51es Journées internationales d`endocrinologie clinique

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Écho des congrèsÉ
Paris, 15 et 16 mai 2008
Bertrand Duvillié*
L
es 51es journées Henri-Pierre Klotz ont donné l’occasion aux orateurs de faire le point sur les approches récentes en endocrinologie et de dessiner les
perspectives de telles stratégies. Les thèmes abordés ont
été notamment l’action et l’endocytose des hormones
stéroïdiennes via leurs récepteurs, la modulation de l’activité hormonale par des facteurs environnementaux et
les pathologies endocriniennes auto-immunes. La mise
en place de nouvelles technologies comme la génomique
et la protéomique appliquées à l’endocrinologie a été
décrite, notamment pour analyser et mieux comprendre
les phénotypes et l’étiologie des tumeurs. Enfin, une session a été dédiée aux nouveaux développements thérapeutiques. L’accent a été mis en particulier sur le diabète,
les maladies thyroïdiennes et les cancers endocriniens.
Voici, en bref, les différents points qui ont été traités.
sur la mégaline, une protéine de la famille des récepteurs
aux LDL qui est exprimée dans l’épithélium rénal. En
étudiant les ligands de ce récepteur, ainsi que le phénotype de souris déficientes en mégaline, ces auteurs ont
avancé que la mégaline jouerait un rôle important dans
l’endocytose des hormones stéroïdiennes. Ce modèle
contredit donc le schéma classique dans lequel l’hormone
stéroïde se détache de la protéine porteuse SHBG, pour
diffuser passivement dans la cellule.
Endocytose des stéroïdes sexuels :
un concept revisité
D’après le Dr J. Köhrle, Berlin
D’après le Dr T.E. Willnow, Berlin
La majorité des macromolécules qui pénètrent dans la
cellule se fixent à un récepteur, puis sont endocytées.
Les récepteurs permettant cette internalisation appartiennent en majorité à la famille des récepteurs aux LDL
(low density lipoproteins). Le récepteur aux LDL permet
notamment l’entrée de lipoprotéines riches en cholestérol. À la différence du cholestérol, les hormones stéroïdiennes dérivées du cholestérol, les glucocorticoïdes et les
hormones sexuelles ne sont pas liées à des lipoprotéines
mais circulent dans le sang en formant des complexes
avec des molécules plasmatiques. On pensait jusqu’à
maintenant que les hormones stéroïdiennes pouvaient
pénétrer dans la cellule par un phénomène de diffusion
passive, après s’être détachées de leur protéine de transport. Les travaux du Dr T.E. Willnow remettent en cause
ce concept. En effet, cette équipe a focalisé son attention
* U845/E0363 Inserm, faculté Necker-Enfant malades, Paris.
cho des congrès
51e journées internationales Henri-Pierre Klotz :
un débat sur le futur de l’endocrinologie
• Willnow TE, Hammes A, Nykjaer A. Endocytose des stéroïdes sexuels : hypothèse des hormones libres revisitée. Annales d’endocrinologie 2008;69:101-2.
Environnement et endocrinologie :
le cas de la thyroïde
Dans l’environnement se trouvent des composés chimiques appelés perturbateurs d’hormones ou EDC (endocrine disrupting chemicals), qui peuvent influer sur les
processus hormonaux, même à des concentrations très
faibles. Certains d’entre eux, par exemple les polyphénols, le perchlorate, le nitrate et la fumée de cigarette,
peuvent perturber plus spécifiquement le système thyroïdien. Notamment, ils peuvent entraîner des anomalies
de la régulation de l’hormone thyroïdienne (TH), ce qui
conduit à des défauts du développement, à un hypothyroïdisme et à une croissance anormale de la thyroïde.
Les EDC, qui ont plusieurs molécules cibles dans l’axe
thyroïdien, sont contenus dans les pesticides, certains
cosmétiques et les dérivés végétaux qui sont ajoutés
dans les suppléments nutritionnels. Les cibles majeures
des composés EDC sont le transporteur d’iodure de
sodium (NIS), la thyroperoxydase (TPO), la transthyrétine (TTR), les déiodinases et la famille des récepteurs
de l’hormone thyroïdienne. La déficience en iode dans
de nombreuses zones à travers le monde semble rendre
les individus encore plus sensibles à la toxicité de tels
composés chimiques.
• Köhrle J. Environment and endocrinology. Annales d’endocrinologie.
2008;69:116-22.
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n° 6, novembre-décembre 2008
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Écho des congrès
Écho des congrès
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Traitement du diabète
par les cellules souches
D’après le Dr B. Duvillié, Paris
Le diabète de type 1 est causé par la destruction autoimmune des cellules bêta, productrices d’insuline. À
l’heure actuelle, on traite, mais on ne peut guérir le diabète
de type 1. Plusieurs stratégies sont envisagées pour
atteindre un tel objectif. La première consiste à greffer
des îlots de Langerhans chez les patients, sous réserve
d’une immunosuppression sévère. Un essai clinique mené
à Edmonton (laboratoire du Dr A.M. Shapiro) a montré
un résultat satisfaisant pendant un an après la greffe. En
effet, environ 80 % des patients pouvaient maintenir leur
glycémie à un niveau normal, de façon indépendante de
l’injection d’insuline. À plus long terme (5 ans), seuls
10 % des patients restent indépendants de l’insuline, ce
qui prouve que cette technique mérite d’être améliorée.
La limite majeure de cette approche est la faible disponibilité des cellules bêta provenant de donneurs post
mortem. La deuxième possibilité consiste à induire
la différenciation de cellules bêta à partir de cellules
souches adultes d’un autre organe que le pancréas. Une
équipe israélienne (laboratoire du Dr S. Ferber) a montré
que la surexpression de Pdx1 dans un vecteur adénoviral
permet de différencier des cellules souches ovales du
foie en cellules insulinoproductrices. Toutefois, la rareté
de ces événements de transdifférenciation rend cette
méthode difficile. Enfin, des données très récentes issues
de la collaboration entre le laboratoire du Dr R. Scharfmann et celui du Dr H. Heimberg ont démontré de façon
formelle que, chez la souris, il est possible d’induire
expérimentalement une génération des cellules bêta à
partir de cellules souches présentes dans le pancréas luimême. Afin d’améliorer ces différentes stratégies, nous
étudions le développement du pancréas. En effet, nous
pensons que la compréhension des mécanismes moléculaires qui contrôlent la différenciation des cellules
bêta pourra permettre soit de générer un grand nombre
de cellules bêta in vitro en vue de faire des greffes, soit
d’utiliser de nouvelles molécules pour induire la régénération de cellules insulinoproductrices chez l’adulte.
Nous avons montré notamment que le facteur FGF10
était produit de façon endogène par le mésenchyme du
pancréas embryonnaire chez la souris mais également
chez l’homme. Ce facteur permet d’induire en culture
la prolifération des cellules souches et constitue donc
un nouvel outil pour contrôler l’expansion des cellules
précurseurs pancréatiques in vitro.
• Heinis M, Duvillié B. Le traitement du diabète par les cellules souches. Annales d’endocrinologie 2008;69:143-6.
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n° 6, novembre-décembre 2008
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