EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 2 - Avant 3 Pierre Ricono La médecine coréenne (collection ABC) 3 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 5 - Avant 9 Introduction I l est intéressant de découvrir comment les systèmes de santé traditionnels (hanbang) et modernes se sont développés, cohabitent et fonctionnent en Corée. L’année 2013 a vu la traduction pour la première fois en anglais des 25 volumes de l’ouvrage fondateur des médecines orientales : le Dongui bogam, dont on a célébré le 400e anniversaire de sa rédaction cette même année. Anniversaire qui s’est traduit par les festivités de la première exposition mondiale consacrée aux médecines traditionnelles et ethnomédecines à Sancheong du 6 septembre au 20 octobre 2013. La médecine traditionnelle coréenne s’appuie sur la médecine traditionnelle chinoise et la médecine populaire coréenne ellesmêmes élaborées à base d’herboristerie et de « remèdes de bonnes femmes ». Des trois pays – Chine, Japon et Corée – à maintenir la coexistence de la médecine conventionnelle et de la médecine traditionnelle, c’est la Corée qui a le pourcentage de tradipraticiens le plus élevé (15 %), suivie de la Chine (13 %) tandis qu’au Japon, on compte seulement 1 % de praticiens de la médecine kampo2 en 2008. 2. La médecine kampo dérive de la médecine traditionnelle chinoise. Les principes fondamentaux de la médecine chinoise sont apparus au Japon entre le VIIe et le IXe siècle. Le kampo, bien qu’ayant de nombreux points communs avec la médecine traditionnelle chinoise (acupuncture et moxibustion), repose principalement sur l’usage des plantes médicinales, une phytothérapie propre aux usages locaux. 9 10 10 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 5 - Arrière Depuis 1999, la formation des tradipraticiens coréens suit le cursus des études médicales conventionnelles : un enseignement de quatre années après le bac dans une université publique pour obtenir l’équivalent d’un master. Un praticien traditionnel peut ensuite s’installer pour exercer ou bien compléter sa formation, au sein de l’une des 11 universités privées, par quatre années supplémentaires comprenant une année d’internat en hôpital puis la rédaction d’une thèse, afin d’obtenir un doctorat et être considéré comme un spécialiste. En réalité, en 2009, seuls 9 % de l’ensemble des tradipraticiens coréens possédaient un doctorat. Quelques chiffres permettent de se faire une idée de l’importance de s’appuyer sur deux systèmes de soins et d’assurance maladie pour la médecine occidentale et la médecine orientale : • 145 plantes sont inscrites dans la pharmacopée coréenne, mais depuis 1993, seules les plantes dites médicinales sont distribuées légalement (68 extraits à formule unique et 56 médicaments à formule composée sont couverts par l’assurance maladie), néanmoins 69 % de la population fait appel à la médecine traditionnelle. • 7,2 % du PIB sont consacrés aux dépenses de santé, 9 000 docteurs en médecine orientale travaillent dans 81 hôpitaux orientaux et 7 172 cliniques orientales ; 500 étudiants issus de 11 écoles deviennent chaque année docteurs en médecine orientale. • la proportion aujourd’hui est de un médecin pratiquant la médecine traditionnelle coréenne contre six médecins pratiquant la médecine occidentale. • le système contemporain de santé coréen se caractérise par un système dual de soins permettant à ces deux conceptions de pratique de santé de coexister. Ce système de soins de santé conventionnel est relativement bien établi et 86 % de la population coréenne recourent régulièrement à la médecine traditionnelle coréenne (TKM). 10 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 6 - Avant 11 Introduction 11 en Corée du Nord, la médecine TKM – ou koryo3 • – est si intégrée au système national de santé que les soins de TKM et les soins de médecine conventionnelle sont dispensés dans les mêmes établissements. • les principaux problèmes de santé ayant conduit les habitants à une admission pour une consultation dans un hôpital de TKM en 2011 étaient les troubles osseux, articulaires ou musculaires, la dyspepsie, l’ostéo-arthrite du genou et les troubles nerveux de la face. • la taille du marché des produits médicinaux issus des médecines traditionnelles asiatiques est en pleine expansion. Selon les estimations, la production de materia medica chinoise se montait à 83,1 milliards de dollars en 2012, soit une hausse de plus de 20 % par rapport à l’année précédente. En Corée du Sud, les dépenses annuelles consacrées à la médecine traditionnelle totalisaient 4,4 milliards de dollars en 2004, pour monter à 7,4 milliards de dollars en 2009. La médecine traditionnelle coréenne (TKM), dénommée Hanbang en coréen, repose principalement sur une théorie médicale très ancienne qui voit dans la maladie un conflit entre jeonggi et sagi, c’est-à-dire respectivement entre l’énergie positive et l’énergie négative qui traverse un être humain. Or, cette dernière n’est pas toujours susceptible, à elle seule, de provoquer les maladies. Des problèmes peuvent survenir lorsqu’elle est supérieure à l’énergie vitale du corps, mais aussi quand elle descend en dessous d’un certain niveau et que l’énergie vitale du corps se trouve également assez affaiblie. La TKM vise essentiellement à consolider et à maintenir cette force vitale en vue de supprimer les symptômes constatés, à partir d’un diagnostic adéquat de l’état du malade. Dans la mesure où elle considère le corps humain comme un tout, la TKM replace l’ensemble des symptômes dans le contexte global des fonctions corporelles. Face à un sujet pré3. La Corée du Nord définit la médecine Koryo comme « la médecine du peuple coréen, créée au cours de l’histoire. Ce précieux patrimoine médical du peuple coréen contribue avec peu de moyens à traiter les patients et à améliorer la santé du peuple. » 11 12 12 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 6 - Arrière sentant une bouche sèche, des yeux rougis, des maux de tête, des troubles du sommeil, des difficultés respiratoires, des problèmes de transit, le médecin occidental administrera le plus souvent des médicaments contre la fièvre, la migraine, l’insomnie et la constipation tandis que le praticien traditionnel coréen, après avoir diagnostiqué un excès de yang, prescrira une préparation à base d’igmocho sog ou marihuanilla (Leonurus sibiricus), une plante réputée pour avoir des propriétés calmantes, fébrifuges et laxatives. C’est donc l’ensemble des symptômes qui est ainsi traité à partir d’une évaluation de l’état général. Pour les personnes sujettes aux frissons, troubles gastriques, migraine ou diarrhée aiguë, une décoction de racine de ginseng, de tubercule de bai zhu (Atractylodes japonica), de gingembre séché, de réglisse ou de racine d’aconit détoxifiée est indiquée pour stopper l’afflux d’énergie froide dans l’organisme par un apport de chaleur en association avec un traitement global des symptômes. Contrairement aux médicaments occidentaux, les produits phytothérapiques résultent d’une préparation individualisée employant des substances exclusivement naturelles dont la structure moléculaire complexe ne permet pas toujours de juger de leur efficacité. Aujourd’hui, la TKM vise à l’amélioration de l’état de santé général par une médication végétale ayant pour fondement théorique la présence de l’énergie vitale dite qi, l’équilibre du eum et du yang, les yin et yang chinois, et le heo-sil4 qui constitue le cycle d’épuisement et de rétablissement. Si différentes pathologies peuvent se déclarer, c’est parce que s’amenuise la force vitale du qi, lequel varie selon les individus au niveau quantitatif, mais aussi en raison de facteurs spécifiques liés aux habitudes, notamment alimentaires, de chaque individu. Le meilleur moyen de conserver le qi est de rester serein en toutes circonstances, de se nourrir sainement et d’éviter autant que faire se peut les états de tension mentale. Conformément à la théorie du eum et du yang, les organes se répartissent selon ce même équilibre, qu’il convient de maintenir pour se prémunir des maladies. Le heo-sil représente quant à lui, par sa première composante, l’état d’épui4. Heo-sil : résultat des différences entre le yin et le yang (heo signifie passivité ou non prévu ; sil signifie force ou qu’une action est prévue). 12 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 7 - Avant 13 Introduction 13 sement résultant d’une perte d’énergie vitale qui exige des thérapies de stimulation de la vitalité physique et, par la seconde, une santé défaillante nécessitant un traitement adapté. La théorie des quatre constitutions Sasang (sa : quatre et sang : type en coréen), une branche plus récente de la TKM, propose une approche typologique unique en son genre en définissant quatre morphologies humaines : Tae-yang, Tae-eum, So-yang et So-eum ; c’est-à-dire, respectivement, le grand yang, le grand yin, le petit yang et le petit yin, qui déterminent également, par la dimension variable de leurs organes correspondants, la personnalité, les tendances pathologiques et la nature des traitements requis. Doté d’un torse bien développé propice au yang, le sujet de type So-yang se caractérise par ses réactions rapides, tandis que celui du So-eum, où prédomine, au contraire, la partie inférieure du corps, possède un très bon sens de l’équilibre et une grande patience, mais peut, en revanche, souffrir de troubles digestifs. Le type Tae-yang, avec un assez fort volume thoracique, induit au niveau corporel une faiblesse du dos et des jambes peu favorable à l’endurance lors d’une longue marche. Le type Tae-eum présente une constitution corpulente dont les rondeurs annoncent un caractère jovial et généreux. Les recherches en Corée font apparaître que la majeure partie des Français, des Japonais et des Italiens appartiendraient respectivement à la première, la deuxième et la quatrième de ces catégories. Voilà une occasion unique, en découvrant cette classification, de tester la pertinence et les résultats de ce système médical traditionnel. 13 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 8 - Avant 15 CHAPITRE I Histoire et principes fondateurs 1. Le chamanisme coréen Le chaman est le premier guérisseur spirituel holistique. Il peut être regardé comme l’amalgame réunissant, dans un même individu, un guérisseur, un médecin, un psychothérapeute, un guide et un prieur-chanteur. Le chamanisme est la plus ancienne pratique guérisseuse-religieuse de Corée. Venu des confins de la Sibérie et de l’Oural il y a des Rituel kut avec mudang millénaires, il est utilisé depuis l’aube des temps dans des pratiques thérapeutiques, cathartiques et spirituelles. Son influence a cependant été amoindrie par le bouddhisme ch’an venu de Chine au VIIe siècle et le confucianisme implanté par la suite. II a été condamné (mais toléré) sous la dynastie Joseon (1392-1910) et réprimé sous l’occupation japonaise (1910-1945). Après les années 1970, cette ancienne religion renaît de ses cendres et réapparaissent au grand jour les mudang : les femmes chamanes coréennes. Ce sont elles qui transmettent la tradition ancestrale, elles seraient à ce jour près de 300 000. 15 16 16 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 8 - Arrière Le chamanisme est toujours extrêmement vivant aujourd’hui en Corée du Sud. On y compte une mudang pour 360 habitants. Rien qu’à Séoul, les échoppes de centaines de jeunes néo-chamanes, plus proches des diseuses de bonne aventure, prolifèrent. Certaines mudang ont une réputation telle qu’elles bénéficient d’un statut de trésor culturel national. Mudang, combinaison des caractères chinois mu, sorcière ou chamane, et tang ou dang, temple ou sanctuaire, désigne une femme coréenne vivant de cette activité à travers sa clientèle. Les hommes, beaucoup moins nombreux, sont appelés paksu mudang. Ils ont été exécutés à partir du XIIIe siècle parce qu’ils portaient des jupes et se comportaient comme des femmes. En Corée, coexistent deux grandes familles de chamanes : • les kangsin mudang, dites charismatiques ou inspirées, revendiquent avoir reçu une descente, la vision d’un esprit qui leur donne alors la capacité à devenir mudang ; elles pratiquent dans le nord-ouest de la Corée ainsi qu’à Séoul ; • les sesup mudang, dites héréditaires, ont hérité par transmission familiale de cet art et des techniques de transe ; elles exercent dans le sud du pays. Les cérémonies chamaniques kut (ou gut) se décomposent en rituels où chants, musiques et danses peuvent durer de quelques heures à une semaine. Traditionnellement, le kut se déroule en douze kori. Lorsqu’ils ont tous été réalisés, le kut est achevé. La tradition exige alors que tous les participants partent sans dire au revoir ni remercier la chamane. Il existe deux sortes de kut : le kut pour le bonheur et le retour à la santé ; le chaesu kut et le chinogwi kut pour aider les esprits errants et ainsi guider un défunt vers un bon lieu pour l’après-vie. Les médecins coréens le confirment, les chamanes sont cruciales pour réguler la société coréenne d’aujourd’hui toujours influencée par le poids des ancêtres et des esprits. Le rituel de guérison chamanique expose publiquement le malade et sa maladie, les replaçant au centre de la communauté où les croyances sont partagées. Le rituel décrit la maladie dans un langage compréhensible par le patient et son entourage. Il 16 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 9 - Avant 17 Histoire et principes fondateurs 17 donne de l’importance et du temps, deux éléments bien connus de la relation qui unit un médecin et son malade. Cette relation, très intime et ancienne, reliant de manière animiste le monde visible et invisible, trouve chez les Coréens son origine dans le mythe fondateur même du premier homme et de la première femme coréenne. Il y a très longtemps, un tigre et un ours prièrent Hwanung5 pour devenir humains. En entendant leurs prières, Hwanung leur donna 20 gousses d’ail et un bouquet d’armoise en leur ordonnant de ne manger que cette nourriture sacrée et de rester hors de la lumière du soleil dans une grotte pendant 100 jours. Le tigre abandonna le régime après une vingtaine de jours et sortit de la grotte. L’ours, lui, y resta et fut transformé en femme. Selon la légende, le tigre et l’ours représentaient les animaux totémiques de deux tribus qui cherchaient, par des offrandes et des prières, à obtenir la clémence et la faveur du prince créateur divin Hwanung sur leurs destins. La femme-ours fut reconnaissante de sa transformation et fit alors des offrandes à Hwanung. Cependant, il lui manquait un mari. Elle devint triste et se mit à prier sous un bouleau divin pour avoir la faveur d’enfanter un fils. Hwanung, ému par ses prières, la prit en tant que femme et elle donna naissance à un fils qu’elle nomma Tangun-Wanggeom. Il est considéré comme le premier Coréen. La légende de Tangun a joué un rôle très important pour la mobilisation patriotique face aux envahisseurs de la Corée et en joue encore un aujourd’hui concernant l’unité nationale. À partir de la fin de la période de Koryo (935-1392), Tangun fut considéré comme un dieu par une petite communauté de chamans, les adeptes du gosindo6. 5. Dans les récits mythologiques de Corée, Hwanung, fils de Hwanin, le seigneur du Ciel, aspirait à vivre sur terre dans les vallées et les montagnes. Hwanin permit à Hwanung de descendre sur les monts Baekdu, où Hwanung fonda Shinshi, la Cité de Dieu. Il institua les lois et les codes moraux et enseigna différents arts et techniques, la médecine et l’agriculture aux hommes. 6. Daejongisme, daejonggyo ou taejongkyo, grande religion ancestrale, sert de cadre à certains chamans coréens qui célèbrent toujours le culte de Tangun. La religion coréenne indigène authentique, gosindo, voie du dieu ancestral, affirme 17 18 18 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 9 - Arrière Cette légende, rapportée à la fin du XIIIe siècle dans les Gestes mémorables des Trois Royaumes, contient plusieurs enseignements médicaux intéressants, tels que : • l’efficacité de la materia medica, illustrée par le pouvoir des plantes médicinales telles que l’armoise et l’ail sur les êtres vivants ; • les interdits médicaux consistant à éviter la lumière du soleil en vivant dans une cave pendant 100 jours pour stimuler l’efficacité des traitements ; • le rôle, l’importance et la spécificité d’un environnement favorable pour la guérison ou le changement d’état, l’isolement dans la cave dans ce cas précis ; • les concepts de yin et de yang, incarnés par les complémentarités de lumière/ombre, divinité/humanité, masculin/féminin, animal/végétal, armoise/ail ; • la connaissance de la pharmacopée, observable dans l’utilisation d’une médication chaude (l’armoise et l’ail) appropriée pour vivre dans un environnement froid comme une grotte sombre et humide (dans la médecine coréenne, les médicaments sont considérés comme chauds ou froids selon les sensations du patient qui les consomme) ; • le rôle du médecin qui guérit et prescrit et du patient qui guérit en se faisant prescrire des médicaments. Une autre légende coréenne explique la raison pour laquelle l’ancêtre commun du chamanisme coréen est une femme nommée Bari Gongju (Pali Kongju). Bari Gongju, dont la force de caractère lui a permis de surmonter tous les obstacles et les vicissitudes rencontrées dans sa vie sans jamais perdre courage, est devenue l’archétype de la femme courage. La princesse Bari Gongju est considérée comme la chamane (mudang) ancestrale et la dame patronnesse de tous les chamans en Corée ; son nom signifie « princesse abandonnée ». Septième d’une longue série de filles, son père, le roi Ogu, la renia et la rejeta, car née fille et non garçon. Il l’arracha des bras de sa mère à la naissance puis l’enferma que les Coréens ont leur propre dieu et qu’ils n’ont pas besoin d’adorer des dieux étrangers. 18 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 10 - Avant 19 Histoire et principes fondateurs 19 dans une boîte ornée de pierres précieuses qui fut lancée dans l’océan. Tortues et dragons vinrent alors au secours du bébé en la confiant à un couple de paysans, qui l’éleva. Elle reçut une éducation bien particulière qui la conduisit à quitter, jeune femme, son foyer d’accueil et ses parents adoptifs pour herboriser seule dans la montagne et devenir la première mudang. La suite de l’histoire illustre un comportement filial exemplaire et sans faille envers ses parents géniteurs : des années après son abandon, ses parents biologiques vieillissants tombèrent malades. Le dieu de la Montagne apparu devant Bari Gongju alors qu’elle herborisait et l’informa que ses parents étaient très malades. Seul un élixir, une source d’eau cachée dans la montagne pourrait les guérir. Bari Gongju prit la route pour se rendre au palais céleste et, sans divulguer son identité, entreprit le dangereux voyage pour trouver et ramener cette précieuse eau médicinale. C’était un long voyage à travers le monde des esprits pour rejoindre le Ciel occidental. Ce voyage dans les mondes souterrains et célestes à la recherche de l’élixir de vie prendra la valeur d’une véritable initiation. Déguisée en garçon, Bari Gongju passa entre l’étoile Polaire et la Croix du Sud. Elle y rencontra la « Vieille agricultrice femme du Ciel » qui venait de terminer ses labours et de semer de nouvelles étoiles. Puis elle passa à côté de la « Blanchisseuse du Ciel » qui la força à laver tout son linge sale et taché pour le rendre blanc et net, provoquant alors une mousson. Enfin, elle atteignit les falaises qui conduisent au Ciel de l’ouest. Une fois de plus, des tortues aux carapaces dorées vinrent à son secours, formant un pont à son arrivée pour veiller à sa sécurité. Elle trouva la source d’eau de la vie, protégée par un gardien, un homme bourru et désagréable. Toujours habillée en garçon, elle lui demanda un peu d’eau miraculeuse. Quand le gardien apprit qu’elle n’avait pas d’argent pour la payer, il refusa de lui en donner. Mais Bari Gongju réussit à le convaincre de travailler pour lui comme serviteur. Après trois années de bons et loyaux travaux domestiques, elle était proche d’obtenir l’élixir, mais le gardien découvrit qu’elle était une femme. Comme il était célibataire, il lui demanda de l’épouser. Ce qu’elle fit, et elle lui donna sept fils. 19 20 20 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 10 - Arrière Alors seulement, il lui permit d’emporter un flacon rempli d’élixir miraculeux. De retour dans le royaume paternel, elle constata que ses parents venaient tout juste de mourir, les cérémonies funéraires étaient même en cours. Néanmoins, elle les aspergea avec le précieux élixir et les ramena à la vie. Par gratitude, ils lui proposèrent de rester avec eux dans leur château, mais elle refusa. Après avoir réussi sa terrible mission, la princesse préféra retourner dans le monde des esprits, où elle devint une chamane, une déesse qui aide et guide les âmes, les esprits des morts dans leur voyage de ce monde-ci vers le Ciel. Hormis sur l’île de Jeju7, Bari Gongju est considérée comme l’ancêtre de toutes les chamanes en Corée. Elle est une figure archétypale évoquée et célébrée dans tous les rituels chamaniques. Les mudang rejouent l’histoire de son passage à travers la porte conduisant à l’au-delà. Dans l’imagerie populaire, elle est représentée avec une robe aux longues manches à rayures aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ce mythe parmi les plus importants et les plus célèbres du chamanisme coréen est récité dans le rituel du gut (ou kut) pour accompagner l’esprit du défunt dans son passage vers l’autre monde. Ce mythe a touché pendant des siècles le cœur de beaucoup de Coréennes qui rendent encore hommage aujourd’hui à Bari Gongju. Particulièrement les Coréennes qui ont souffert, dans leur propre vie, des erreurs parentales. Celles qui continuent à sacrifier leur vie pour l’amour et la piété filiale honorent Bari Gongju. Cette dévotion filiale a été considérée pendant des siècles comme la plus grande vertu dans la société coréenne confucéenne. La princesse Bari Gongju est devenue une héroïne et a été installée sur le panthéon des références éthiques à suivre par les Coréennes. De nos jours, la princesse Bari Gongju reste encore un idéal à atteindre pour la femme coréenne. Elle incarne les trois vertus du modèle féminin ancestral confucéen : le dévouement, le courage et l’endurance. 7. Sur l’île de Jeju, volcanique et balayée par les cyclones, les habitants disent qu’il y a autant de dieux (18 000) que d’îliens. Le chamanisme y est plus ancien et sacré que n’importe où ailleurs en Corée. 20 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 11 - Avant 21 Histoire et principes fondateurs 21 En outre, à un niveau extra-familial, Bari Gongju est également devenue une héroïne nationale. Elle sauve le roi, son père, et, par conséquent, cumule encore un autre exemple de dévouement filial, mais pour le pays cette fois. Elle est la femme qui est capable d’offrir sa propre vie pour l’amour du roi et de la couronne. Il y a un troisième niveau où Bari Gongju sert de modèle pour les femmes : le plan spirituel et religieux. C’est une femme qui, après avoir été abandonnée par ses parents, demeure encore capable par la suite de se sacrifier pour eux. Sa capacité à s’oublier, à faire face aux dangers et aux difficultés qu’elle est contrainte de traverser, lui fait transcender sa propre nature terrestre pour devenir une déité. Elle peut alors accompagner l’esprit des morts vers leur nouvelle demeure. Elle a montré par son courage et ses capacités que les femmes pouvaient tout autant, sinon plus que les hommes, avoir une attitude combative, noble et altruiste. Le grand rôle qu’elle joue en tant femme la fait rentrer de plainpied dans l’histoire de la Corée. Elle est l’archétype de la femme qui a transformé sa rude condition humaine en réalité supérieure. De par la nature divine atteinte dans son existence, elle est considérée comme la révérende, la première parmi toutes les mudang et la mère de toutes les chamanes, toutes écoles confondues. Bari Gongju est appelée par des chants dans les rituels chamaniques comme la déesse de la Nature et de l’Univers qui guide les malades et les morts à travers la souffrance, l’obscurité et les mondes souterrains. Bari Gongju a une fonction dramaturgique dans les rituels du chamanisme coréen. Les chants des mudang deviennent des commentaires et une critique de la valeur Actrice portant le costume de la supériorité des hommes sur les traditionnel d’une mudang femmes qui prévaut encore dans la quand elle officie société coréenne. L’histoire de Bari 21 22 22 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 11 - Arrière Gongju est pertinente à la fois comme trame narrative pour la mudang en charge de transmettre et de dramatiser la charge cathartique du rituel chamanique de guérison, et pour le public composé essentiellement de femmes qui ont souffert et souffrent encore dans leur chair de la discrimination entre les sexes. Le mythe de la princesse Bari Gongju va bien au-delà d’une incitation pour les femmes coréennes à se conformer aux conventions sociales. Il donne aussi la parole à leurs protestations contre une société trop patriarcale. Bari Gongju est capable de regarder au-delà des récompenses immédiates offertes par le système confucéen rigide et de choisir les récompenses sacrées. Elle présente un modèle féminin qui s’affranchit de celui qui est offert par la société confucéenne, dans lequel la femme doit être vertueuse, obéissante, femme au foyer, maîtresse de maison. Bari Gongju propose un modèle qui dépasse ces limites si étroites. Elle, qui a été abandonnée par ses parents, a vécu une vie exemplaire comme enfant adopté ; mariée contre son gré, elle choisit de ressusciter ses parents par amour filial, refuse de prendre la succession du royaume de son père et suit son propre chemin. Bari Gongju a su s’adapter à la réalité, trouver et développer sa propre voie, sans être submergée par celle-ci et sans renoncer à sa lutte pour obtenir la reconnaissance de sa dignité et de sa fierté d’être une femme. Tous ces éléments montrent que les femmes coréennes peuvent mettre en œuvre des rites chamaniques, qu’il est possible pour elles de suivre leur propre chemin et de prendre leurs propres décisions, au-delà des attentes d’une société dominante qui asservit encore trop de femmes dans le monde. 22 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 12 - Avant 23 Histoire et principes fondateurs 23 2. La médecine traditionnelle coréenne (TKM) et la médecine traditionnelle chinoise (TCM) Des concepts mythologiques, philosophiques et scientifiques complexes sont à la base des nombreuses traditions médicales en Asie et sur l’ensemble de la planète. La médecine traditionnelle chinoise (TCM) est enracinée dans la vision taoïste de la nature et de l’humanité telle qu’elle apparaît dans le plus ancien ouvrage de médecine chinoise traditionnelle : le Classique interne de l’empereur Jaune ou Classique interne de Huangdi Nei Jing8. La théorie du yin-yang9 et la théorie des cinq phases10 sont les principes fondamentaux du taoïsme mis en œuvre dans le développement de la TCM. Les fondements de la médecine traditionnelle coréenne (TKM) ont été influencés par les mêmes théories philosophiques que la TCM. Cependant, la TKM se caractérise par un système médical qui bifurque tel un embranchement à partir du tronc commun de la TCM en intégrant d’autres principes et aspects issus de philosophies orientales distinctes. Des concepts philosophiques centraux sont au cœur de la TCM. Premièrement, le qi est vu comme la substance fondamentale de l’univers. Deuxièmement, la TCM se focalise sur l’univers physique et sa nature plutôt que sur les êtres vivants et la nature humaine. Troisièmement, la dynamique de l’univers est animée d’un perpétuel changement issu de l’alternance des énergies yin et yang et des cycles des cinq phases. Par conséquent, ces change8. La rédaction de l’ouvrage est attribuée au mythique empereur Jaune (Huangdi Nei Jing, XXVIIIe siècle av. J.-C.) et se présente comme un dialogue entre l’empereur Jaune et son médecin et ministre Qi Bai. 9. Dans la cosmologie chinoise, yin et yang sont deux entités liées, qui se succèdent, existant grâce à l’autre et qui suivent le souffle originel qi à l’œuvre dans toutes choses. 10. Les wuxing ou cinq phases. Les Cinq Éléments : Bois, Feu, Terre, Métal et Eau apparus sous les Royaumes Combattants (Ve-IIIe siècle av. J.-C.) ont servi à construire le système de classification et de correspondances qui, une fois unifié avec le système yin-yang et la notion de qi, a eu un impact considérable sur toute l’histoire de la pensée chinoise. 23 24 24 LA MÉDECINE CORÉENNE ments peuvent être observés et prédits. Quatrièmement, la santé et la longévité d’un individu sont principalement déterminées par sa conformité à respecter les lois de la nature. En d’autres termes, l’idée taoïste de Wu Wei11 est au cœur des principes de traitement et de la médecine préventive dans la TCM. EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 12 - Arrière 3. La médecine constitutionnelle Sasang (SCM) Les principes de la médecine constitutionnelle Sasang (SCM), formalisés par écrit pour la première fois dans le Dongui Susebowon, sont fondamentalement basés sur un point de vue néoconfucianiste de la nature et de l’humanité. La médecine constitutionnelle Sasang s’appuie sur les quatre concepts suivants : • l’importance et la primauté de l’homme et des êtres vivants sur la nature. Les êtres humains existent aussi sur le propre plan de l’humanité, un plan indépendant de la nature. Ils sont alors influencés par deux facteurs : le contexte sociétal et les relations humaines, qui comprennent la relation à soi et les relations interpersonnelles ; • la philosophie Sasang organise et classe tous les phénomènes, y compris l’énergie, la matière de l’univers, la vie et le vivant, à travers une boussole à quatre axes, quatre habitus : l’activité humaine, l’esprit (caractère), le corps (forme et constitution physique) et la matière (constituants, biologie, physiologie). La théorie Sasang établit les êtres humains sur deux niveaux : l’esprit et le corps. L’esprit est ensuite subdivisé en quatre expressions : la disposition innée de sa nature émotionnelle (seong-jeong12) s’exprime en douleur, colère, joie et contentement (plaisir). Le corps est lui aussi divisé en quatre systèmes en considérant les quatre principaux organes : les poumons, la rate-pancréas, le foie et les 11. Wu wei, wou wei est un concept taoïste qui peut être traduit par « non-agir » ou « non-intervention ». C’est le fait d’agir en conformité avec « l’ordre cosmique originaire », le mouvement de la nature et de la Voie (Tao). 12. Lee Jema a décomposé l’esprit en deux parties : sa nature innée (seong) et sa disposition affective (jeong). 24 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 13 - Avant 25 Histoire et principes fondateurs 25 reins. Cette théorie quaternaire systémique forme le contour de l’étude de la physiologie et de la psyché humaine par la SCM ; • la SCM prend en compte la variabilité individuelle. Les caractéristiques mentales et physiques d’un individu peuvent se manifester à un niveau plus large que ce premier découpage en quatre classes différentes. La mise en évidence de caractéristiques physiques d’un corps humain prédéterminées congénitalement au sein des quatre organes permet de comprendre l’équilibre fonctionnel, la physiologie et les pathologies d’un individu ; • la SCM s’efforce de préserver la santé et la longévité à travers l’identification et la gestion constitutionnelle des individus en préconisant le mode de vie et les changements de comportement adaptés à chaque catégorie. Ainsi, les aliments et les remèdes convenables seront différents en fonction des constitutions ou types. La SCM s’étend bien au-delà d’une simple prescription médicale. Elle souligne l’importance de l’auto-observation, de la responsabilisation de chacun dans la préservation de sa santé et de la prévention de la maladie. La clé se trouve dans les recommandations des modes de vie compatibles avec la constitution à laquelle nous appartenons. Les quatres organes pleins 25 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 37 - Avant 73 La Médecine Constitutionnelle Sasang (SCM) 73 1. La notion de constitution en Occident et en Orient Morphologie des quatre constitutions coréennes Chaque culture a défini, en fonction de sa propre vision et compréhension du monde, une manière de regrouper les êtres humains selon des trames, motifs invariants, ressemblances, liés à la comparaison de leurs caractéristiques morphologiques, biologiques, physiologiques, psychologiques. Le tableau ci-après synthétise les différentes tentatives de ces « mises en boîtes » et permet de se familiariser avec cette notion de constitution. Leurs diversités historiques illustrent le fait qu’une personne n’intègre jamais parfaitement bien un moule catégoriel. La « constitution » peut être définie comme l’ensemble des attributs physiques et des caractéristiques fonctionnelles qui sont globalement forgés par des déterminants héréditaires et les facteurs environnementaux. Le « type » est une catégorie de personnes qui se ressemblent sur un grand nombre de caractéristiques et qui se différencient d’une autre catégorie de personnes. 73 74 74 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 37 - Arrière Depuis Hippocrate, l’influence du climat joue un grand rôle dans les manifestations des symptômes à l’origine d’un déséquilibre organique pouvant conduire à une maladie. Certaines constitutions sont plus sensibles à certains déséquilibres saisonniers que d’autres et expriment, selon les circonstances climatiques, des pathologies de types très différents. Établir le diagnostic constitutionnel d’un patient peut être une entreprise très délicate. Il passe, en général, par de longs questionnaires appréhendant toutes les dimensions des plans d’existence d’un individu. Faire référence à une catégorie de constitution signifie se concentrer, mettre l’accent sur une ou deux tendances dominantes issues d’une observation attentive du patient. Les praticiens doivent cependant se méfier de ne pas tomber dans le piège réducteur d’exclure toutes les autres possibilités de diagnostics après avoir fait un choix constitutionnel… N’oublions pas que les êtres humains sont des assemblages complexes, organiques, subtils et dynamiques, qui ne peuvent pas être si facilement réduits à une case. Les catégories ou motifs constitutionnels les plus connus proviennent des médecines traditionnelles chinoise, indienne, grecque… Les différentes constitutions sont classées en trois « dosha » en médecine ayurvédique, trois « diathèses » en homéopathie ou oligothérapie, six « typologies » en médecine énergétique chinoise… et quatre en médecine Sasang coréenne. Selon la constitution de chaque individu : • les problèmes de santé sont différents d’une personne l’autre, dans le même contexte ; • les troubles présentés sont plus ou moins forts ; • les capacités d’élimination des toxines, de réaction aux soins et d’adaptation aux divers stress varient. La recherche médicale démontre, par exemple, que les types d’enzymes fabriquées par le corps ou encore les capacités immunitaires ne sont pas fixés définitivement et peuvent varier largement d’un individu à l’autre. 74 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 38 - Avant 75 La Médecine Constitutionnelle Sasang (SCM) 75 La notion de constitution dans l’histoire des médecines Théorie Constitutions : caractéristiques Type Eau Type Bois Type Feu Type Métal Climat (région) Han-Gue Jo et G i-Ho Jo (2013) chaud, aride (savane tropicale) chaud, humide (forêt tropicale) aride et froid (prairie froide) froid, humide (région arctique) Aw At Dw Df Renforcement des fonctions Urinaire, désintoxication Digestion, désintoxication Digestion, respiration Respiration Les traits de personnalité Prudent, retenu, réservé Calme, détendu, patient Extraverti, actif, instable Aventureux, volontaire, courageux Lee Jema (18371900) So-eum : SE (petit yin) Tae-eum : TE (grand yin) So-yang : SY (petit yang) Tae-yang : TY (grand yang) Reins forts Foie fort Rate-pancréas forts Poumons forts Propre, doux, négatif, intelligent, égoïste, pessimiste, organisé, jaloux, persévérant Doux, commercial, affable, moqueur, humoriste, lâche Instable, s’ennuie facilement, se sacrifie, juste, acceptable Créatif, positif, progressiste, charismatique, héroïque, impulsif Esprit nerveux Esprit craintif Esprit anxieux Esprit positif, vif Tae Woo Yoo (1971) Sin Sil jeung (plénitude rein) Eum Sil Jeung (plénitude yin) Yang Sil Jeung (plénitude yang) 3 typologies Sam Il Che Jil Excès rein, foie, poumons Excès rate, poumons, cœur Excès foie, cœur 4 typologies Sasang 75 76 76 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 38 - Arrière Théorie Yi Eul Ho (1933) Groupe sanguin A Groupe sanguin O Groupe sanguin B Groupe sanguin AB Hans J. Eysenck (1916-1997) Nl : Neuroticintroverti Sl : Stableintroverti NE : Neuroticextraverti SE : Stableextraverti (Psychoticisme, introversion/ extraversion et névrosisme) Lunatique, anxieux, rigide, sobre, pessimiste, réservé, calme, déprimé, anxieux, peu sociable Passif, prudent, réfléchi, paisible, contrôlé, fiable Délicat, agité, agressif, nerveux, versatile, impulsif, optimiste, actif Sociable, mobile, bavard, sensible, facile à vivre, leadership, vif, insouciant, versatile, impulsif, optimiste, actif Hippocrate et Galien (-460 -370 av. J.-C.) Mélancolique/ nerveux (bile noire, atrabile) Lymphatique (flegme, pituite) Bilieux/colérique (bile jaune) Sanguin (sang) (Humeur et tempérament) Sombre, rumineur, replié, émotif, pessimiste, peu sociable Atone, lent, modéré, désintéressé, impassible Mauvaise humeur, colérique, agressif, irritable, volontaire, logique Gai, bon vivant, optimiste, sociable, passionné, excessif Ayurvéda Vita Kapha Médecine tibétaine Loung Békan Homéopathie Phosphorique Carbonique Hahnemann Christian (17551843) 76 Constitutions : caractéristiques Pita Tripa Fluorique EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 39 - Avant 77 La Médecine Constitutionnelle Sasang (SCM) Théorie 77 Constitutions : caractéristiques Hygiénisme Ectomorphe : Endomorphe : Mésomorphe : Sheldon William (18991977) linéarité, cerebrotonia, seul rondeur, viscerotonia, au milieu muscularité, somatotonia, contrôle (somatotype) Correspond à un grand développement du système nerveux et du cerveau (ectoderme) et à une tendance à être mince, élancé. Il est corrélé au tempérament cérébrotonique, sensible, timide, introverti, qui a des goûts artistiques développés. Il préfère l’intimité à la foule, se montre souvent inhibé. Correspond à un grand développement du système digestif, en particulier l’estomac (endoderme), tendance à la rondeur, corpulence, avec un corps mou et des muscles peu développés, tempérament viscérotonique qui cherche le confort et le luxe, aime manger, tolérant, décontracté, sociable, jovial, de bonne humeur, de type extraverti. Correspond à un grand développement de la musculature et du système circulatoire (mésoderme). Il est corrélé au tempérament somatotonique, courageux, athlétique énergique, actif, dynamique, autoritaire, agressif, prend des risques. Viard Marcel (1884-1976) Penseur Sédentaire Réalisateur Mobile Besoin de penser Besoin de vie végétative Besoin de réaliser Besoin de prodiguer, d’agir Sigaud Claude (1862-1921) Cérébral Digestif Musculaire Respiratoire 77 78 78 LA MÉDECINE CORÉENNE EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 39 - Arrière Théorie Constitutions : caractéristiques Pende Nicola (1880-1970) Longiligne Bréviligne Longiligne Bréviligne asthénique asthénique sthénique sthénique Carton Paul (1875-1947) Mental Alimentaire Physique Atmosphérique Allendy René (1889-1942) Atoni aplastique Atoni plastique Toni aplastique Toni plastique Réactions peu intenses et peu étendues Réactions peu intenses et étendues Réactions violentes et peu étendues Réactions violentes et étendues Jung Gustav (1875-1961) Pensée Intuition Sensation Sentiment (extraverti ou introverti) (extraverti ou introverti) (extraverti ou introverti) (extraverti ou introverti) Rétracté de base Dilaté rond, hypo-excitable Rétracté frontal et latéral Dilaté hyper excitable (4 x2 types psychologiques) Corman Louis (1901-1995) Nous allons maintenant rentrer au cœur des quatre constitutions proposées par la médecine Sasang de Lee Jima. • Petit yang/Shao yang = So-yang-in ou grande rate-pancréas, petits reins • Petit yin/Shao yin = So-eum-in ou grands reins, petits ratepancréas • Grand yang/Tai yang = Tae-yang-in ou grands poumons, petit foie • Grand yin/Tai yin = Tae-eum-in ou grand foie, petits poumons 78 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 215 - Avant 429 Table des matières Préface............................................................................................ 7 Introduction................................................................................... 9 CHAPITRE I Histoire et principes fondateurs............................................... 15 1. Le chamanisme coréen........................................................... 15 2. L a médecine traditionnelle coréenne (TKM) et la médecine traditionnelle chinoise (TCM)..................... 23 3. La médecine constitutionnelle Sasang (SCM)..................... 24 4. L a médecine constitutionnelle Sasang (SCM) et l’ayurveda indienne............................................................ 34 CHAPITRE II Les trois ouvrages de référence de la médecine coréenne... 37 1. Le Hyangyak Jip Sung bang (1433)........................................ 37 2. Le Dongui bogam de Heo Jun (1613)..................................... 42 3. Le Dongui Susebowon de Lee Jema (1893)........................... 48 4. S ituation actuelle de la médecine traditionnelle coréenne.......................................................... 54 CHAPITRE III La Médecine Constitutionnelle Sasang (SCM)........................ 59 1. La notion de constitution en Occident et en Orient.......... 73 2. La constitution So-yang.......................................................... 79 3. La constitution So-eum.......................................................... 81 4. La constitution Tae-yang........................................................ 83 5. La constitution Tae-eum........................................................ 85 429 430 CHAPITRE IV Questionnaires pour déterminer la constitution.................. 87 Questionnaire n° 1.................................................................... 108 Questionnaire n° 2.................................................................... 110 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 215 - Arrière CHAPITRE V Constitutions et maladies........................................................ 107 1. Tae-yang-in............................................................................. 108 2. So-yang-in............................................................................... 110 3. Tae-eum-in............................................................................. 112 4. So-eum-in............................................................................... 114 5. L’apparition de la maladie suivant la constitution........... 116 CHAPITRE VI La guérison de l’esprit pour les quatre constitutions......... 125 1. Préserver la santé à travers le contrôle des émotions.... 125 2. C ontrôle des émotions dans nos relations aux autres et à soi................................................................. 132 CHAPITRE VII L’exercice physique pour les quatre constitutions.............. 137 1. Les recommandations pour le type Tae-yang.................... 138 2. Les recommandations pour le type So-yang...................... 139 3. Les recommandations pour le type Tae-eum.................... 140 4. Les recommandations pour le type So-eum...................... 141 CHAPITRE VIII Les recommandations alimentaires pour les quatre constitutions................................................. 143 1. Quelques traditions culinaires coréennes........................ 143 2. L’alimentation appropriée à la constitution Tae-yang..... 162 3. L’alimentation appropriée à la constitution So-yang....... 175 4. L’alimentation appropriée à la constitution Tae-eum..... 187 5. L’alimentation appropriée à la constitution So-eum....... 200 6. L ’alimentation en tant que moyen de prévention (yakseonen)............................................................................. 213 430 EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 216 - Avant 431 CHAPITRE IX Les tisanes et thés médicinaux............................................... 229 1. Les tisanes pour le type Tae-yang....................................... 231 2. Les tisanes pour le type So-yang......................................... 234 3. Les tisanes pour le type Tae-eum....................................... 237 4. Les tisanes pour le type So-eum......................................... 239 5. Les différentes variétés de thés et tisanes....................... 242 CHAPITRE X La pharmacopée (hanyak)........................................................ 247 1. Le Ginseng (Insam)................................................................ 253 2. Les principales autres plantes............................................ 276 3. L es conseils et recommandations pour la préparation des formulations................................ 284 4. Q uelques exemples de prescriptions et de formulations de plantes médicinales....................... 292 5. Le bois de velours ou bois de cerf (nokyong)..................... 300 CHAPITRE XI Plantes médicinales communes aux pharmacopées coréennes et françaises.......................... 311 CHAPITRE XII Les thérapies externes............................................................. 351 1. Les bains coréens (jjimjilbang)............................................ 351 2. Les ventouses coréennes (buhwang).................................. 362 3. Les moxibustions coréennes (tteum)................................. 369 4. L’acupuncture (Saam)........................................................... 374 5. Le massage ou la relaxation coréenne............................... 397 Conclusion.................................................................................. 409 Annexes...................................................................................... 415 Bibliographie.............................................................................. 423 431