Physiologie environnementale appliquée à l’espace L’homme dans l’espace subit plusieurs altérations de ses systèmes de contrôle. Les phénomènes de décompression, la répartition vasculaire altérée en sont quelques aspects, qui sont étudiés au Laboratoire de Physiologie Environnementale et Occupationnelle. Une particularité cardiaque facteur de risque pour l’astronaute ? L’absence de pesanteur provoque une remontée de la masse sanguine vers le thorax et la tête. Cette situation implique de réactions du système vasculaire en général mais aussi du système rénal, neuro-endocrinien, système nerveux autonome, cardiaque etc.… Les spationautes appellent cette situation ressentie en apesanteur avec une locution burlesque qui masque la relative sensation d’inconfort ressentie : FAT FACE, CHIKEN LEGS. En effet, un gonflement de la face au détriment du volume du membre inférieur se remarque. Il faut distinguer le séjour à l’intérieur de l’habitat (Navette, Soyouz, ISS…) et à l’extérieur. La différence réside dans la variation de pression environnant le spationaute. En effet, lors de sorties extravéhiculaires, la pression ambiante dans le « Space Suit » (le scaphandre) est moindre qu’à l’intérieur de l’habitat. Cette situation de dépression peut être semblable à l’ouverture lente d’une bouteille d’eau gazeuse… des bulles se forment dans le liquide. Cette formation de bulles de décompression est présente durant les sorties extravéhiculaires. Statistiquement le risque que ces bulles soient dangereuses est très faible. Vous aurez sans doute remarqué le terme « Scaphandre » que l’on utilise pour les sorties dans l’espace, ce terme vous est sans doute familier dans un autre environnement : l’eau. L’analogie entre le plongeur sous-marin et le spationaute ne s’arrête pas là, d’ailleurs, les bulles circulantes suite à une décompression en témoignent. Les études menées sur les plongeurs sous-marins sont un excellent modèle pour comprendre les phénomènes liés à l’espace. Il y a quelques années l’attention a été focalisée sur un risque accru éventuel de maladie de décompression chez le plongeur sous-marin. En effet une particularité anatomique cardiaque présente chez +/-30% des individus en bonne santé (Le Foram Ovale Perméable) semblait être la cause possible de risques importants de décompression. La NASA se demandait si il fallait écarter les astronautes qui présentaient cette particularité pour éviter tout dommage pendant les sorties extravéhiculaires. En effet, même si les astronautes précédents avaient eu cette particularité cardiaque, la quantité des sorties étant tellement faible, il était possible qu’ils s’en soient sortis indemnes par chance… mais la construction de l’ISS allait multiplier par 100 le nombre de sorties extravéhiculaire nécessaires et par la même, le risque décompressif. Nos travaux ont conclu à une très faible probabilité de survenue de ce genre de situation lors de sorties extravéhiculaires et ont permis à la NASA de ne pas considérer cette une particularité anatomique cardiaque comme un argument de disqualification. La vie en apesanteur induit l’anémie La suite de l’exploration spatiale est orientée vers de séjours de plus en plus longs. Le projet MARS est prévu pour une durée de 500 jours. La persistance en apesanteur est délétère pour le système musculosquelettique mais aussi pour le système de production des globules sanguins (Hématopoïèse). Un phénomène topique connu chez le phoque de Weddel, est la contraction splénique, vidange de la rate. Ceci lui permet d’augmenter son hémoglobine et son hématocrite, prolongeant ainsi son temps d’apnée. Les humains sont aussi capables d’une contraction splénique durant l’exercice, ou durant l’apnée. Cette contraction splénique apporterait un complément de plusieurs centaines de millilitres de globules rouges concentrés en circulation, car la contraction splénique peut aller jusqu’à 50% du volume de départ. Toutefois, le volume splénique est très variable individuellement ; des données récentes montrent une corrélation entre les performances en apnée et le volume de la rate. Dans notre laboratoire nous avons pu déterminer que des apnées aussi courtes que 30 secondes peuvent induire une telle contraction. Un nouveau mécanisme connu sous le nom de « normobaric oxygen paradox » a démontré que quelques minutes d’oxygénation modérée 1 jour sur 2 pouvaient augmenter le taux d’hémoglobine…… Faudrait-il pratiquer quelques minutes d’apnée avant un exercice nécessitant une charge oxyphorique sanguine importante, et relativement de courte durée, bénéficiant ainsi d’une auto-transfusion instantanée? Peut-être que les astronautes auront des apnées journalières à pratiquer dans le futur mais aussi à prendre régulièrement une dose d’oxygène afin de maintenir leur masse sanguine circulante. Cette approche trouve déjà des applications thérapeutiques. Cursus universitaire Sciences de la Motricité, Kinésithérapie, Médecine, Ostéopathie Contact Laboratoire de Physiologie Environnementale et Occupationnelle Haute Ecole Paul Henri Spaak- 91, Av. C. Schaller, 1160 Auderghem Institut des Sciences de la Motricité – Campus Erasme – Route de Lennik , 1070 Anderlecht Pr. C.Balestra Ph.D. : [email protected] Service d’information sur les études à l’ULB : 02 650 36 36 : [email protected]