La médecine coréenne

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Pierre Ricono
La médecine coréenne
(collection ABC)
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Introduction
I
l est intéressant de découvrir comment les systèmes de santé
traditionnels (hanbang) et modernes se sont développés,
cohabitent et fonctionnent en Corée.
L’année 2013 a vu la traduction pour la première fois en anglais
des 25 volumes de l’ouvrage fondateur des médecines orientales :
le Dongui bogam, dont on a célébré le 400e anniversaire de sa
rédaction cette même année. Anniversaire qui s’est traduit par
les festivités de la première exposition mondiale consacrée aux
médecines traditionnelles et ethnomédecines à Sancheong du
6 septembre au 20 octobre 2013.
La médecine traditionnelle coréenne s’appuie sur la médecine
traditionnelle chinoise et la médecine populaire coréenne ellesmêmes élaborées à base d’herboristerie et de « remèdes de bonnes
femmes ». Des trois pays – Chine, Japon et Corée – à maintenir la
coexistence de la médecine conventionnelle et de la médecine traditionnelle, c’est la Corée qui a le pourcentage de tradipraticiens
le plus élevé (15 %), suivie de la Chine (13 %) tandis qu’au Japon,
on compte seulement 1 % de praticiens de la médecine kampo2 en
2008.
2. La médecine kampo dérive de la médecine traditionnelle chinoise. Les principes fondamentaux de la médecine chinoise sont apparus au Japon entre le
VIIe et le IXe siècle. Le kampo, bien qu’ayant de nombreux points communs avec
la médecine traditionnelle chinoise (acupuncture et moxibustion), repose principalement sur l’usage des plantes médicinales, une phytothérapie propre aux
usages locaux.
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Depuis 1999, la formation des tradipraticiens coréens suit le
cursus des études médicales conventionnelles : un enseignement
de quatre années après le bac dans une université publique pour
obtenir l’équivalent d’un master. Un praticien traditionnel peut
ensuite s’installer pour exercer ou bien compléter sa formation,
au sein de l’une des 11 universités privées, par quatre années supplémentaires comprenant une année d’internat en hôpital puis la
rédaction d’une thèse, afin d’obtenir un doctorat et être considéré
comme un spécialiste. En réalité, en 2009, seuls 9 % de l’ensemble
des tradipraticiens coréens possédaient un doctorat.
Quelques chiffres permettent de se faire une idée de l’importance de s’appuyer sur deux systèmes de soins et d’assurance
maladie pour la médecine occidentale et la médecine orientale :
• 145 plantes sont inscrites dans la pharmacopée coréenne,
mais depuis 1993, seules les plantes dites médicinales sont distribuées légalement (68 extraits à formule unique et 56 médicaments à formule composée sont couverts par l’assurance maladie), néanmoins 69 % de la population fait appel à la médecine
traditionnelle.
• 7,2 % du PIB sont consacrés aux dépenses de santé, 9 000 docteurs en médecine orientale travaillent dans 81 hôpitaux orientaux et 7 172 cliniques orientales ; 500 étudiants issus de 11 écoles
deviennent chaque année docteurs en médecine orientale.
• la proportion aujourd’hui est de un médecin pratiquant la
médecine traditionnelle coréenne contre six médecins pratiquant
la médecine occidentale.
• le système contemporain de santé coréen se caractérise par
un système dual de soins permettant à ces deux conceptions
de pratique de santé de coexister. Ce système de soins de santé
conventionnel est relativement bien établi et 86 % de la population coréenne recourent régulièrement à la médecine traditionnelle coréenne (TKM).
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Introduction
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en Corée du Nord, la médecine TKM – ou koryo3
• – est si intégrée au système national de santé que les soins de
TKM et les soins de médecine conventionnelle sont dispensés
dans les mêmes établissements.
• les principaux problèmes de santé ayant conduit les habitants à une admission pour une consultation dans un hôpital de
TKM en 2011 étaient les troubles osseux, articulaires ou musculaires, la dyspepsie, l’ostéo-arthrite du genou et les troubles
nerveux de la face.
• la taille du marché des produits médicinaux issus des médecines traditionnelles asiatiques est en pleine expansion. Selon les
estimations, la production de materia medica chinoise se montait à 83,1 milliards de dollars en 2012, soit une hausse de plus
de 20 % par rapport à l’année précédente. En Corée du Sud, les
dépenses annuelles consacrées à la médecine traditionnelle totalisaient 4,4 milliards de dollars en 2004, pour monter à 7,4 milliards de dollars en 2009.
La médecine traditionnelle coréenne (TKM), dénommée Hanbang en coréen, repose principalement sur une théorie médicale
très ancienne qui voit dans la maladie un conflit entre jeonggi
et sagi, c’est-à-dire respectivement entre l’énergie positive et
l’énergie négative qui traverse un être humain. Or, cette dernière
n’est pas toujours susceptible, à elle seule, de provoquer les maladies. Des problèmes peuvent survenir lorsqu’elle est supérieure à
l’énergie vitale du corps, mais aussi quand elle descend en dessous d’un certain niveau et que l’énergie vitale du corps se trouve
également assez affaiblie. La TKM vise essentiellement à consolider et à maintenir cette force vitale en vue de supprimer les
symptômes constatés, à partir d’un diagnostic adéquat de l’état
du malade. Dans la mesure où elle considère le corps humain
comme un tout, la TKM replace l’ensemble des symptômes dans
le contexte global des fonctions corporelles. Face à un sujet pré3. La Corée du Nord définit la médecine Koryo comme « la médecine du peuple
coréen, créée au cours de l’histoire. Ce précieux patrimoine médical du peuple
coréen contribue avec peu de moyens à traiter les patients et à améliorer la
santé du peuple. »
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sentant une bouche sèche, des yeux rougis, des maux de tête, des
troubles du sommeil, des difficultés respiratoires, des problèmes
de transit, le médecin occidental administrera le plus souvent des
médicaments contre la fièvre, la migraine, l’insomnie et la constipation tandis que le praticien traditionnel coréen, après avoir
diagnostiqué un excès de yang, prescrira une préparation à base
d’igmocho sog ou marihuanilla (Leonurus sibiricus), une plante
réputée pour avoir des propriétés calmantes, fébrifuges et laxatives. C’est donc l’ensemble des symptômes qui est ainsi traité
à partir d’une évaluation de l’état général. Pour les personnes
sujettes aux frissons, troubles gastriques, migraine ou diarrhée
aiguë, une décoction de racine de ginseng, de tubercule de bai
zhu (Atractylodes japonica), de gingembre séché, de réglisse ou
de racine d’aconit détoxifiée est indiquée pour stopper l’afflux
d’énergie froide dans l’organisme par un apport de chaleur en
association avec un traitement global des symptômes. Contrairement aux médicaments occidentaux, les produits phytothérapiques résultent d’une préparation individualisée employant des
substances exclusivement naturelles dont la structure moléculaire complexe ne permet pas toujours de juger de leur efficacité.
Aujourd’hui, la TKM vise à l’amélioration de l’état de santé
général par une médication végétale ayant pour fondement théorique la présence de l’énergie vitale dite qi, l’équilibre du eum
et du yang, les yin et yang chinois, et le heo-sil4 qui constitue
le cycle d’épuisement et de rétablissement. Si différentes pathologies peuvent se déclarer, c’est parce que s’amenuise la force
vitale du qi, lequel varie selon les individus au niveau quantitatif,
mais aussi en raison de facteurs spécifiques liés aux habitudes,
notamment alimentaires, de chaque individu. Le meilleur moyen
de conserver le qi est de rester serein en toutes circonstances,
de se nourrir sainement et d’éviter autant que faire se peut les
états de tension mentale. Conformément à la théorie du eum et du
yang, les organes se répartissent selon ce même équilibre, qu’il
convient de maintenir pour se prémunir des maladies. Le heo-sil
représente quant à lui, par sa première composante, l’état d’épui4. Heo-sil : résultat des différences entre le yin et le yang (heo signifie passivité
ou non prévu ; sil signifie force ou qu’une action est prévue).
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Introduction
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sement résultant d’une perte d’énergie vitale qui exige des thérapies de stimulation de la vitalité physique et, par la seconde, une
santé défaillante nécessitant un traitement adapté.
La théorie des quatre constitutions Sasang (sa : quatre et sang :
type en coréen), une branche plus récente de la TKM, propose une
approche typologique unique en son genre en définissant quatre
morphologies humaines : Tae-yang, Tae-eum, So-yang et So-eum ;
c’est-à-dire, respectivement, le grand yang, le grand yin, le petit
yang et le petit yin, qui déterminent également, par la dimension
variable de leurs organes correspondants, la personnalité, les
tendances pathologiques et la nature des traitements requis.
Doté d’un torse bien développé propice au yang, le sujet de
type So-yang se caractérise par ses réactions rapides, tandis que
celui du So-eum, où prédomine, au contraire, la partie inférieure
du corps, possède un très bon sens de l’équilibre et une grande
patience, mais peut, en revanche, souffrir de troubles digestifs.
Le type Tae-yang, avec un assez fort volume thoracique, induit au
niveau corporel une faiblesse du dos et des jambes peu favorable
à l’endurance lors d’une longue marche. Le type Tae-eum présente une constitution corpulente dont les rondeurs annoncent
un caractère jovial et généreux. Les recherches en Corée font
apparaître que la majeure partie des Français, des Japonais et
des Italiens appartiendraient respectivement à la première, la
deuxième et la quatrième de ces catégories.
Voilà une occasion unique, en découvrant cette classification,
de tester la pertinence et les résultats de ce système médical traditionnel.
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CHAPITRE I
Histoire et principes fondateurs
1. Le chamanisme coréen
Le chaman est le premier guérisseur spirituel holistique. Il peut
être regardé comme l’amalgame
réunissant, dans un même individu, un guérisseur, un médecin,
un psychothérapeute, un guide
et un prieur-chanteur. Le chamanisme est la plus ancienne
pratique guérisseuse-religieuse
de Corée. Venu des confins de la
Sibérie et de l’Oural il y a des
Rituel kut avec mudang
millénaires, il est utilisé depuis
l’aube des temps dans des pratiques thérapeutiques, cathartiques et spirituelles. Son influence a cependant été amoindrie
par le bouddhisme ch’an venu de Chine au VIIe siècle et le confucianisme implanté par la suite. II a été condamné (mais toléré)
sous la dynastie Joseon (1392-1910) et réprimé sous l’occupation
japonaise (1910-1945). Après les années 1970, cette ancienne religion renaît de ses cendres et réapparaissent au grand jour les
mudang : les femmes chamanes coréennes. Ce sont elles qui
transmettent la tradition ancestrale, elles seraient à ce jour près
de 300 000.
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Le chamanisme est toujours extrêmement vivant aujourd’hui
en Corée du Sud. On y compte une mudang pour 360 habitants.
Rien qu’à Séoul, les échoppes de centaines de jeunes néo-chamanes, plus proches des diseuses de bonne aventure, prolifèrent.
Certaines mudang ont une réputation telle qu’elles bénéficient
d’un statut de trésor culturel national.
Mudang, combinaison des caractères chinois mu, sorcière ou
chamane, et tang ou dang, temple ou sanctuaire, désigne une
femme coréenne vivant de cette activité à travers sa clientèle.
Les hommes, beaucoup moins nombreux, sont appelés paksu
mudang. Ils ont été exécutés à partir du XIIIe siècle parce qu’ils
portaient des jupes et se comportaient comme des femmes.
En Corée, coexistent deux grandes familles de chamanes :
• les kangsin mudang, dites charismatiques ou inspirées,
revendiquent avoir reçu une descente, la vision d’un esprit qui
leur donne alors la capacité à devenir mudang ; elles pratiquent
dans le nord-ouest de la Corée ainsi qu’à Séoul ;
• les sesup mudang, dites héréditaires, ont hérité par transmission familiale de cet art et des techniques de transe ; elles
exercent dans le sud du pays.
Les cérémonies chamaniques kut (ou gut) se décomposent en
rituels où chants, musiques et danses peuvent durer de quelques
heures à une semaine. Traditionnellement, le kut se déroule en
douze kori. Lorsqu’ils ont tous été réalisés, le kut est achevé. La
tradition exige alors que tous les participants partent sans dire
au revoir ni remercier la chamane. Il existe deux sortes de kut :
le kut pour le bonheur et le retour à la santé ; le chaesu kut et
le chinogwi kut pour aider les esprits errants et ainsi guider un
défunt vers un bon lieu pour l’après-vie.
Les médecins coréens le confirment, les chamanes sont cruciales pour réguler la société coréenne d’aujourd’hui toujours
influencée par le poids des ancêtres et des esprits.
Le rituel de guérison chamanique expose publiquement le
malade et sa maladie, les replaçant au centre de la communauté
où les croyances sont partagées. Le rituel décrit la maladie dans
un langage compréhensible par le patient et son entourage. Il
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Histoire et principes fondateurs
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donne de l’importance et du temps, deux éléments bien connus de
la relation qui unit un médecin et son malade. Cette relation, très
intime et ancienne, reliant de manière animiste le monde visible
et invisible, trouve chez les Coréens son origine dans le mythe
fondateur même du premier homme et de la première femme
coréenne.
Il y a très longtemps, un tigre et un ours prièrent Hwanung5
pour devenir humains. En entendant leurs prières, Hwanung leur
donna 20 gousses d’ail et un bouquet d’armoise en leur ordonnant de ne manger que cette nourriture sacrée et de rester hors
de la lumière du soleil dans une grotte pendant 100 jours. Le tigre
abandonna le régime après une vingtaine de jours et sortit de la
grotte. L’ours, lui, y resta et fut transformé en femme. Selon la
légende, le tigre et l’ours représentaient les animaux totémiques
de deux tribus qui cherchaient, par des offrandes et des prières,
à obtenir la clémence et la faveur du prince créateur divin Hwanung sur leurs destins. La femme-ours fut reconnaissante de sa
transformation et fit alors des offrandes à Hwanung. Cependant,
il lui manquait un mari. Elle devint triste et se mit à prier sous un
bouleau divin pour avoir la faveur d’enfanter un fils. Hwanung,
ému par ses prières, la prit en tant que femme et elle donna naissance à un fils qu’elle nomma Tangun-Wanggeom. Il est considéré
comme le premier Coréen.
La légende de Tangun a joué un rôle très important pour la
mobilisation patriotique face aux envahisseurs de la Corée et en
joue encore un aujourd’hui concernant l’unité nationale. À partir de la fin de la période de Koryo (935-1392), Tangun fut considéré comme un dieu par une petite communauté de chamans, les
adeptes du gosindo6.
5. Dans les récits mythologiques de Corée, Hwanung, fils de Hwanin, le seigneur
du Ciel, aspirait à vivre sur terre dans les vallées et les montagnes. Hwanin permit à Hwanung de descendre sur les monts Baekdu, où Hwanung fonda Shinshi,
la Cité de Dieu. Il institua les lois et les codes moraux et enseigna différents arts
et techniques, la médecine et l’agriculture aux hommes.
6. Daejongisme, daejonggyo ou taejongkyo, grande religion ancestrale, sert de
cadre à certains chamans coréens qui célèbrent toujours le culte de Tangun. La
religion coréenne indigène authentique, gosindo, voie du dieu ancestral, affirme
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Cette légende, rapportée à la fin du XIIIe siècle dans les Gestes
mémorables des Trois Royaumes, contient plusieurs enseignements médicaux intéressants, tels que :
• l’efficacité de la materia medica, illustrée par le pouvoir
des plantes médicinales telles que l’armoise et l’ail sur les êtres
vivants ;
• les interdits médicaux consistant à éviter la lumière du soleil
en vivant dans une cave pendant 100 jours pour stimuler l’efficacité des traitements ;
• le rôle, l’importance et la spécificité d’un environnement
favorable pour la guérison ou le changement d’état, l’isolement
dans la cave dans ce cas précis ;
• les concepts de yin et de yang, incarnés par les complémentarités de lumière/ombre, divinité/humanité, masculin/féminin,
animal/végétal, armoise/ail ;
• la connaissance de la pharmacopée, observable dans l’utilisation d’une médication chaude (l’armoise et l’ail) appropriée
pour vivre dans un environnement froid comme une grotte
sombre et humide (dans la médecine coréenne, les médicaments
sont considérés comme chauds ou froids selon les sensations du
patient qui les consomme) ;
• le rôle du médecin qui guérit et prescrit et du patient qui
guérit en se faisant prescrire des médicaments.
Une autre légende coréenne explique la raison pour laquelle
l’ancêtre commun du chamanisme coréen est une femme nommée
Bari Gongju (Pali Kongju). Bari Gongju, dont la force de caractère
lui a permis de surmonter tous les obstacles et les vicissitudes
rencontrées dans sa vie sans jamais perdre courage, est devenue
l’archétype de la femme courage. La princesse Bari Gongju est
considérée comme la chamane (mudang) ancestrale et la dame
patronnesse de tous les chamans en Corée ; son nom signifie
« princesse abandonnée ». Septième d’une longue série de filles,
son père, le roi Ogu, la renia et la rejeta, car née fille et non garçon. Il l’arracha des bras de sa mère à la naissance puis l’enferma
que les Coréens ont leur propre dieu et qu’ils n’ont pas besoin d’adorer des
dieux étrangers.
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dans une boîte ornée de pierres précieuses qui fut lancée dans
l’océan. Tortues et dragons vinrent alors au secours du bébé en la
confiant à un couple de paysans, qui l’éleva. Elle reçut une éducation bien particulière qui la conduisit à quitter, jeune femme, son
foyer d’accueil et ses parents adoptifs pour herboriser seule dans
la montagne et devenir la première mudang.
La suite de l’histoire illustre un comportement filial exemplaire
et sans faille envers ses parents géniteurs : des années après
son abandon, ses parents biologiques vieillissants tombèrent
malades. Le dieu de la Montagne apparu devant Bari Gongju
alors qu’elle herborisait et l’informa que ses parents étaient très
malades. Seul un élixir, une source d’eau cachée dans la montagne
pourrait les guérir. Bari Gongju prit la route pour se rendre au
palais céleste et, sans divulguer son identité, entreprit le dangereux voyage pour trouver et ramener cette précieuse eau médicinale. C’était un long voyage à travers le monde des esprits pour
rejoindre le Ciel occidental. Ce voyage dans les mondes souterrains et célestes à la recherche de l’élixir de vie prendra la valeur
d’une véritable initiation.
Déguisée en garçon, Bari Gongju passa entre l’étoile Polaire et
la Croix du Sud. Elle y rencontra la « Vieille agricultrice femme
du Ciel » qui venait de terminer ses labours et de semer de nouvelles étoiles. Puis elle passa à côté de la « Blanchisseuse du Ciel »
qui la força à laver tout son linge sale et taché pour le rendre
blanc et net, provoquant alors une mousson. Enfin, elle atteignit
les falaises qui conduisent au Ciel de l’ouest. Une fois de plus,
des tortues aux carapaces dorées vinrent à son secours, formant
un pont à son arrivée pour veiller à sa sécurité. Elle trouva la
source d’eau de la vie, protégée par un gardien, un homme bourru
et désagréable. Toujours habillée en garçon, elle lui demanda un
peu d’eau miraculeuse. Quand le gardien apprit qu’elle n’avait
pas d’argent pour la payer, il refusa de lui en donner.
Mais Bari Gongju réussit à le convaincre de travailler pour lui
comme serviteur. Après trois années de bons et loyaux travaux
domestiques, elle était proche d’obtenir l’élixir, mais le gardien
découvrit qu’elle était une femme. Comme il était célibataire, il
lui demanda de l’épouser. Ce qu’elle fit, et elle lui donna sept fils.
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Alors seulement, il lui permit d’emporter un flacon rempli d’élixir
miraculeux. De retour dans le royaume paternel, elle constata
que ses parents venaient tout juste de mourir, les cérémonies
funéraires étaient même en cours. Néanmoins, elle les aspergea
avec le précieux élixir et les ramena à la vie. Par gratitude, ils
lui proposèrent de rester avec eux dans leur château, mais elle
refusa. Après avoir réussi sa terrible mission, la princesse préféra
retourner dans le monde des esprits, où elle devint une chamane,
une déesse qui aide et guide les âmes, les esprits des morts dans
leur voyage de ce monde-ci vers le Ciel.
Hormis sur l’île de Jeju7, Bari Gongju est considérée comme
l’ancêtre de toutes les chamanes en Corée. Elle est une figure
archétypale évoquée et célébrée dans tous les rituels chamaniques. Les mudang rejouent l’histoire de son passage à travers
la porte conduisant à l’au-delà. Dans l’imagerie populaire, elle
est représentée avec une robe aux longues manches à rayures aux
couleurs de l’arc-en-ciel.
Ce mythe parmi les plus importants et les plus célèbres du
chamanisme coréen est récité dans le rituel du gut (ou kut) pour
accompagner l’esprit du défunt dans son passage vers l’autre
monde. Ce mythe a touché pendant des siècles le cœur de beaucoup de Coréennes qui rendent encore hommage aujourd’hui à
Bari Gongju. Particulièrement les Coréennes qui ont souffert,
dans leur propre vie, des erreurs parentales. Celles qui continuent
à sacrifier leur vie pour l’amour et la piété filiale honorent Bari
Gongju. Cette dévotion filiale a été considérée pendant des siècles
comme la plus grande vertu dans la société coréenne confucéenne. La princesse Bari Gongju est devenue une héroïne et a été
installée sur le panthéon des références éthiques à suivre par les
Coréennes. De nos jours, la princesse Bari Gongju reste encore un
idéal à atteindre pour la femme coréenne. Elle incarne les trois
vertus du modèle féminin ancestral confucéen : le dévouement, le
courage et l’endurance.
7. Sur l’île de Jeju, volcanique et balayée par les cyclones, les habitants disent
qu’il y a autant de dieux (18 000) que d’îliens. Le chamanisme y est plus ancien
et sacré que n’importe où ailleurs en Corée.
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En outre, à un niveau extra-familial, Bari Gongju est également
devenue une héroïne nationale. Elle sauve le roi, son père, et, par
conséquent, cumule encore un autre exemple de dévouement filial,
mais pour le pays cette fois. Elle est la femme qui est capable
d’offrir sa propre vie pour l’amour du roi et de la couronne.
Il y a un troisième niveau où Bari Gongju sert de modèle pour les
femmes : le plan spirituel et religieux. C’est une femme qui, après
avoir été abandonnée par ses parents, demeure encore capable
par la suite de se sacrifier pour eux. Sa capacité à s’oublier, à
faire face aux dangers et aux difficultés qu’elle est contrainte
de traverser, lui fait transcender sa propre nature terrestre pour
devenir une déité. Elle peut alors accompagner l’esprit des morts
vers leur nouvelle demeure. Elle a montré par son courage et ses
capacités que les femmes pouvaient tout autant, sinon plus que
les hommes, avoir une attitude combative, noble et altruiste. Le
grand rôle qu’elle joue en tant femme la fait rentrer de plainpied dans l’histoire de la Corée. Elle est l’archétype de la femme
qui a transformé sa rude condition
humaine en réalité supérieure. De
par la nature divine atteinte dans
son existence, elle est considérée
comme la révérende, la première
parmi toutes les mudang et la mère
de toutes les chamanes, toutes écoles
confondues. Bari Gongju est appelée par des chants dans les rituels
chamaniques comme la déesse de
la Nature et de l’Univers qui guide
les malades et les morts à travers la
souffrance, l’obscurité et les mondes
souterrains. Bari Gongju a une fonction dramaturgique dans les rituels
du chamanisme coréen. Les chants
des mudang deviennent des commentaires et une critique de la valeur
Actrice portant le costume
de la supériorité des hommes sur les
traditionnel d’une mudang
femmes qui prévaut encore dans la
quand elle officie
société coréenne. L’histoire de Bari
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Gongju est pertinente à la fois comme trame narrative pour la
mudang en charge de transmettre et de dramatiser la charge
cathartique du rituel chamanique de guérison, et pour le public
composé essentiellement de femmes qui ont souffert et souffrent
encore dans leur chair de la discrimination entre les sexes.
Le mythe de la princesse Bari Gongju va bien au-delà d’une
incitation pour les femmes coréennes à se conformer aux conventions sociales. Il donne aussi la parole à leurs protestations
contre une société trop patriarcale. Bari Gongju est capable de
regarder au-delà des récompenses immédiates offertes par le
système confucéen rigide et de choisir les récompenses sacrées.
Elle présente un modèle féminin qui s’affranchit de celui qui est
offert par la société confucéenne, dans lequel la femme doit être
vertueuse, obéissante, femme au foyer, maîtresse de maison. Bari
Gongju propose un modèle qui dépasse ces limites si étroites.
Elle, qui a été abandonnée par ses parents, a vécu une vie exemplaire comme enfant adopté ; mariée contre son gré, elle choisit
de ressusciter ses parents par amour filial, refuse de prendre la
succession du royaume de son père et suit son propre chemin.
Bari Gongju a su s’adapter à la réalité, trouver et développer sa
propre voie, sans être submergée par celle-ci et sans renoncer à sa
lutte pour obtenir la reconnaissance de sa dignité et de sa fierté
d’être une femme. Tous ces éléments montrent que les femmes
coréennes peuvent mettre en œuvre des rites chamaniques, qu’il
est possible pour elles de suivre leur propre chemin et de prendre
leurs propres décisions, au-delà des attentes d’une société dominante qui asservit encore trop de femmes dans le monde.
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2. La médecine traditionnelle coréenne (TKM)
et la médecine traditionnelle chinoise (TCM)
Des concepts mythologiques, philosophiques et scientifiques
complexes sont à la base des nombreuses traditions médicales en
Asie et sur l’ensemble de la planète.
La médecine traditionnelle chinoise (TCM) est enracinée dans la
vision taoïste de la nature et de l’humanité telle qu’elle apparaît
dans le plus ancien ouvrage de médecine chinoise traditionnelle :
le Classique interne de l’empereur Jaune ou Classique interne
de Huangdi Nei Jing8. La théorie du yin-yang9 et la théorie des
cinq phases10 sont les principes fondamentaux du taoïsme mis en
œuvre dans le développement de la TCM.
Les fondements de la médecine traditionnelle coréenne (TKM)
ont été influencés par les mêmes théories philosophiques que la
TCM. Cependant, la TKM se caractérise par un système médical
qui bifurque tel un embranchement à partir du tronc commun de
la TCM en intégrant d’autres principes et aspects issus de philosophies orientales distinctes.
Des concepts philosophiques centraux sont au cœur de la TCM.
Premièrement, le qi est vu comme la substance fondamentale de
l’univers. Deuxièmement, la TCM se focalise sur l’univers physique et sa nature plutôt que sur les êtres vivants et la nature
humaine. Troisièmement, la dynamique de l’univers est animée
d’un perpétuel changement issu de l’alternance des énergies yin
et yang et des cycles des cinq phases. Par conséquent, ces change8. La rédaction de l’ouvrage est attribuée au mythique empereur Jaune (Huangdi
Nei Jing, XXVIIIe siècle av. J.-C.) et se présente comme un dialogue entre l’empereur Jaune et son médecin et ministre Qi Bai.
9. Dans la cosmologie chinoise, yin et yang sont deux entités liées, qui se succèdent, existant grâce à l’autre et qui suivent le souffle originel qi à l’œuvre dans
toutes choses.
10. Les wuxing ou cinq phases. Les Cinq Éléments : Bois, Feu, Terre, Métal et
Eau apparus sous les Royaumes Combattants (Ve-IIIe siècle av. J.-C.) ont servi à
construire le système de classification et de correspondances qui, une fois unifié avec le système yin-yang et la notion de qi, a eu un impact considérable sur
toute l’histoire de la pensée chinoise.
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LA MÉDECINE CORÉENNE
ments peuvent être observés et prédits. Quatrièmement, la santé
et la longévité d’un individu sont principalement déterminées par
sa conformité à respecter les lois de la nature. En d’autres termes,
l’idée taoïste de Wu Wei11 est au cœur des principes de traitement
et de la médecine préventive dans la TCM.
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3. La médecine constitutionnelle Sasang (SCM)
Les principes de la médecine constitutionnelle Sasang (SCM), formalisés par écrit pour la première fois dans le Dongui Susebowon,
sont fondamentalement basés sur un point de vue néoconfucianiste de la nature et de l’humanité. La médecine constitutionnelle
Sasang s’appuie sur les quatre concepts suivants :
• l’importance et la primauté de l’homme et des êtres vivants
sur la nature. Les êtres humains existent aussi sur le propre plan
de l’humanité, un plan indépendant de la nature. Ils sont alors
influencés par deux facteurs : le contexte sociétal et les relations
humaines, qui comprennent la relation à soi et les relations interpersonnelles ;
• la philosophie Sasang organise et classe tous les phénomènes,
y compris l’énergie, la matière de l’univers, la vie et le vivant,
à travers une boussole à quatre axes, quatre habitus : l’activité
humaine, l’esprit (caractère), le corps (forme et constitution physique) et la matière (constituants, biologie, physiologie). La théorie Sasang établit les êtres humains sur deux niveaux : l’esprit et
le corps. L’esprit est ensuite subdivisé en quatre expressions : la
disposition innée de sa nature émotionnelle (seong-jeong12) s’exprime en douleur, colère, joie et contentement (plaisir). Le corps
est lui aussi divisé en quatre systèmes en considérant les quatre
principaux organes : les poumons, la rate-pancréas, le foie et les
11. Wu wei, wou wei est un concept taoïste qui peut être traduit par « non-agir »
ou « non-intervention ». C’est le fait d’agir en conformité avec « l’ordre cosmique
originaire », le mouvement de la nature et de la Voie (Tao).
12. Lee Jema a décomposé l’esprit en deux parties : sa nature innée (seong) et sa
disposition affective (jeong).
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EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 13 - Avant
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Histoire et principes fondateurs
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reins. Cette théorie quaternaire systémique forme le contour de
l’étude de la physiologie et de la psyché humaine par la SCM ;
• la SCM prend en compte la variabilité individuelle. Les
caractéristiques mentales et physiques d’un individu peuvent
se manifester à un niveau plus large que ce premier découpage
en quatre classes différentes. La mise en évidence de caractéristiques physiques d’un corps humain prédéterminées congénitalement au sein des quatre organes permet de comprendre l’équilibre fonctionnel, la physiologie et les pathologies d’un individu ;
• la SCM s’efforce de préserver la santé et la longévité à travers l’identification et la gestion constitutionnelle des individus en préconisant le mode de vie et les changements de comportement adaptés à chaque catégorie. Ainsi, les aliments et les
remèdes convenables seront différents en fonction des constitutions ou types.
La SCM s’étend bien au-delà d’une simple prescription médicale. Elle souligne l’importance de l’auto-observation, de la responsabilisation de chacun dans la préservation de sa santé et
de la prévention de la maladie. La clé se trouve dans les recommandations des modes de vie compatibles avec la constitution à
laquelle nous appartenons.
Les quatres organes pleins
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La Médecine Constitutionnelle Sasang (SCM)
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1. La notion de constitution en Occident et en Orient
Morphologie des quatre constitutions coréennes
Chaque culture a défini, en fonction de sa propre vision et compréhension du monde, une manière de regrouper les êtres humains
selon des trames, motifs invariants, ressemblances, liés à la comparaison de leurs caractéristiques morphologiques, biologiques,
physiologiques, psychologiques. Le tableau ci-après synthétise
les différentes tentatives de ces « mises en boîtes » et permet de
se familiariser avec cette notion de constitution. Leurs diversités historiques illustrent le fait qu’une personne n’intègre jamais
parfaitement bien un moule catégoriel.
La « constitution » peut être définie comme l’ensemble des
attributs physiques et des caractéristiques fonctionnelles qui
sont globalement forgés par des déterminants héréditaires et les
facteurs environnementaux. Le « type » est une catégorie de personnes qui se ressemblent sur un grand nombre de caractéristiques et qui se différencient d’une autre catégorie de personnes.
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LA MÉDECINE CORÉENNE
EDITIONS GRANCHER - 11565160305 LA MEDECINE COREENNEpdf(40566) - CAHIER - 37 - Arrière
Depuis Hippocrate, l’influence du climat joue un grand rôle dans
les manifestations des symptômes à l’origine d’un déséquilibre
organique pouvant conduire à une maladie. Certaines constitutions sont plus sensibles à certains déséquilibres saisonniers que
d’autres et expriment, selon les circonstances climatiques, des
pathologies de types très différents. Établir le diagnostic constitutionnel d’un patient peut être une entreprise très délicate. Il
passe, en général, par de longs questionnaires appréhendant
toutes les dimensions des plans d’existence d’un individu. Faire
référence à une catégorie de constitution signifie se concentrer,
mettre l’accent sur une ou deux tendances dominantes issues
d’une observation attentive du patient. Les praticiens doivent
cependant se méfier de ne pas tomber dans le piège réducteur
d’exclure toutes les autres possibilités de diagnostics après
avoir fait un choix constitutionnel… N’oublions pas que les êtres
humains sont des assemblages complexes, organiques, subtils et
dynamiques, qui ne peuvent pas être si facilement réduits à une
case.
Les catégories ou motifs constitutionnels les plus connus
proviennent des médecines traditionnelles chinoise, indienne,
grecque… Les différentes constitutions sont classées en trois
« dosha » en médecine ayurvédique, trois « diathèses » en homéopathie ou oligothérapie, six « typologies » en médecine énergétique chinoise… et quatre en médecine Sasang coréenne.
Selon la constitution de chaque individu :
• les problèmes de santé sont différents d’une personne l’autre,
dans le même contexte ;
• les troubles présentés sont plus ou moins forts ;
• les capacités d’élimination des toxines, de réaction aux soins
et d’adaptation aux divers stress varient.
La recherche médicale démontre, par exemple, que les types
d’enzymes fabriquées par le corps ou encore les capacités immunitaires ne sont pas fixés définitivement et peuvent varier largement d’un individu à l’autre.
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La Médecine Constitutionnelle Sasang (SCM)
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La notion de constitution dans l’histoire des médecines
Théorie
Constitutions : caractéristiques
Type Eau
Type Bois
Type Feu
Type Métal
Climat (région)
Han-Gue Jo
et G i-Ho Jo
(2013)
chaud, aride
(savane tropicale)
chaud, humide
(forêt tropicale)
aride et froid
(prairie froide)
froid, humide
(région arctique)
Aw
At
Dw
Df
Renforcement
des fonctions
Urinaire,
désintoxication
Digestion,
désintoxication
Digestion,
respiration
Respiration
Les traits de
personnalité
Prudent, retenu,
réservé
Calme, détendu,
patient
Extraverti, actif,
instable
Aventureux,
volontaire,
courageux
Lee Jema (18371900)
So-eum : SE
(petit yin)
Tae-eum : TE
(grand yin)
So-yang : SY
(petit yang)
Tae-yang : TY
(grand yang)
Reins forts
Foie fort
Rate-pancréas
forts
Poumons forts
Propre, doux,
négatif,
intelligent,
égoïste,
pessimiste,
organisé, jaloux,
persévérant
Doux,
commercial,
affable,
moqueur,
humoriste, lâche
Instable, s’ennuie
facilement, se
sacrifie, juste,
acceptable
Créatif, positif,
progressiste,
charismatique,
héroïque,
impulsif
Esprit nerveux
Esprit craintif
Esprit anxieux
Esprit positif, vif
Tae Woo Yoo
(1971)
Sin Sil jeung
(plénitude rein)
Eum Sil Jeung
(plénitude yin)
Yang Sil Jeung
(plénitude yang)
3 typologies
Sam Il Che Jil
Excès rein, foie,
poumons
Excès rate,
poumons, cœur
Excès foie, cœur
4 typologies
Sasang
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LA MÉDECINE CORÉENNE
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Théorie
Yi Eul Ho
(1933)
Groupe sanguin
A
Groupe sanguin
O
Groupe sanguin
B
Groupe sanguin
AB
Hans J. Eysenck
(1916-1997)
Nl : Neuroticintroverti
Sl : Stableintroverti
NE : Neuroticextraverti
SE : Stableextraverti
(Psychoticisme,
introversion/
extraversion et
névrosisme)
Lunatique,
anxieux,
rigide, sobre,
pessimiste,
réservé, calme,
déprimé,
anxieux, peu
sociable
Passif, prudent,
réfléchi, paisible,
contrôlé, fiable
Délicat, agité,
agressif,
nerveux,
versatile,
impulsif,
optimiste, actif
Sociable, mobile,
bavard, sensible,
facile à vivre,
leadership,
vif, insouciant,
versatile,
impulsif,
optimiste, actif
Hippocrate et
Galien
(-460 -370 av.
J.-C.)
Mélancolique/
nerveux (bile
noire, atrabile)
Lymphatique
(flegme, pituite)
Bilieux/colérique
(bile jaune)
Sanguin
(sang)
(Humeur et
tempérament)
Sombre,
rumineur,
replié, émotif,
pessimiste, peu
sociable
Atone, lent,
modéré,
désintéressé,
impassible
Mauvaise
humeur,
colérique,
agressif, irritable,
volontaire,
logique
Gai, bon vivant,
optimiste,
sociable,
passionné,
excessif
Ayurvéda
Vita
Kapha
Médecine
tibétaine
Loung
Békan
Homéopathie
Phosphorique
Carbonique
Hahnemann
Christian (17551843)
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Constitutions : caractéristiques
Pita
Tripa
Fluorique
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La Médecine Constitutionnelle Sasang (SCM)
Théorie
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Constitutions : caractéristiques
Hygiénisme
Ectomorphe :
Endomorphe :
Mésomorphe :
Sheldon
William (18991977)
linéarité,
cerebrotonia,
seul
rondeur,
viscerotonia, au
milieu
muscularité, somatotonia,
contrôle
(somatotype)
Correspond
à un grand
développement
du système
nerveux et
du cerveau
(ectoderme) et
à une tendance
à être mince,
élancé. Il est
corrélé au
tempérament
cérébrotonique,
sensible, timide,
introverti, qui
a des goûts
artistiques
développés. Il
préfère l’intimité
à la foule, se
montre souvent
inhibé.
Correspond
à un grand
développement
du système
digestif, en
particulier
l’estomac
(endoderme),
tendance à
la rondeur,
corpulence, avec
un corps mou
et des muscles
peu développés,
tempérament
viscérotonique
qui cherche
le confort et
le luxe, aime
manger, tolérant,
décontracté,
sociable, jovial,
de bonne
humeur, de type
extraverti.
Correspond à un grand
développement de la musculature
et du système circulatoire
(mésoderme).
Il est corrélé au tempérament
somatotonique, courageux,
athlétique énergique, actif,
dynamique, autoritaire,
agressif, prend des risques.
Viard Marcel
(1884-1976)
Penseur
Sédentaire
Réalisateur
Mobile
Besoin de
penser
Besoin de vie
végétative
Besoin de
réaliser
Besoin de
prodiguer, d’agir
Sigaud Claude
(1862-1921)
Cérébral
Digestif
Musculaire
Respiratoire
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Théorie
Constitutions : caractéristiques
Pende Nicola
(1880-1970)
Longiligne
Bréviligne
Longiligne
Bréviligne
asthénique
asthénique
sthénique
sthénique
Carton Paul
(1875-1947)
Mental
Alimentaire
Physique
Atmosphérique
Allendy René
(1889-1942)
Atoni aplastique
Atoni plastique
Toni aplastique
Toni plastique
Réactions peu
intenses et peu
étendues
Réactions peu
intenses et
étendues
Réactions
violentes et peu
étendues
Réactions
violentes et
étendues
Jung Gustav
(1875-1961)
Pensée
Intuition
Sensation
Sentiment
(extraverti ou
introverti)
(extraverti ou
introverti)
(extraverti ou
introverti)
(extraverti ou
introverti)
Rétracté de base
Dilaté rond,
hypo-excitable
Rétracté frontal
et latéral
Dilaté hyper
excitable
(4 x2 types
psychologiques)
Corman Louis
(1901-1995)
Nous allons maintenant rentrer au cœur des quatre constitutions proposées par la médecine Sasang de Lee Jima.
• Petit yang/Shao yang = So-yang-in ou grande rate-pancréas,
petits reins
• Petit yin/Shao yin = So-eum-in ou grands reins, petits ratepancréas
• Grand yang/Tai yang = Tae-yang-in ou grands poumons,
petit foie
• Grand yin/Tai yin = Tae-eum-in ou grand foie, petits poumons
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Table des matières
Préface............................................................................................ 7
Introduction................................................................................... 9
CHAPITRE I
Histoire et principes fondateurs............................................... 15
1. Le chamanisme coréen........................................................... 15
2. L
a médecine traditionnelle coréenne (TKM)
et la médecine traditionnelle chinoise (TCM)..................... 23
3. La médecine constitutionnelle Sasang (SCM)..................... 24
4. L
a médecine constitutionnelle Sasang (SCM)
et l’ayurveda indienne............................................................ 34
CHAPITRE II
Les trois ouvrages de référence de la médecine coréenne... 37
1. Le Hyangyak Jip Sung bang (1433)........................................ 37
2. Le Dongui bogam de Heo Jun (1613)..................................... 42
3. Le Dongui Susebowon de Lee Jema (1893)........................... 48
4. S
ituation actuelle de la médecine
traditionnelle coréenne.......................................................... 54
CHAPITRE III
La Médecine Constitutionnelle Sasang (SCM)........................ 59
1. La notion de constitution en Occident et en Orient.......... 73
2. La constitution So-yang.......................................................... 79
3. La constitution So-eum.......................................................... 81
4. La constitution Tae-yang........................................................ 83
5. La constitution Tae-eum........................................................ 85
429
430
CHAPITRE IV
Questionnaires pour déterminer la constitution.................. 87
Questionnaire n° 1.................................................................... 108
Questionnaire n° 2.................................................................... 110
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CHAPITRE V
Constitutions et maladies........................................................ 107
1. Tae-yang-in............................................................................. 108
2. So-yang-in............................................................................... 110
3. Tae-eum-in............................................................................. 112
4. So-eum-in............................................................................... 114
5. L’apparition de la maladie suivant la constitution........... 116
CHAPITRE VI
La guérison de l’esprit pour les quatre constitutions......... 125
1. Préserver la santé à travers le contrôle des émotions.... 125
2. C
ontrôle des émotions dans nos relations
aux autres et à soi................................................................. 132
CHAPITRE VII
L’exercice physique pour les quatre constitutions.............. 137
1. Les recommandations pour le type Tae-yang.................... 138
2. Les recommandations pour le type So-yang...................... 139
3. Les recommandations pour le type Tae-eum.................... 140
4. Les recommandations pour le type So-eum...................... 141
CHAPITRE VIII
Les recommandations alimentaires
pour les quatre constitutions................................................. 143
1. Quelques traditions culinaires coréennes........................ 143
2. L’alimentation appropriée à la constitution Tae-yang..... 162
3. L’alimentation appropriée à la constitution So-yang....... 175
4. L’alimentation appropriée à la constitution Tae-eum..... 187
5. L’alimentation appropriée à la constitution So-eum....... 200
6. L
’alimentation en tant que moyen de prévention
(yakseonen)............................................................................. 213
430
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CHAPITRE IX
Les tisanes et thés médicinaux............................................... 229
1. Les tisanes pour le type Tae-yang....................................... 231
2. Les tisanes pour le type So-yang......................................... 234
3. Les tisanes pour le type Tae-eum....................................... 237
4. Les tisanes pour le type So-eum......................................... 239
5. Les différentes variétés de thés et tisanes....................... 242
CHAPITRE X
La pharmacopée (hanyak)........................................................ 247
1. Le Ginseng (Insam)................................................................ 253
2. Les principales autres plantes............................................ 276
3. L
es conseils et recommandations
pour la préparation des formulations................................ 284
4. Q
uelques exemples de prescriptions
et de formulations de plantes médicinales....................... 292
5. Le bois de velours ou bois de cerf (nokyong)..................... 300
CHAPITRE XI
Plantes médicinales communes
aux pharmacopées coréennes et françaises.......................... 311
CHAPITRE XII
Les thérapies externes............................................................. 351
1. Les bains coréens (jjimjilbang)............................................ 351
2. Les ventouses coréennes (buhwang).................................. 362
3. Les moxibustions coréennes (tteum)................................. 369
4. L’acupuncture (Saam)........................................................... 374
5. Le massage ou la relaxation coréenne............................... 397
Conclusion.................................................................................. 409
Annexes...................................................................................... 415
Bibliographie.............................................................................. 423
431
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