g´en`ere une structure intrins`eque du champ qui int`egre un ensemble de composantes
locales ou globales, `a diff´erentes ´echelles spatiales et temporelles. D´eplacements d’eau
dans les couches fluides externes, d´eformations des plaques tectoniques mobiles, man-
teau convectant, dynamique du noyau : c’est `a l’ensemble de ces ph´enom`enes que
le champ de pesanteur est sensible, de mani`ere int´egrative. Cette sp´ecificit´e fait la
richesse et la complexit´e des mesures gravim´etriques. En nous obligeant `a raisonner
en terme d’´equilibre global du syst`eme Terre, le champ relie les observations multidis-
ciplinaires sur des composantes individuelles au sein d’une analyse dynamique d’ensemble.
Outre renseigner sur les masses, le champ de pesanteur contrˆole ´egalement la Figure
de la Terre, cette surface horizontale globale d’´equilibre gravitationnel sur laquelle l’eau,
au repos, ne coule pas. La distinction entre forme g´eom´etrique et forme gravitationnelle
de la Terre ne s’est faite que progressivement, les deux ´etant initialement confondues en
un ellipsoide. Les premi`eres mesures gravim´etriques, au pendule et par d´eviation de la
verticale, sont d’ailleurs r´ealis´ees dans le cadre d’exp´editions d´edi´ees `a la caract´erisation
de la g´eom´etrie ellipsoidale de la Terre, mais rejoignent un questionnement relatif `a son
int´erieur. La Terre est-elle pleine ou creuse en profondeur ? Pourquoi a-t-elle en premi`ere
approximation la forme d’un fluide `a l’´equilibre hydrostatique ? Quelle est sa densit´e ?
C’est `a partir de l`a que l’on commence `a distinguer entre la forme gravitationnelle et
la forme g´eom´etrique terrestres. Les mesures de pesanteur prennent leur essor, aussi
bien pour d´eterminer la Figure de la Terre, le g´eoide, que pour comprendre et se
repr´esenter l’int´erieur. Toutefois, ces deux objectifs restent assez nettement distincts,
la d´etermination du g´eopotentiel `a partir des mesures gravim´etriques se d´eveloppant
beaucoup ind´ependamment de son analyse en termes de sources g´eophysiques. A la
pr´ecision actuelle et croissante des mesures, l’´ecart entre ces objectifs ne cesse de se
r´eduire : d´eterminer le g´eopotentiel n´ecessite la compr´ehension d’un nombre croissant
de ph´enom`enes physiques qui influent sur les mesures, et inversement, interpr´eter des
variations du champ du point de vue de la g´eodynamique ne peut se faire sans une
connaissance fine des erreurs pouvant affecter les mesures et perturber les mod`eles.
Dans un contexte r´evolutionn´e par le d´eveloppement des techniques spatiales, qui nous
donnent acc`es aux variations spatiales et temporelles du champ `a l’´echelle globale avec
une pr´ecision sans pr´ec´edent, le fil conducteur de mes travaux est port´e par la question
suivante : que pouvons-nous apprendre de la dynamique interne de la Terre `a partir de
l’observation de sa gravit´e ? Pour r´epondre `a cette question, l’originalit´e de ma d´emarche
est : 1) de consid´erer le champ de pesanteur, et d´eterminer sa forme, en tant que grandeur
quadri-dimensionnelle en temps et en espace, en construisant des mod`eles qui int`egrent et
relient ses variations `a diff´erentes ´echelles de temps et d’espace ; 2) en collaboration avec
des physiciens sp´ecialistes de la mesure, des mod´elisateurs et des sp´ecialistes des autres
observables g´eophysiques, d’aborder la question depuis ses implications en termes de
d´eveloppement des syst`emes de mesures jusqu’`a l’application `a l’´etude de la Terre interne.
Je m`ene ainsi des travaux sur les m´ethodes de d´etermination et d’analyse des
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