
musculaire était un facteur significatif d’erreur. En
effet, les taux d’erreurs de stadification étaient de
49% si la musculeuse n’avait pas été étudiée lors
de la première RTUV, et de 14% si elle avait été
vue.
•Mersdorf a rapporté des résultats similaires dans une
série de 102 RTUV itératives [27]. Dans cette étude,
14% des tumeurs initialement Ta étaient en réalité infil-
trantes T2. De même, 24% des tumeurs initialement T1
étaient reconnues comme T2 par la deuxième RTUV.
•Brauers a observé après 42 RTUV itératives réalisées
pour des tumeurs initialement T1, que 24% d’entre
elles étaient infiltrantes T2 et/ou associées à du carci-
nome in situ, nécessitant un changement de stratégie
thérapeutique [4].
•L’équipe d’Urologie de l’Hôtel Dieu de Nantes a rap-
porté, de 1995 à 1999, 52 patients ayant eu comme pre-
mière manifestation une tumeur de vessie pT1 [32].
Dans tous les cas, la RTUV initiale avait été considérée
comme complète. Trois à cinq semaines plus tard , une
deuxième RTUV a été pratiquée consistant en la résec-
tion du lit de la tumeur initiale et à la réalisation de
biopsies à distance : soit dirigées sur les zones sus-
pectes de CIS soit en quadrant en zones optiquement
saines. Parmi les 52 patients inclus, 19 (36.5%) avaient
une maladie résiduelle lors de la deuxième RTUV :
pT0 = 63.5% (33 patients), pTa = 11.5% (6 patients),
pTis = 3.85% (2 patients), pT1 = 17.3% (9 patients), ≥
pT2 = 3.85% (2 patients). Le tissu tumoral résiduel a
été retrouvé dans le lit de la résection dans 84.2% et sur
un site différent dans 15.8%. La persistance a été signi-
ficativement plus fréquente en cas de tumeur multi-
focale qu’en cas de tumeur unique (57.9% versus
23.0%). Cette série est caractérisée par un faible
nombre de patients pT2 au cours de la deuxième
RTUV. Ceci est lié à ce que tous les patients ont été
réséqués dans le même établissement et n’étaient pas
des patients référés pour un deuxième avis.
Cette attitude de RTUV itérative est utile pour les stades
T1, de haut grade. Pour les stades T2 d’emblée, elle est
rarement réalisée. Elle doit être conseillée dans le cadre
d’un 2ième avis, surtout si la relecture des lames initiales
n’est pas concluante et/ou si une alternative thérapeutique
conservant le réservoir vésical est envisagée. Dans une
étude où une RTUV itérative après diagnostic de tumeur
T2 était systématiquement réalisée, Herr a observé du
tissu tumoral résiduel dans 69 % des cas [20]. Dans cette
étude, la deuxième RTUV a permis de confirmer l’absen-
ce de tumeur résiduelle dans 31% des cas et d’identifier
4% de tumeurs ≥ T3.
Jewett a été le premier à considérer la survie après cys-
tectomie en fonction du stade pathologique de la lésion
initiale [23]. Il distinguait à l’époque les stades B1 (pT2a)
et les stades B2 (pT2b), avec une survie totalement diffé-
rente à 5 ans de 74% pour les stades A (pT1) ou B1(pT2a)
et de 3% pour les stades ≥ B2. Beaucoup plus tard, Richie
a confirmé finalement le même pronostic pour les tumeurs
B1 et B2 (pT2a et pT2b) à 5 ans de l’ordre de 39.9% et de
40.4% [31]. Le pronostic semble chuter en fait au-delà de
la musculeuse vésicale dès que la lésion a atteint la séreu-
se extra-vésicale (≥ pT3a). D’ailleurs la classification
TNM 1997 marque l’importance de cette distinction en
considérant une tumeur infiltrante comme confinée à la
vessie si et seulement si la pièce de cystectomie montre
une lésion pT2b alors qu’il est considéré qu’elle n’est plus
confinée à la vessie avec un pronostic tout à fait différent
si la tumeur est sur la pièce de cystectomie ≥ pT3 a.
Montie a rapporté une survie actuarielle à 5 ans, tous
stades confondus de 63% [28]. Skinner a rapporté une sur-
vie à 5 ans pour les patients présentant une tumeur confi-
née à la vessie (≤ pT2 b) de 75% versus respectivement
44% et 36% pour les patients ayant une lésion > pT3a ou
un envahissement ganglionnaire [37].
Depuis les années 1990, il est admis que les taux de sur-
vie globale et spécifique à 5 ans des patients ayant eu une
III. SURVIE GLOBALE APRÈS
CYSTECTOMIE TOTALE POUR
TUMEUR INFILTRANTE DE VESSIE
•Les sous et sur-estimations de l’évaluation cli-
nique par rapport au stade pathologique varient
selon les séries de 35% à 70% ;
• L’importance de la sous et sur-estimation cli-
nique rend peu crédibles les interprétations d’ef-
ficacité de traitements ou de courbes de survie
basées sur le stade clinique ;
•Le pourcentage de pT0 sur la pièce de cystecto-
mie, qui varie de 8% à 22%, ne semble pas
apporter un avantage de survie comparé au stade
clinique initial ;
•La RTUV itérative ne doit pas être systématique
mais réservée:
-à l’indication d’une éventuelle alternative
thérapeutique à la cystectomie totale ;
-aux patients référés pour un 2ième avis sur-
tout si la relecture des lames initiales ne per-
met pas un diagnostic histologique définitif.
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