
consensus international, ainsi que l’algorithme de trai-
tement médical sont proposésàla fin de cette mise au
point. Préalablement, nous développerons les princi-
paux axes de recherche, expérimentaux et cliniques,
pouvant être sources de progrès dans la RCP, de base ou
spécialisée, àsavoir : le MCE, la ventilation, la défi-
brillation et les agents pharmacologiques de la RCP.
Le massage cardiaque externe
Le MCE est désormais bien codifié. Il est indiquéde
réaliser une dépression du sternum de 4 à5 cm, avec
une durée de compression égale à50 % du cycle
compression-relaxation passive, et àune fréquence de
compression actuellement de 100/min. [4]. Cepen-
dant, même réalisécorrectement, le MCE ne permet
d’obtenir un débit cardiaque égal qu’à environ 25–30 %
du débit avant arrêt cardiaque, entraînant ainsi une
diminution importante des circulations coronaire et
cérébrale qui compromet les possibilités de reprise
d’activitécardiaque et le pronostic neurologique. De ce
fait, plusieurs méthodes ont étéproposées pour amélio-
rer l’efficacitédu MCE. Certaines ont consistéàmodi-
fier la technique du MCE, soit en associant de manière
simultanée compression thoracique et ventilation arti-
ficielle (technique de la compression-ventilation syn-
chrone), soit en comprimant alternativement thorax et
abdomen (technique de la compression abdominale
intermittente). Si des résultats prometteurs ont pu être
observés expérimentalement ou sur de petites séries de
patients en intrahospitalier, ils n’ont pas étéconfirmés
sur des séries suffisantes [5, 6]. Outre les tentatives
d’amélioration de la technique de MCE, des techniques
instrumentales ont étéélaborées. La compression du
thorax peut ainsi être obtenue soit par un piston pneu-
matique (Thumpert, Michigan Instruments, États-
Unis), soit par une veste pneumatique circonférentielle
àgonflage séquentiel (VEST-CPRt, Cardiologic Sys-
tems Inc, États-Unis). Malgréla régularitédu MCE et
la bonne reproductibilitédes mesures hémodynami-
ques qu’il procure, le Thumpertn’adémontréd’intérêt
qu’en expérimentation animale ou dans des situations
cliniques particulières comme le MCE prolongélors
d’une hypothermie profonde. Les seules données
concernant la VEST-CPRtémanent d’une petite série
de patients pour lesquels cette technique a amélioré
significativement la pression de perfusion coronaire [7].
Aucune étude suffisante n’a pu aboutir depuis. D’autres
techniques récentes pourraient s’avérer plus intéressan-
tes.
La compression-décompression active (CDA) : elle
consiste àappliquer, sur le thorax des patients en AC,
une «ventouse »(Cardio Pump Ambut) pour le com-
primer et le décomprimer activement. Le but de cette
méthode de massage est de générer en diastole, grâce àla
décompression active, une pression intrathoracique
négative capable d’améliorer le retour veineux intratho-
racique et donc le remplissage du cœur. La conséquence
en est une élévation du débit cardiaque et de la pression
artérielle. La décompression active est également res-
ponsable d’effets autres que circulatoires, en particulier
ventilatoires. Ainsi, chez le chien, en ventilation spon-
tanée ou en ventilation artificielle, une augmentation
importante du volume courant a étéobservée [8].
Après plusieurs études animales ayant montréque la
CDA améliorait le débit cardiaque, le débit sanguin
cérébral, la pression artérielle et le CO
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expiré, plusieurs
études humaines ont étépubliées. Si certaines d’entre
elles n’ont pas retrouvéde bénéfice clinique [9-14],
d’autres ont montréune amélioration de la survie, à
court [15, 16], comme àlong terme [17]. La plupart de
ces études présentent des limites méthodologiques
importantes (études rétrospectives, absence de rando-
misation, populations insuffisantes, etc.), seule une
étude française prospective et randomisée [17] propose
une méthodologie correcte avec une population suffi-
sante : elle met en évidence une amélioration lors de
l’utilisation de la CDA du nombre de patients sortant
de l’hôpital sans séquelle neurologique (6 % contre
2%,p= 0,01) et une amélioration du taux de survie à
un an (5 % contre 2 %, p= 0,03). Cette méthode,
traumatisante si elle est mal réalisée (apprentissage
nécessaire), admet quelques contre-indications comme
le traumatisme thoracique. Elle est également inappli-
cable face àcertaines particularités anatomiques comme
un pectus excavatum, une hypertrophie mammaire ou
une pilositéimportante.
La valve d’impédance inspiratoire (inspiratory impe-
dance threshold valve) : la phase de décompression pas-
sive du thorax durant la RCP standard s’accompagne
d’une négativation de la pression intrathoracique.
Celle-ci est responsable d’un effet soufflet avec afflux
d’air et augmentation du retour veineux sanguin dans le
thorax. Cependant, la pression négative ainsi créée reste
modeste, conduisant àun faible niveau de retour vei-
neux. L’utilisation d’une technique de compression-
décompression active pour le MCE permet d’augmenter
sensiblement la pression négative intrathoracique. Mais
un niveau de pression négative avec augmentation signi-
ficative du remplissage myocardique ne pourra être
obtenu que si les voies aériennes sont occluses lors de la
phase de décompression thoracique. Cela se rapproche
de la manœuvre de Müller dans laquelle les patients
(éveillés) doivent produire un effort inspiratoire àglotte
fermée pour augmenter le remplissage du cœur afinde
faciliter le diagnostic de certains souffles cardiaques.
Lors de la RCP, l’occlusion des voies respiratoires est
obtenue àl’aide d’une valve unidirectionnelle (Resusci-
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