2l’Avant-Garde Vol. 6 No2 Automne 2005
Éditorial Mot de la directrice
La franchise dans la relation avec la clientèle
Le principe de la franchise dans la relation avec la clientèle repose entre
autres sur le droit à l’information du patient à l’égard de sa santé ainsi
qu’aux soins et traitements qu’il peut ou non choisir de recevoir. Le patient
doit donc bénéficier de renseignements complets et à la portée de sa com-
préhension afin qu’il puisse émettre un consentement éclairé sur les soins
et les traitements qu’il recevra. Le droit à la vérité suppose pour les infir-
mières de choisir le lieu, le moment et les mots pour le dire, de même que
la façon de répondre honnêtement aux questions du patient (Phaneuf,
1998). Si le patient ne peut consentir, son mandataire doit bénéficier des
mêmes privilèges et recevoir toute l’information nécessaire pour prendre
une décision éclairée à sa place.
En ce qui a trait au recours à la contention, le patient doit être informé
des motifs d’utilisation de la contention, du type de contention utilisé,
de la durée de son application, de la fréquence de révision périodique de
l’utilisation, des effets positifs de son utilisation, des risques encourus à
défaut de cette utilisation, des risques inhérents à son utilisation ainsi
que des mesures de remplacement possibles.
La protection de la vie biologique
Le principe de la protection de la vie biologique repose sur le fait que les
professionnels de la santé s’engagent à assurer la sécurité et la protection
de la vie humaine de leurs patients par les soins dispensés. Il sous-tend
également les principes de bienfaisance et de non malfaisance à l’égard
du patient : il faut, par conséquent, agir dans le meilleur intérêt du patient.
Ces principes nous amènent à nous interroger sur les avantages et les
inconvénients de certaines interventions.
En ce qui concerne le recours à la contention, celle-ci doit constituer une
mesure d’exception temporaire et être suffisante tout en portant le moins
possible atteinte à l’intégrité physique du patient. Elle doit être appliquée
par du personnel ayant les compétences requises pour en assurer l’appli-
cation, le suivi et la réévaluation.
La qualité de vie
Ce principe est intimement lié à la protection de la vie biologique. Afin
d’apprécier la qualité de vie, une approche holistique de la personne est
nécessaire. Connaître le vécu du patient, ses valeurs, ses habitudes, ses
opinions ainsi que la perception à l’égard de sa condition de santé et de
sa qualité de vie sont autant d’éléments facilitant la prise de décision
lorsque surgit un dilemme. Par ailleurs, il faut se questionner sur les
risques des traitements proposés par rapport aux bienfaits escomptés pour
le patient. Le personnel est donc invité à laisser le patient énoncer ses
valeurs et à mettre à sa disposition des moyens pour concrétiser son opi-
nion. Les personnes significatives peuvent également fournir plusieurs
renseignements lorsque le patient ne peut les exprimer par lui-même.
Pour ce qui est du recours à la contention, le personnel de l’équipe intra
et interdisciplinaire doit, en se basant sur une approche individualisée :
•apprendre à connaître le point de vue du patient et de ses proches
sur la situation;
•évaluer les bienfaits et les risques associés à l’utilisation de
la contention dans la situation actuelle;
•déterminer et traiter les causes sous-jacentes à l’utilisation de
la contention le plus rapidement possible afin d’en restreindre
son utilisation.
Chaque infirmière est quotidiennement
exposée à des situations éthiques et ce
numéro en aborde quelques facettes. Tel
que le mentionne plus loin Mme Besner dans
le mot du CII, quand on parle d’éthique,
on pense immanquablement à la déon-
tologie. J’ai donc relu le Code de déon-
tologie des infirmières et infirmiers. Cette
lecture m’a rappelé les exigences profes-
sionnelles liées au savoir-être, lesquelles
sont indissociables du savoir et du
savoir-faire. Bien que ces deux derniers
s’apprennent sur les bancs d’école et dans le milieu clinique, le
savoir-être, pour sa part, s’acquiert en grande partie au contact
de modèles (parents, amis, collègues) que nous rencontrons tout
au long de notre vie. Je vous invite donc à relire, personnelle-
ment ou en équipe, la toute nouvelle version du Code de déon-
tologie des infirmières et infirmiers parue en novembre et à vous
questionner sur son application dans votre pratique quotidienne.
Je voudrais aussi insister sur deux des grandes transformations
qui s’implanteront d’ici peu au CHUM et qui modifieront la pra-
tique infirmière de manière significative.
Depuis maintenant deux ans, nous préparons un changement
dans la gouverne de l’organisation pour passer de la présente
gestion hiérarchique à une gestion par regroupements clientèles.
De manière ultime, cette transformation permettra à chacune
des équipes interdisciplinaires de prendre plus rapidement et
plus efficacement des décisions, pour le meilleur intérêt de sa
clientèle. Chaque membre de cette équipe interdisciplinaire pourra
exercer avec une grande autonomie professionnelle. Cela exigera
de chacun des professionnels des connaissances constamment
mises à jour afin de maintenir son expertise. Les infirmières sont
interpellées par cette exigence qui comporte aussi la remise en
question constante des valeurs éthiques que l’on applique au
quotidien. Poser les bonnes questions, faire valoir les droits des
patients, sont des exemples de ce qu’on attend d’une infirmière
au sens de l’éthique bien intégré. Il est donc très important de
soutenir et de développer notre pratique professionnelle et
notre expertise.
Le deuxième projet de transformation est celui de l’implantation
d’un modèle de pratique professionnelle (IMPP). Ces dernières
années, les infirmières ont souvent été aux prises avec l’exi-
gence de donner les soins jugés prioritaires, ce qui trop souvent
leur laissait peu de temps pour fonctionner selon une démarche
de soins basée sur l’évaluation globale du patient, suivie d’une
planification et de l’identification de résultats à atteindre. Il en
était de même des activités de supervision et de coordination.
Le projet IMPP vise donc à soutenir les infirmières afin qu’elles
se réapproprient pleinement leur rôle, à leur redonner du temps
pour que cela devienne possible et à rendre disponible une
ressource clinique. Toutes les dimensions du soin devraient, à la
suite de l’implantation de ce projet, être pleinement adressées,
incluant la dimension éthique.
Rien ne me ferait plus plaisir que de discuter avec vous de ces
deux transformations, ou de tout autre sujet. N’hésitez donc pas
à communiquer avec ma secrétaire, MmeJoanne Lefort, et soyez
assurées que je me rendrai disponible.
Esther Leclerc, inf., M. Andragogie, M.Sc.