navire Vestal,nelaissantsurplacequequelques
irre
´ductibles pre
´fe
´rant demeurer sur place quoiqu’il arrive.
Ainsi abandonne
´ea
`son sort, l’ı
ˆle devient une proie
facile que les Allemands vont rapidement investir. Elle
pre
´sente en effet pour eux un double avantage militaire et
psychologique : d’abord, sa position ge
´ographique permet
de contro
ˆler tout le trafic maritime et de verrouiller la passe
entre la Manch Est et la Manche Ouest, par ailleurs, Hitler
peut exploiter la situation a
`des fins de propagande et
proclamer haut et fort que « l’Allemagne s’est empare
´e
d’une partie du territoire de l’Angleterre ».
L’occupation
Dans l’ensemble, l’occupation par les nazis des ı
ˆles
anglo-normandes est une occupation ordinaire pluto
ˆt moins
brutale qu’ailleurs, avec marche
´noir, de
´nonciations,
collabos, arrestations et de
´portations. Aurigny, toutefois
fait exception : presque totalement vide
´e de sa population
l’ı
ˆle est utilise
´e comme lieu d’internement dont une partie
est soumise au re
´gime concentrationnaire.
En 1940, beaucoup d’Allemands pensent qu’ils ont
gagne
´la guerre. L’invasion de la Grande-Bretagne, seul
territoire ennemi a
`l’ouest a
`n’e
ˆtre pas encore conquis,
paraı
ˆt imminente. La prise des ı
ˆles anglo-normandes se
pre
´sente en quelque sorte comme un harpon lance
´en
direction des ı
ˆles britanniques. Elle est confie
´ea
`la
Kriegsmarine et pre
´voit un effectif total de six bataillons
d’infanterie dont l’un occupera Alderney.
Dans les premiers jours de juillet, des avions allemands
de transport de troupes venant de Guernesey (de
´ja
`
occupe
´e) s’approchent d’Alderney, mais ne peuvent se
poser sur la piste trop courte et encombre
´e d’obstacles de
toute sorte, dispose
´s par la population avant son de
´part. La
piste toutefois demeure intacte, aucun fosse
´n’ayant e
´te
´
creuse
´. La Luftwaffe envoie alors deux appareils (Fieseler
Storch) plus le
´gers qui re
´ussissent a
`se poser et dont les
e
´quipages entreprennent aussito
ˆt le nettoyage de la piste
pour permettre l’atterrissage de plus gros porteurs.
De
´but aou
ˆt, un de
´tachement d’agents de signalisation de
la Luftwaffe compose
´d’une douzaine d’hommes comman-
de
´s par un caporal, s’installe au Fort Albert, a
`l’entre
´e du
port, au nord de l’ı
ˆle, avec mission de pre
´parer l’arrive
´e du
gros des troupes. Il est suivi d’une avant-garde de quatre-
vingts hommes, qui arrive en aou
ˆt de Querqueville a
`bord
de Junkers JU5.
Ne disposant que de maigres provisions, tout ce monde
ne tarde pas a
`se re
´pandre a
`travers l’ı
ˆle en que
ˆte de
ravitaillement, pillant les maisons et fermes abandonne
´es
et tentant de vivre sur le dos des derniers occupants. L’eau
potable surtout reste tre
`s contingente
´e.
L’occupation de l’ı
ˆle, dont la proximite
´des co
ˆtes
franc¸aises et du port de Cherbourg fait une premie
`re
e
´tape naturelle sur la route des autres ı
ˆles, se poursuit de
fac¸on plus empirique qu’organise
´e. Trois entite
´sse
partagent le territoire : la Kriegsmarine, qui occupe la
zone portuaire, la Luftwaffe et la de
´fense antiae
´rienne (ou
Flak) qui investissent le plateau et les points hauts -le
Grand Ho
ˆtel leur tient lieu de quartier ge
´ne
´ral- et, enfin,
l’organisation Todt, charge
´e de toute sorte de travaux de
fortification et d’infrastructure, qui occupe le reste de l’ı
ˆle
aux co
ˆte
´s de la Wehrmacht.
L’organisation des de
´fenses doit permettre de s’opposer a
`
de possibles raids co
ˆtiers, de
´ja
`fre
´quents, exe
´cute
´s par des
commandos britanniques et contre toute tentative en force
du Royaume-Uni de remettre la main sur ses anciennes
possessions. Les travaux sont entrepris de
`s le printemps
1941 et place
´s sous l’autorite
´du Sonderfu
¨hrer
1
Herzog. Ils
ont pour but de restaurer le brise-lame de Braye Harbour et
de construire une extension de la jete
´e, pour permettre le
de
´chargement des barges transportant les mate
´riaux
indispensables aux travaux.
La de
´cision de renforcer les de
´fenses pre
´ce
`de de
quelques mois celle de construire le mur de l’Atlantique,
ce gigantesque bouclier cense
´mettre les co
ˆtes ouest de
l’Europe, entre la Norve
`ge et l’Espagne, a
`l’abri de toute
tentative de de
´barquement. Initialement, Hitler semble
avoir envisage
´le de
´tachement d’Alderney (Aurigny) du
reste des ı
ˆles anglo-normandes et son rattachement a
`la
France apre
`s la guerre, mais il abandonne assez vite cette
ide
´e et fait connaı
ˆtre, en octobre, un ensemble de mesures
secre
`tes dans un document portant le titre de « Fortification
et de
´fense des ı
ˆles anglo-normandes ». Il y est question,
entre autres, de faire d’Alderney conside
´re
´e comme le
« Gibraltar de la Manche », une ve
´ritable forteresse,
baptise
´e du nom de code « I
ˆle Adolf ».
Les forces d’occupation
De
´but juillet 1941, les diffe
´rentes composantes militai-
res sont re
´parties en secteurs de de
´fense, l’ensemble e
´tant
subordonne
´a
`la 319
e
division d’infanterie. La garnison
d’Alderney, qui comporte quelque 450 hommes en juin,
rec¸oit en juillet le renfort d’un de
´tachement de 280
hommes commande
´s par le capitaine Carl Hoffmann,
nomme
´pour la circonstance commandant de l’ı
ˆle. Il e
´tablit
son quartier ge
´ne
´ral dans le plus grand ho
ˆtel d’Alderney,
aujourd’hui appele
´«the Connaught Hotel ». En novembre
1941, l’effectif atteint 2500 hommes environ, parmi
lesquels 1100 appartiennent a
`l’arme
´e de terre, 200 a
`la
marine et 250 a
`l’arme
´e de l’air.
Les nouvelles directives d’Hitler entraı
ˆnent un rema-
niement du commandement qui passe aux mains du
lieutenant-colonel Gleden, fin 1941. Hoffmann, promu
commandant, reste cependant quelques mois sur l’ı
ˆle
comme expert avant de prendre le commandement d’un
bataillon de Grenadiers a
`Jersey. En janvier 1942, le
commandement est confie
´temporairement au lieutenant
colonel Rohde (319
e
division d’infanterie), auquel succe
`de,
en fe
´vrier 1942, le commandant Zuske, remplace
´a
`son
tour, en novembre 1943, par le commandant (plus tard le
lieutenant-colonel) Schwalm, qui demeure en poste jusqu’a
`
la fin de la guerre.
Tous les commandants de l’ı
ˆle appartiennent a
`l’arme
´e
de terre.
Les unite
´s de l’arme
´e de terre en garnison a
`Alderney
sont les 9
e
, 10
e
et 11
e
compagnies du 582
e
re
´giment de
Grenadiers, lui-me
ˆme rattache
´a
`la 319
e
division d’infan-
terie. La 9
e
compagnie est stationne
´e dans le centre de l’ı
ˆle,
la 10
e
a
`l’ouest et la 11
e
a
`l’est, tandis qu’une petite re
´serve
est constitue
´ea
`Essex Castle.
1. Responsable en charge de la direction d’un projet ou d’une ope
´ration
particulie
`re.
memoire-vivante50 - 18.12.06 - page 4
ME
´MOIRE VIVANTE – NUME
´RO 504