à vos SOINS
neurotransmetteurs auraient une influence directe sur
le comportement sexuel. Entre autres, la dopamine
favorise le désir et l’excitation, et la norépinéphrine
stimule aussi l’excitation. Effectivement, il semblerait
que les effets de la sérotonine aient un impact négatif
sur la réponse sexuelle en inhibant les deux phases
mentionnées ci-haut. La sérotonine exercerait égale-
ment un effet périphérique négatif en diminuant la
perception sensorielle et en contrecarrant les effets de
l’oxyde nitrique, qui est important notamment dans le
mécanisme de l’érection3.
Il existe différentes approches pour résoudre le
problème. Elles ne s’appuient cependant sur aucune
étude à double insu contrôlée par placebo. Les don-
nées proviennent plutôt d’études de cas ou, encore,
d’essais ouverts. Plusieurs interventions conservatrices
permettent d’éviter l’ajout d’une médication complé-
mentaire ou de changer de molécule. Tout d’abord,
certains cliniciens attendront qu’une tolérance à l’effet
indésirable s’installe. D’autres tenteront une diminu-
tion de la dose de l’antidépresseur. Une autre approche
consiste à modifier le moment de la prise de l’ISRS de
façon à obtenir la concentration sérique la plus faible
possible au moment de la relation sexuelle. On peut
également essayer un congé thérapeutique de deux
jours, ce qui nécessite par contre de surveiller l’appari-
tion de symptômes de sevrage ou même la reprise des
symptômes dépressifs. Ces deux dernières stratégies ne
sont cependant applicables que pour les agents ayant
une courte demi-vie d’élimination comme la fluoxé-
tine. Les méthodes conservatrices donnent toutefois
des résultats modestes2-4. Choisir un agent antidé-
presseur autre qu’un ISRS est une des possibilités qui
s’offrent aux cliniciens. Le bupropion et la mirtaza-
pine, deux antidépresseurs atypiques, sont reconnus
pour leur faible propension à causer un dysfonction-
nement sexuel2,3. Cependant, certains patients dont les
symptômes dépressifs sont parfaitement maîtrisés
avec l’ISRS peuvent ne pas répondre aussi bien à un
nouvel agent3. Le trouble peut en fin de compte être
résolu par l’ajout d’une médication adjuvante. Le
tableau I présente différents agents répertoriés dans la
documentation médicale pour leur usage en traite-
ment d’appoint dans les cas de dysfonctionnement
sexuel secondaire aux ISRS2-5. Il propose des posolo-
gies ainsi que des commentaires concernant leur uti-
lisation.
Malgré le fait que les troubles de la fonction
sexuelle associés à la prise d’ISRS soient fréquents, peu
de patients rapportent le problème. En fait, seulement
2 % à 7 % des individus signalent l’effet indésirable de
façon volontaire2. Il est donc important d’avoir une
attitude active et d’interroger nos patients qui débu-
tent un traitement par un ISRS, puisque cet effet
indésirable est très susceptible de nuire à l’observance
du traitement et à la qualité de vie.
156 Québec Pharmacie vol. 52, no3, mars 2005
J. B. affirme avoir un problème d’anorgasmie depuis quelques mois.
Homme de 66 ans
• Antécédents : Hypothyroïdie, hypertension, dépression.
• Médication : lévothyroxine 0,100 mg, une fois par jour; hydrochlorothiazide 25 mg, une fois par
jour; ramipril 5 mg, une fois par jour; acide acétylsalicylique 80 mg, une fois par jour; paroxétine
20 mg, une fois par jour.
Les ISRS peuvent être à l’origine d’un dysfonctionnement sexuel. La paroxétine que prend régulière-
ment le patient depuis plusieurs mois semble être la cause de son problème d’anorgasmie.
• Continuer la prise d’ISRS puisque l’état dépressif du patient est très bien maîtrisé par cet agent et
ajouter une médication adjuvante, soit le bupropion (Wellbutrin SRMD) 100 mg, une fois par jour
le matin.
• Discuter avec le patient des options qui s’offrent à lui, suggérer de fixer une rencontre pour un
examen médical et choisir ensemble l’agent à ajouter en fonction des caractéristiques du patient.
• Communiquer avec le médecin traitant, proposer une rencontre d’évaluation complète afin de
confirmer l’origine du trouble sexuel et suggérer l’ajout de bupropion si la cause la plus probable
est bel et bien la prise de paroxétine.
• Conseiller le patient sur la prise du nouveau médicament ainsi que sur les effets indésirables
possibles.
• Effectuer un suivi de l’efficacité, de l’observance du traitement et de l’apparition potentielle
d’effets indésirables, dès le mois suivant l’ajout au traitement.
S
O
A
P