SOMADEM. Hôpital des 3 Chêne

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19.11.15
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SOMADEM
Hôpital des 3 Chêne
Fabienne LIGONNIERE CAMPANINI
Infirmière spécialisée
Département de médecine interne
réhabilitation et gériatrie
Source : Association Alzheimer Suisse
Introduction
En 2000, un programme de soins a permis la création d’une
unité aux frontières de la psychiatrie et de la gériatrie :
« SOMADEM »
Sa mission
Prendre en soin dans un même lieu des patients présentant :
§  Une décompensation somatique aigue (SOMA)
§  Une démence avec des troubles du comportement (DEM)
Les objectifs
§  Développer une plus grande expérience et expertise de la
prise en soin somatique et psychique pour les patients
déments
§  Améliorer la qualité des soins dispensés à ce type de
patients
Les critères d’admission
§  Un problème somatique associé à :
§  la désinhibition (tenir des propos inconvenants, se mettre
nu, embrasser les autres patients…)
§  l’agitation (propos confus, arrache les perfusions…)
§  la déambulation, l’errance
§  la confusion nocturne
§  l’agressivité verbale et physique
Les ressources
§  Des infirmiers en soins généraux
§  Des aides soignants
§  Une IRUS
§  Un médecin interne
§  Un médecin chef de clinique
§  Un médecin adjoint
§  Un médecin chef de service
§  Un ergothérapeute
§  Une physiothérapeute
§  Une assistante sociale
§  Une neuropsychologue
La prise en soins infirmière
« Le personnel soignant et les proches vivent le tableau
clinique de la démence sévère comme une situation
extrêmement instable, dissociative et imprévisible, dans
laquelle la personne touchée perd non seulement ses
capacités cognitives et fonctionnelles, mais aussi et surtout
sa perception de soi, et la conscience de ses actes se
modifient. »
Dr Christop Held
§ 
Le patient hospitalisé atteint de démence (Alzheimer ou
autre démence ) et souffrant d’un problème somatique
aigüe (cardiaque, pulmonaire, orthopédique…) arrive très
souvent dans un état de confusion aigüe.
§ 
La confusion accentue les troubles du comportements
existants ou les engendre (la désinhibition, l’agitation, la
déambulation, la confusion nocturne, l’agressivité verbale
et physique ).
§ 
La famille est très souvent épuisée (par la maladie, le
circuit hospitalier avant d’arriver à SOMADEM…),
inquiète, angoissée, en colère….il s’agit alors d’une
situation de crise.
L’accueil
§ 
Lors de l’accueil, un entretien est réalisé auprès du
patient et de sa famille (par téléphone au besoin)
§ 
L’accueil est une phase charnière, il s’agit d’écouter le
patient, de l’observer, de comprendre ses besoins, ses
attentes et de créer le lien.
§ 
L’accueil est primordial que ce soit pour le patient ou
pour ses proches. Il s’agit de rassurer tout de suite et
d’expliquer la spécificité du service. Ce moment permet
aussi de déculpabiliser les proches, de leur dire qu’ils
peuvent maintenant nous passer le relais, se reposer sur
nous durant la période d’hospitalisation.
§ 
L’accueil est centré sur le patient dans un premier temps
( ses habitudes de vie, ses rituels, ce qui le calme, ce qui
l’agite ) puis sur les proches (leurs attentes de
l’hospitalisation, comment vivent-ils avec leur proche
malade au quotidien, quels sont les impacts sur la famille :
social, psychique, physique, financier)
§ 
Il permet de dépister les difficultés rencontrées au
domicile, de relever les expériences négatives ou positives
vécues lors des précédentes hospitalisations
§ 
Tout au long de l’hospitalisation, un échange s’effectue
entre les soignants et les familles afin de s’assurer que
l’objectif de la prise en soin est bien adapté et répond aux
attentes de chacun.
Soigner le patient
§  L’objectif premier de l’hospitalisation est de soigner la
maladie somatique .
§  Les troubles du comportement augmentent la difficulté de
prise en soin, le risque de chute est souvent accentué, le
patient est beaucoup plus confus qu’au domicile, il ne
reconnait pas l’environnement, les personnes qui
l’entourent lui sont inconnues, les soins font mal ou sont
perçus comme une agression.
§  Il peut refuser de manger, de boire, arracher les perfusions,
arracher les pansements, frapper lorsque les infirmières
s’approchent de lui, se mettre tout nu, crier sans raison
apparente, uriner au milieu de la chambre, jetter des
objets à travers la pièce, déambuler, se perdre dans
l’hôpital….
Les troubles du comportement
§  Un trouble du comportement est un comportement
inadapté à la norme attendue.
§  Il peut être l’expression d’une plainte douloureuse ou d’un
problème somatique surajoutés à des problèmes démentiels
Selon les patients, leurs familles, l’apparition ou l’exacerbation
des troubles du comportement amène à ressentir des émotions
très variées, telles que
§  la colère
§  L’impuissance
§  La peur
§  La culpabilité
§  La perte/le deuil
Le rôle du soignant est de repérer ces émotions, d’expliquer
qu’elles sont normales, de rassurer sur la fait qu’il n’y aura pas de
jugement de valeur sur l’expression des troubles mais qu’il s’agira
bien de les décoder.
La neuropsychologue intervient aussi auprès des proches pour les
écouter leur apporter un soutien et leur expliquer l’évolution de la
maladie.
§ 
Soigner devient alors beaucoup plus compliqué, cela
demande de la patience, beaucoup de surveillance et
d’observation de la part des soignants.
§ 
Les échanges avec la famille sont alors primordiaux, leur
connaissance du patient sont indispensables
§ 
Les risques encourus par le patient en fonction des
troubles sont discutés avec les proches, les mesures prises
le sont en équipe pluridisciplinaire.
§ 
Il s’agit de traduire ce que veut exprimer le patient à
travers ses troubles, de les comprendre comme un langage
La relation au patient est primordiale
§  L’approche des infirmiers et des aides soignants est
basée sur la relation et l’observation.
§  Elle demande de prendre du temps pour s’assoir à côté
de la personne, de l’écouter, de lui répondre.
§  Le soignant doit veiller à la congruence entre la
communication verbale et non verbale dans la relation et à
adapter son vocabulaire à celui du patient.
§  Le soignant devra veiller à éviter les gestes brusques et
a créer un environnement calme pour facilité la
communication avec le patient.
Le rôle de la famille
q  Durant une hospitalisation, l’aidant naturel peut se sentir
exclu, inutile.
q  Pour une prise en soin optimale, la collaboration famille/
soignant est souvent indispensable pour :
- Accompagner à une consultation
- Rassurer pendant un examen (scanner, IRM)
- Aider à la réalisation de soins (prise de sang, transfusion…)
- Stimuler à la prise alimentaire
- Distraire le patient
- Prendre du temps pour soi, se ressourcer, passer le relais
Et après…
§  Rapidement, le choix du lieu de vie est abordé, cela
détermine une partie de la prise en soins.
§  Lors d’un retour à domicile,
Le lieu de vie est réévalué par l’ergothérapeute avant la
sortie afin de l’aménager au mieux selon l’autonomie du
patient
ü  Les soins à domicile sont réévalués ou mis en place
ü 
ü 
L’assistante sociale propose des inscriptions préventives
en EMS, des foyers de jour. Elle rappelle les possibilités
offertes par les UAT et le fait que la LAMAL participe à la
prise en charge financière 4 semaines par an.
Le placement en EMS
§  Quand le retour au domicile n’est plus envisagé ou
envisageable, le placement en EMS devient nécessaire.
§  Le fait de choisir un EMS avec le patient et qui
corresponde à ses besoins est primordial. Un EMS non
adapté aux troubles du patients mènera à un échec pour le
patient, la famille et l’équipe soignante de l’EMS qui l’aura
alors accueilli.
§  Lorsque le patient n’est pas en accord avec un placement,
notre travail au quotidien est de le familiariser avec cette
idée, de l’aider à accepter le fait de quitter son domicile.
§  En cas de mise en danger de soi ou d’autrui et de refus de
placement il se peut qu’une demande de privation de
liberté à des fins d’assistance soit fait auprès de la justice,
ce qui est très rare.
Conclusion
§  La prise en soins des patients déments avec des troubles
du comportement est un processus continu qui s’enrichit de
l’expérience de chacun (soignant/famille/patient) mais c’est
aussi une question d’implication personnelle du soignant.
§  Les soignants doivent savoir faire preuve de patience, de
souplesse dans la pratique et savoir créer le lien de
confiance avec le patient et ses proches afin de faciliter la
prise en soins et ainsi travailler avec l’affect.
§  Il n’y a pas de prise en soins des patients sans prise en
compte de la famille.
BIBLIOGRAPHIE
§  Diagnostic des états d’agitation des sujets âgés-La revue
gériatrie, tome 27, N°6 juin 2002
§  Conférence OFSP La démence - un défi pour la politique
sociale et de la santé, 29 août 2009
§  Les troubles du comportement des personnes âgées-Soins
gérontologie N°73 sept/oct 2008
§  L’unité SOMADEM présentation du Dr Dina ZEKRY
04/04/2012
§  La situation de Mme C : une souffrance partagée-certificat
soins aux patients en souffrance psychique -Mme
Christine Gisberti
§  Santé mentale-face au comportement du sujet dément-N
°152-novembre 2010
§  Pulsations- Mieux vivre avec Alzheimer – sept/oct 2014
19.11.15
23
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