OCIETE Publ¡cité et sexrsme De la \ a I'homme-olciet La publicité évolue, mais garde les mêmes recettes. Seul élément neuf : le stéiéotype de I'homme-objet vient peu à peu compléter l'image archi-classique de la femme-objet. Essai de décryptage de clichés réducteurs. r\ lJ ans la nublicité. la fenlme nées, soumises, cliscrètes, voire ef- un supplémenI d'aTIraiL Mais la ,u facées. frontière entre sensualité, érotis- souvent mise en scène ". Présentation tYPique d'une image de femme-objet: la femme est assoclé å la voiture. dans le seul but d'attirer le regard La publicité utilise mæsivement me et vulgarité est ténue. Récem- mæculin. Le sociologue Pierre le désir sexuel comme appàt, en ment, le courant du nPomo chic" do- particulier quand elle s'adresse à a entraîné des images de coPs sa- UN HOMME DANS LA CUISINE mination rnøsculine (Seuil), l'homme; dans un monde alticu- lis, enchaînés, représentés dans En Suisse, la Commission Pour la constate: "Les femmes existent lé autouL de la sexualité, la Publi- des postures animales, renvoyant loyauté commerciale tente d'im- à des situations de viols ou de vio- poser une réflexion dans le des autres, c'est-à-dire en tant cité cherche à transférer ce d6ir vers le produit à ptomouvoir. Ain- qu' ob jets accueillants, attrayants, si, une publicité pour PlayStation mode sont de attend d'elles thématise cette vision de la fem- Saint-l,aurent, Ungaro ou Dior qu'elles soient'féminines', c'est- me: une blonde e$ æsociée à une Autre poncif: si une femme arrive miner les sexes, ni Porter atteinte à la dignité de la femme ou de à-dire sympathiques, attention- voiture de course rutilante (uoir à faire fonctionner un obiet com- l'homme. En outre, at considétée photo ci-contre). Pourtant, seule pliqué, magnétoscope ou ordina- conme sexiste toute pub dans la- la voiture est offerte aux ioueurs, le slogan précisant que la créatu- teur, tout le monde peut en fairc quelle une peßonne est Présentée Iæs blondes semblent être <comme un obiet de soumission, re aguichante ne leur aPPartien- de ce point de vue les dra pæ, nmême pæ dans leurs idéaux. Une publicité Multimania d'æservissement" ou "est avilie par les images, les mots ou les rêvesu. Cette publicité reproduit le ptopose des outils de création de sons>. rôle des hôtesses des salons de l'automobile: être aussi sédui- pages Internet que même santes que les modèles exposés, affublée d'un cæque de chantier, Bourdieu, dans son livre In d'abord par et pour le regard disponibles. 0n autant! nières, incarnées par une peuvent maîtriser. Dans l:f-,f,r-il 5 iuìo 2003 que la publicité ne doit Pæ discri- cobaYes ca der- "lolita" un autre La teprésentation de voiture à une femme, c'est Pour vanter les mérites soit d'un mono- Poses éro- réducteur, insultant Pour la condition féminie. 26i Gucci, registre, lorsqu'on propose une La blonde, stéréotíPe de la <belle idiote>>: un cliché 7 publicitaire. Sa règle J.11 stipule LES BLONDES, COBAYES tiques semble conférer au Produit DR la lences. Tous les grands noms de la partie: milieu En dépit de ge de ces précautions, I'ima- la femme induite Par publicita comesPond néanmoins à une vision étroite de Ia mæculi- nité. Quand la femme est réduite à n être qu'un obiet, I'homme de- vient un brutal consommateu! space, pouvant accuçillir courses qui répond princiPalement à et enfants, soit d'une voiture pulsions sexuelles. ville, si petite qu'on la sans difficultés. de Parque les Si I'image de l'homme ses semble moins préoccuPer la critique, ce L'homme dans la Publicité: il devient un obiet comme la femme. Soit comme un gigolo (gauche) soit comme athlète perf o rma nt (ci-d esso us). L' inversion tend plutôt à renforcer le stéréotype de la femme-obiet. jus- dernier n'est pourtant pæ épargné différence cle taille entre une fem- avec son costume, par le sexisme. Etriqué dans son devoir d'être Ïort, beau, intelli- me et un homme pour vanter des te ce qu'il fauto. Lorsqu'on sait chaussures "extta-plates". Mais cette affiche véhicule I idée selon qu'en Europe, la violence conju- il doit aujourd'hui être aussi compétitif à la cuisine qu'au gent, "classique, gale est une des premières causes DR laquelle, dans une relation senti- de mortalité par homicide chez les travail ou dans le sport. A I'instar mentale, l'homme doit être plus femmes, on ne peut pæ traiter de lée: celle d'une société aux valeun d'une publicité pour Scotch-Brite grand que la femme. La marque la même manière les deux cæ de parfois évanouies, où règnent sou- qui lie I'homme à la est donc loin de prôner une égali- figure. Le sexisme, ici, porte beau- vent le luxe et la luxure, et traver- coup plus préjudice à la femme sée par des rapports de force, qu'à lhomme. PouL éradiquer perfor- mance (uoir þhoto ci'dessus). Par contLe, lorsqu'un homme se té hommes met enfin à la cuisine, c'est pour Léotypes que provoque enfourner des plats surgelés. 0u Ia pLrblicité reproduit plus volon- LA RESPONSABILITÉ tion de la domination de I'hom- alors, il devient un homme-objet, tiers des situations où I'homme DE LA PUBLICITÉ me sur la femme, ne faLrt-il pæ limite du gigolo, comme dans domine la femme que le contrai- Il réduire ces situations une publicité Fusl (photo), dans re. En outre, la publicité représen- contester une idée courante: la des rôles ne suffit pæ, elle poLte publicité se contenterait de repré- préjudice àl'égalité des sexes. La femmes aiment voir un homme te fréquemment des relations entre sexes sur un principe de la réalité sociale et répon- publicité ne devrait-elle pæ plutôt dans une cuisine Fust". complémentarité hiérarchique - drait aux attentes de la société. La cherchel à s'inscrite, aussi sou- un dominant et un dominé question du sexisme pose celle de vent que possible, dans une rcla- à la laquelle il apparûT torse nu: <Les exemples illustrent une simple version des valeurs, Ces in- qui n'im- - femmes. Mis à part le renforcement des sté- avec -, publicité et abolir la rcprésenta- I'invenion, au détriment des relations éga- semble donc important de senter la responsabilité de la publicité. la pu- plique pæ une remise en question litaires. Peut-on vraiment accuser du sexisme. L'inversion tend plu- Enfin, il faut veiller à comparer le blicité d'en vouloir aux femmes? tôt à renforcer le $éréolype. comparable. Lorsqu'une femme est représentée avec un æil au le sexisme de la Il ne faut pæ négliger, cependant, le fait que la représentation de la tion ? L' inversion respectueuse, équitable et non hiérarchisée? Gilles Lugrin et Stéphanie Pahud (EIL AU BEURRE NOIR beurre noir, 0n critique cette scène femme est indisociable de celle de La correspondance entre les publi- de violence conjugale. Mais lon- I'homme. Car leurs rapports mu- cités et les stéréotypes sociaux ius- qu'un homme connaît le même tuels s'influencent. tifie-t-elle l'idéologie véhiculée avalar, à I'instar d'une publicité donc de ne pæ s'enfermer dans noir de la pub: quand la communication va trop par les annonces? Une publicité signée Eden Park, il porte les stig- une vision trop extrême et de rester loin, Paris, Stock, 2001. mates de sa virilité, compatibles attentif à I'image globale véhicu- pour la marque André ioue sur la Il convient POUR EN SAVOIR P[US: Florence Amalou: Le livre ISA 5 iuin 2001