[1,7,12,13,17,29,30,32,37–39,42,45,48]. La qualité d’une
communication entre soignant et soigné a donc un impact
sur la qualité de vie des patients.
Peu de chercheurs ont décrit l’évolution de la commu-
nication entre soignant et soigné dans le domaine de
l’oncologie. Dans ces temps modernes, quel est le type
de relation que les patients atteints de cancer privilégient
avec le personnel soignant ? Est-il nettement différent de
celui utilisé au début du siècle ? Or, cet article analyse la
façon dont cette relation s’est transformée au cours des
années en passant par le paternalisme jusqu’à aujourd’hui.
Une telle information aidera à mieux comprendre la rela-
tion qui existe entre les patients atteints de cancer et leurs
professionnels de la santé et aussi elle donnera un aperçu
de ce que la communication entre patients et profession-
nels de la santé sera dans l’avenir. De plus, l’article définit
les deux principales caractéristiques d’une communication
entre soigné et soignant, et il décrit deux approches dispo-
nibles pour évaluer la communication entre soignant et
soigné, chacune d’entre elles comportant des avantages
et des inconvénients.
Historique du concept de communication
Avant le XX
e
siècle, un diagnostic de cancer était perçu
comme une sentence de mort. Révéler un diagnostic de
cancer à un patient était considéré comme cruel et inhu-
main, car on appréhendait que le patient y abandonne tout
espoir de survie. C’est pourquoi on lui cachait le diagnos-
tic. Seuls les membres de sa famille connaissaient le pro-
nostic défavorable. Une conspiration du silence régnait
entre la famille du patient et le médecin. La majorité des
patients étaient pris en charge par leur famille. Avec la pro-
gression de la maladie, la communication entre le patient et
sa famille s’amenuisait. De plus, les membres de la famille
ne révélaient pas le diagnostic à leur entourage à cause de la
honte, d’un sentiment de culpabilité et de peur que la mala-
die soit contagieuse. Ainsi, les patients atteints de cancer et
les membres de leur famille étaient stigmatisés et vivaient
isolés des autres [20,21,23–25].
En 1950, les médecins ne dévoilaient toujours pas le diag-
nostic aux patients. Ce n’est que dans les années 1960 qu’un
changement dans ces pratiques est observé, encouragé par
un groupe de psychiatres et d’oncologues qui soutenaient
que cacher la vérité aux patients était susceptible de causer
plus de tort que de bien [20,21,23,25]. Ce nouveau discours
a été largement supporté par des pionniers dans le domaine
des soins palliatifs comme Élizabeth Kübler-Ross, Cicely
Saunders et Balfour Mount durant les années 1970. Néan-
moins, l’approche privilégiée du médecin est demeurée
empreinte d’un paternalisme et autoritaire jusqu’à la fin des
années 1960 [35]. La communication entre patient et méde-
cin était axée sur la maladie (approche biomédicale). Le
médecin détenait le pouvoir et les connaissances médicales
pour diagnostiquer la maladie, et il cherchait à obtenir une
réponse précise au problème en posant au patient plusieurs
questions sur ses symptômes et ses antécédents médicaux
[47]. Une fois le diagnostic posé, le médecin identifiait les
meilleurs moyens pour enrayer la maladie. Toutefois, cette
approche traditionnelle de la maladie laissait peu de place
aux aspects sociaux et fonctionnels de la maladie et, surtout,
elle ne tenait pas compte de l’expérience vécue par le patient.
On privilégiait le curing (guérison) et les traitements au
détriment des soins et du caring (attention bienveillante)
[10,11,27,28].
Alors que les droits civils des années 1960 avaient pour
objectif d’enrayer l’inégalité dans les domaines politique,
juridique et social [36], les militants pour la santé des fem-
mes, eux, critiquaient les comportements des professionnels
de la santé dont la majorité étaient des hommes. Les mili-
tants s’opposaient à ce que les professionnels de la santé
dictent des actions aux patients, surtout aux femmes, sans
leur donner la permission de poser des questions et de parti-
ciper aux décisions concernant leur santé [19,46]. La mis-
sion première des militants consistait à s’opposer au paterna-
lisme dans les soins de santé [1]. Avant les années 1960, la
quantité et le type d’informations fournies au patient étaient
laissés à la discrétion des médecins [26]. Dans la foulée du
mouvement de la défense des droits civils aux États-Unis, les
patients ont été encouragés à exiger d’être informés des
risques associés aux traitements qui leur étaient proposés.
Plus spécifiquement, ils ont obtenu le droit de connaître les
effets néfastes des traitements grâce aux décisions de la
cour concernant un consentement mieux informé à propos
d’intervention médicale et de recherche [1]. De même, les
bioéthiciens ont souligné que les patients connaissent suffi-
samment leur condition médicale pour aider à trouver des
solutions médicales en dépit du fait que les médecins possè-
dent des connaissances techniques, ainsi que les connaissan-
ces nécessaires pour prévenir, détecter et guérir la maladie
[4,15]. Tous ces événements ont mené à de nouvelles atten-
tes face aux interactions entre le médecin et le patient. Ces
attentes font référence davantage au respect et à un échange
plus ouvert entre les deux parties sur la transmission d’infor-
mations médicales [1].
De plus, les progrès en matière de diagnostic et de traite-
ment survenus lors de la seconde moitié du XX
e
siècle influen-
cent la relation entre le médecin et le patient atteint de cancer.
Les cas de patients atteints de cancer maintenus dans l’igno-
rance de leur diagnostic et de ses conséquences sont devenus
rares. Aux États-Unis, en 1977, 97 % des médecins divul-
guaient le diagnostic à leurs patients. Par contre, cette attitude
n’est pas observée dans toutes les régions du monde, notam-
ment dans certains pays d’Asie où la divulgation du diagnos-
tic n’est pas une pratique courante [22,24].
Psycho-Oncol. (2013) 7:130-136 131