Huis clos - Théâtre de l`Océan - La Compagnie du Théâtre de l`océan

Paris
Compagnie du Théâtre de lʼOcéan-Paris
présente
Huis clos
Texte de: Jean-Paul Sartre
Conseiller artistique et Dramaturge: Jean-Claude Zivie
Metteur en scène: Aurélia Aubert
Création lumières!et sons: Aurore Beck
Régie: Raphaël Thiry
Décors: Tanguy de Saint Seine
Costumes: Morgane Dufour
Photographe: Cyrille Coussat
Graphiste: Camille Urvoy
Interprété par!:
Aurélia Aubert / Inès
Julien Charpentier / Garcin
Nadia Cucinelli / Estelle
Raphaël Thiry / Le garçon
Compagnie du Théâtre de l’Océan-Paris
11, cité de Trévise 75009 Paris
Tél: +33 (0)1 74 30 35 30 /+33 (0)6 63 15 88 00
Site internet : www.theatredelocean.com
Une pièce engagée...
Résumé
Trois personnages se rencontrent pour la première fois, après leur mort, dans
un salon second Empire!: Garcin (journaliste), Inès (employée des postes) et
Estelle (riche mondaine). Ils ne se connaissent pas, viennent de milieux très
différents, ne partagent ni les mêmes convictions ni les mêmes goûts. Peu à
peu ils comprennent quʼils se trouvent en enfer et découvrent ce que cʼest!: le
poids du regard accusateur des autres sans possibilité de fuir. Obsédés par les
actes quʼils ont commis, ils se débattent tout au long de la pièce pour échapper
au poids de ce regard, en vain... Chacun dʼeux est condamné à être tour à tour
le bourreau et la victime des deux autres pour lʼéternité.
Quatre morts-vivants...
Le Garçon: le soi-disant «garçon dʼétage», chargé dʼaccompagner les trois
personnages dans un salon style Second Empire. Il est le gardien de cet Enfer,
ou plutôt de cet hôtel de qualité, comme semble lʼattester son service stylé et
parfois presque impertinent.
Inès!Serrano : contrairement aux deux autres, elle ne se fait pas dʼillusions sur
lʼendroit elle se trouve. Elle les oblige à admettre les vraies raisons de leur
présence en enfer, leur fait prendre conscience de leur lâcheté et leur fait
comprendre quʼils sont responsables de ce quʼils ont fait. Elle-même a tué son
cousin pour pouvoir séduire sa femme et est parfaitement consciente de ses
actes. Elle dit avoir besoin de la souffrance des autres pour exister. Elle est
intelligente, lucide, austère.
Joseph Garcin!: il se présente comme un héros pacifiste dont le destin était
dʼêtre fusillé pour désertion car il vivait selon ses principes. En réalité, cʼest un
homme qui, toute sa vie, a pris plaisir à faire souffrir sa femme. Cʼest aussi un
homme qui, quoiquʼil en dise, se trouve lâche. Il nʼassume pas dʼavoir déserté. Il
est ordinaire et a la chair faible.
Estelle Rigault!: elle se présente comme une orpheline qui a épousé un
vieillard pour aider son frère malade avant de mourir de pneumonie. En réalité,
elle a tué son bébé sous les yeux du père qui sʼest suicidé. Elle est bavarde,
superficielle, sensuelle, vaniteuse.
Théâtre de lʼOcéan- Paris - 01 74 30 35 30 - [email protected] - www.theatredelocean.com
© Théâtre de lʼOcéan
«QUELQUES OUVERTURES SUR UN HUIS CLOS...»
par Jean-Claude Zivie, dramaturge
##Une pièce de théâtre fameuse, un auteur célèbre. Une sentence
finale propre à toutes les équivoques : << l'Enfer, c'est les Autres >>.
L'équivoque encore, avec la création de l'œuvre sous l'Occupation. Et c'est
annoncé comme une << pièce en un acte >>, ce qui autorise le collaborateur
Pierre Drieu La Rochelle, par ailleurs écrivain, à juger perfidement dans son
Journal 1939-1945 que << c'est facile de faire bien quand on fait si court >>...
##Nous voici mal partis. Mais ce n'est pas tout. Un thème suranné,
l'Enfer ? Parmi nous, les croyants vont-ils finir par accepter qu'un penseur
réputé athée se permette de s'approprier un thème en somme central de la vie
religieuse ? Et les mécréants et autres incroyants, qu'est-ce qu'ils ont à faire de
l'enfer, je vous le demande ?
##Aggravons notre cas. Voici, oh là, une pièce classique ! Eh oui, la
fameuse règle des trois unités, si chère au théâtre du XVIIème siècle, est
parfaitement respectée. Lieu, temps, action, tout y est, vous pouvez vérifier.
Le lieu, c'est certes l'Enfer, mais très précisément << un salon style Second
Empire >>, dont on ne sort à aucun moment de la représentation ! Quant au
temps, ah, c'est l'unité par définition, puisqu'il s'agit de l'éternité... Mais disons,
si l'on peut le dire, que la pièce s'occupe du début de l'éternité. Reste l'action, et
alors là, je vous laisse le choix : vous pouvez dire qu'il ne se passe rien, et qu'il
ne peut d'ailleurs rien se passer, puisque les personnages de cette pièce sont
tous morts. Mais vous pouvez aussi considérer que l'action, ce sont leurs
interactions, toujours tournées vers les autres, vers << tous ces regards qui me
mangent >>.
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© 2011 Jean-Claude Zivie
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## en sommes-nous ? Il s'agit donc d'une piécette, classique,
surannée, dépassée et, last but not least, parfaitement ennuyeuse. Il y a pire, et
cette fois nous mériterons bien l'Enfer pour avoir ressorti cette vieillerie ! Tenez-
vous bien : l'auteur, dénonçons-le enfin, est un certain Jean-Paul Sartre. Oui,
celui-là même qui s'est occupé de politique et de société au lieu d'écrire
tranquillement dans son coin, celui qui a refusé le Nobel et qui s'est mêlé de
mai 68, sans parler de tant d'autres conduites incongrues, ou même carrément
déviantes ! D'ailleurs, je vais vous faire une confidence : dans mon exemplaire
personnel du Nouveau Petit Larousse illustré de 1940, Sartre n'existe pas. Vous
voyez bien !
#
##Voici donc un premier état des lieux. Eh bien, disons-le enfin, c'est
délibérément que nous avons choisi de vous présenter Huis clos de Jean-Paul
Sartre ! Et voici pourquoi.
##Il y a d'abord l'huis qui est clos. Des personnages, enfermés,
derrière une porte fermée, dans une pièce dont on ne sort pas. Tout se passe
là. L'espace de la scène correspond à l'espace de la pièce. Dans un théâtre à
l'italienne, avec des spectateurs assis, qui ne sont pas censés se déplacer
pendant la représentation, il s'agit d'un dispositif simple, réaliste, crédible.
Classique, si on veut. Extmement exigeant pour les codiens. Ils
embarquent avec eux les spectateurs, pour cultiver ensemble l'identification,
sans aucune recherche ici de distanciation... Du début à la fin de la
représentation, construite de façon extrêmement précise, il n'est pas question
que se relâche la tension, qui unit scène et salle, je devrais dire : qui unifie !
##Nous sommes peut-être dans un hôtel de qualité, comme semble
l'attester le service à la fois stylé et parfois presque impertinent du garçon
d'étage, ou encore le style Napoléon III (des canapés, une cheminée, un bronze
de Barbedienne). Alors ce serait ça, l'Enfer. Un décor has been des années
1860 pour une pièce des années 1940 ?
#
##Huis clos est écrit sous l'Occupation, dès 1943, et c'est sous
l'Occupation qu'a lieu la première représentation, le 17 mai 1944, à Paris, au
théâtre du Vieux-Colombier. Et Huis clos est aussi une métaphore de
l'Occupation, d'une efficacité redoutable. Vous êtes conduit dans une cellule,
par un garde korrect, blasé et parfois insolent. Des personnages vous
rejoignent. Autour de votre cellule, il y a d'autres cellules, et, au- delà, l'inconnu,
l'inaccessible. En tout cas, vous êtes enfermé, pour une durée arbitraire,
indéterminée, autant dire l'éternité.
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© 2011 Jean-Claude Zivie
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