Re c h e r c h e Re c he r c he Carte d’identité Primus-Eugen Mullis Après des études de médecine à Fribourg, à Berne et à Vienne, Primus-Eugen Mullis a obtenu son doctorat à l’Université de Berne. Il a ensuite travaillé dans différents hôpitaux en Suisse et en Angleterre et a effectué une spécialisation en pédiatrie; ses spécialités sont les maladies hormonales (endocrinologie) et le diabète chez l’enfant. Depuis 1991, il travaille à la clinique de pédiatrie à Berne, dont il dirige depuis 2000 le service Endocrinologie, diabétologie et métabolisme. Effets à long terme des hormones de croissance Aujourd’hui, on administre des hormones de croissance à de nombreux enfants et adolescents. Les suites de ces traitements ne sont toutefois pas tout à fait claires. Le professeur Primus-Eugen Mullis en étudie les effets à long terme. 8 L’hormone de croissance est indispensable à un développement normal, tout déficit empêchant l’enfant de grandir suffisamment. Le problème peut avoir différentes causes. Il peut survenir notamment après une radiothérapie, lorsque le corps ne produit plus l’hormone de croissance nécessaire. Pour traiter les enfants concernés, on leur administre des hormones de croissance. Les conséquences à long terme de ce traitement sont toutefois mal connues. Il est possible que les hormones en question favorisent la multiplication des cellules cancéreuses et augmentent ainsi le risque de développer un cancer ultérieurement. Collaboration européenne Pour analyser les conséquences de la prise d’hormones de croissance, la Suisse participe à une étude européenne placée sous la direction du professeur Primus-Eugen Mullis, chef du service d’endocrinologie pédiatrique à la Clinique universitaire de pédiatrie à Berne. «Le manque de connaissances sur les effets de ces traitements est notamment lié au faible nombre de patients dans les divers pays, explique-t-il. Nous avons donc décidé de regrouper les données de plusieurs nations européennes pour l’analyse.» Les chercheurs veulent identifier tous les enfants qui ont pris des hormones de croissance depuis 1985. Etant donné que la plupart ont été traités en ambulatoire et que les données n’ont pas été systématiquement archivées dans les cliniques, la tâche n’est pas simple. Les données médicales sont tirées – avec la collaboration des médecins – des renseignements fournis par les patients à l’hôpital. Les chercheurs procèdent également à des enquêtes pour connaître la qualité de vie et la santé au terme du traitement. «Et pour en savoir plus sur la fréquence du cancer et le nombre de décès, nous comparons la statistique de la mortalité de l’Office fédéral de la statistique avec les données des registres cantonaux des tumeurs et du Registre suisse du cancer de l’enfant», complète-t-il. Un registre pour les futures recherches L’étude ne porte toutefois pas seulement sur la situation actuelle. La collecte des données vise à permettre la création d’un registre national qui recense en continu des informations pour les recherches ultérieures une fois l’étude internationale bouclée. A la clinique pédiatrique de Berne, PrimusEugen Mullis s’occupe d’un grand nombre d’enfants qui reçoivent des hormones de croissance. «Pour l’enfant et sa famille, ce traitement est cher, long et contraignant, dit-il. J’aimerais être sûr qu’il est efficace et sans danger à long terme pour qu’il en vaille la peine pour les enfants et les adolescents concernés.» Texte: Dr med. Eva Ebnöther; photo: Peter Schneider 20 millions de francs pour la recherche En 2011, la fondation Recherche suisse contre le cancer, la Ligue suisse contre le cancer et les ligues cantonales et régionales ont soutenu plus de 150 projets de recherche, bourses et organisations à hauteur de 20 millions de francs. «La recherche sur le cancer en Suisse» (édition 2012) est disponible gratuitement en français, en allemand et en anglais, par téléphone au 031 389 91 16 ou à l’adresse scientific-office@ liguecancer.ch ou à la page www.liguecancer.ch/rapportrecherche. 9