donc des axiomes très différents selon le champ adopté, axiomes que 
nous   éviterons   d’opposer   simplement,   pour   y   trouver   une   possible 
complémentarité selon les moments et le contexte. 
La façon qu’a Lacan de considérer le symptôme est non pas de le 
rejeter, mais de faire qu’à travers la cure, il soit assumé le plus possible. 
Le symptôme en psychanalyse renvoie au principe de plaisir-déplaisir 
(Freud, 1986) et à la jouissance qui en découle. Le symptôme exprime le 
refoulement de la castration du sujet, en ce sens que ce dernier refuse le 
manque né de la castration. A travers ce refoulement, le sujet veut se 
vivre encore comme complet et absolu, mais cela l’isole parce que sa 
jouissance est en même temps source d’angoisse, corrélée à la pulsion de 
mort visant un retour à l’inorganique, par la recherche infinie et éperdue 
du même état de plaisir et empêche ainsi une relation de sujet à sujet. 
Elle  tend à  mettre  les autres en position  d’objets à  son service2.  Le 
refoulement de la castration se complait dans une relation imaginaire de 
sujet   à   objet.   Une   telle   jouissance   n’est   pas  acceptable   socialement 
(répréhensible). Pour cette raison, elle est la plupart du temps refoulée 
(renvoie à l’interdit) pour permettre une vie sociale. 
1.2. Une problématique de reconnaissance
Pourtant,   le   symptôme   peut   être   vu   sous   diverses  formes   et 
modalités déclinées, selon ce qu’il exprime, ce qu’il montre dans son 
rapport au réel. Toutes ses expressions ne sont pas égales entre elles. Par 
exemple, l’alcoolisme est considéré comme une maladie psychologique 
et sociale et se trouve donc globalement rejeté ou/et traité. En revanche, 
l’individu qui collectionne les timbres ou  celui qui  est l’objet  d’une 
obsession   moins   nocive   pour   l’entourage,   c’est-à-dire   socialement 
tolérable3,   n’encourra   pas   l’opprobre.   Toutes   ses   déclinaisons   du 
symptôme   semblent   toucher   le   sujet   dans   sa   double   quête   de 
reconnaissance et d’expression de sa souffrance. S’il est vrai que l’idée 
de sens à construire a souvent été mise en avant par les recherches en 
sciences de l’éducation, la question de la reconnaissance du sujet nous 
semble liée à la construction de sens. Se peut-il que la reconnaissance du 
sujet se réduise à la reconnaissance de son symptôme ? 
A cette question pourrait être objectée l’idée de suppression du 
symptôme par  la thérapie  brève. S’il  est établi que le symptôme est 
supprimé, l’individu ne cesse pas cependant de vivre. Ceci ne contredit 
pas pour autant notre questionnement. Bien au contraire, la suppression 
n’interdit   pas   le   déplacement   du   symptôme4,   c’est-à-dire   qu’il   peut 
prendre une autre forme, moins gênante pour l’interaction, ou du moins 
plus discrète. La vie d’un sujet qui ne représente apparemment pas un 
danger pour lui-même ni pour autrui n’interdit pas non plus la possibilité 
2  En épistémologie génétique, les travaux de Piaget ont montré que le bébé 
utilise des conduites de détours (signe d’intelligence) pour parvenir à ses fins. 
La  mère  est   utilisée  en  tant   qu’objet  (d’amour)   pour  la  satisfaction   de  ses 
besoins. 
3 On peut envisager des modalités qui s’exercent dans divers catégories du réel, 
tels   que   le   rapport   au   savoir,   le   travail,   la   famille…,   bref   tout   ce   à   quoi 
l’individu peut consacrer du temps. 
4 Peut-être s’agit-il du patient qui déplace son symptôme et le fait changer de 
forme. L’idée de déplacement tient au fait que le symptôme peut investir une 
autre facette de la vie du patient.