Bulletin statistique d’informations sanitaires et sociales Direction régionale et départementale des affaires sanitaires et sociales de Champagne-Ardenne et de la Marne Deux tiers des établissements hébergeant des personnes âgées considèrent que le circuit du médicament est plutôt voire tout à fait sécurisé. 99 % des établissements utilisent le dossier de suivi médical unique pour chaque patient. Les médecins rédigent ou saisissent « toujours » les prescriptions dans 80 % des établissements. Le personnel retranscrit les ordonnances originales dans 70 % des établissements. Les modifications de traitement font toujours ou souvent l'objet d'une nouvelle prescription médicale écrite dans 84 % des établissements. 85 % des établissements s'occupent eux-mêmes de la préparation individuelle des traitements de leurs résidents. Cette tâche incombe aux infirmiers dans 96 % des établissements. Clarisse LEFÈVRE Mélanie ROBIN DRDASS Champagne-Ardenne FLASH STAT Champagne-Ardenne N° 24 • juin 2008 Établissements pour personnes âgées Évaluation de la sécurisation du circuit du médicament L a sécurisation du circuit du médicament dans les établissements hébergeant des personnes âgées, allant de la prescription jusqu'à l'administration des médicaments, apparaît comme un enjeu essentiel de la qualité des soins, de la prise en charge globale des résidents et de la lutte contre la iatrogénie médicamenteuse. En effet, chaque phase du circuit du médicament est porteuse de risques : risques liés à la prescription, erreurs dans la distribution des médicaments, manques de traçabilité, risques de non observance…Par ailleurs, la polypathologie est fréquente dans cette population, entraînant une polymédication éventuelle et non sans risques pour les patients : jusqu'à 20 % des hospitalisations des personnes de plus de 80 ans sont dues à un accident iatrogénique imputable au médicament. Les patients âgés de plus de 75 ans prennent en moyenne cinq à six médicaments par jour, ce qui accroît le risque iatrogène, avec une gravité croissante en fonction de l'âge et des altérations fonctionnelles. ••• ETABLISSEMENTS POUR PERSONNES ÂGÉES : EVALUATION DE LA SÉCURISATION DU CIRCUIT DU MÉDICAMENT 2 Globalement, 67 % des établissements d'hébergement pour personnes âgées pensent que le circuit du médicament est plutôt voire tout à fait sécurisé. L'opinion positive s'élève à 71 % pour les établissements ayant signé une convention tripartite (Ehpad). Les maisons de retraite n'ayant pas signé de convention tripartite (Ehpa) considèrent à 55 % que le circuit du médicament est plutôt voire tout à fait sécurisé au sein de leur établissement. Cela ne signifie pas pour autant que ces établissements n'ont pas connu de difficultés dans ce domaine puisque 36 % de l'ensemble des établissements déclarent avoir connu des incidents sur les douze derniers mois précédant l'enquête. Ces problèmes sont proportionnellement plus fréquents dans les Ehpa que dans les Ehpad. Les erreurs ont souvent lieu au moment de la préparation des piluliers et/ou des formes buvables présentées en gouttes, ou de la distribution des médicaments. Les difficultés liées à l'approvisionnement, le manque d'effectifs soignants et les prescriptions fréquentes par téléphone sont également cités comme éléments de difficulté. L’approvisionnement La moitié des Ehpad et 28 % des Ehpa sont approvisionnés par une seule pharmacie de ville. 39 % des établissements se fournissent auprès de plusieurs pharmacies d'officine. C'est plus souvent le cas des Ehpa. 12 % des établissements approvision- Opinion sur la sécurité du circuit du médicament au sein de l'établissement Non pas du tout 4% Non réponse 2% Oui tout à fait 17% Non pas vraiment 26% Oui plutôt 51% Source: Enquête DRDASS Champagne-Ardenne et Marne nés par une ou plusieurs pharmacie(s) d'officine ont signé une convention avec un ou des pharmacien(s) de ville. Ce conventionnement est deux fois plus fréquent pour les Ehpad que pour les Ehpa avec des taux respectifs de 14 % et de 7 %. 15 % des établissements se procurent les médicaments auprès de la pharmacie d'un hôpital. La prescription Le dossier de suivi médical unique pour chaque patient est utilisé par 99 % des établissements. Dans ce cas, il est mis à disposition de tous les prescripteurs dans tous les Ehpad et dans 89 % des Ehpa. 30 % des Ehpad et 22 % des Ehpa disposent d'un logiciel de prescription. Dans la grande majorité des établissements, les médecins rédigent ou saisissent « toujours » (80 %) ou « habituellement » (14 %) les prescriptions avec une proportion un peu plus élevée dans les Ehpa que dans les Ehpad. Le personnel retranscrit les ordonnances originales dans 70 % des établissements et un peu moins souvent dans les Ehpa que dans les Ehpad. Les modifications de traitement font toujours ou souvent l'objet d'une nouvelle prescription médicale écrite dans 84 % des établissements. La fréquence de cette pratique est identique dans les deux catégories d'établissements. Mais elle est plus fréquemment systématique dans les Ehpa que dans les Ehpad. Les protocoles pré-établis par les médecins existent dans deux tiers des établissements d'hébergement pour personnes âgées mais deux fois plus dans les Ehpad que dans les Ehpa (respectivement 73 % et 39 %). Ces protocoles concernent par ordre de fréquence décroissante la constipation, la diarrhée, la fièvre, la douleur, le diabète et les escarres. La préparation des médicaments La prescription Proportion d'établissements avec réponse positive Dossier de suivi médical unique pour chaque patient E hpa E h p ad 100 % 99 % Logiciel de prescription 22 % 30 % Prescriptions toujours rédigées ou saisies par des médecins 89 % 77 % Les prescriptions sont retranscrites 61 % 73 % Nouvelle prescription médicale écrite préalable systématique si modification de traitement 44 % 34 % Existence de protocoles pré-établis par les médecins 39 % 73 % Source: Enquête DRDASS Champagne-Ardenne et Marne FLASH STAT Champagne-Ardenne N° 24 • juin 2008 85 % des établissements réalisent eux-mêmes la préparation individuelle des traitements de leurs résidents. Différentes personnes participent à cette préparation. Cette tâche incombe aux infirmiers dans 96 % des établissements. Un pharmacien intervient dans 10 % des établissements. Dans 6 % des établissements, les résidents peuvent être amenés à gérer eux-mêmes, ou avec le soutien ETABLISSEMENTS POUR PERSONNES ÂGÉES : EVALUATION DE LA SÉCURISATION DU CIRCUIT DU MÉDICAMENT L’approvisionnement Non réponse 2% La pharmacie d'un hôpital 15% Une pharmacie de ville 45% Plusieurs pharmacies 39% Source: Enquête DRDASS Champagne-Ardenne et Marne de leur famille, la préparation de leurs traitements. Le conditionnement des piluliers est effectué neuf fois sur dix de façon manuelle. 6 % des établissements utilisent un système mécanique type blisters. Les traitements sont préparés pour une durée hebdomadaire dans 91 % des établissements. 6 % des établissements préparent les traitements quotidiennement et 3 % pour une durée mensuelle. Un peu plus de la moitié des établissements déclare procéder à la préparation individuelle des formes buvables au moment de leur administration. Il ressort de l'enquête que l'utilisation de médicaments génériques pose des problèmes dans un peu moins de la moitié des établissements. Certains résident refusent ou sont réticents du fait des couleurs ou des formes différentes. L'utilisation de médicaments génériques peut être à l'origine d'erreurs dans la préparation et l'administration liées à une méconnaissance des noms. L'identification des génériques est chronophage, entraînant une perte de temps pour la préparation des médicaments. signalent vérifier les péremptions des médicaments. 44 % des établissements déclarent les contrôler tous les semestres, 28 % tous les mois et 14 % le font tous les trimestres. 77 % des établissements affirment être informés en cas de retrait de lots de médicaments. Et autant possèdent un stock de médicaments en cas d'urgence. Dans ce cas, un médecin ou un pharmacien en a défini le contenu dans deux tiers des cas. L’administration des formes non injectables 85 % des Ehpad et 55 % des Ehpa déclarent que les médicaments sont « toujours » ou « souvent » distribués par un infirmier. Mais la dispensation systématique par un infirmier concerne 37 % des Ehpad et 22 % des Ehpa. Sinon, la distribution est « toujours » ou « souvent » effectuée par les aides-soignants dans 40 % des Ehpad et dans 67 % des Ehpa. Deux tiers des Ehpa et la moitié des Ehpad ont mis en place une procédure pour s'assurer de l'identité du patient avant l'administration du traitement. La prescription est systématiquement vérifiée au moment de l'administration dans un tiers des établissements. Un membre du personnel s'assure systématiquement de la bonne prise des médicaments par le patient dans la moitié des établissements, l'autre moitié ne le pratique que pour les patients à risque. La prise ou l'administration effective des médicaments est enregistrée sur un support par un quart des établissements. Le médecin est systématiquement informé en cas de non prise de médicament par le patient dans 45 % des établissements. La concertation entre professionnels 71 % des Ehpad et 50 % des Ehpa organisent des réunions de synthèse pluridisciplinaires. Outre les infirmiers, le médecin coordonnateur, les aides-soignants et la direction, le pharmacien y participe dans seulement 18 % des cas. Le bon usage des médicaments est abordé dans 62 % des réunions de synthèse et la lutte contre la iatrogénie dans 46 % de ces réunions. Les médecins libéraux sont quant à eux très peu intégrés à ces réunions (9 %). Un médecin coordonna- Durée de préparation des traitements Journalière 6% Mensuelle 3% La détention des médicaments dans l'établissement Dans la très grande majorité des établissements répondants, soit 97 %, le local ou l'armoire dans lequel sont entreposés les médicaments est fermé à clef. 95 % des établissements Hebdomadaire 91% Source: Enquête DRDASS Champagne-Ardenne et Marne FLASH STAT Champagne-Ardenne N° 24 • juin 2008 3 ETABLISSEMENTS POUR PERSONNES ÂGÉES : EVALUATION DE LA SÉCURISATION DU CIRCUIT DU MÉDICAMENT teur a été nommé dans 86 % des Ehpad. Il exerce des activités de soins en parallèle au sein de la structure dans 64 % des cas. Les pistes d'amélioration Les établissements ont été interrogés sur leurs points forts et leurs points faibles. Pour les établissements, leurs points forts consistent dans la fermeture des locaux de stockage des médicaments, dans la prise en charge complète de la gestion du circuit du médicament par l'infirmier, dans la vérification de la prescription et du pilulier, dans l'assurance de la prise de médicament et dans l'existence d'un logiciel de prescription et du dossier patient informatique. Les points faibles résident selon eux dans l'absence de traçabilité, la polymédication, l'absence de vérification systématique pilulier/ Administration des formes non injectables Distribution systématique par l'infirmier Existence d'un procédé pour s'assurer de l'identité du patient avant l'administration du traitement Vérification systématique de la prescription au moment de l'administration Un membre du personnel s'assure systématiquement de la bonne prise des médicaments par le patient La prise ou l'administration effective des médicaments est enregistrée sur un support Le médecin est systématiquement informé en cas de non prise des médicaments par le patient E h p ad 22% 37% 67% 50% 39% 31% 44% 51% 28% 26% 50% 44% Source: Enquête DRDASS Champagne-Ardenne et Marne ordonnance/prise et l'insuffisance en temps de préparation des doses à administrer. Seulement 30 % des établissements ont formulé des attentes en termes de formation et autant en termes d'information, 12 % étant en attente des deux. Le plus souvent, les souhaits de formation/information portent sur le circuit du médicament, la Méthodologie 4 E hpa L’étude repose sur une enquête réalisée par l’inspection régionale de la santé et le service études et statistiques de la DRDASS auprès des maisons de retraite et des logements-foyers de Champagne-Ardenne. Elle suit le modèle de l’enquête initiée en Bourgogne par un comité de pilotage composé de représentants de l’État, des organismes de sécurité sociale, de l’ARH, des collectivités territoriales, des conseils de l’Ordre des pharmaciens et des médecins, de l’union professionnelle des médecins libéraux, d’organisations syndicales, de la Mutualité française, de gériatres, de directeurs, infirmières et assistantes sociales d’établissements pour personnes âgées. Cette enquête à visée pédagogique a été menée dans cette région en 2007 pour analyser les pratiques de prescription, de dispensation et d’administration suite à des dysfonctionnements concernant le circuit du médicament dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées de Bourgogne. Cette enquête anonyme a été réalisée en Champagne-Ardenne par voie postale à l’aide d’un auto-questionnaire entre avril et juillet 2007. Elle a été envoyée aux 133 maisons de retraite et 66 logements-foyers de ChampagneArdenne ouverts à la date de l’enquête. Le taux de réponse des logementsfoyers étant particulièrement faible (35 %), l’exploitation des résultats s’est limitée aux maisons de retraite, dont le taux de réponse s’établit à 78 %, en distinguant celles qui ont signé une convention tripartite (appelées Ehpad) de celles qui n’en avaient pas signé (dénommées Ehpa). Les premières ont répondu à 84 % contre 58 % pour les secondes. Ainsi, un état des lieux des pratiques au sein de ces structures a été réalisé. Celui-ci devra permettre de sensibiliser les établissements hébergeant des personnes âgées sur les risques encourus par les patients lorsque le circuit du médicament est insuffisamment sécurisé, et d’établir un plan d’actions adapté aux besoins des structures. Direction régionale et départementale des affaires sanitaires et sociales BP 30505 51005 Châlons-en-Champagne Cédex Tél. 03 26 66 78 78 Télécopie: 03 26 65 38 49 Site internet: http://champagne-ardenne.sante.gouv.fr FLASH STAT Champagne-Ardenne N° 24 • juin 2008 iatrogénie, la législation, les génériques et les nouveaux médicaments. La participation à cette enquête semble avoir permis à chacun un questionnement interne sur les pratiques au sein de l'établissement et une réflexion à des pistes possibles d'amélioration. Des actions sont à prévoir, notamment des actions de communication des résultats pour sensibiliser les professionnels de santé quant aux dangers que représente un circuit du médicament insuffisamment sécurisé, ainsi que des réunions départementales d'information et d'échange avec l'ensemble des professionnels afin d'initier un travail pluridisciplinaire visant à améliorer les pratiques. • Les auteurs remercient Corinne Thé, interne en pharmacie à la DRDass en 2007, pour son travail de collecte et de première analyse des résultats et Hélène Dupont, pharmacien inspecteur régional pour ses remarques et suggestions. Pour en savoir plus Rapport sur l’évaluation de la sécurisation du circuit du médicament dans les établissements hébergeant des personnes âgées en Champagne-Ardenne - Premiers résultats –DRDASS ChampagneArdenne – mars 2008 en ligne sur le site internet de la DRDASS Directeur de la publication : Jacques MURAT Rédactrice en chef : Clarisse Lefèvre Impression : DRDASS Champagne-Ardenne et Marne © DRDASS Champagne-Ardenne et Marne juin 2008 ISSN : 1621-5753 Dépot légal : à parution Reproduction autorisée sous réserve de la mention des sources