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ette étude prospective multicentrique réalisée entre 2003 et 2010 par les CHU de Kremlin
Bicêtre, de St-Antoine et de Rouen porte sur le dosage des anticorps anti-médicaments dirigés
contre les anti-TNF (Etanercept, Adalimumab et Iniximab) et vise à identier un éventuel
facteur prédictif de réponse après rotation d’anti-TNF.
En effet, 30 à 40% des patients PR et SP sous anti-TNF sont en échec thérapeutique et la
moitié de ces échecs est améliorée soit après intensication thérapeutique soit après rotation
(changement d’anti-TNF). En ce qui concerne les anticorps monoclonaux, il a été démontré que
la diminution de la réponse thérapeutique était associée à un taux sérique bas d’anti-TNF et à
la présence d’anticorps dirigés contre l’anti-TNF (Adab). De plus, il existe une corrélation entre
l’utilisation du méthotrexate (MTX) et la diminution des Adab.
L’objectif principal de ce travail est donc de déterminer si les patients répondeurs à la rotation
d’anti-TNF ont une concentration plus faible de l’anti-TNF initial que les patients non répondeurs
après 3 mois. Les objectifs secondaires sont de comparer les concentrations de l’anti-TNF
en fonction des Adab, d’évaluer l’effet du MTX sur la présence d’ADAb et enn d’identier
un lien éventuel entre le dosage de l’étanercept d’une part et de l’Adalimumab d’autre part
avec le poids du patient.
Les patients inclus sont atteints de PR (40) ou de SA (29) et en échec thérapeutique primaire
(absence de réponse initiale au traitement) ou secondaire (diminution de la réponse malgré une
efcacité initiale constatée) ou intolérants aux traitements par anti-TNF.
Est exclus tout patient en échec avec une décision d’intensication thérapeutique (et non pas
de rotation) ainsi que ceux présentant des délais dépassant respectivement 1 semaine pour ETN,
2 semaines pour ADA et 8 semaines pour IFX.
L’hypothèse de travail consiste à distinguer 2 types de patients non répondeurs : d’une part des
vrais non répondeurs dont les pathologies sont peu médiées par le TNF, pour qui une rotation
d’anti-TNF conduirait à un échec et donc possiblement éligibles à d’autres traitements que les
anti-TNF, et d’autre part des faux non répondeurs qui présenteraient des anticorps dirigés contre
l’anti-TNF, un défaut d’observance, une pathologie avec beaucoup de TNF, ou un médicament
peu adapté et qui répondraient à un changement d’anti-TNF.
A 3 mois, le taux de réponse est proche de 65% dans la PR et de 40% dans la SA ce qui correspond
bien aux données de la littérature pour des patients en échec après un premier anti-TNF.
Les résultats ne mettent pas en évidence de facteur prédictif et, plus précisément, le dosage
d’anti-TNF et des ADAb lors d’un échec à un 1er anti-TNF ne permet pas de prévoir la réponse à un
nouvel anti-TNF après rotation. Toutefois, il se dégage une tendance proche de la signicativité
(P=0,09) dans le sens où les répondeurs à une rotation ont quand même un taux de l’anti-TNF
précédent plus bas que les non répondeurs.
Si cette tendance se conrme, il faudrait envisager l’hypothèse d’un échec de classe moléculaire
et ces patients seraient plutôt éligibles à un changement de classe moléculaire plutôt qu‘à
une rotation.
Certains essais thérapeutiques comparent les deux stratégies envisageables pour un
patient en échec d’un traitement anti-TNF : la rotation d’anti-TNF et le changement
de classe moléculaire. Mais en pratique clinique on pourrait parfaitement doser le
médicament, doser les anticorps anti-médicament et se servir de ces dosages pour
choisir la stratégie la plus appropriée.
Pr. Corinne Miceli, Dr Fabien Vincent ,
service de Rhumatologie,
CHU Le Kremlin-Bicêtre