Source : Louise Lafleur, orthophoniste, audiologiste, M.O.A., Hôpital Sainte-Justine
Bibliographie : Varrand, M., L’apprenti parleur, Éditions Grancher, 1995, page 273
Montfort Marc, Juarez Sanchez A., L’intervention dans les troubles graves de l’acquisition du langage et les dysphasies
développementales, Éditions Ortho, 2001, page 294
ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DES TROUBLES D’APPRENTISSAGE
LANGAGE ET COMMUNICATION
CHEZ L’ENFANT QUI A DES TROUBLES D’APPRENTISSAGE
Un bon pourcentage des enfants atteints de troubles d’apprentissage présentent un déficit de langage à des degrés
et des niveaux divers. Ils accusent également un déficit quant aux aptitudes de la communication, de sorte qu’ils
éprouvent aussi des difficultés d’adaptation sociale.
Ainsi, plusieurs d’entre eux manifestent dès leur enfance des difficultés dans le développement de la parole et du
langage. Ces difficultés sont plus ou moins mises en évidence pendant les premières années de vie. L’acquisition du
langage se fait de façon particulière et ne peut être comparée à celle d’un développement régulier. Cela survient
sans cause apparente et ne s’explique ni par une déficience intellectuelle, ni par une déficience auditive ou par un
trouble affectif. Si l’atteinte est légère, le problème ne sera pas nécessairement dépisté pendant les premières
années de vie et les manifestations se feront sentir seulement au moment de l’apprentissage du langage écrit.
LES MANIFESTATIONS DU TROUBLE DU LANGAGE
Du côté de l’expression verbale, nous pouvons constater :
▪ une difficulté à exprimer oralement des concepts qui semblent compris ;
▪ une difficulté à parler la langue maternelle selon une structure grammaticale adéquate ;
▪ un vocabulaire pauvre ou imprécis ;
▪ une difficulté à raconter une histoire ou à rapporter un événement en respectant l’ordre des séquences.
Ces enfants manifestent parfois des troubles de l’évocation (ils cherchent leurs mots) et de l’idéation (ils ont du mal à
formuler leurs idées et à les enchaîner). Fréquemment, l’enfant emploie un mot pour l’autre, il inverse des syllabes
dans les mots (ex. : valabo/lavabo), il fait même des jeux de mots sans le savoir en inventant des termes nouveaux
(qui n’existent pas). Par contre, le jeu conscient avec les mots lui est difficilement accessible : les jeux de mots le font
rarement rire et lui-même a de la difficulté à en créer.
L’enfant parvient mal à analyser la structure de la langue et certains mots sont pour lui imprononçables. Il est un peu
dans la situation d’un étranger qui a appris une langue sur le tard. Il possède un niveau suffisant de vocabulaire pour
se débrouiller dans la vie courante, mais il ne saisit pas toujours les finesses de la langue, notamment l’humour par
les mots.
Les difficultés d’expression se révèlent de manière accrue en langage « dirigé », en particulier lorsque l’enfant doit
répondre précisément à une question, donner une définition, chercher le mot exact, résumer un texte, raconter une
histoire. Le seul fait d’être interrogé devient pour lui une source de stress. C’est pourquoi il panique à l’idée de
prendre la parole en classe et souvent, il adopte une attitude passive. On le dit volontiers timide ou dans la lune.
Du côté de la compréhension du langage, l’enfant a de la difficulté à saisir un message oral, surtout s’il est formulé
rapidement ou s’il comporte plusieurs éléments. L’enfant ne sait pas ou n’est pas toujours conscient qu’une partie
des consignes lui a échappé et il ne voit pas la nécessité de demander des éclaircissements. Ses difficultés
langagières surviennent quelle que soit la langue qu’il parle.