La décompression
Le phénomène
Jusqu'au milieu du siècle dernier, la maladie de décompression était un mal très mystérieux qui
frappait de très nombreux plongeurs. En 1878, après de nombreuses expérimentations, Paul Bert
apporte la preuve expérimentale que la maladie à pour origine la formation de bulles.
La seule règle reconnue jusqu'à la fin du siècle est de remonter "lentement".
En 1907, le physiologiste indo- britannique John Scott HALDANE établit pour la Royal Navy des
procédures de décompression pour la plongée à l'air jusqu'à 200 pieds. (65 mètres). Son hypothèse,
s'appuyant sur la Loi de Henry et la proposition de coefficients de saturation intéressant les tissus
de l'organisme est matérialisée par la formule:
TN2 = To + (Tf -To) (1-0,5^(dT/T))
Cette hypothèse de HALDANE est à la base de toutes les tables actuelles, y compris dans leur
principe, les algorithmes de nos actuels "ordinateurs de plongée".
L'accident de décompression est un événement sournois, qui guette chaque plongeur, même les
plus expérimentés. Malgré les recherches sur les mécanismes et les causes depuis plus d'un siècle,
la science n'a pas encore découvert tous les modes de déclenchement de l'apparition des bulles
d'azote dans les tissus lors de la remontée.
Le mécanisme
Les accidents dits "de décompression" résultent de l’application de la loi de Henry. Le mécanisme
se produit lorsque, au cours d’une remontée, la pression ambiante devient très inférieure à la
tension dans les tissus et que l’état de sursaturation critique est atteint puis dépassé. Durant la
remontée, lorsque la pression diminue, des bulles vont se former dans les vaisseaux sanguins
(bulles intra vasculaires) mais également en dehors, dans les espaces intercellulaires (bulles extra
vasculaires). Ces bulles se forment au cours de toute décompression, même réalisée selon les
règles, et sont détectables par Doppler (ultrasonographie) à travers la paroi du thorax.
Une désaturation trop rapide d'un gaz dissous dans un liquide provoque l'apparition de micro bulles.
Ces micro bulles sont soumises à la loi de Mariotte qui provoque une augmentation de leur taille au
fur et à mesure que la pression diminue. Si la vitesse de remontée est trop rapide ou que les paliers
ne sont pas respectés, les bulles d'azote ne s'éliminent pas et grossissent. Si l’une de ces bulles
atteint un diamètre suffisant pour boucher un vaisseau sanguin, la circulation est bloquée
localement (embolie gazeuse). Elles vont s'accumuler dans certaines régions de l'organisme et
obstruer un certain nombre de petits vaisseaux sanguins qui les alimentent en oxygène : c'est
l'accident de décompression.
Le développement des bulles dépend de leur site de formation. Si elles se sont formées dans un
tissu, elles peuvent rester stationnaires, et absorber tout le gaz qui les entoure.
Si les bulles sont peu nombreuses et de petit diamètre, situation habituelle et normale dans toute
décompression, elles sont éliminées au niveau alvéolaire par diffusion ou par passage gazeux
direct. Par contre, si le débit d'arrivée dans les poumons de ces bulles circulantes, même de petit
volume, est supérieur à la capacité d'élimination, les bulles encombrent la circulation, et grossissent
dans les capillaires pulmonaires. Les bulles se forment dans les graisses de la moelle épinière et se
bloquent dans ses veines. On parle d'accidents de type neurologique (60% des accidents de
décompression).
Si la décompression a été incomplète, ces micro bulles, plus nombreuses, ont tendance à former
des macro bulles (plus grosses) qui risquent d'aller se coincer quelque part avec toutes les