trairement au gain pondéral associé à l’insuline ou au trai-
tement par sulfonylurées.7
effets sur l’incidence de cancers
La littérature médicale rapporte régulièrement une as-
sociation entre le diabète, en particulier de type 2, et le
cancer, principalement sur la base d’études observationnel-
les.8,9 Les hypothèses proposées pour cette relation entre
diabète et cancers sont l’hyperglycémie clinique et/ou l’in-
sulinorésistance et l’hyperinsulinémie compensatoire.8 En
même temps, les données convergent pour suggérer que
l’utilisation de la metformine diminue l’incidence de diffé-
rents cancers, probablement en réduisant l’hyperglycémie
et surtout l’hyperinsulinémie.8
D’autre part, la metformine agit sur les voies de signa-
lisation cellulaires comme l’AMPK qui est connue pour
stimuler des suppresseurs de tumeur comme le LKB1, ou
pour inhiber la protéine mTOR
(mammalian Target of rapa-
mycin)
qui est un puissant facteur de croissance et de pro-
lifération.9
Des méta-analyses portant principalement sur des études
cas-témoin et de cohorte effectuées chez des patients at-
teints de diabète de type 2 montrent que l’utilisation de la
metformine (comparativement à une absence de traitement
ou à d’autres traitements antidiabétiques) est associée à un
risque réduit de survenue de tous cancers confondus et de
mortalité par cancer.8,9 Cependant, ces effets restent con-
troversés et des études prospectives manquent.
La possibilité que la metformine puisse réduire le ris-
que cardiovasculaire (CV) a été mise en évidence par l’étude
prospective conduite au Royaume-Uni sur le diabète de
type 2 (UK Prospective Diabetes Study, UKPDS), qui a mon-
tré une réduction du risque d’infarctus du myocarde et de
la mortalité toutes causes confondues.10 Des analyses épi-
démiologiques ultérieures ont confirmé un avantage cardio-
vasculaire, mais les données cliniques ne sont cependant
pas très solides.
Ainsi, en raison de ces différentes propriétés, la metfor-
mine a été choisie pour être le pilier pharmacologique du
traitement du diabète de type 2, même si l’évidence der-
rière ce choix n’est pas des plus solides. Les sociétés euro-
péenne et américaine du diabète ont donc sorti des re-
commandations dans ce sens en 2012, qui ont été mises à
jour en 2015. Ces dernières sont présentées dans le ta-
bleau 1.
Effets secondaires digestifs
L’inconvénient principal de la metformine est sa relati-
vement mauvaise tolérance digestive (nausées, crampes
épigastriques, inconfort abdominal, diarrhées) que l’on peut
réduire si l’on tient compte des recommandations suivan tes :
• commencer par un ou deux comprimés à 500 mg par jour
et augmenter progressivement (après environ une semaine)
à 1000 mg deux fois par jour (matin et soir) ;
• conseiller au patient de prendre les comprimés pendant
ou à la fin du repas.
La dose efficace habituelle est de 1500 à 2000 mg par
jour. La dose maximale de 3000 mg par jour (1000 mg trois
fois par jour) ne permet pas d’améliorer significativement le
contrôle glycémique mais augmente les effets secondaires
gastro-intestinaux. Actuellement, on dispose de comprimés
à libération prolongée (XR) (mais uniquement sous forme
combinée avec une gliptine sur le marché suisse), ce qui
permet de réduire les effets digestifs.11
Risque d’acidose lactique
L’acidose lactique est une complication métabolique rare,
mais grave, qui résulte d’une accumulation d’acide lacti que
consécutive à l’administration de metformine en présence
de tout état caractérisé par une hypoperfusion et une hy-
poxémie tissulaires notables. La mortalité de l’acidose lac-
tique peut atteindre 50%.
Les symptômes et les signes incluent, dans les cas
graves, des nausées et des vomissements, une léthargie et
une polypnée. Le diagnostic est clinique et biologique. Sur
le plan biologique, l’acidose lactique se définit par l’éléva-
tion de la concentration sanguine de lactate (L 5 mmol/l),
la diminution du pH sanguin, le déséquilibre électrolytique
comportant une augmentation de la valeur du trou anioni-
que, et l’élévation du rapport lactate/pyruvate.12 Cependant,
en cas de traitement par metformine, la présence d’une
concentration plasmatique de lactate à jeun supérieure à
5 mmol/l ne témoigne pas nécessairement d’une acidose
lactique imminente et peut être imputable à d’autres cau-
ses, notamment au mauvais équilibre du diabète, à l’obé-
sité, à une activité physique vigoureuse, ou à des problè-
mes techniques relatifs au dosage du lactate. En l’absence
de signes d’acidocétose (cétonurie ou cétonémie), la pré-
sence d’une acidose métabolique chez tout patient diabé-
tique sous metformine doit faire soupçonner celle d’une
acidose lactique.
Chez les patients sous metformine, la fréquence décla-
rée d’acidose lactique est très faible (environ 0,03 cas pour
1000 patients-année, et environ 0,015 décès pour 1000 pa-
tients-année).13
Le risque d’acidose lactique augmente surtout avec la
gravité de la dysfonction rénale et l’âge du patient. Une ré-
cente revue systématique a montré que les données dis-
ponibles étaient limitées pour évaluer le risque d’acidose
lactique chez des patients insuffisants rénaux chroniques
traités par metformine, et qu’aucune étude randomisée con-
trôlée n’avait été conduite pour évaluer la sécurité de la
metformine dans l’insuffisance rénale.13 Des données obser-
vationnelles étayent un potentiel bénéfique de la met-
formine sur les complications macrovasculaires, même chez
les patients avec insuffisance rénale avancée. Ainsi, l’éviden-
ce disponible supporte l’utilisation de la metformine dans
l’insuffisance rénale légère et modérée.13 Une réduction
des doses de metformine est à préconiser en fonction du
déclin de la fonction rénale (tableau 2).
Le risque d’acidose lactique est aussi plus élevé chez
les patients souffrant de maladie hépatique, ainsi que dans
des conditions entraînant un risque d’hypoperfusion ou
d’hypoxémie (insuffisance cardiaque, sepsis, décompensa-
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