombreux secteurs d'activité, les entreprises se détournent des pratiques marketing traditionnelles, entièrement axées sur les attributs et les avantages des produits et services, au profit du marketing expérientiel. Une discipline qui a pour but d'enrichir l'expérience sensorielle, émotionnelle et intellectuelle des clients quand ils utilisent un produit, font leurs achats, naviguent sur le Web ou s'engagent dans toute autre activité commerciale. Prenons l’exemple du tourisme. Aujourd’hui les agences de voyage ne se différencient pas par rapport à la qualité du service et à la diversité du produit luimême mais bien grâce à la dimension expérientielle du voyage. Le but est de créer une ambiance unique, ludique, une autre façon de voyager. Dans ce cas de figure, le phénomène de satiété n’est pas recherché, au contraire les agences de voyages ont tout intérêt à ce que les clients aient envie de découvrir une nouvelle destination avec le nouvel opérateur. II. Le marketing expérientiel dans le domaine du tourisme. Attachées à l’expérience vécue par les consommateurs, les entreprises du tourisme considèrent qu’il s’agit de l’un des principaux facteurs de satisfaction et de fidélisation des clients. Désormais la majorité des clients du tourisme ne sont plus de simples passionnés de voyage, il s’agit de consommateurs « grand public » plus exigeants, qui ne se satisfont plus seulement de nouveauté mais bien d’expérience vécue et attendent une plus value par rapport au quotidien. Ils recherchent donc plus que jamais une expérience spécifique dans leur voyage. A) L’expérience prônée par le Club Med et Terres d’Aventure Le Club Méditerranée a été créé en 1950. Dans les années 70, le Club était en phase avec la vague hippie qui reflétait le mode libéré et échangiste. Dans les années 80, le Club est devenu un centre de récréation pour les yuppies célibataires qui réagissaient aux " trois S " (sea, sex and sun). La promesse de devenir heureux, cette espèce de séduction, personnifie la distinction pour le consommateur. Aujourd’hui il existe quelque 125 villages de récréation pour les vacanciers. Depuis sa création et jusqu’au début des années 90, le Club Med n’avait pas vraiment besoin des campagnes de marketing, car le produit se vendait sans grande publicité. Mais avec le changement de mentalité de la clientèle, il a fallu repenser totalement la politique marketing et intégrer une dimension expérientielle nouvelle dans les produits. Depuis 25 ans, Terres d'Aventure, inventeur-pionnier de la découverte du monde par la marche à pied, emmène les voyageurs de l'authentique aux quatre coins de la planète, hors des sentiers battus. La société s'est créée autour d'une passion pour les voyages à pied et de l'envie de faire partager les émotions de l'aventure. Ces voyages se déroulent en petits groupes, de 6 à 15 personnes, pour se déplacer avec facilité, en harmonie avec l'environnement naturel et humain. Les circuits qui bénéficient d'une logistique éprouvée sont guidés par des accompagnateurs professionnels qui ont, ensemble, largement contribué à bâtir la réputation et le succès de Terres d'Aventure. Voyager avec Terres d'Aventure, c'est partir en quête d'émotions et de plénitude, devenir acteur de son voyage. Ainsi, Terres d'Aventure sélectionne des itinéraires authentiques et originaux pour vous faire accéder à l'essentiel, au vrai, au beau. Pour comparer les méthodes utilisées par les deux voyagistes afin d’enrichir le contenu expérientiel de leurs produits, on peut utiliser la matrice établie par Holbrook sur la base d’une étude qu’il avait réalisée avec Corfman en 1985. Ils avaient retenu trois critères pour différencier les types de jugement de préférence : § La valeur d’un produit peut être extrinsèque (son utilité) ou intrinsèque (son effet lors de sa consommation) ; § Les préférences du consommateur peuvent être orientées vers soi ou vers les autres (impact sur l’entourage) ; § Le client peut être actif ou réactif lors de sa consommation, selon qu’il répond ou non à un stimulus envoyé par l’environnement. La combinaison de ces trois critères permet d’identifier huit principaux types de valeur. La matrice est complétée (en vert et bleu) par les moyens utilisés par chaque entreprise pour produire ces différentes valeurs et les intégrés à leur séjour. Une typologie de la valeur (Holbrook-1996) Actif Orienté vers soi Réactif Actif Orienté vers l’autre 1 2 Club Med Terres d’ Aventure Réactif Extrinsèque Efficience : Qualité du buffet et de l’hôtellerie1 Prestations authentiques2 Excellence : Etre heureux Enrichissement culturel Intrinsèque Ludique : Divertissement Explorateur Esthétique : Localisation du village (site paradisiaque) Espaces naturels et vierges Statut : Ethique : Se valoriser socialement Pas d’éthique sur le moment, se particulière montrer Respect de la nature Se valoriser vis à vis de et de la culture, son entourage aspect humanitaire Estime : Spiritualité : Etre cool Esprit club Etre nature Ouverture sur les autres cultures Chacune des deux sociétés a donc développé un éventail d’expériences spécifique et ne vise par conséquent pas la même clientèle. Pour susciter ces émotions chez leurs consommateurs, elles ont alors utilisé des méthodes différentes. B) Les moyens mis en œuvre pour produire et contrôler l’expérience Reprenons la typologie des variables d’action possibles énoncées en première partie : ü Le cadre : pour le Club Med, le but est de proposer des hôtels luxueux de type occidental, particulièrement bien placés et proposant de très nombreuses activités sportives ou pseudo-culturelles. L’enceinte du village est une sorte de frontière qui protège les vacanciers du monde extérieur, de la population autochtone. Tout est fait pour que le club fonctionne en autarcie, les sorties sont très encadrées et limitées. Cela justifie la présence et le nombre de GO (Gentils Organisateurs), qui vont animer le séjour des GM (Gentils Membres). Au contraire, chez « terdav », on est à la recherche de grands espaces, on ne confine pas les touristes dans un endroit clos et auto-suffisant. Le choix d'itinéraires originaux et les contraintes d'un environnement particulier, notamment en zones désertiques, impliquent sur de nombreux circuits le choix de logements simples en bivouac, chez l’habitant, dans des refuges ou auberges, garantissant un niveau de confort « rustique » et un accueil chaleureux. Quant aux accompagnateurs, qui ont également une fonction de guide, ils sont sélectionnés pour leurs qualités techniques (spécialistes d'une aire géographique, d'une culture, parlant souvent la langue locale), mais aussi humaines. ü L’intrigue : au Club Med, le séjour est mis en scène. Les GO organisent des activités de groupe à toute heure de la journée, les soirées sont à thème et les vacances sont présentées comme une fête permanente. Le côté ludique est particulièrement mis en exergue. Le déroulement des activités répond à un programme exempt de toute spontanéité. Les clients recréent au sein du village un rythme de vie proche de celui du quotidien. Pour Terres d’Aventure, les circuits permettent aux vacanciers de découvrir de nouveaux horizons, de rencontrer des ethnies vivant dans l’authenticité la plus totale, et la plus dépaysante pour nos citadins. Ceux-ci vont prendre part au déroulement du trekking en apportant leur réflexion à la communauté. Ils s’attendent à un épanouissement psychologique et moral, à vivre, tout simplement. Le nombre réduit de participants permet des échanges intenses basés sur l’ouverture d’esprit et la tolérance. Le touriste va découvrir tout au long de son aventure des lieux vierges et porteurs d’inspiration. ü L’action : au Club Med, les GM sont appelés à participer aux activités sportives, pseudo-intellectuelles, aux soirées et donc à devenir acteurs de leurs propres vacances. Ils vont déterminer par leur comportement une bonne partie de la satisfaction qu’ils retireront de leur séjour. Les vacanciers encadrés par « Terdav » ont des occupations très sportives (la marche à pied), et les soirées ne sont pas organisées autour du jeu mais consacrées à la méditation, à l’échange. La composition du groupe revêt une importance toute particulière puisque l’encadrement est plus limité qu’au Club Med et n’a pas une vocation d’animation à tout prix, mais plutôt d’assistance. Chaque membre va être un élément essentiel de la réussite des vacances, eu égard à la petitesse du groupe (au Club Med les villages accueillent des centaines de GM, contre 15 chez Terres d’Aventure). Ces variables d’action permettent également de contrôler l’expérience. En effet, pour le Club Med, il s’agit de garantir les « 3S » : « sea, sex and sun », symbole du Club depuis sa création. Puisque l’ambiance « village » est un vecteur essentiel des ventes, les GO doivent être sélectionnés pour leur capacité à animer le plus réticent des groupes. Ils sont proches (voire très proches) des clients et doivent percevoir le moindre mécontentement pour y remédier au plus vite. Chez Terres d’Aventure, l’accent est mis sur la compétence des guides. Ils sont en effet placés dans un environnement semihostile avec des inconnus et doivent veiller à ce que le trekking se déroule dans les meilleures conditions possibles. Ils doivent aussi bien pouvoir entretenir une ambiance non conflictuelle que fournir une assistance en cas de problème. Le voyageur veut découvrir une région, jouer à l’explorateur, mais sans prendre les risques qui sont inhérents à ce type d’activité. Il s’attend également à disposer d’un support logistique performant (bivouacs confortables), et à découvrir la zone comme il l’avait imaginée. Cela conduit Terdav à proposer des images finalement stéréotypées des sites. Le marketing va aujourd’hui plus loin en manipulant les sentiments des clients lors de la consommation proprement dite du bien ou du service. Le but est de créer une réaction émotive contrôlée pour obtenir un comportement d’achat particulier. Le marketing expérientiel, dans le domaine du tourisme comme dans d’autre, en est à ses balbutiements et le sujet n’a pas encore été théorisé. Il est distinct du marketing transactionnel (voué à la vente) et du marketing relationnel (relatif à la fidélisation de la clientèle), et rentre encore plus profondément dans le système sensoriel et affectif du consommateur. Mais celui-ci est multiple et il s’avère difficile d’apporter une satisfaction expérientielle identique à des individus différents par nature. Sources : 1_ « Le marketing de la production d’expérience », Marc PILSER, université de Bourgogne. 2_ Les échos, « L’art du management », Bernd H. SCHMITT. (http://www.lesechos.fr/formation/management/articles/articles_5_13.htm) 3_ « Voyage à Tikidad : une analyse d’une situation de consommation expérientielle dans un hôtel-club », Richard LADWEIN, IAE de Lille. 4_ http://www.lexpress.fr 5_ http://www.terdav.com 6_ http://www.clubmed.fr (et www.clubmed.com) 7_ « La valeur du produit aux yeux du consommateur », Philippe AURIER et Gilles N’GOALA (IAE de Montpellier2), Yves EVRARD (HEC, Jouy en Josas). 8_ « Web user experience et marketing expérientiel ». (http://www.axance.com)