Devant l'absence de réveil immédiat, la patiente est sédatée avec du midazolam et du
fentanyl puis transférée directement en réanimation. A son admission, le scanner thoracique
a confirmé l'EP bilatérale. La patiente n'a pas bénéficié d’hypothermie thérapeutique. La
patiente a repris conscience le jour après l'admission et a été extubée le jour même. La
patiente est finalement sortie de l’hôpital 4 semaines après son AC avec un très bon état
neurologique (Glasgow Outcome Scale à 5).
Discussion
Dans l'AC, tout ce qui est possible doit être fait pour sauver le patient et surtout rechercher
les causes réversibles (4H: Hypoxie, Hypovolémie, Hypo / hyperkaliémie ou trouble
métabolique, l'Hypothermie, et 4T: Thrombose coronarienne ou pulmonaire; Tamponnade
cardiaque, Toxiques, pneumothorax compressif) pour lesquelles un traitement spécifique
existe [5][6].
La généralisation de l'échographie au chevet du patient ou "point of care ultrasound", devrait
permettre de réaliser des diagnostics plus précis en préhospitalier et de renforcer des
suspicions diagnostiques, et donc d'initier plus souvent des thérapeutiques de derniers
recours, en rééquilibrant la balance bénéfices risques. Le concept d'ELS devrait permettre
de plus souvent détecter les AC dus à des EP, car souvent la clinique seule est insuffisante
pour évoquer ce diagnostic et la prise en charge thérapeutique est lourde et coûteuse.
L’échocardiographie au lit du malade, dès la phase préhospitalière permet donc d'initier une
thrombolyse de sauvetage plus fréquemment, en même temps qu’une RCP prolongée.
L'intervalle de temps entre l'AC et le retour à une activité cardiaque spontanée doit être le
plus court possible pour permettre une bonne récupération neurologique, mais la
thrombolyse nécessite un temps de RCP prolongé pour permettre à l’agent thrombolytique
d'agir [7].
Néanmoins, dans notre cas, la bonne évolution neurologique était tributaire de plusieurs
facteurs: témoignage de l'AC par l'équipe médicale et RCP immédiate, utilisation de la
thrombolyse préhospitalière, et l’utilisation d'un dispositif de compression thoraciques
automatisés pendant une RCP prolongée, (i.e. sans diminution de l'efficacité des
compressions thoraciques tout au long de la RCP).
La thrombolyse peut agir par 2 mécanismes différents au cours RCP. Tout d'abord, une
longue procédure de la RCP peut conduire à la fragmentation mécanique du thrombus, avec
par la suite une action thérapeutique plus efficace des agents thrombolytiques [7].
Deuxièmement, les données expérimentales indiquent que la thrombolyse avant, pendant et
immédiatement après la RCP peut améliorer la reperfusion de la microcirculation après AC
[8]. Ceci est très important pour la reperfusion cérébrale et peut contribuer à la bonne
récupération neurologique. Des données récentes soulignent l'innocuité de la thrombolyse
dans l'AC, avec des complications hémorragiques rares [8].
Il y a aussi 2 mécanismes d'action différents des compressions thoraciques mécaniques
automatisés pendant la RCP. Tout d'abord, des compressions thoraciques de haute qualité
réalisée sur une longue période, permettant une perfusion des organes efficace, en
particulier la perfusion cérébrale.
Enfin, une étude a montré des signes morphologiques tomographique de fragmentation
mécanique directe du thrombus conduisant à une plus grande surface des points de contact
sur le thrombus pour l'agent thrombolytique, conduisant finalement à favoriser son action [9].
Néanmoins, malgré ses avantages évidents, des études sont encore nécessaires pour