Salomé DE OSCAR WILDE MISE EN SCÈNE ANNE BISANG D U 2 2 JA N V IE R A U 10 F ÉV R I ER 2 0 08 m a rdi , v en d re d i, sam ed i 2 0 h m e rc r ed i, jeu d i 1 9h d im anche 17h e n tou rn ée : T h é ât re K l éb e r- M é le au , L au san n e d u 19 au 2 7 f é v r ie r 20 0 8 T h é ât re d u P a s sa g e , N eu ch ât e l l e s 1 5 et 1 6 m a rs 2 00 8 CONTACT Bernard Laurent + 41 / (0)22 320 50 00 [email protected] www.comedie.ch Stéphanie Chassot + 41 / (0)22 809 60 73 [email protected] Autour du spectacle… du 22 janvier au 10 février 2008 Salomé, journal d’images d’une création exposition de la photographe Hélène Tobler vernissage 22 janvier à 18h A la Galerie de la Comédie entrée libre du mardi au vendredi de 10h30 à 18h et les soirs de spectacle jeudi 31 janvier 2008 du texte à la scène: passage à l'acte entretien d'Arielle Meyer MacLeod avec Anne Bisang 12h30 Au studio petite restauration sur place dimanche 10 février 2008 Brunch animé par Laure Adler avec Anne Bisang, Mireille Dottin Orsini, agrégée de lettres modernes, et toute l’équipe de Salomé dès 11h30 Brunch Au Café du Théâtre de 12h30 à 14h Débat et discussion avec le public Animations pour les enfants avec la Bulle d’Air dès 12h30 Salomé de Oscar Wilde mise en scène Anne Bisang Assistants à la mise en scène Dramaturgie Chorégraphie Scénographie Costumes assistée de Maquillage/coiffure Realisation vidéo Lumière Musique Son Régie générale Stéphanie Leclercq Stéphanie Janin Cisco Aznar Anna Popek Anna Van Brée Grégory Bourrilly Arnaud Buchs Alex Baechler Laurent Junod Michel Wintsch Michel Zurcher Edwige Dallemagne Jeu : Elidan ARZONI Léonard BERTHOLET Juan BILBENY Lolita CHAMMAH Olivia CSIKY TRNKA Céline GOORMAGHTIGH Khaled KHOURI Daniel MARTIN Philippe PANIZZON Florian SAPEY Tigellin, un jeune Romain Soldat 2 Iokanaan, le prophète Salomé la cappadocienne Hérodias, femme du tétrarque « le prince » Hérode Antipas, tétrarque de Judée le page d’Hérodias Soldat 1 Production La Comédie de Genève en tournée : Théâtre Kléber-Méleau, Lausanne du 19 au 27 février 2008 Théâtre du Passage, Neuchâtel les 15 et 16 mars 2008 Oscar Wilde dramaturge « du dandy au bagnard » Virtuose du paradoxe, du mot d’esprit et de la langue, Oscar Wilde fut d’abord un critique littéraire, avant de devenir ce poète, écrivain, dramaturge qui passera à la postérité. Le succès théâtral qu’il connut de son vivant fut aussi fulgurant que bref, avec quatre comédies de mœurs (L’Eventail de Lady Windermere, Une Femme sans importance, Un Mari idéaI et L’Importance d’être Constant) qui illuminèrent les saisons théâtrales londoniennes et new yorkaises de 1892 à 1895. Mais son arrestation en mai 1895, à l’issue du procès qui l’oppose au père de son amant, coupe court à sa consécration d’auteur. L’Angleterre puritaine et homophobe oublie aussitôt cet auteur condamné à deux années de travaux forcés pour actes homosexuels. Sa santé fortement détériorée, il s’exilera en France où il meurt trois ans plus tard des suites de son incarcération à la prison de Reading. La trajectoire de Salomé suit un autre destin. Écrit en français en 1891 lors d’un séjour à Paris, ce drame symboliste, inspiré du théâtre de Maeterlinck, est la plus originale des œuvres de l’auteur. Prévue pour la saison lond onienne de Sarah Bernhardt en 1892, la pièce est interdite par Lord Chamberlain alors même que les répétitions ont commencé parce qu’elle met en scène des personnages bibliques. En effet, une loi du 18 è m e siècle luttant contre l’aspect subversif des mystères interdit la représentation de figures bibliques sur scène. Sarah Bernhardt y perd l’argent qu’elle a investi et renonce au projet. Trois ans plus tard Aurélien Lugné-Poe, qui a fondé le Théâtre de l’Œuvre à Paris, décide de la créer avec Lina Munte dans le rôle-titre et Max Barbier dans celui de Saint-Jean Baptiste. Oscar Wilde, alors en prison, écrit à son ami Robert Ross : il est précieux qu’en ce temps de disgrâce et de honte je puisse encore être considéré comme un artiste. Je voudrais en éprouver plus de plaisir ; mais il me semble être mort à tout sentiment, excepté ceux d’angoisse et de désespoir. Néanmoins, faites savoir, je vous prie, à Lugné-Poe que je suis sensible à l’honneur qu’il m’a fait. La première mondiale de Salomé a lieu en février 1896 en l’absence de l’auteur. Mais la musicalité de sa prose (Le mot doit tomber comme une perle sur un disque de cristal disait Sarah Bernhardt) et la force poétique de ses métaphores vont peu à peu asseoir la réputation de l’auteur et gagner l’Allemagne. Max Reinhardt la monte au Kleines Theater de Berlin en 1902, puis en 1903 au Neues Theater. En 1905 c’est au tour de Richard Strauss de composer un opéra sur la base du texte de Wilde, une œuvre volcanique, cruelle et sensuelle à l’extrême [… qui] fit scandale et fut même interdite jusqu’en 1910 sur les scènes de GrandeBretagne. En Angleterre, la censure dont est victime la Salomé de Wilde est déjouée par de multiples représentations privées, ceci jusqu’en 1931, année de sa première production publique. En outre, Steven Berkoff la mettra en scène à plusieurs reprises à Dublin, Londres et New York. La Salomé d’Oscar Wilde Ma Salomé est une mystique, une sœur de Salammbô, une Sainte Thérèse qui adore la lune. Oscar Wilde Parmi les innombrables portraits de Salomé, celle de W ilde détonne par sa vocation quasi spirituelle. Étrange destin que celui d’une jeune femme qui exige l’exécution de l’homme qu’elle aime et qui se refuse à elle. On la croirait damnée. Pourtant Wilde ne la dépeint pas comme une femme fatale. À la fois clairvoyante et innocente, sa Salomé n’est jamais ingénue, ni perverse. Elle cherche l’union mystique à travers le corps de Iokanaan, et méprise sa religion. Même lorsqu’elle monnaie son corps et son âme, elle parvient à ne pas se corrompre. Elle apparaît plutôt comme une initiatrice de l’amour et de la spiritualité féminine, à laquelle le prophète se refuse. Salomé alors se bat pour arracher Iokanaan à la prison de ses mots et de son Dieu. Contrairement à ses diverses sources bibliques, la Salomé de Wilde agit selon son propre désir et non pas sur l’instigation de sa mère. La danse des sept voiles, motif faisant référence au mythe du retour à la vie de la déesse orientale Ishtar, est aussi une innovation de Wilde, tout comme la mise à mort de Salomé à la fin de la pièce. Elle devient le personnage ce ntral de la t ragédie, incarnant une figure d’une liberté et d’une force déroutante, et dotée d’un pouvoir transgressif extrême qui la mène à la mort. Stéphanie Janin dramaturge Note d’intention Dans mes recherches autour de cette œuvre singulière d'Oscar Wilde, une référence s'impose: Le film muet de Charles Bryant réalisé en 1923 à Hollywood avec la russe Alla Nazimova dans le rôle de Salomé. Le film connaît à l'époque un retentissant échec public. Pourtant Nazimova est une star du moment à l'égale de la Duse ou de Sarah Bernhardt. Le décor théâtral sous l'influence de l'Art Nouveau, réalisé par l'adaptatrice de la pièce de Wilde, Natacha Rambova, l'excentrisme des costumes et coiffures, le jeu des acteurs délicieusement ambigus confèrent à cette version de la pièce une fraîcheur et un humour inattendus qui n'enlèvent rien ni à la cruauté du mythe ni à l'étrange inconfort de la pièce de Wilde. Le poème très concentré de Wilde inspiré de Flaubert et de Maeterlinck offre un champ de jeux multiples entre symbolisme, humour noir et décalages burlesques sans renoncer à la brutalité des confrontations entre Salomé et Hérode, figure de pouvoir malicieusement contemporaine et le redoutable prophète Iokanaan qui n'a rien à envier aux sinistres intégristes de notre époque. Truffé d'oxymores aux emboitements vertigineux, la pièce de Wilde traduit l'insolente virtuosité d'un artiste précurseur d'un « art de la catastrophe », à l'instar d'un de ses brillants compatriotes actuels, Howard Barker, que j'ai eu le bonheur de monter les pièces à deux reprises. C'est dans cette continuité que s'inscrit le dé sir de ce projet: celui d'un théâtre soucieux d'une démarche formelle contemporaine qui provoque plus de division que de consensus, plus de rage que d'autosatisfaction. Mon attachement depuis toujours au silence au théâtre fait pencher aujourd'hui ma curiosité vers ce cinéma muet peuplé d'une faune inconsciente et de forces souterraines, les mêmes peut être qui semblent sourdre de la volcanique Salomé de Wilde. Mon enfance, bercée par les cabrioles tragiques de Charlot, Laurel et Hardy ou encore Buster Keaton revient me donner le goût de ces mythes contemporains où l'innocence triomphe du pouvoir et se moque avec un orgueilleux panache de sa propre vulnérabilité. N'est-ce pas d'ailleurs ce même paradoxe de l'enfance toute puissante dans laquelle se projette Wilde sous les traits de son héroïne princière à quelques heures de se faire écraser par la machine judiciaire lors du sordide procès pour homosexualité, qu'ironie du sort, il aurait évité s'il n'avait préjugé de ses forces de dandy flamboyant en attaquant le père de son jeune amant. Wilde/Salomé ne cesseront de cohabiter dans cette figure violemment charnelle. Le silence enveloppera cet univers où la parole jaillit comme une lave impossible à contenir, entraînant chaque protagoniste vers des excès aussi enivrants que destructeurs. Le pouvoir défié par la jeunesse en éveil La pièce de Wilde est un millefeuille gourmand élaboré à partir du mythe lacunaire de Salomé. Histoire ancestrale, naissance du christianisme, pr ovocation du plus faible envers le plus fort, Wilde se délecte d'une trame à peine évoquée dans la Bible pour y tisser ses projections biographiques et ses coups de griffe envers la société victorienne. Mais son trait léger d'esthète insolent exacerbe son talent de poète et révèle une profondeur shakespearienne dans une œuvre à laquelle la figur e de Salomé doit sa persistance à travers les décennies. De toutes les résistances, celle dont le pouvoir a de tout temps eu du mal à triompher dignement, c'est de celle de la jeunesse quand celle-ci se montre lucide, indocile mue par un désir de vivre inextinguible. La Salomé de Wilde tord le cou à l'image caricaturale de la femme fatale pour en finir avec elle. Ici, Salomé est son propre sujet et, à l'instar des jeunes révoltés des banlieues ou des tribus de « émos » revendiquant une sensibilit é à fleur de peau, elle préfigure, indomptable et sans concession, la pierre d'achoppement contre laquelle bute le pouvoir réduit à l'exercice d'une vaine répression. Wilde célèbre l'éveil du désir, sa subversion dans des corps jeunes et vierges de tout calcul. Avec son allure solide et entière, sa voix chaude et passionnée, la jeune Lolita Chammah sera cette adolescente fauve et fragile prête à tout plutôt que de renoncer à l'appel puissant de l'inconnu. Telle Juliette, c'est avec la mort en définitive qu'elle danse ses épousailles avec elle-même… Anne Bisang Le théâtre pour émanciper l’imaginaire Qu’est-ce qu’un homme révolté ? Un homme qui dit non. Albert Camus Entretien avec Anne Bisang autour d’une figure de la révolte. EVA COUSIDO Pourquoi monter Salomé aujourd’hui ? ANNE BISANG Salomé s’inscrit dans une trilogie imaginaire de figures d’adolescents au caractère jusqu’au-boutiste, que j’ai déjà abordées dans mes précédentes créations, en particulier Roméo et Juliette et Sainte Jeanne. J’ai une fascination pour ce moment de la vie qu’est l’adolescence et pour ses comportements résolument subversifs. La quête d’absolu y est sous-tendue par une attirance pour la mort, plus encore, par un principe de transcendance. Ces trois pièces dessinent des personnages qui aspirent à un autre monde. EC Au fond, c’est cette force transgressive de l’adolescence qui rend Salomé universelle et contemporaine, la dépoussiérant des références bibliques ? AB Oui, Salomé est de toutes les adolescences. Je pense notamment aux jeunes des banlieues abandonnées: leur révolte tient le pouvoir en échec. La seule réponse de celui-ci est la répression ou la fuite. À l'instar de ces jeunes, Salomé fait vaciller le pouvoir et ses vanités condescendantes. Elle n’est toutefois ni un modèle ni une héroïne. Elle interroge, elle dérange. Mais c'est aussi le texte de Wilde qui offre à cette figure son statut de mythe et la réhabilite. C'est une écriture profondément contemporaine où les sens sont déroutés; une écriture musicale, incantatoire, presque hypnotique. Pierre unique dans l’œuvre de Wilde, il y montre une infinie liberté de créateur, qui ne craint ni la rupture avec la société dans laquelle il vit, ni avec sa propre démarche d’auteur. EC Que faire du mythe de femme fatale qui colle à Salomé ? AB En finir! La désigner comme femme fatale, c’est lui refuser sa position de sujet et la maintenir dans un statut d'objet – objet du désir masculin. Or, si la Salomé de Wilde est subversive, c’est qu’elle est celle qui dit non pour affirmer son propre désir. Un désir qui ne refoule ni sa violence ni son aspiration spirituelle. Ici, Salomé marie violence et spiritualité réconciliant peut-être les femmes avec leur part d'agressivité dont le christianisme les a spoliées. En effet, dans d’autres panthéons, on trouve des divinités belliqueuses, chargées d’une puissance destructrice, comme Isis, Kali, Junon. Ce sont les pères de l'Église qui ont créé la femme fatale et vénéneuse. En travestissant sa part guerrière sous des vêtements indignes, n'est-ce pas la part créatrice des femmes qu'ils déniaient? EC « Faire confiance à l’art ». Lors d’une de nos précédentes discussions, vous me disiez cela par rapport à la création de cette œuvre. AB L'empreinte musicale et poétique de la pièce est tellement forte qu'elle invite d'abord à la réflexion formelle. Si j'ai souvent privilégié une immédiateté entre la scène et la salle et une prédominance du sens dans mon travail, je cherche aujourd'hui à me débarrasser de certaines inquiétudes. Je crois que le théât re gagne à se réapproprier l'art de l'illusion en se distançant de l'ordinaire. Le théâtre n’est pas du journalisme. Même s’il invite au débat, il doit affirmer sa fonction de créateur de poésie, reconquérir son espace de transcendance. Pour émanciper la pensée et l’imaginaire. EC Mais comment diriger les acteurs sur une œuvre symboliste, loin de toute psychologie ? AB La pièce est construite à partir de situations très concrètes, admirablement agencées. Parfois traversée par un souffle shakespearien, elle mêle les registres tragique et comique. Son écriture exige un travail sur la musicalité de la langue et ouvre à une dimension très sensuelle, d’où ma collaboration avec le chorégraphe Cisco Aznar pour le travail des corps. À mille lieues du mental, il s’agit d’inventer une autre manière de percevoir. EC D’où votre choix de Lolita Chammah pour incarner une Salomé qu’on imagine volontiers plus liane, plus vaporeuse ? AB Ce qui émane de Lolita Chammah est sans doute en rupture avec la caricature de Salomé, et c'est tant mieux. Elle amène sur scène une forme de gravité encore enfantine, une densité très particulière, par sa voix et un rapport au texte très charnel. Avec Daniel Martin - acteur virtuose – en Hérode, la fameuse négociation de la danse promet d'être un moment de vertige. EC Malgré sa poésie et sa fulgurance tragique, le texte comporte une touche comique affirmée. Or la présence du burlesque est frappante au fil de vos mises en scène. AB C'est vrai que je résiste difficilement au comique. L'excès de sérieux est étouffant. Dans mon travail les dérapages burlesques sont autant de décentrements du sens. Le comique apporte une distance qui remet en question la représentation d'une certaine façon. Il est aussi une liberté redistribuée au spectateur, car le rire étant très physique, il sollicite et remet en jeu le corps. Les spectacles qui travaillent sur la fascination d’un bout à l’autre ont un caractère totalitaire que l’irruption du burlesque déjoue. Le regard de Cisco Aznar chorégraphe Cisco Aznar, danseur d’origine espagnole, s’est établi en Suisse suite à un engagement au Ballet Béjart. Depuis 1993, il développe un travail de chorégraphe, marqué par un imaginaire foisonnant, fait d'inventivité et d'une mystérieuse singularité. EC Cisco Aznar, quel rapport entretenez-vous avec le langage théâtral ? CA En fait, je cherche à élaborer un langage poétique où théâtre, mouvement, vidéo, musique constituent un tout invisible. J’utilise ces différentes techniques non comme des entités distinctes, mais comme un matériau utile à la création d’un langage unique et singulier, susceptible d’établir un pont entre mon imaginaire et le public. Ainsi, l’esthétique, le théâtre, le pouvoir d’expression du mouvement, la musique et les séquences filmées participent d’une intuition première et s’unissent naturellement à elle. Je crois à la force d’expression du spectacle vivant. En cela ma recherche artistique s’oppose à certaines tendances déconstructivistes et abstraites de la danse contemporaine. Même si je fuis la composition conventionnelle du récit pour butiner dans la complexité des sujets et tenter de créer une œuvre qui s’adresse à l’intuition des spectateurs et touche au plus profond de leur expérience. EC Et Salomé, en avez-vous une vision ? CA Salomé est une énigme lunaire qui naît dans le désert biblique et qui apaise sa soif dans l’oasis Wilde. Je me souviens du texte de Norma Desmond dans Sunset Boulevard de Billy Wilder : « Salomé… quelle femme ! Quel rôle ! La princesse amoureuse d’un saint danse la danse des sept voiles. Lui la repousse, elle demande sa tête sur un plateau d’argent… et baise ses lèvres mortes et froides". Repères biographiques Anne Bisang Directrice de La Comédie de Genève depuis 1999, Anne Bisang est une metteure en scène dont les choix sont marqués par le souci constant d'interroger différentes réalités sociales par le biais de textes forts et variés, qu'elle appréhende à partir de son esthétique particulière, souvent décalée et toujours percutante. La saison dernière elle a mis en scène Ames solitaires de Gerhart Hauptmann, une pièce qui lui a permis de revenir sur certains des thèmes de Maison de poupée d'Ibsen qu'elle a monté en 2004, dans lequel elle traquait déjà les fêlures et les tensions de l'espace domestique. En 2006 elle a créé Mephisto/rien qu'un acteur du jeune Mathieu Bertholet (paru aux éd. Actes Sud-Papiers en décembre 2006), une pièce qui retrace les destins croisés de Gustaf Gründgens, acteur phare du III è m e Reich, et des enfants Mann. Le spectacle a été repris en tournée en 2007, en Suisse romande et au Théâtre des Célestins de Lyon, notamment. Elle revenait ainsi sur une période tumultueuse de l'histoire qu'elle avait déjà explorée en 1997 dans son Anne-Marie Schwarzenbach ou le mal du pays, spectacle qui racontait la vie d'une jeune Suissesse antifasciste et morphinomane, amie des enfants Mann. Sur la scène de La Comédie, elle a aussi mis en scène Sainte Jeanne de Georges Bernard Shaw, La Griffe de Barker, Roméo et Juliette, de Shakespeare, Les Larmes amères de Petra von Kant de Fassbinder et Sorcières, texte commandé à Joël Pasquier lors de sa première saison à la tête de ce théâtre. C'est en 1987 qu'a débuté son parcours de metteure en scène, lorsqu'elle a fondé la Compagnie du Revoir dont la première création, W.C. Dames, obtint un succès considérable, suivi par un mémorable Tableau d'une exécution de Howard Barker en 1996, créé lors d'une résidence au Théâtre de St-Gervais. Anna Popek, scénographe Née en 1971 à Stalowa Wola en Pologne, Anna Popek étudie la peinture et la scénographie à l'Ecole Supérieure des Beaux Arts à Cracovie. Peintre et scénographe, Anna Popek a plus de trente productions à son actif, notamment des pièces de Genet (Splendid's, Les bonnes), Gogol (Le Mariage), Shakespeare (Roméo et Juliette), Pirandello (Géants des montagnes), Witkiewicz (La Mère, Les cordonniers), ou encore J.Slowacki (Balladyna, Incorrigibles). Lauréate de prix de scénographie pour La leçon de Ionesco (2001) et The shape of things de Neil LaBute (2004), elle travaille depuis plus de 15 ans pour différents théâtres et metteurs en scène polonais. En 2005 elle s'établit à Genève en 2005 où elle rencontre Anne Bisang pour laquelle elle signe les scénographies de Mephisto/Rien qu'un acteur de Mathieu Bertholet et Âmes solitaires de Gerhart Hauptmann. Cisco Aznar, chorégraphe Né en 1972 à Badalona, en Catalogne, Cisco Aznar est diplômé de l’Ecole d’Art Dramatique et Chorégraphique de Barcelone. A sa sortie, il représente l’Espagne auprès de l’Atelier Chorégraphique de l’Union Européenne, à Luxembourg. En 1992, boursier de l’Atelier Rudra de Maurice Béjart Lausanne, il participe à la création du ballet «Autour de Faust», et à celle de «Mister Chaplin» avec le Béjart Ballet Lausanne. Dès 1993 il travaille en tant que danseur et chorégraphe en Europe et en Amérique latine, notamment avec : Le Grand Théâtre du Liceu, à Barcelone, Julio Bocca et Anna Maria Stekelmann, à Buenos Aires, Le Grupo Vórtice, au Brésil, la Compagnie Nomades, Paco Decina, Redha et Philippe Lizon, en Suisse Romande. En 1998, il en prend la direction artistique de la Compagnie Buissonnière, basée à Lausanne, pour se dédier à la création de ses propres pièces: Peter Funk - 1999 Bochorno - 2000 Orlando - 2001 Lunatown - 2001 Lola la Loca - 2003 Parce que je t’aime - 2004 Le Vilain Petit Canard - 2006 Blumenkabarett - 2007 Il a également crée: Adan y Pepa pour Grupo Vórtice - 1998 Sleep, sleep my sweet monsters pour l'Ecole de rythmique du Conservatoire de Bienne - 2001 Concert en 5 actes pour le group Boulouris 5 - 2005 Coppélia pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève - 2006. En qualité de professeur, Cisco Aznar a enseigné la danse classique et contemporaine et animé divers ateliers chorégraphiques. Notamment à Barcelone, au Brésil, à l'Académie Nationale d'Art Dramatique et de Cinéma de Sofia et au conservatoire de Bienne en Suisse. Cisco Aznar a obtenu: Le Prix du meilleur spectacle du Festival de Danse del Triangulo Mineiro (Brésil) pour Adán y Pepa en 1998. Le Prix Jeunes Créateurs pour la Danse de la Fondation Vaudoise, en 2003. Le contrat de Confiance de la Ville de Lausanne, de l’Etat de Vaud et de Pro Helvetia, à partir de 2007, dans le cadre du Projet Danse. Michel Wintsch, compositeur Pianiste et compositeur, Michel Wintsch puise une inspiration sans cesse renouvelée aux sources de ses multiples appartenances musicales. Alliant la liberté de l’improvisation aux rigueurs de l’écriture orchestrale, la virtuosité instrumentale aux techniques numériques de montage et de mixage sonore, il choisit une démarche syncrétique et poétique. Il adopte u n système de composition qui laisse une part majeure de créativité à ses partenaires musiciens, et pourtant définit un style qui lui est propre. Il tourne entre autre avec le WHO trio (Gerry Hemingway et Bänz Oester) depuis 10 ans dans le monde. Il a publié de nombreux disques et joués notamment avec Fred Frith, Han Bennink, Ray Anderson etc...). Comme compositeur, il travaille pour le cinéma (Alain Tanner), le théâtre, la radio, le ballet, ainsi que pour de nombreux projets musicaux. Alex Baechler, vidéaste Né en 1974, Alex Baechler termine la School of Visual Arts de New York en 1999. Après avoir produit et réalisé de nombreux travaux publicitaires et promotionnels, notamment dans le cadre de la société de production qu’il a dirigée aux Etats-Unis, il se tourne au début des années 2000 vers la réalisation de créat ions vidéo. C’est à ce titre qu’il collabore notamment avec le Montreux Jazz Festival, le Paléo Festival, le Festival de la Bâtie (2002) et qu’il conçoit une performance pour la Nuit de la Science. Il aborde le monde du théâtre avec Bob Wilson, pour lequel il gère les aspects vidéo de ses spectacles. Salomé est la troisième collaboration avec Anne Bisang, après La Griffe de Howard Barker, et Les larmes amères de Petra von Kant de Rainer W. Fassbinder. Les acteurs Elidan Arzoni Né en 1969, il fait ses débuts à l'opéra à l'âg e de 5 ans et chante comme enfant des rôles solistes dans des opéras et opérettes de Britten, Janacek, Kalman et Menotti. Devenu comédien, il travaille, entre autres, avec Claude Stratz (Ce soir on improvise de Luigi Pirandello et Monsieur Bonhomme et les incendiaires de Max Frisch), Michel Deutsch (Hamletmachine et Germania 3 de Heiner Müller), Omar Porras (Ay! QuiXote d'après Cervantès), André Steiger (Opération Véga de Friedrich Dürrenmatt et On va parler de Watt Mer d’après Alain-Pierre Pillet), Bernard Bloch (Dehors / Dedans de Tom Murphy) ou Anne-Cécile Moser (Songe d’une nuit d’été de Shakespeare), qui le font jouer, notamment, sur les scènes de la Comédie de Genève, du Théâtre Le Poche, du Théâtre St-Gervais, de l'Athénée-Théâtre Louis Jouvet de Paris, du MC93 Bobigny et du Barbican Centre de Londres. De plus, Il a été assistant à la mise en scène au théâtre pour Omar Porras ( L’histoire du soldat de Ramuz / Stravinsky) et André Steiger ; à l’opéra pour Michel Deutsch (Wozzeck de Berg à l’Opéra de Nancy) et Claude Stratz (La Bohème de Puccini à l’Opéra de Lausanne). En 2008, il mettra en scène Huis clos de Jean-Paul Sartre à Genève. Léonard Bertholet Né en 1981, Léonard Bertholet est diplômé de la section professionnelle d’art dramatique du Conservatoire de Lausanne. Il a lu Homophoby ou comment réagir à ça de Mathieu Bertholet à la Comédie de Genève, a joué dans Laurel et Hardy vont au Paradis de Paul Auster, mis en scène par Muriel Imbach, au Théâtre du Moulin-Neuf à Aigle et a participé aux trois dernières créations de la Compagnie Buissonnière, Parce que je t’aime (au Théâtre de Vidy), Le Vilain Petit Canard (au Petit Théâtre de Lausanne) et Blumenkabarett (à la Grange de Dorigny). Il a été un des cinq comédiens du Collectif1 au Théâtre du Grütli. Il a également participé aux deux derniers projets de Mathieu Bertholet dans le cadre des CSH au Théâtre du Grütli, les Sunset Piscine Girls et les Shadow Houses. Juan Bilbeny Né en 1972, il suit une formation de comédien en Section Supérieur d’Art Dramatique à Lausanne (SPAD) dont il sort diplômé en 1995. Depuis, il a joué notamment sous la direction de Françoise Courvoisier (7 Péchés ou une vie de théâtre, Aimer Mourir d’après Marguerite Duras, Mal de mère, Vous vivrez comme des porcs de John Arden), Isabelle Bonillo (Mercedes de Thomas Brasch), Jacques Roman (La Reconstitution de Bernard Noël, Yalta), ou encore Jean-Laurant Cochet (Le Nouveau Testament de Sacha Guitry), Philippe Mentha (Capitaine Karageuz de Louis Gaulis, La Mouette de Anton Tchekhov), Gisèle Sallin (Frank V de Friedrich Dürrenmatt) et Emmanuel Demarcy-Mota (Les Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello). En 2006, il joue une première fois sous la direction de Anne Bisang ( Mephisto/rien qu’un acteur de Mathie u Bertholet). Au cinéma, il joue dans L’Exode de Raoul Ruiz ainsi que dans plusieurs court-métrages. Lolita Chammah Née en 1983, Lolita Chammah suit d’abord un parcours littéraire avec hypokhâgne puis khâgne avant de terminer ses études universitaires par une licence de philosophie à la Sorbonne. Après avoir fréquenté le Conservatoire du Ve arrondissement de Paris, elle est reçue au concours de l’Ecole Supérieure du Théâtre National de Strasbourg. Au théâtre, Sarah Le Picard la dirige dans le rôle de Sofia Iegorovna dans Platonov d’Anton Tchekhov et Coline Serreau dans l’Ecole des femmes au Théâtre de la Madeleine, repris à La Comédie de Genève en octobre 2006. Au cinéma, le public a pu la voir aux côtés de sa mère Isabelle Huppert dans Une affaire de femmes de Claude Chabrol en 1988. Outre les nombreux court-métrages auxquels elle a prêté son concours, elle a joué dans Malina de Werner Schroeter, 18 ans après de Coline Serreau, La Vie moderne de Laurence Ferreira Barbosa, L'Intrus de Claire Denis, La vie privée de Zina Modiano, La vie d’artiste de Marc Fitoussi. Elle termine actuellement « les bureaux de Dieu » de Claire Simon. Parallèlement à sa carrière de comédienne, elle pratique le chant, et participe notamment au disque de l’artiste franco-suisse Edouard Desyon. Olivia Csiky Trnka Née en 1980, après des études de lettres et d’histoire de l’art, elle suit l’enseignement de la Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande dont elle sort diplômée en 2006. Depuis, elle a participé à plusieurs spectacles et lectures, notamment Nightmare is in the Air mise en scène de L. Dosch et J-F Mariotti, Mais je suis un Ange!, dont elle écrit le texte et signe la mise en scène, ou Quitte ou Double écrit et mis en scène par Olivier Francfort. Céline Goormachtig Née en 1975, elle est diplômée du Conservatoire d’Art Dramatique de Lausanne. Au théâtre elle joue sous la direction d’Hélène Cattin dans Le Printemps, La Truite et L’Os, Fabrice Gorgerat dans La Maison de Bernarda Alba, Domenico Carli dans Notre mère, AgnèsMaritza Boulmer dans Modeste proposition pour soulager les charges de l’Etat et de ses contribuables, La Ceriseraie et Propositions salutaires, Martine Jeanneret et Lova Golovtchiner dans Les Nouvelles brèves de comptoirs, Roman Kozac dans Cinzano, Sophie Gardaz dans Pathos, Georges Guerreiro dans Trois jours de pluie, et Frederik Polier dans Le Maître et Marguerite, Matthias Langhoff dans Dona Rosita la célibataire ou le langage des fleurs, Martine Janeret et Lova Golovtchiner dans Désiré, Frédéric Polier dans Kroum l’éctoplasme, Philippe Cohen dans Le dîner de thons. De plus elle participe à des créations collectives et fait des lectures. Elle signe la mise en scène de Personne alitée de Jean-Paul Favre à La Grange de Dorigny. Au cinéma on peut la voir dans Love Express de Elena Hazanov. Khaled Khouri Né en 1977, il achève ses études au Conservatoire Supérieur d’Art Dramatique (ESAD) de Genève en 2000. Au théâtre, il joue notamment sous la direction de Georges Guerreiro dans Les derniers jours de l’humanité de Karl Kraus et Edmond de David Mamet, Lorenzo Mallaguerra dans Antigone de Sophocle et Don Juan ou l’amour de la géométrie de Max Frich, ou Jean Liermier dans Peter Pan, ou Andrea Novicov dans Ce que vous voudrez d'après Shakespeare. A l’écran, on le voit dans les films de Lionel Baier, Helena Hazanov ou Claude Goretta. Daniel Martin Daniel Martin s'est formé à l'ENSATT et au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, où il fut notamment l'élève d'Antoine Vitez. Au théâtre, on a pu le voir récemment dans Le Kaddish de Grigori Gorine mise en scène de Youlia Zimina et Les Animaux ne savent pas qu'ils vont mourir de Pierre Desproges, sous la direction de Michel Didym. Il a également travaillé avec de prestigieux metteurs en scène tels Daniel Mesguich, Antoine Vitez ou Claude Régy. De plus, il a signé des mises en scène, notamment Mariage de Gombrowicz et Sous les boulingrins bleus, montés à Chaillot. En 1995, il a présenté Jacob et Joseph de Bruno Schulz au Festival d’Avignon. Au cinéma, on a pu le voir dans La petite bande de Michel Deville, L’Orchestre rouge de Jacques Rouffio, Maman de Romain Goupil, ainsi que dans de nombreux autres films et téléfilms. Philippe Panizzon Né en 1980, il suit l’enseignement de la Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande dont il est sorti diplômé EN 2006. Parmi les metteurs en scène qui l’ont dirigé, on peut noter Robert Wilson dans Travail sur Faust de Charles Gounod, Denis Maillefer dans La première fois, Julien Mages dans Cadre Division ou Jean-Yves Ruf dans Kroum l’Ectoplasme de Hanokh Levin. En 2007, il joue dans Du Joux, long-métrage de Lionel Baier Florian Sapey Né en 1973, il suit une formation de clown et de commedia dell’arte. Au théâtre, il a travaillé notamm ent avec Didier Carrier dans La vierge froide et autres racontars, Pierre Naftule dans La Revue, Oskar Gomez-Mata dans Sin titulo, Gérard Demierre dans Pinocchio, Christophe Rauck dans L’affaire de la rue Lourcine, Anne Bisang Malbouffe. En 2004, il participe notamment à la tournée suisse du Cirque Knie. dans