Risque d`hyperthyroïdie dans une population de fumeurs tunisiens

doi:10.1684/abc.2012.0689
199
Pour citer cet article : Haj Mouhamed D, Ezzaher A, Neffati F, Douki W, Gaha L, Najjar MF. Risque d’hyperthyroïdie dans une population de fumeurs tunisiens. Ann Biol
Clin 2012 ; 70(2) : 199-206 doi:10.1684/abc.2012.0689
Article original
Ann Biol Clin 2012 ; 70 (2) : 199-206
Risque d’hyperthyroïdie dans une population
de fumeurs tunisiens
Risk of hyperthyroidism in a Tunisian population of smokers
Dhouha Haj Mouhamed1,2
Asma Ezzaher1,2
Fadoua Neffati1
Wahiba Douki1,2
Lotfi Gaha2
Mohamed Fadhel Najjar1
1Laboratoire de biochimie-toxicologie,
Hôpital universitaire Fattouma
Bourguiba, Monastir, Tunisie
2Laboratoire “vulnérabilité aux
psychoses”, Service de psychiatrie,
Hôpital Universitaire Fattouma
Bourguiba, Monastir, Tunisie
<hajdhouha@yahoo.fr>
Article rec¸u le 30 juillet 2011,
accept´
e le 27 octobre 2011
Résumé. Objectifs : Étudier les effets du tabac sur les concentrations de la
TSH et la FT4, la variation de ces concentrations selon les caractéristiques de la
consommation (nombre de cigarettes fumées/j et ancienneté de l’exposition/an)
et leurs associations avec les deux marqueurs biologiques du tabagisme (cotini-
nurie et thiocyanates plasmatiques (SCN-)). Matériel et méthodes : Notre étude
a concerné 162 fumeurs (F), 27 anciens fumeurs (AF) et 111 non-fumeurs
(NF) âgés respectivement de 35,4 ±16 ; 31,6 ±1,8 et 38,0 ±14,6 ans. La TSH
et la FT4 ont été déterminées par électrochimiluminescence, la cotininurie par
immunoenzymologie et les thiocyanates par électrode sélective. Résultats : Une
diminution significative de la TSH et une augmentation progressive de la FT4
en fonction du statut tabagique ont été notées avant et après ajustement. La TSH
est significativement plus basse et la FT4 significativement plus élevée chez les
F et AF par rapport aux NF. La TSH était significativement plus basse chez les
sujets fumant plus de 40 cigarettes/j par rapport à ceux fumant moins de 20.
Elle était également significativement plus basse chez les F dont le tabagisme
datait de plus de 5 ans par rapport à ceux fumant depuis moins de 5 ans. La
cotininurie et les thiocyanates présentent une corrélation négative avec la TSH
et une corrélation positive avec la FT4. Conclusion : Chez les F, les variations
de la FT4 et de la TSH reflètent un risque d’hyperthyroïdie plus élevé, et sont
étroitement corrélées aux caractéristiques de la consommation. De plus, l’arrêt
du tabac peut entraîner de légères réductions de la FT4 et des augmentations de
la TSH, par conséquent des effets réversibles du tabac sur la thyroïde.
Mots clés : tabac, fonction thyroïdienne, cotinine, thiocyanates
Abstract. Objectives: This study aimed to examine the effect of cigarette smo-
king on thyroid function especially TSH and FT4 levels and to determine the
correlation between these parameters and the biological tobacco markers:
plasma thiocyanate and cotininuria. Methods: The initial study was conduc-
ted on 300 voluntary subjects, 162 current smokers, 27 former smokers and
111 nonsmokers aged respectively 35.4±16.1, 31.6±1.8 and 38.0±14.6 years.
TSH and FT4 levels were determined using electrochemiluminescence, cotinine
by homogenous enzymes immunoassay and thiocyanate by selective electrode.
Results: Before and after adjustment for potentials confounder factors, we found
a significant decrease of TSH and a significant increase of FT4 levels accor-
ding to smoking status. In current and former smokers, we found significant
decrease in TSH and increase in FT4 levels compared to nonsmokers. Moreo-
ver, we noted a significant decrease of TSH levels in subjects smoking more
than 40 cigarettes/day compared to those smoking less than 20 cigarettes/day.
Additionally, TSH levels were significantly reduced in subjects smoking more
than 5 years compared to those who smoked <5 years. In smokers, cotininuria
and plasma thiocyanates presented a negative correlation with TSH and a posi-
tive correlation with FT4 levels. Conclusion: cigarette smoking is associated to
Tirés à part : D. Haj Mouhamed
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Article original
perturbations in FT4 and TSH levels, these perturbations were strongly corre-
lated with smoking status parameters. The associations with smoking cessation
suggest that smoking may have reversible effects on thyroid function. There-
fore, it is recommended to stop or reduce smoking and to introduce testing of
thyroid estimation as a routine test, especially in subjects at risk.
Key words: cigarettes smoking, thyroid function, cotinine, thiocyanates
Le tabagisme est l’une des principales causes évitables de
décès dans le monde. Chaque année, environ 4 millions de
personnes décèdent en raison du tabagisme et on estime
que le tabac entraîne environ 8,8 % des décès dans le
monde. L’importance de ce problème de santé publique est
croissante et les estimations suggèrent que presque 10 mil-
lions de personnes peuvent décéder de causes liées au tabac
en 2025. Le tabagisme, à l’origine de pathologies graves,
demeure un véritable problème de santé publique d’autant
plus que cette toxicomanie touche de plus en plus les enfants
et les adolescents avec des conséquences néfastes sur leur
santé [1, 2]. Si les complications bronchopulmonaires et
cardiovasculaires du tabagisme sont bien connues, d’autres
effets du tabagisme le sont moins, notamment ceux qui
touchent la thyroïde. Le tabac semble impliqué dans la sur-
venue de diverses anomalies de la fonction et de la structure
thyroïdiennes [3]. De multiples facteurs extrathyroïdiens
peuvent influencer les tests de fonction thyroïdienne,
comme la prise de certaines médications, l’âge ou d’autres
affections. Les effets du tabagisme sur la fonction thyroï-
dienne ont fait l’objet de plusieurs travaux. Ces effets ont
été décrits comme thyréostimulateurs ou comme antithy-
roïdiens, selon les conditions étudiées (chez le sujet normal
ou en cas de pathologie thyroïdienne sous-jacente) [3]. En
l’absence de pathologie thyroïdienne, les effets du taba-
gisme sur les tests thyroïdiens sont controversés [4, 5].
Notre travail avait pour objectif d’étudier les effets du tabac
sur les concentrations plasmatiques de la TSH et de la
FT4, la variation de ces concentrations selon les caractéris-
tiques de la consommation (nombre de cigarettes fumées/j
et ancienneté de l’exposition/an) et leurs associations avec
les deux marqueurs biologiques du tabagisme (cotinine uri-
naire et thiocyanates plasmatiques (SCN-)).
Tableau 1. Caractéristiques sociodémographiques de la population d’étude.
Fumeurs
n = 162
Anciens fumeurs
n=27
Non-fumeurs
n = 111
p
Age (ans) 35,4 ±16,1 31,6 ±11,8 38,0 ±14,61 0,05
IMC (kg/m2) 24,2 ±3,2 26,3 ±4,5 25,6 ±4,4 <0,001
Sexe ratio (H/F) 8 0,6 0,8 <0,001
Consommation alcoolique Oui 37 2 14 <0,001
Non 125 25 97
H : hommes;F:femmes ; p Anova.
Population d’étude
Notre étude a concerné 300 sujets volontaires dont
162 fumeurs âgés de 35,4 ±16,1 ans, 27 anciens
fumeurs âgés de 31,6 ±1,8 et 111 non-fumeurs âgés de
38,0 ±14,6 ans (tableau 1). Tous les sujets présentant
des antécédents de diabète, de dyslipidémie, de patholo-
gie cardiovasculaire et/ou de pathologie thyroïdienne ont
été exclus de l’étude.
Méthodes
Recueil des données
Les données ont été recueillies par le biais d’un question-
naire comportant divers renseignements à propos du sujet de
l’étude : statut démographique (âge, sexe), tabagisme (âge
à la première cigarette, quantité moyenne de tabac consom-
mée, âge auquel les anciens fumeurs ont cessé de fumer),
les pathologies liées à la consommation du tabac et les anté-
cédents (alcoolisme, pathologies respiratoires, pathologies
cardiovasculaires).
Prélèvements
Pour chaque sujet qui a consenti à participer à l’étude, 5 mL
de sang ont été prélevés sur un tube contenant l’héparinate
de lithium. Ces échantillons ont été apportés rapidement au
laboratoire pour éviter toute détérioration et contamination
extérieure, centrifugés à une vitesse de 2 000 g pendant
10 min, aliquotés et conservésà-80C jusqu’au moment
de l’analyse. Dix mL d’urines ont été recueillis dans un
flacon stérile sans conservateur.
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Risque d’hyperthyroïdie chez les fumeurs tunisiens
Méthodes de dosage
Cotinine urinaire
La cotinine urinaire a été dosée par une technique immu-
noenzymatique en phase liquide homogène. Le dosage
repose sur la compétition entre une enzyme, la glucose-
6-phosphate déshydrogénase (G6PDH) marquée par la
cotinine et la cotinine libre de l’échantillon d’urine pour une
quantité fixe de sites de liaisons spécifiques de l’anticorps.
En l’absence de cotinine libre dans l’échantillon, la G6PDH
marquée est fixée par l’anticorps spécifique et l’activité
enzymatique est inhibée. Ce phénomène crée une relation
directe entre la concentration de la cotinine dans l’urine
et l’activité enzymatique. L’activité enzymatique de la
G6PDH est déterminée par spectrophotométrie à 340 nm
en mesurant sa capacité à convertir le nicotinamide adénine
dinucléotide oxydé (NAD+) en NADH, H+. Nous avons uti-
lisé la trousse de dosage de la cotinine urinaire de Thermo
Electron corporation (Réf : 981632).
Thiocyanates plasmatiques
Le dosage des thiocyanates plasmatiques a été réalisé
par potentiométrie (Ionometer Seven Multi S80, Mettler
Toledo, Schwerzenbach, Switzerland). L’ionomètre permet
de convertir le potentiel de mesure (mV) développé entre
une électrode spécifique et une électrode de référence à
jonction double en une valeur de concentration. Dans cette
étude, nous avons utilisé une méthode par ajout dosé qui
consiste à mesurer le potentiel d’électrode d’un volume
connu de l’échantillon à doser, à ajouter ensuite un petit
volume de solution connue au volume de départ et à mesu-
rer de nouveau le potentiel de l’électrode, ce qui permet
d’obtenir la variation de potentiel (E). La concentration
de l’échantillon est alors calculée à l’aide de l’équation sui-
vante : Cu = Cs [Vs/(Vu + Vs)] [10E/S (Vs/Vs + Vu)]-1
(Cu : concentration non connue ; Cs : concentration de la
solution étalon ; Vs : volume de la solution étalon ; Vu :
volume de la solution échantillon;E:variation du potentiel
enmV;S:pente de l’électrode en mV).
Hormones thyroïdiennes
Les dosages de la TSH et de la FT4 ont été réalisés
par électochimiluminescence sur Elecsys 2010TM (Roche
Diagnostics). Les réactifs comprennent une phase solide
constituée de microparticules magnétiques tapissées de
streptavidine. Deux lots et deux étalonnages de chaque
réactif ont été utilisés.
Le dosage de la thyroxine libre (FT4) est aujourd’hui un élé-
ment essentiel du bilan d’exploration de la thyroïde. La FT4
est déterminée parallèlement à la TSH lors de présomption
de dysfonctionnement thyroïdien. Le dosage de la TSH est
un test très sensible et spécifique pour l’exploration de la
thyroïde, il permet de dépister ou d’exclure précocement un
dysfonctionnement du système de régulation au niveau de
l’hypotalamus, de l’hypophyse ou de la thyroïde elle-même.
Les résultats du dosage de la TSH et de la FT4 sont interpré-
tés par rapport aux valeurs usuelles présentées ci-dessous :
Fonction thyroïdienne normale : FT4 : 9-16 ng/L et TSH :
0,25-0,4 mUI/L
Hyperthyroïdie : FT4 >16 ng/L et/ou TSH <0,25 mUI/L
Hypothyroïdie : FT4 <9 ng/L et/ou TSH >4 mUI/L
Créatinine urinaire
La créatinine urinaire (Cr) a été dosée par une méthode colo-
rimétrique cinétique fondée sur la méthode de Jaffé, par la
formation d’un complexe jaune orangé avec l’acide picrique
en milieu alcalin. La vitesse de formation de la coloration
est proportionnelle à la concentration en créatinine dans
l’échantillon.
Analyse statistique
Les résultats ont été exprimés en moyenne ±écart type.
La saisie des données a été effectuée à l’aide du logiciel
SPSS/PC version 18.00. La comparaison des moyennes
a été réalisée à l’aide du test t de Student et les corréla-
tions sont exprimées par le coefficient r de Pearson. Pour
la comparaison de certaines valeurs, nous avons utilisé le
test Anova avec ajustement par rapport aux facteurs confon-
dants. Les résultats ont été considérés significatifs pour des
valeurs inférieuresà5%.
Résultats
Nous avons noté une diminution significative de la concen-
tration moyenne de la TSH et une augmentation progressive
de celle de la FT4 en fonction du statut tabagique avant
et après ajustement aux potentiels facteurs confondants
(l’âge, le sexe, l’IMC et la consommation alcoolique). La
concentration moyenne de la TSH est significativement plus
basse chez les fumeurs (1,60 ±0,85 mUI/L) et les anciens
fumeurs (1,90 ±1,03 mUI/L) par rapport aux non-fumeurs
(2,14 ±1,02 mUI/L ; p = 0,001). Par ailleurs, la concen-
tration de la FT4 est significativement plus élevée chez
les fumeurs par rapport aux non-fumeurs (13,71 ±2,50 vs.
12,45 ±1,51 ng/L ; p = 0,001) (tableau 2).
Nos résultats montrent que 28,3 % des fumeurs ont des
concentrations de FT4 supérieures à 16 ng/L, avec des
concentrations de la TSH situées dans l’intervalle des
valeurs usuelles. Une association significative a été notée
entre le statut tabagique et le risque d’hyperthyroïdie avant
et après ajustement aux potentiels facteurs confondants
(OR = 9,5 [2,07-43,5], p = 0,001).
Une régression significative entre la concentration moyenne
de la TSH et une augmentation progressive de la concen-
tration moyenne de la FT4 en fonction du statut tabagique
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202 Ann Biol Clin, vol. 70, n2, mars-avril 2012
Article original
Tableau 2. Variation de la TSH et de la FT4 en fonction du statut
tabagique.
TSH (mUI/L) FT4 (ng/L)
Non-fumeurs (n = 111) 2,14 ±1,02a12,45 ±1,51a
Anciens fumeurs (n = 27) 1,90 ±1,03 12,67 ±1,45
Fumeurs (n = 162) 1,60 ±0,85a13,71 ±2,50a
p 0,001 <10-3
*p 0,01 0,03
p Anova, TSH : ap = 0,001 ; FT4 : ap<10-3 ; *p ajusté aux potentiels facteurs
confondants (âge, sexe, IMC et consommation alcoolique).
indépendamment de l’âge, du statut alcoolique et de l’IMC
est également notée. De plus, chez les fumeurs et les anciens
fumeurs, la concentration moyenne de la TSH est légè-
rement plus basse et celle de la FT4 est plus augmentée,
comparativement aux sujets non-fumeurs quel que soit le
sexe, l’âge, le statut alcoolique et l’IMC (tableaux 3 et 4).
Une association significative entre l’augmentation de la
cotinine urinaire et les thiocyantes plasmatiques avec le
statut tabagique a été notée (p = 0,001). De plus, ces
deux marqueurs sont significativement plus élevés chez les
fumeurs et les anciens fumeurs par rapport aux non-fumeurs
(tableau 5).
Chez les fumeurs, nous avons noté une diminution significa-
tive de la concentration moyenne de la TSH en fonction du
nombre de cigarettes/j et avec l’ancienneté de l’exposition
(tableau 6). En effet, une diminution significative de la
concentration moyenne de la TSH est observée chez les
sujets fumant plus de 40 cigarettes/j par rapport à ceux
fumant moins de 20 cigarettes/j. Une diminution significa-
tive de la TSH chez les fumeurs dont le tabagisme date de
plus de cinq ans est également retrouvée par rapport à ceux
fumant depuis moins de 5 ans. Concernant la concentration
moyenne de la FT4, nous avons noté une forte corréla-
tion avec l’ancienneté de l’exposition (p = 0,03). La cotinine
urinaire et les thiocyanates plasmatiques présentaient une
corrélation négative avec la concentration moyenne de la
TSH (r = - 0,4908 ; r = -0,4334 ; respectivement) et une cor-
rélation positive avec la concentration moyenne de la FT4
(r = 0,3730 ; r = 0,3830) (figures 1 et 2).
Enfin, une association significative entre l’augmentation de
ces deux marqueurs biologiques du tabagisme (cotinine uri-
naire et SCN-plasmatiques) et le risque d’hyperthyroïdie
(TSH <2,04 mUI/L) est montrée (OR = 4,57 ; IC95%
[1,13-18,43] ; OR = 6,32 ; IC95% [1,7-5,92]) ; et
FT4 >15,44 ng/L (OR = 2,71 ; IC95% [1,4-3,4]; OR = 1,16
IC95% [1,2-2,4]) respectivement pour la cotinine et les
SCN-(tableau 7).
Discussion
Le dosage de la thyroxine libre (FT4) est aujourd’hui un
élément essentiel du bilan d’exploration de la thyroïde. La
FT4 est déterminée parallèlement à la TSH lors de pré-
somption de dysfonctionnement thyroïdien. Le dosage de la
TSH est un test très sensible et spécifique pour l’exploration
de la thyroïde, il permet de dépister ou d’exclure
Tableau 3. Variation de la TSH (mUI/L) en fonction des caractéristiques de la population d’étude.
Fumeurs
n = 162
Anciens fumeurs
n=27
Non-fumeurs
n = 111
p*
Sexe
Hommes 1,65 ±0,41 1,82 ±0,68 2,19 ±1,92 0,01
Femmes 1,80 ±0,50 1,74 ±0,13 2,21 ±1,07 0,01
p 0,594 0,07 0,589
Consommation alcoolique
Oui 1,52 ±0,44 1,74 ±0,98 1,94 ±0,84 0,01
Non 1,73 ±0,42 1,90 ±1,03 2,14 ±1,02 0,006
p 0,39 0,76 0,73
Age (ans)
<20 1,60 ±0,98 1,48 ±0,67 1,80 ±0,40 0,04
[20-40[ 1,70 ±0,48 2,10 ±0,80 2,22 ±1,22 0,02
40 1,50 ±0,30 1,89 ±1,13 2,30 ±1,60 0,01
p*0,45 0,292 0,647
IMC (kg/m2)
<25 1,98 ±0,26 1,73 ±2,25 2,08 ±1,12 0,04
[25- 30[ 1,73 ±0,34 2,14 ±0,9 2,24 ±0,86 0,01
30 1,60 ±0,47 1,62 ±0,81 2,28 ±0,99 0,01
p*0,653 0,811 0,792
p*:Anovatest;p:test student.
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Ann Biol Clin, vol. 70, n2, mars-avril 2012 203
Risque d’hyperthyroïdie chez les fumeurs tunisiens
Tableau 4. Variation de la FT4 (ng/L) selon les caractéristiques de la population d’étude.
Fumeurs
n = 162
Anciens fumeurs
n=27
Non-fumeurs
n = 111
p*
Sexe
Hommes 14,05 ±2,40 12,76 ±1,79 13,27 ±1,21 0,35
Femmes 13,31 ±2,27 12,62 ±1,27 12,27 ±1,51 0,06
p 0,35 0,83 0,1
Consommation alcoolique
Oui 13,40 ±1,90 13,17 ±2,04 12,70 ±1,50 0,43
Non 13,00 ±2,40 12,67 ±1,45 12,45 ±1,51 0,001
p 0,4 0,5 0,3
Age (ans)
<20 13,90 ±2,40 13,06 ±1,21 11,90 ±1,40 0,01
[20-40[ 14,90 ±2,90 12,81 ±1,48 12,50 ±1,25 0,01
40 13,30 ±1,90 11,85 ±1,56 12,25 ±1,50 0,006
p*0,57 0,28 0,25
IMC (kg/m2)
<25 14,26 ±2,13 13,06 ±1,47 12,73 ±1,63 0,02
[25- 30[ 13,06 ±2,52 12,24 ±1,50 11,97 ±1,24 0,02
30 14,61 ±3,93 13,19 ±1,65 12,19 ±1,13 0,15
p*0,72 0,16 0,28
p*:Anovatest;p:test student.
Tableau 5. Variation de la cotininurie et des thiocyanates en fonction du statut tabagique.
Fumeurs
n = 162
Anciens fumeurs
n=27
Non-fumeurs
n = 111
p
Cotinine urinaire (mol/L) 1 790 ±74ab 451 ±50b444 ±49a0,001
Cotinine urinaire/Cr (g/mol Cr) 231 ±25ab 85 ±15b70 ±24a0,001
Thiocyanates plasmatiques (mol/L) 100 ±1ab 98 ±0,1b90 ±0,5a0,001
p : test Anova;a:p<0,05;b:p<0,05.
Tableau 6. Variation de la TSH et de la FT4 en fonction du nombre
de cigarettes fumées/j et de l’ancienneté de l’exposition.
TSH (mUI/L) FT4 (ng/L)
Nombre de cigarettes/j
<20 1,94 ±0,43ab 13,90 ±2,27
[20-40[ 1,57 ±0,30a13,66 ±2,50
>40 1,32 ±0,33b14,49 ±2,46
p<0,0001 0,65
Ancienneté de l’exposition/ans
<5 1,89 ±0,41a13,50 ±2,10
[5-10[ 1,50 ±0,34a14,58 ±2,29
>10 1,60 ±0,43 14,14 ±2,70
p 0,03 0,03
pAnova,a:p=0,02;b:p=0,0001.
précocement un dysfonctionnement du système de régu-
lation au niveau de l’hypotalamus, de l’hypophyse ou de la
thyroïde elle-même. Dans notre travail, nous avons noté une
diminution significative de la concentration moyenne de la
TSH et une augmentation progressive de celle de la FT4 en
fonction du statut tabagique avant et après ajustement aux
potentiels facteurs confondants (l’âge, le sexe, l’IMC et la
consommation alcoolique). La concentration moyenne de
la TSH est significativement plus basse chez les fumeurs
et les anciens fumeurs par rapport aux non-fumeurs. Par
ailleurs, la concentration de la FT4 est significativement
plus élevée chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs.
Nos résultats sont similaires à ceux trouvés par Utiger
[6]. Les mécanismes des effets thyroïdiens du tabac sont
mal connus. Ils pourraient être directs (effet de la nicotine
ou d’autres composants de la fumée du tabac) ou indi-
rects par l’activation synaptique de la nicotine susceptible
d’augmenter la sécrétion thyroïdienne. Selon Roohi et al.
[7], les effets thyroïdiens du tabac ont été souvent attribués
aux thiocyanates, présents dans la fumée du tabac. Les thio-
cyanates sont des inhibiteurs compétitifs de l’iode au niveau
de la pompe à iodure et constituent de ce fait un facteur “goi-
trigène” puissant. Ils inhibent le transport intrathyroïdien de
l’iodure et la synthèse des hormones thyroïdiennes, et aug-
mentent la sortie de l’iodure de la glande. Certains aliments
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