Élodie DJORDJEVIC – Résumé de thèse – page 3/4
les rapports qu’entretiennent entre eux les champs du social et du politique, d’un côté, du moral,
de l’éthique et du politique à proprement parler de l’autre, ainsi que les déterminations du sujet
qui y sont chaque fois impliquées. Il s’agit alors, avec mais aussi contre Hegel et sa pensée de la
souveraineté de l’État, de s’efforcer de penser le “lieu” du politique et de sa normativité propre,
mais aussi la question de l’identité du sujet politique dans son rapport aux normes, face à des
transformations du monde qui se laissent grossièrement énoncer comme un mouvement
d’autonomisation du social et l’érosion de la souveraineté de l’État ainsi que celle, peut-être de la
prééminence et de l’exclusivité étatique pour ce qui concerne les normes et les droits. Ces
analyses sont menées sur un double front problématique : d’une part, selon un pôle plus
“subjectif”, celui de la confrontation de la conception hégélienne de l’État dans son rapport à la
société civile et à la famille en tant que cette dernière est déterminée, avec l’institution sociale de
la « corporation », comme « racine éthique » de l’État, à la détermination bourdieusienne de l’État
comme « détenteur du monopole du capital symbolique » (chapitre VI) ; d’autre part, selon un
pôle plus “objectif”, par l’étude de la détermination hégélienne de la souveraineté de l’État et la
théorie de la représentation qu’elle contient, à la lumière du réquisit de distinction arendtienne
entre le traitement de la « question sociale » et le champ proprement politique, ainsi que la
critique, par celle-ci, de l’appréhension du politique par le prisme de la souveraineté et
l’identification de l’étatique et du politique que sous-tend une telle conception (chapitre VII).
La difficulté d’une détermination définitive et fixe du champ politique lui-même, ainsi que
les problèmes propres posés par le jugement politique dans ce qu’il a de normatif et dans son
rapport à la rationalité, conduisent, dans la quatrième et dernière partie de cette étude, à analyser
plus avant et frontalement la question de la détermination de la rationalité politique, dans la relation
qu’entretient ici la raison avec la contingence et la difficile question de l’évaluation que supporte
celle du jugement de l’action et de savoir ce qui doit être fait. Il s’agit ainsi de revenir à l’ontologie
hégélienne et, singulièrement, aux catégories de la modalité : pouvoir déterminer quelque chose
comme une rationalité politique, dont le jugement politique serait le fruit, suppose en effet
d’éclairer les rapports entre nécessité, possibilité et devoir-être, tels que ces concepts sont
mobilisés dans le champ politique, où leur assignation même, leur champ de pertinence respectif,
fait elle-même l’objet d’un enjeu politique. Certains travaux de Vincent Descombes et une
attention plus particulière portée aux rapports qu’entretiennent, dans la Logique de Hegel,
contingence, nécessité et devoir-être s’agissant de la détermination de la finité, devront alors être
mobilisés (chapitre VIII). Enfin, puisque la question du jugement politique implique également
d’élucider le statut du dire qu’est la philosophie elle-même en tant qu’elle se donne le monde et la
pratique pour objet, c’est ici une distinction entre l’appréhension que l’on peut dire “positive” de
la pratique (que ce soit par les sciences sociales ou la “théorie politique”) et la “philosophie
politique”, tel que le pivot de cette distinction nous semble précisément se tenir dans le rapport
qu’entretiennent ces deux types de discours rationnels sur la politique (ou encore sur ce que l’on
peut désigner de manière hégélienne comme « monde objectif ») et la conception de la
normativité qui les sous-tend dans le même temps qu’elle y est à l’œuvre, que nous voudrions
proposer, élaborer et fonder. En dernière instance, du point de vue de l’appréhension rationnelle
du monde pratique, la conception et position du rapport entre théorie et pratique nous semble
être ce qui détermine ultimement le statut possiblement normatif du discours rationnel – que ce
dernier pose et assume – et, surtout, ses nature et modalité. De nouveau, sur ce point, l’étude la
confrontation de la pensée hégélienne de ce rapport et de la modalité normative du discours qu’il
implique relativement à celle de la sociologie critique bourdieusienne, qui se présente
précisément, contre une tradition de la sociologie et de l’ethnologie mais aussi – et peut-être,
surtout – contre l’appréhension philosophique de la pratique et la posture qu’elles supposent et
avec laquelle elle prétend rompre, comme la véritable théorie pratique de la pratique et seule à
même de saisir la logique de l’action sans la réduire à la « logique logique » permettra de mener
l’analyse. Ce sont alors les conséquences que l’on peut tirer de ce qui précède relativement au
rapport entre philosophie et politique, rationalité et normativité et, en dernière instance, sur ce