situés entre avril 2004 et juillet 2005 au Guangxi, dans quatre dis-
tricts 2et dans plusieurs groupes sucriers 3.
I. – FORMES ET MÉFORMES DE L’INDUSTRIE SUCRIÈRE CHINOISE
I.1. Le marché dans la problématique territoriale
En 1978, au moment où la Chine lance ses réformes, la production
de sucre est de 2,27 millions de tonnes, dont seulement 251 000 tonnes
pour le Guangxi. En 2003, elle passe à 10,84 millions de tonnes, dont
6,01 millions pour le Guangxi. L’augmentation concomitante de la
consommation (environ 9 kg par an et par habitant) a ainsi provoqué la
constitution d’un marché et donne une opportunité d’étudier sa mise en
place. La démarche est donc empirique : il s’agit d’ouvrir les boîtes
noires du marché et des entreprises afin d’étudier leurs formes de coor-
dination. Le cadre d’une province comme le Guangxi est alors perti-
nent puisque qu’il forme une unité de décision bien délimitée.
La perspective consistant à analyser une industrie ou une filière
dans un cadre géographique précis se démarque des analyses tradi-
tionnelles sur l’économie chinoise qui supposent, généralement, que ce
pays se dirige vers l’économie de marché. Elle dépasse aussi l’alterna-
tive organisation/marché [Williamson (1985)] et considère ce dernier
comme un type spécifique d’organisation : dans un environnement
caractérisé par des coûts de transaction importants (comme en RPC),
l’alternative au marché ne se situe plus (exclusivement) dans la hiérar-
chie, mais dans l’utilisation de réseaux, formels ou informels, qui
relient non seulement les entreprises entre elles (comme dans l’ap-
proche des districts industriels [Becattini (2004)]), mais aussi les
entreprises et les administrations et, au-delà, les individus et les objets
[Callon (1998)]. L’organisation économique est marquée par une
imbrication de l’économique et du social [Granovetter (1985)] et son
LE MARCHÉ DU SUCRE EN CHINE 693
2Les divisions administratives chinoises suivent ce modèle général, avec cependant
des variations innombrables dans le détail : État, provinces, municipalités, districts,
bourgs et cantons. Le terme « autorités locales » s’applique aux districts et aux divisions
administratives inférieures.
3Les entretiens ont été réalisés avec des représentants de la plupart des agents
concernés : paysans, entreprises (managers, CEO, ouvriers), cadres locaux, cadres pro-
vinciaux, etc. Les documents ont été collectés auprès des entreprises (journaux internes,
documents financiers), des gouvernements locaux (documents de politique générale,
journal interne des bureaux du sucre), des autorités provinciales (statistiques, réglemen-
tation). Ils ont été complétés par un dépouillement systématique des journaux locaux et
la recherche de travaux académiques. La place manque pour d’écrire le cadre méthodo-
logique avec plus de précision.