Salomé - Comédie de Genève

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Salomé
DE OSCAR WILDE
MISE EN SCÈNE ANNE BISANG
D U 2 2 JA N V IE R A U 10 F ÉV R I ER 2 0 08
m a rdi , v en d re d i, sam ed i 2 0 h
m e rc r ed i, jeu d i 1 9h
d im anche 17h
e n tou rn ée :
T h é ât re K l éb e r- M é le au , L au san n e d u 19 au 2 7 f é v r ie r 20 0 8
T h é ât re d u P a s sa g e , N eu ch ât e l l e s 1 5 et 1 6 m a rs 2 00 8
CONTACT
Bernard Laurent
+ 41 / (0)22 320 50 00
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www.comedie.ch
Stéphanie Chassot
+ 41 / (0)22 809 60 73
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Autour du spectacle…
du 22 janvier au 10 février 2008
Salomé, journal d’images d’une création
exposition de la photographe Hélène Tobler
vernissage 22 janvier à 18h
A la Galerie de la Comédie
entrée libre
du mardi au vendredi de 10h30 à 18h et les soirs de spectacle
jeudi 31 janvier 2008
du texte à la scène: passage à l'acte
entretien d'Arielle Meyer MacLeod avec Anne Bisang
12h30
Au studio
petite restauration sur place
dimanche 10 février 2008
Brunch
animé par Laure Adler
avec Anne Bisang, Mireille Dottin Orsini, agrégée de lettres modernes,
et toute l’équipe de Salomé
dès 11h30
Brunch
Au Café du Théâtre
de 12h30 à 14h
Débat et discussion
avec le public
Animations
pour les enfants avec la Bulle d’Air
dès 12h30
Salomé
de Oscar Wilde
mise en scène Anne Bisang
Assistants à la mise en scène
Dramaturgie
Chorégraphie
Scénographie
Costumes
assistée de
Maquillage/coiffure
Realisation vidéo
Lumière
Musique
Son
Régie générale
Stéphanie Leclercq
Stéphanie Janin
Cisco Aznar
Anna Popek
Anna Van Brée
Grégory Bourrilly
Arnaud Buchs
Alex Baechler
Laurent Junod
Michel Wintsch
Michel Zurcher
Edwige Dallemagne
Jeu :
Elidan ARZONI
Léonard BERTHOLET
Juan BILBENY
Lolita CHAMMAH
Olivia CSIKY TRNKA
Céline GOORMAGHTIGH
Khaled KHOURI
Daniel MARTIN
Philippe PANIZZON
Florian SAPEY
Tigellin, un jeune Romain
Soldat 2
Iokanaan, le prophète
Salomé
la cappadocienne
Hérodias, femme du tétrarque
« le prince »
Hérode Antipas, tétrarque de Judée
le page d’Hérodias
Soldat 1
Production La Comédie de Genève
en tournée :
Théâtre Kléber-Méleau, Lausanne du 19 au 27 février 2008
Théâtre du Passage, Neuchâtel les 15 et 16 mars 2008
Oscar Wilde dramaturge
« du dandy au bagnard »
Virtuose du paradoxe, du mot d’esprit et de la langue, Oscar Wilde fut d’abord un critique
littéraire, avant de devenir ce poète, écrivain, dramaturge qui passera à la postérité. Le
succès théâtral qu’il connut de son vivant fut aussi fulgurant que bref, avec quatre comédies
de mœurs (L’Eventail de Lady Windermere, Une Femme sans importance, Un Mari idéaI et
L’Importance d’être Constant) qui illuminèrent les saisons théâtrales londoniennes et new
yorkaises de 1892 à 1895. Mais son arrestation en mai 1895, à l’issue du procès qui l’oppose
au père de son amant, coupe court à sa consécration d’auteur. L’Angleterre puritaine et
homophobe oublie aussitôt cet auteur condamné à deux années de travaux forcés pour actes
homosexuels. Sa santé fortement détériorée, il s’exilera en France où il meurt trois ans plus
tard des suites de son incarcération à la prison de Reading.
La trajectoire de Salomé suit un autre destin. Écrit en français en 1891 lors d’un séjour à
Paris, ce drame symboliste, inspiré du théâtre de Maeterlinck, est la plus originale des
œuvres de l’auteur. Prévue pour la saison lond onienne de Sarah Bernhardt en 1892, la pièce
est interdite par Lord Chamberlain alors même que les répétitions ont commencé parce qu’elle
met en scène des personnages bibliques. En effet, une loi du 18 è m e siècle luttant contre
l’aspect subversif des mystères interdit la représentation de figures bibliques sur scène.
Sarah Bernhardt y perd l’argent qu’elle a investi et renonce au projet.
Trois ans plus tard Aurélien Lugné-Poe, qui a fondé le Théâtre de l’Œuvre à Paris, décide de
la créer avec Lina Munte dans le rôle-titre et Max Barbier dans celui de Saint-Jean Baptiste.
Oscar Wilde, alors en prison, écrit à son ami Robert Ross : il est précieux qu’en ce temps de
disgrâce et de honte je puisse encore être considéré comme un artiste. Je voudrais en
éprouver plus de plaisir ; mais il me semble être mort à tout sentiment, excepté ceux
d’angoisse et de désespoir. Néanmoins, faites savoir, je vous prie, à Lugné-Poe que je suis
sensible à l’honneur qu’il m’a fait.
La première mondiale de Salomé a lieu en février 1896 en l’absence de l’auteur. Mais la
musicalité de sa prose (Le mot doit tomber comme une perle sur un disque de cristal disait
Sarah Bernhardt) et la force poétique de ses métaphores vont peu à peu asseoir la réputation
de l’auteur et gagner l’Allemagne. Max Reinhardt la monte au Kleines Theater de Berlin en
1902, puis en 1903 au Neues Theater. En 1905 c’est au tour de Richard Strauss de composer
un opéra sur la base du texte de Wilde, une œuvre volcanique, cruelle et sensuelle à
l’extrême [… qui] fit scandale et fut même interdite jusqu’en 1910 sur les scènes de GrandeBretagne. En Angleterre, la censure dont est victime la Salomé de Wilde est déjouée par de
multiples représentations privées, ceci jusqu’en 1931, année de sa première production
publique. En outre, Steven Berkoff la mettra en scène à plusieurs reprises à Dublin, Londres
et New York.
La Salomé d’Oscar Wilde
Ma Salomé est une mystique, une sœur de Salammbô, une Sainte Thérèse qui adore la
lune.
Oscar Wilde
Parmi les innombrables portraits de Salomé, celle de W ilde détonne par sa vocation quasi
spirituelle. Étrange destin que celui d’une jeune femme qui exige l’exécution de l’homme
qu’elle aime et qui se refuse à elle. On la croirait damnée. Pourtant Wilde ne la dépeint pas
comme une femme fatale. À la fois clairvoyante et innocente, sa Salomé n’est jamais ingénue,
ni perverse. Elle cherche l’union mystique à travers le corps de Iokanaan, et méprise sa
religion. Même lorsqu’elle monnaie son corps et son âme, elle parvient à ne pas se corrompre.
Elle apparaît plutôt comme une initiatrice de l’amour et de la spiritualité féminine, à laquelle
le prophète se refuse. Salomé alors se bat pour arracher Iokanaan à la prison de ses mots et
de son Dieu. Contrairement à ses diverses sources bibliques, la Salomé de Wilde agit selon
son propre désir et non pas sur l’instigation de sa mère.
La danse des sept voiles, motif faisant référence au mythe du retour à la vie de la déesse
orientale Ishtar, est aussi une innovation de Wilde, tout comme la mise à mort de Salomé à la
fin de la pièce. Elle devient le personnage ce ntral de la t ragédie, incarnant une figure d’une
liberté et d’une force déroutante, et dotée d’un pouvoir transgressif extrême qui la mène à la
mort.
Stéphanie Janin
dramaturge
Note d’intention
Dans mes recherches autour de cette œuvre singulière d'Oscar Wilde, une référence
s'impose: Le film muet de Charles Bryant réalisé en 1923 à Hollywood avec la russe Alla
Nazimova dans le rôle de Salomé. Le film connaît à l'époque un retentissant échec public.
Pourtant Nazimova est une star du moment à l'égale de la Duse ou de Sarah Bernhardt.
Le décor théâtral sous l'influence de l'Art Nouveau, réalisé par l'adaptatrice de la pièce de
Wilde, Natacha Rambova, l'excentrisme des costumes et coiffures, le jeu des acteurs
délicieusement ambigus confèrent à cette version de la pièce une fraîcheur et un humour
inattendus qui n'enlèvent rien ni à la cruauté du mythe ni à l'étrange inconfort de la pièce de
Wilde.
Le poème très concentré de Wilde inspiré de Flaubert et de Maeterlinck offre un champ de
jeux multiples entre symbolisme, humour noir et décalages burlesques sans renoncer à la
brutalité des confrontations entre Salomé et Hérode, figure de pouvoir malicieusement
contemporaine et le redoutable prophète Iokanaan qui n'a rien à envier aux sinistres
intégristes de notre époque.
Truffé d'oxymores aux emboitements vertigineux, la pièce de Wilde traduit l'insolente
virtuosité d'un artiste précurseur d'un « art de la catastrophe », à l'instar d'un de ses brillants
compatriotes actuels, Howard Barker, que j'ai eu le bonheur de monter les pièces à deux
reprises.
C'est dans cette continuité que s'inscrit le dé sir de ce projet: celui d'un théâtre soucieux
d'une démarche formelle contemporaine qui provoque plus de division que de consensus, plus
de rage que d'autosatisfaction.
Mon attachement depuis toujours au silence au théâtre fait pencher aujourd'hui ma curiosité
vers ce cinéma muet peuplé d'une faune inconsciente et de forces souterraines, les mêmes
peut être qui semblent sourdre de la volcanique Salomé de Wilde.
Mon enfance, bercée par les cabrioles tragiques de Charlot, Laurel et Hardy ou encore Buster
Keaton revient me donner le goût de ces mythes contemporains où l'innocence triomphe du
pouvoir et se moque avec un orgueilleux panache de sa propre vulnérabilité.
N'est-ce pas d'ailleurs
ce même paradoxe de l'enfance toute puissante dans laquelle se
projette Wilde sous les traits de son héroïne princière à quelques heures de se faire écraser
par la machine judiciaire lors du sordide procès
pour homosexualité, qu'ironie du sort, il
aurait évité s'il n'avait préjugé de ses forces de dandy flamboyant en attaquant le père de son
jeune amant.
Wilde/Salomé ne cesseront de cohabiter dans cette figure violemment charnelle. Le silence
enveloppera cet univers où la parole jaillit comme une lave impossible à contenir, entraînant
chaque protagoniste vers des excès aussi enivrants que destructeurs.
Le pouvoir défié par la jeunesse en éveil
La pièce de Wilde est un millefeuille gourmand élaboré à partir du mythe lacunaire de Salomé.
Histoire ancestrale, naissance du christianisme, pr ovocation du plus faible envers le plus fort,
Wilde se délecte d'une trame à peine évoquée dans la Bible pour y tisser ses projections
biographiques et ses coups de griffe envers la société victorienne.
Mais son trait léger d'esthète insolent exacerbe son talent de poète et révèle une profondeur
shakespearienne dans une œuvre à laquelle la figur e de Salomé doit sa persistance à travers
les décennies.
De toutes les résistances, celle dont le pouvoir a de tout temps eu du mal à triompher
dignement, c'est de celle de la jeunesse quand celle-ci se montre lucide, indocile mue par un
désir de vivre inextinguible.
La Salomé de Wilde tord le cou à l'image caricaturale de la femme fatale pour en finir avec
elle. Ici, Salomé est son propre sujet et, à l'instar des jeunes révoltés des banlieues ou des
tribus de « émos » revendiquant une sensibilit é à fleur de peau, elle préfigure, indomptable
et sans concession, la pierre d'achoppement contre laquelle bute le pouvoir réduit à l'exercice
d'une vaine répression.
Wilde célèbre l'éveil du désir, sa subversion dans des corps jeunes et vierges de tout calcul.
Avec son allure solide et entière, sa voix chaude et passionnée, la jeune Lolita Chammah sera
cette adolescente fauve et fragile prête à tout plutôt que de renoncer à l'appel puissant de
l'inconnu. Telle Juliette, c'est avec la mort en définitive qu'elle danse ses épousailles avec
elle-même…
Anne Bisang
Le théâtre
pour émanciper l’imaginaire
Qu’est-ce qu’un homme révolté ? Un homme qui dit non.
Albert Camus
Entretien avec Anne Bisang autour d’une figure de la révolte.
EVA COUSIDO Pourquoi monter Salomé aujourd’hui ?
ANNE BISANG Salomé s’inscrit dans une trilogie imaginaire de figures d’adolescents au
caractère jusqu’au-boutiste, que j’ai déjà abordées dans mes précédentes créations, en
particulier Roméo et Juliette et Sainte Jeanne. J’ai une fascination pour ce moment de la vie
qu’est l’adolescence et pour ses comportements résolument subversifs. La quête d’absolu y
est sous-tendue par une attirance pour la mort, plus encore, par un principe de
transcendance. Ces trois pièces dessinent des personnages qui aspirent à un autre monde.
EC Au fond, c’est cette force transgressive de l’adolescence qui rend Salomé universelle et
contemporaine, la dépoussiérant des références bibliques ?
AB Oui, Salomé est de toutes les adolescences. Je pense notamment aux jeunes des
banlieues abandonnées: leur révolte tient le pouvoir en échec. La seule réponse de celui-ci
est la répression ou la fuite. À l'instar de ces jeunes, Salomé fait vaciller le pouvoir et ses
vanités condescendantes. Elle n’est toutefois ni un modèle ni une héroïne. Elle interroge, elle
dérange.
Mais c'est aussi le texte de Wilde qui offre à cette figure son statut de mythe et la réhabilite.
C'est une écriture profondément contemporaine où les sens sont déroutés; une écriture
musicale, incantatoire, presque hypnotique. Pierre unique dans l’œuvre de Wilde, il y montre
une infinie liberté de créateur, qui ne craint ni la rupture avec la société dans laquelle il vit, ni
avec sa propre démarche d’auteur.
EC Que faire du mythe de femme fatale qui colle à Salomé ?
AB En finir! La désigner comme femme fatale, c’est lui refuser sa position de sujet et la
maintenir dans un statut d'objet – objet du désir masculin. Or, si la Salomé de Wilde est
subversive, c’est qu’elle est celle qui dit non pour affirmer son propre désir.
Un désir qui ne refoule ni sa violence ni son aspiration spirituelle. Ici, Salomé marie violence
et spiritualité réconciliant peut-être les femmes avec leur part d'agressivité dont le
christianisme les a spoliées. En effet, dans d’autres panthéons, on trouve des divinités
belliqueuses, chargées d’une puissance destructrice, comme Isis, Kali, Junon. Ce sont les
pères de l'Église qui ont créé la femme fatale et vénéneuse. En travestissant sa part guerrière
sous des vêtements indignes, n'est-ce pas la part créatrice des femmes qu'ils déniaient?
EC « Faire confiance à l’art ». Lors d’une de nos précédentes discussions, vous me disiez
cela par rapport à la création de cette œuvre.
AB L'empreinte musicale et poétique de la pièce est tellement forte qu'elle invite d'abord à la
réflexion formelle. Si j'ai souvent privilégié une immédiateté entre la scène et la salle et une
prédominance du sens dans mon travail, je cherche aujourd'hui à me débarrasser de certaines
inquiétudes.
Je crois que le théât re gagne à se réapproprier l'art de l'illusion en se distançant de
l'ordinaire. Le théâtre n’est pas du journalisme. Même s’il invite au débat, il doit affirmer sa
fonction de créateur de poésie, reconquérir son espace de transcendance. Pour émanciper la
pensée et l’imaginaire.
EC Mais comment diriger les acteurs sur une œuvre symboliste, loin de toute psychologie ?
AB La pièce est construite à partir de situations très concrètes, admirablement agencées.
Parfois traversée par un souffle shakespearien, elle mêle les registres tragique et comique.
Son écriture exige un travail sur la musicalité de la langue et ouvre à une dimension très
sensuelle, d’où ma collaboration avec le chorégraphe Cisco Aznar pour le travail des corps. À
mille lieues du mental, il s’agit d’inventer une autre manière de percevoir.
EC D’où votre choix de Lolita Chammah pour incarner une Salomé qu’on imagine volontiers
plus liane, plus vaporeuse ?
AB Ce qui émane de Lolita Chammah est sans doute en rupture avec la caricature de Salomé,
et c'est tant mieux. Elle amène sur scène une forme de gravité encore enfantine, une densité
très particulière, par sa voix et un rapport au texte très charnel. Avec Daniel Martin - acteur
virtuose – en Hérode, la fameuse négociation de la danse promet d'être un moment de
vertige.
EC Malgré sa poésie et sa fulgurance tragique, le texte comporte une touche comique
affirmée. Or la présence du burlesque est frappante au fil de vos mises en scène.
AB C'est vrai que je résiste difficilement au comique. L'excès de sérieux est étouffant. Dans
mon travail les dérapages burlesques sont autant de décentrements du sens. Le comique
apporte une distance qui remet en question la représentation d'une certaine façon. Il est aussi
une liberté redistribuée au spectateur, car le rire étant très physique, il sollicite et remet en
jeu le corps. Les spectacles qui travaillent sur la fascination d’un bout à l’autre ont un
caractère totalitaire que l’irruption du burlesque déjoue.
Le regard de Cisco Aznar
chorégraphe
Cisco Aznar, danseur d’origine espagnole, s’est établi en Suisse suite à un engagement au
Ballet Béjart. Depuis 1993, il développe un travail de chorégraphe, marqué par un imaginaire
foisonnant, fait d'inventivité et d'une mystérieuse singularité.
EC Cisco Aznar, quel rapport entretenez-vous avec le langage théâtral ?
CA En fait, je cherche à élaborer un langage poétique où théâtre, mouvement, vidéo, musique
constituent un tout invisible. J’utilise ces différentes techniques non comme des entités
distinctes, mais comme un matériau utile à la création d’un langage unique et singulier,
susceptible d’établir un pont entre mon imaginaire et le public. Ainsi, l’esthétique, le théâtre,
le pouvoir d’expression du mouvement, la musique et les séquences filmées participent d’une
intuition première et s’unissent naturellement à elle. Je crois à la force d’expression du
spectacle
vivant.
En cela
ma
recherche
artistique
s’oppose
à
certaines
tendances
déconstructivistes et abstraites de la danse contemporaine. Même si je fuis la composition
conventionnelle du récit pour butiner dans la complexité des sujets et tenter de créer une
œuvre qui s’adresse à l’intuition des spectateurs et touche au plus profond de leur
expérience.
EC Et Salomé, en avez-vous une vision ?
CA Salomé est une énigme lunaire qui naît dans le désert biblique et qui apaise sa soif dans
l’oasis Wilde. Je me souviens du texte de Norma Desmond dans Sunset Boulevard de Billy
Wilder : « Salomé… quelle femme ! Quel rôle ! La princesse amoureuse d’un saint danse la
danse des sept voiles. Lui la repousse, elle demande sa tête sur un plateau d’argent… et
baise ses lèvres mortes et froides".
Repères biographiques
Anne Bisang
Directrice de La Comédie de Genève depuis 1999, Anne Bisang est une metteure en scène
dont les choix sont marqués par le souci constant d'interroger différentes réalités sociales par
le biais de textes forts et variés, qu'elle appréhende à partir de son esthétique particulière,
souvent décalée et toujours percutante.
La saison dernière elle a mis en scène Ames solitaires de Gerhart Hauptmann, une pièce qui
lui a permis de revenir sur certains des thèmes de Maison de poupée d'Ibsen qu'elle a monté
en 2004, dans lequel elle traquait déjà les fêlures et les tensions de l'espace domestique.
En 2006 elle a créé Mephisto/rien qu'un acteur du jeune Mathieu Bertholet (paru aux éd.
Actes Sud-Papiers en décembre 2006), une pièce qui retrace les destins croisés de Gustaf
Gründgens, acteur phare du III è m e Reich, et des enfants Mann. Le spectacle a été repris en
tournée en 2007, en Suisse romande et au Théâtre des Célestins de Lyon, notamment. Elle
revenait ainsi sur une période tumultueuse de l'histoire qu'elle avait déjà explorée en 1997
dans son Anne-Marie Schwarzenbach ou le mal du pays, spectacle qui racontait la vie d'une
jeune Suissesse antifasciste et morphinomane, amie des enfants Mann. Sur la scène de La
Comédie, elle a aussi mis en scène Sainte Jeanne de Georges Bernard Shaw, La Griffe de
Barker, Roméo et Juliette, de Shakespeare, Les Larmes amères de Petra von Kant de
Fassbinder et Sorcières, texte commandé à Joël Pasquier lors de sa première saison à la tête
de ce théâtre.
C'est en 1987 qu'a débuté son parcours de metteure en scène, lorsqu'elle a fondé la
Compagnie du Revoir dont la première création, W.C. Dames, obtint un succès considérable,
suivi par un mémorable Tableau d'une exécution de Howard Barker en 1996, créé lors d'une
résidence au Théâtre de St-Gervais.
Anna Popek, scénographe
Née en 1971 à Stalowa Wola en Pologne, Anna Popek étudie la peinture et la scénographie à
l'Ecole Supérieure des Beaux Arts à Cracovie.
Peintre et scénographe, Anna Popek a plus de trente productions à son actif, notamment des
pièces de Genet (Splendid's, Les bonnes), Gogol (Le Mariage), Shakespeare (Roméo et
Juliette), Pirandello (Géants des montagnes), Witkiewicz (La Mère, Les cordonniers), ou
encore J.Slowacki (Balladyna, Incorrigibles). Lauréate de prix de scénographie pour La leçon
de Ionesco (2001) et The shape of things de Neil LaBute (2004), elle travaille depuis plus de
15 ans pour différents théâtres et metteurs en scène polonais.
En 2005 elle s'établit à Genève en 2005 où elle rencontre Anne Bisang pour laquelle elle
signe les scénographies de Mephisto/Rien qu'un acteur de Mathieu Bertholet et Âmes
solitaires de Gerhart Hauptmann.
Cisco Aznar, chorégraphe
Né en 1972 à Badalona, en Catalogne, Cisco Aznar est diplômé de l’Ecole d’Art Dramatique et
Chorégraphique de Barcelone. A sa sortie, il représente l’Espagne auprès de l’Atelier
Chorégraphique de l’Union Européenne, à Luxembourg.
En 1992, boursier de l’Atelier Rudra de Maurice Béjart Lausanne, il participe à la création du
ballet «Autour de Faust», et à celle de «Mister Chaplin» avec le Béjart Ballet Lausanne.
Dès 1993 il travaille en tant que danseur et chorégraphe en Europe et en Amérique latine,
notamment avec : Le Grand Théâtre du Liceu, à Barcelone, Julio Bocca et Anna Maria
Stekelmann, à Buenos Aires, Le Grupo Vórtice, au Brésil, la Compagnie Nomades, Paco
Decina, Redha et Philippe Lizon, en Suisse Romande.
En 1998, il en prend la direction artistique de la Compagnie Buissonnière, basée à Lausanne,
pour se dédier à la création de ses propres pièces:
Peter Funk - 1999 Bochorno - 2000 Orlando - 2001 Lunatown - 2001 Lola la Loca - 2003 Parce que je t’aime - 2004 Le Vilain Petit Canard - 2006 Blumenkabarett - 2007
Il a également crée: Adan y Pepa pour Grupo Vórtice - 1998 Sleep, sleep my sweet monsters
pour l'Ecole de rythmique du Conservatoire de Bienne - 2001 Concert en 5 actes pour le group
Boulouris 5 - 2005 Coppélia pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève - 2006.
En qualité de professeur, Cisco Aznar a enseigné la danse classique et contemporaine et
animé divers ateliers chorégraphiques. Notamment à Barcelone, au Brésil, à l'Académie
Nationale d'Art Dramatique et de Cinéma de Sofia et au conservatoire de Bienne en Suisse.
Cisco Aznar a obtenu:
Le Prix du meilleur spectacle du Festival de Danse del Triangulo Mineiro (Brésil) pour Adán y
Pepa en 1998.
Le Prix Jeunes Créateurs pour la Danse de la Fondation Vaudoise, en 2003.
Le contrat de Confiance de la Ville de Lausanne, de l’Etat de Vaud et de Pro Helvetia, à partir
de 2007, dans le cadre du Projet Danse.
Michel Wintsch, compositeur
Pianiste et compositeur, Michel Wintsch puise une inspiration sans cesse renouvelée aux
sources de ses multiples appartenances musicales. Alliant la liberté de l’improvisation aux
rigueurs de l’écriture orchestrale, la virtuosité instrumentale aux techniques numériques de
montage et de mixage sonore, il choisit une démarche syncrétique et poétique. Il adopte u n
système de composition qui laisse une part majeure de créativité à ses partenaires musiciens,
et pourtant définit un style qui lui est propre. Il tourne entre autre avec le WHO trio (Gerry
Hemingway et Bänz Oester) depuis 10 ans dans le monde. Il a publié de nombreux disques et
joués notamment avec Fred Frith, Han Bennink, Ray Anderson etc...). Comme compositeur, il
travaille pour le cinéma (Alain Tanner), le théâtre, la radio, le ballet, ainsi que pour de
nombreux projets musicaux.
Alex Baechler, vidéaste
Né en 1974, Alex Baechler termine la School of Visual Arts de New York en 1999.
Après avoir produit et réalisé de nombreux travaux publicitaires et promotionnels, notamment
dans le cadre de la société de production qu’il a dirigée aux Etats-Unis, il se tourne au début
des années 2000 vers la réalisation de créat ions vidéo. C’est à ce titre qu’il collabore
notamment avec le Montreux Jazz Festival, le Paléo Festival, le Festival de la Bâtie (2002) et
qu’il conçoit une performance pour la Nuit de la Science.
Il aborde le monde du théâtre avec Bob Wilson, pour lequel il gère les aspects vidéo de ses
spectacles.
Salomé est la troisième collaboration avec Anne Bisang, après La Griffe de Howard Barker, et
Les larmes amères de Petra von Kant de Rainer W. Fassbinder.
Les acteurs
Elidan Arzoni
Né en 1969, il fait ses débuts à l'opéra à l'âg e de 5 ans et chante comme enfant des rôles
solistes dans des opéras et opérettes de Britten, Janacek, Kalman et Menotti.
Devenu comédien, il travaille, entre autres, avec Claude Stratz (Ce soir on improvise de Luigi
Pirandello et Monsieur Bonhomme et les incendiaires de Max Frisch), Michel Deutsch (Hamletmachine et Germania 3 de Heiner Müller), Omar Porras (Ay! QuiXote d'après Cervantès),
André Steiger (Opération Véga de Friedrich Dürrenmatt et On va parler de Watt Mer d’après
Alain-Pierre Pillet), Bernard Bloch (Dehors / Dedans de Tom Murphy) ou Anne-Cécile Moser
(Songe d’une nuit d’été de Shakespeare), qui le font jouer, notamment, sur les scènes de la
Comédie de Genève, du Théâtre Le Poche, du Théâtre St-Gervais, de l'Athénée-Théâtre Louis
Jouvet de Paris, du MC93 Bobigny et du Barbican Centre de Londres.
De plus, Il a été assistant à la mise en scène au théâtre pour Omar Porras ( L’histoire du
soldat de Ramuz / Stravinsky) et André Steiger ; à l’opéra pour Michel Deutsch (Wozzeck de
Berg à l’Opéra de Nancy) et Claude Stratz (La Bohème de Puccini à l’Opéra de Lausanne).
En 2008, il mettra en scène Huis clos de Jean-Paul Sartre à Genève.
Léonard Bertholet
Né en 1981, Léonard Bertholet est diplômé de la section professionnelle d’art dramatique du
Conservatoire de Lausanne. Il a lu Homophoby ou comment réagir à ça de Mathieu Bertholet à
la Comédie de Genève, a joué dans Laurel et Hardy vont au Paradis de Paul Auster, mis en
scène par Muriel Imbach, au Théâtre du Moulin-Neuf à Aigle et a participé aux trois dernières
créations de la Compagnie Buissonnière, Parce que je t’aime (au Théâtre de Vidy), Le Vilain
Petit Canard (au Petit Théâtre de Lausanne) et Blumenkabarett (à la Grange de Dorigny). Il a
été un des cinq comédiens du Collectif1 au Théâtre du Grütli. Il a également participé aux
deux derniers projets de Mathieu Bertholet dans le cadre des CSH au Théâtre du Grütli, les
Sunset Piscine Girls et les Shadow Houses.
Juan Bilbeny
Né en 1972, il suit une formation de comédien en Section Supérieur d’Art Dramatique à
Lausanne (SPAD) dont il sort diplômé en 1995.
Depuis, il a joué notamment sous la direction de Françoise Courvoisier (7 Péchés ou une vie
de théâtre, Aimer Mourir d’après Marguerite Duras, Mal de mère, Vous vivrez comme des
porcs de John Arden), Isabelle Bonillo (Mercedes de Thomas Brasch), Jacques Roman (La
Reconstitution de Bernard Noël, Yalta), ou encore Jean-Laurant Cochet (Le Nouveau
Testament de Sacha Guitry), Philippe Mentha (Capitaine Karageuz de Louis Gaulis, La
Mouette de Anton Tchekhov), Gisèle Sallin (Frank V de Friedrich Dürrenmatt) et Emmanuel
Demarcy-Mota (Les Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello). En 2006, il joue
une première fois sous la direction de Anne Bisang ( Mephisto/rien qu’un acteur de Mathie u
Bertholet).
Au cinéma, il joue dans L’Exode de Raoul Ruiz ainsi que dans plusieurs court-métrages.
Lolita Chammah
Née en 1983, Lolita Chammah suit d’abord un parcours littéraire avec hypokhâgne puis
khâgne avant de terminer ses études universitaires par une licence de philosophie à la
Sorbonne.
Après avoir fréquenté le Conservatoire du Ve arrondissement de Paris, elle est reçue au
concours de l’Ecole Supérieure du Théâtre National de Strasbourg.
Au théâtre, Sarah Le Picard la dirige dans le rôle de Sofia Iegorovna dans Platonov d’Anton
Tchekhov et Coline Serreau dans l’Ecole des femmes au Théâtre de la Madeleine, repris à La
Comédie de Genève en octobre 2006.
Au cinéma, le public a pu la voir aux côtés de sa mère Isabelle Huppert dans Une affaire de
femmes de Claude Chabrol en 1988. Outre les nombreux court-métrages auxquels elle a prêté
son concours, elle a joué dans Malina de Werner Schroeter, 18 ans après de Coline Serreau,
La Vie moderne de Laurence Ferreira Barbosa, L'Intrus de Claire Denis, La vie privée de Zina
Modiano, La vie d’artiste de Marc Fitoussi. Elle termine actuellement « les bureaux de Dieu »
de Claire Simon.
Parallèlement à sa carrière de comédienne, elle pratique le chant, et participe notamment au
disque de l’artiste franco-suisse Edouard Desyon.
Olivia Csiky Trnka
Née en 1980, après des études de lettres et d’histoire de l’art, elle suit l’enseignement de la
Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande dont elle sort diplômée en 2006. Depuis, elle a
participé à plusieurs spectacles et lectures, notamment Nightmare is in the Air mise en scène
de L. Dosch et J-F Mariotti, Mais je suis un Ange!, dont elle écrit le texte et signe la mise en
scène, ou Quitte ou Double écrit et mis en scène par Olivier Francfort.
Céline Goormachtig
Née en 1975, elle est diplômée du Conservatoire d’Art Dramatique de Lausanne.
Au théâtre elle joue sous la direction d’Hélène Cattin dans Le Printemps, La Truite et L’Os,
Fabrice Gorgerat dans La Maison de Bernarda Alba, Domenico Carli dans Notre mère, AgnèsMaritza Boulmer dans Modeste proposition pour soulager les charges de l’Etat et de ses
contribuables,
La
Ceriseraie
et
Propositions
salutaires,
Martine
Jeanneret
et
Lova
Golovtchiner dans Les Nouvelles brèves de comptoirs, Roman Kozac dans Cinzano, Sophie
Gardaz dans Pathos, Georges Guerreiro dans Trois jours de pluie, et Frederik Polier dans Le
Maître et Marguerite, Matthias Langhoff dans Dona Rosita la célibataire ou le langage des
fleurs, Martine Janeret et Lova Golovtchiner dans Désiré, Frédéric Polier dans Kroum
l’éctoplasme, Philippe Cohen dans Le dîner de thons.
De plus elle participe à des créations collectives et fait des lectures.
Elle signe la mise en scène de Personne alitée de Jean-Paul Favre à La Grange de Dorigny.
Au cinéma on peut la voir dans Love Express de Elena Hazanov.
Khaled Khouri
Né en 1977, il achève ses études au Conservatoire Supérieur d’Art Dramatique (ESAD) de
Genève en 2000.
Au théâtre, il joue notamment sous la direction de Georges Guerreiro dans Les derniers jours
de l’humanité de Karl Kraus et Edmond de David Mamet, Lorenzo Mallaguerra dans Antigone
de Sophocle et Don Juan ou l’amour de la géométrie de Max Frich, ou Jean Liermier dans
Peter Pan, ou Andrea Novicov dans Ce que vous voudrez d'après Shakespeare.
A l’écran, on le voit dans les films de Lionel Baier, Helena Hazanov ou Claude Goretta.
Daniel Martin
Daniel Martin s'est formé à l'ENSATT et au Conservatoire National Supérieur d'Art
Dramatique, où il fut notamment l'élève d'Antoine Vitez.
Au théâtre, on a pu le voir récemment dans Le Kaddish de Grigori Gorine mise en scène de
Youlia Zimina et Les Animaux ne savent pas qu'ils vont mourir de Pierre Desproges, sous la
direction de Michel Didym. Il a également travaillé avec de prestigieux metteurs en scène tels
Daniel Mesguich, Antoine Vitez ou Claude Régy.
De plus, il a signé des mises en scène, notamment Mariage de Gombrowicz et Sous les
boulingrins bleus, montés à Chaillot. En 1995, il a présenté Jacob et Joseph de Bruno Schulz
au Festival d’Avignon.
Au cinéma, on a pu le voir dans La petite bande de Michel Deville, L’Orchestre rouge de
Jacques Rouffio, Maman de Romain Goupil, ainsi que dans de nombreux autres films et
téléfilms.
Philippe Panizzon
Né en 1980, il suit l’enseignement de la Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande dont il est
sorti diplômé EN 2006. Parmi les metteurs en scène qui l’ont dirigé, on peut noter Robert
Wilson dans Travail sur Faust de Charles Gounod, Denis Maillefer dans La première fois,
Julien Mages dans Cadre Division ou Jean-Yves Ruf dans Kroum l’Ectoplasme de Hanokh
Levin.
En 2007, il joue dans Du Joux, long-métrage de Lionel Baier
Florian Sapey
Né en 1973, il suit une formation de clown et de commedia dell’arte.
Au théâtre, il a travaillé notamm ent avec Didier Carrier dans La vierge froide et autres
racontars, Pierre Naftule dans La Revue, Oskar Gomez-Mata dans Sin titulo, Gérard Demierre
dans Pinocchio, Christophe Rauck
dans L’affaire de la rue Lourcine, Anne Bisang
Malbouffe.
En 2004, il participe notamment à la tournée suisse du Cirque Knie.
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