Séquence 8-SE00 99
>La rationalisation
des activités sociales
M. Weber
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Sommaire séquence 8-SE00 101
Chapitre 1 > La rationalisation des activités sociales
chez Weber
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103
Max Weber : sa vie, son œuvre
Une sociologie compréhensive et explicative
La rationalisation des activités sociales
Le capitalisme et la bureaucratie : deux exemples de rationalisation
Chapitre 2 > Limites et actualité de la thèse wébérienne
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Rationalité et efficacité ?
L’irrationel dans les sociétés modernes
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Séquence 8-SE00 103
La rationalisation des activités
sociales chez Weber (1864-1920)
L’étude de la rationalisation des activités sociales à partir de l’œuvre de Weber n’est pas rattachée à
un chapitre particulier du programme de terminale. Le caractère transversal du thème permet d’étudier
cette séquence aussi bien en début d’année (après l’introduction) qu’en fin de parcours.
Introduction
L’Allemagne qu’observe Weber fin 19e début 20e est celle de l’émergence rapide d’une économie capi-
taliste (grands centres industriels, concentrations ouvrières) qui s’accompagne d’un bouleversement
des relations sociales et des organisations ouvrières.
Max Weber comme Tocqueville, Marx et Durkheim va s’interroger sur l’apparition d’une nouvelle société.
En effet, les changements liés à la première révolution industrielle déstabilisent le fonctionnement de
la société alors basé sur la tradition et la religion. C’est un ordre social nouveau en rupture avec les
sociétés traditionnelles que les fondateurs vont chercher à analyser.
Selon Max Weber « le processus de rationalisation des activités sociales » présenté dans ce chapitre
est la caractéristique la plus significative des sociétés modernes occidentales. C’est un processus qui
touche tous les domaines de l’activité humaine.
Max Weber : sa vie, son œuvre
(p 466 du manuel)
a. Biographie
Sociologue allemand, Max Weber est né en 1864 à Erfurt dans une famille bourgeoise et protestante. Il
y côtoie de nombreux intellectuels et hommes politiques. Après des études brillantes dans des domaines
très variés (droit, économie politique, philosophie, histoire et théologie), il soutient sa thèse en 1891. Il
débute une carrière d’universitaire qu’il abonnera dès 1891 suite à des problèmes de santé. Il effectue
alors plusieurs voyages à l’étranger et oriente sa réflexion vers la sociologie. Il rédige de nombreux
articles et travaille à son œuvre majeure «
Économie et société
» qui fera l’objet d’une publication
posthume. Au cours de la dernière période de son existence, Max Weber occupe des responsabilités
politiques. Il meurt en 1920 d’une pneumonie.
b. Ses œuvres principales
L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme
(1905)
Le savant et le politique
(1919)
Économie et société
(1922).
Une sociologie compréhensive et explicative
a. Une sociologie compréhensive (rappels)
Comme nous l’avons vu en introduction de spécialité, pour Max Weber, le sociologue doit chercher
à comprendre les motifs des actions des individus ainsi que les conséquences. C’est une sociologie
compréhensive.
b. Un outil spécifique : « l’idéal type »
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Séquence 8-SE00
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Document 1
Exercice
La construction de l’idéal-type
« L’idéal-type peut être défini comme une construction épurée qui permettra de faire le lien entre des
observations empiriques et la perspective théorique. Il s’agit d’un instrument de la connaissance qui rend
la réalité plus intelligible, en sélectionnant et en accentuant les traits les plus significatifs des situations
observées. Dans la sociologie webérienne, l’idéal-type possède un double statut. D’une part, il est construit
pour rendre compte d’une situation historique singulière (la ville antique, le christianisme médiéval...).
D’autre part, il est aussi élaboré pour rationaliser, sous forme de catégories analytiques générales, une
pluralité de situations historiques (idéal-type de la ville, du christianisme, etc.). »
Dictionnaire de sociologie.
Donnez la définition de l’idéal-type.
L’idéal-type reflète-t-il fidèlement tous les aspects de la réalité ?
Un idéal-type est donc une représentation simplifiée de la réalité construite en accentuant ses traits
spécifiques et en supprimant tout ce qui peut paraître accessoire. C’est un modèle.
Exemple : l’esprit du capitalisme qui est défini selon Max Weber à partir de deux valeurs : le travail
et l’épargne. Les différentes formes de domination étudiées par Max Weber ou encore les différentes
activités sociales (traditionnelles, affectives, rationnelles en valeur, rationnelle en finalité) étudiées
dans le point 3.
c. Les différentes activités sociales
L’analyse des activités des individus en société est au cœur de la théorie de Max Weber puisqu’il s’agit
de comprendre ce qui motive les individus d’agir de telle ou telle façon.
Exercice
Document 2
Déterminants de l’activité sociale
Comme toute autre activité, l’activité sociale peut être déterminée :
a)
de façon
rationnelle
en finalité
[zweckrational],
par des expectations du comportement des objets du monde extérieur ou de celui d’autres
hommes, en exploitant ces expectations comme « conditions » ou comme « moyens » pour parvenir ration-
nellement aux
fins
propres, mûrement réfléchies, qu’on veut atteindre ;
b)
de façon
rationnelle en valeur
[wertrational],
par la croyance en la valeur intrinsèque inconditionnelle – d’ordre éthique, esthétique, religieux
ou autre – d’un comportement déterminé qui vaut pour lui-même et indépendamment de son résultat ;
c)
de
façon
affectuelle [affektuel],
et particulièrement émotionnelle, par des passions et des sentiments actuels ;
d)
de ration
traditionnelle [traditional],
par coutume invétérée.
1. Le comportement strictement traditionnel – tout comme l’imitation par simple réaction (voir paragraphe
précédent) – se situe absolument à la limite, et souvent au-delà, de ce qu’on peut appeler en général une
activité orientée « significativement ». Il n’est, en effet, très souvent qu’une manière morne de réagir à
des excitations habituelles, qui s’obstine dans la direction d’une attitude acquise autrefois. La masse de
toutes les activités quotidiennes familières se rapproche de ce type qui entre dans la systématique non
seulement comme cas limite, mais aussi parce que (on le verra plus loin) l’attachement aux coutumes peut
être maintenu consciemment en des proportions et en un sens variables : dans ce cas, ce type se rapproche
déjà du type discuté sous 2
2. Le comportement strictement affectuel se situe également à la limite et souvent au-delà de ce qui est
orienté de manière significativement consciente ; il peut n’être qu’une réaction sans frein à une excitation
insolite.
[...]
3. Agit d’une manière
purement
rationnelle en valeur celui qui agit sans tenir compte des conséquences
QuestionsQuestions
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Séquence 8-SE00 105
prévisibles de ses actes, au service qu’il est de sa conviction portant sur ce qui lui apparaît comme commandé
par le devoir, la dignité, la beauté, les directives religieuses, la piété ou la grandeur d’une « cause », qu’elle
qu’en soit la nature. L’activité rationnelle en valeur consiste toujours (au sens de notre terminologie) en une
activité conforme à des « impératifs » ou à des « exigences » dont l’agent croît qu’ils lui sont imposés.
[...]
4. Agit de façon rationnelle en finalité celui qui orient son activité d’après les fins, moyens et conséquences
subsidiaires
[Nebenfolge]
et qui
confronte
en même temps rationnellement les moyens et la fin, la fin et les
conséquences subsidiaires et enfin les diverses fins possibles entre elles. En tout cas, celui-là n’opère
ni
par
expression des affects (et surtout pas émotionnellement) ni par tradition. La décision entre fins et conséquen-
ces concurrentes ou antagonistes peut, de son côté, être orientée de façon rationnelle en
valeur
: dans ce
cas l’activité n’est rationnelle en finalité qu’au plan des moyens. Il peut également arriver que l’agent, sans
orienter de façon rationnelle en valeur d’après des « impératifs » ou des « exigences » les fins concurrentes
et antagonistes, les accepte simplement comme des stimulants de besoins subjectifs donnés qu’il dispose en
un ordre hiérarchique selon un critère consciemment
réfléchi
de l’urgence et y oriente ensuite son activité de
telle façon qu’il puisse les satisfaire dans la mesure du possible en respectant cet ordre (tel est le principe du
« marginalisme »). L’orientation rationnelle en valeur peut donc avoir avec l’orientation rationnelle en finalité
des rapports très divers. Du point de vue de la rationalité en finalité cependant, la ratinalité en valeur reste
toujours affectée d’une
irrationalité
et cela d’autant plus que l’on donne une signification plus absolue à la
valeur d’après laquelle on oriente l’activité. Cela vient de ce que la rationalité en valeur spécule en général
d’autant moins sur les conséquences de l’activité qu’elle prend plus inconditionnellement en considération
la seule valeur intrinsèque de l’acte (la pure conviction, la beauté, le bien absolu ou le devoir absolu). La
rationalité
absolue
en finalité n’est elle aussi, pour l’essentiel, qu’un cas limite théorique.
Max WEBER, «
L’Éthique Protestante et l’esprit du capitalisme ».
© Éditions PLON
Question
Faire un tableau qui reprenne les quatre types d’activités sociales avec a. leur définition et b. un
exemple.
Dans la réalité, l’activité se rapproche plus ou moins de l’un de ces types idéaux, bien souvent, elle les
combine.
La rationalisation des activités sociales se traduit par l’élargissement du champ des actions rationnelles
en finalité au détriment des actions traditionnelles.
Cette rationalisation touche l’ensemble des activités sociales qui se dégagent de l’emprise de la tradition
pour se définir en fonction d’une logique propre de l’efficacité et du calcul.
La conséquence de cette rationalisation est le « désenchantement du monde ».
La rationalisation des activités sociales
a. Du processus de rationalisation…
Exercice
Document 3
La rationalisation des activités et le
«
désenchantement du monde »
La rationalisation touche d’abord la sphère économique : l’organisation scientifique du travail, la gestion, la
comptabilité en sont les expressions les plus nettes. M. Weber qualifie ce mode d’organisation de « bureau-
cratie ». Il précise d’ailleurs que la bureaucratie n’est pas spécifique aux grandes entreprises capitalistes
ou à l’administration publique. Elle s’étend aussi aux partis politiques ou certains ordres religieux, etc.
La rationalisation de la vie politique correspond au règne des experts et des administrateurs. La jeune nation
allemande dont M. Weber est l’observateur est, sur le plan du pouvoir, tiraillée entre ces deux tendances.
D’une part, l’Allemagne connaît l’évolution générale des États modernes vers la centralisation administrative,
la normalisation juridique, l’installation d’une démocratie représentative. D’autre part, le pouvoir aristocra-
tique, autoritaire et patriarcal du Reich wilhelmien1 reste très présent. La rationalisation de l’activité sociale
s’applique également à toutes les formes de pensée. Elle s’exprime bien sûr à travers l’essor des sciences
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