LE GENRE C'EST QUOI ? Écrit pour la rencontre-discussion sur les études de genre du 8 mars 2014 avec Caroline Hérasse et Ingrid Voléry Par C. Hérasse – complété par Wikipédia Mis en page et distribué par le collectif Debout ! illustré par des images prises sur le net Extrait de http://insolente0veggie.over-blog.com 1 « LA théorie du genre » n’existe pas ! ✔ Il y a des travaux, des recherches, des études : oui ! ✗ L'expression « la théorie du genre » est utilisée pour dénoncer « un discours idéologique unifié ». Hors les études de genre ne sont ni une doctrine unifiée, ni une théorie hypothétique. ✔ Les études de genre sont des travaux scientifiques et des savoirs assis sur des analyses empiriques, sur l'observation de faits sociaux. ✔ Le genre est un champ de recherche pluriel (pluridisciplinaire), institutionnalisé durant les 90' en France. ✔ Le genre n’est pas un champ d’étude à part, qui ne concernerait que ceux qui travaillent sur les hommes et les femmes : il a une portée plus générale pour toutes les disciplines (sociologie, psychologie, histoire, droit, sciences du vivant, etc.) ✔ S'interroger sur le genre et travailler ses enjeux n'est pas limité au champ universitaire. Professionnels de terrain, associations, collectifs féministes, militant-e-s, s'y attellent quotidiennement (luttes contre le sexisme, les inégalités, etc.) ✔ Différents usages et sens sont donnés à la notion de genre. ✔ Le genre est un concept qui constitue un puissant instrument de dénaturalisation du social = les différences hommes-femmes ne sont pas le fruit d'un déterminisme biologique mais d'une somme d'apprentissages complexes, qui ont court tout au long de la vie, et qui orientent les comportements attendus quand on est une femme/un homme (idée de construction sociale). 2 Le sexe ? Le genre ? Quelles différences ? Le concept de genre recouvre des assignations, un système qui structure nos catégories de pensées, nos manières de voir le monde, nos manières de nous vivre dans ce monde et dans nos relations, un rapport de pouvoir hiérarchisant. Sexe biologique = renvoie à une série d'attributs (gènes, glandes génitales, hormones, anatomie) qui distribue l'humanité en deux sexes : mâle ou femelle. ➔ Or cette définition est problématique, car la réalité n'est pas si catégorique : on trouve des arrangements plus complexes en nature (par exemple : les hermaphrodites, ou les intersexes, c'est-à-dire les êtres humains pour qui la définition classique du sexe biologique ne permet pas de les déterminer mâles ou femelles) ➔ La différence des sexes telle qu'elle est identifiée actuellement a fortement été construite culturellement. L'histoire des sciences a montré le poids culturel des éléments retenus pour définir la différence entre les sexes. Identité de sexe (assignation à un des deux groupes de sexe, selon le sexe biologique identifié à la naissance ; homme/femme au sens de l'état civil) ≠ Identité de genre (manières de se sentir comme appartenant à un sexe, manières dont on s'approprie les normes culturelles de féminités/ masculinités dans une société et un groupe donné, à un moment donné). 3 Extrait de http://insolente0veggie.over-blog.com 4 Définition 1 : Le genre comme sexe social « On ne naît pas femme : on le devient » (De Beauvoir, 1949) Ce sont des déterminations socioculturelles qui font que le sexe biologique devient le genre en société, distribuant attributs, comportements, système d'attentes spécifiques selon qu'on soit femme/homme. • • • Problèmes : reconduit l'idée d'une division femmes/hommes en nature. La différence des sexes trouverait son ancrage dans une vérité biologique première (essentialisme). Delphy (2001) « quand on met en correspondance le genre et le sexe, […] on compare du social à du naturel ; ou est ce qu'on compare du social avec encore du social ? » Définition 2 : Le genre comme rapport social Le genre renvoie aux processus structurels (sociaux, culturels, historiques, politiques, économiques) et aux relations interindividuelles à travers lesquelles : 1. On attribue aux femmes et hommes (aux sens de l’état civil) des caractéristiques psychologiques (Les femmes seraient sensibles et douces alors que les hommes seraient rationnels et agressifs), des activités (Les activités de soins, d'écoute, d'entretien pour les femmes, les activités de pouvoir, de décision pour les hommes), des statuts sociaux et des rôles spécifiques. 2. Se constitue un système de croyances fondé sur un principe de détermination biologique (« les différences hommes-femmes » pensées comme naturelles) qui légitime les dispositions et les positions assignées à chacun des groupes de sexe. 5 Le genre est donc un système de classement qui : ➔ catégorise : division de l'humanité en deux groupes pourtant non-homogènes : les hommes, les femmes. ➔ hiérarchise : distribution inégales des ressources (matérielles, économiques, politiques), des valeurs symboliques, des représentations associées à chacun des groupes sexes (hommes, femmes, féminin, masculin) tendant à l'infériorisation des femmes/du « féminin ». LES FEMMES SONT LA MOITIÉ DE LA POPULATION MONDIALE, TRAVAILLENT LES DEUX TIERS DES HEURES 10 % DU REVENU MONDIAL, POSSÈDENT MOINS DE 1 % DE LA TRAVAILLÉES DANS LE MONDE, PERÇOIVENT PROPRIÉTÉ MONDIALE. Les personnes subissent simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société. On étudie aussi ces rapports non pas séparément, mais dans les liens qui se nouent entres eux, en partant du principe que le racisme, le sexisme, l'homophobie ou encore les rapports de domination entre catégories sociales ne peuvent pas être entièrement expliqués s'ils sont étudiés séparément les uns des autres. Comme les autres rapports sociaux, le genre ne se déploie pas seul, de façon autonome : il est dépendant d'autres rapports de pouvoir (classe sociale, appartenances ethno-culturelles, âge, sexualité), ce qui ne conduit pas aux mêmes expériences dans le rapport de genre. Cette « intersection » du genre à d'autres rapports sociaux signifie que les assignations liées au sexe peuvent être modulées, redoublées ou au contraire neutralisées. 6 Brochure disponible sur www.collectif-debout.org