2 Direction des Affaires Économiques
Par ailleurs, le ralentissement actuel des économies émergentes, en particulier de la Chine, limite leur
consommation de matières premières. La croissance chinoise s’est ainsi établie à 6,9 % en 2015, soit
son plus bas niveau depuis 25 ans. Aussi, ce pays souhaite-t-il axer davantage son économie vers les
services, au détriment de l’industrie. Dès lors, les besoins en énergie, par unité de croissance, sont plus
faibles.
Les conséquences pour les pays producteurs
Naturellement, les pays exportateurs de pétrole sont pénalisés par la baisse des prix. En Arabie
Saoudite, les exportations nettes de cette matière première représentent en effet 48 % du PIB. Dès
lors, la diminution des revenus impacte négativement les finances publiques de ces pays. Ainsi, pour
l’Arabie, les prévisions budgétaires de 2016 tablent sur un déficit de 19 % du PIB, après 21 % en 2015.
L’activité est par ailleurs au ralenti et les perspectives de croissance, au moins à court terme, sont
fortement dégradées.
Si l’Arabie Saoudite est le premier exportateur de pétrole de la planète, il n’est cependant pas le plus
pénalisé par la baisse des prix. En effet, durant les années de prix élevés, le pays a su se doter de
réserves conséquentes au sein de fonds souverains
et à contenir la dette publique à un niveau
négligeable (3,5 % du PIB en 2012). Les marges de manœuvre sont donc importantes et les risques
limités pour ce pays du Golfe. En revanche, d’autres pays comme l’Algérie et le Venezuela éprouvent
de lourdes difficultés à traverser la crise, du fait que leur appareil productif n’a pas su s’adapter à la
chute des prix. Leurs productions de pétrole ont ainsi reculé depuis juin 2014 (- 6,7 % pour l’Algérie,
- 0,3 % pour le Venezuela), tandis que les réserves de change de ces pays s’érodent rapidement. Au
Venezuela, la récession de l’économie (contraction de 5,7 % du PIB en 2015) s’accompagne également
d’une hyperinflation (+ 180,9 % cette année-là) et d’une forte contestation politique. Par ailleurs, après
être devenus le premier producteur mondial de pétrole, les Etats-Unis ont vu le nombre de forages sur
le territoire chuter de manière spectaculaire (- 70 % entre octobre 2014 et janvier 2016), tandis que le
nombre de défaillances dans le secteur énergétique accélère
.
Pour les pays exportateurs de pétrole, le prix du baril est donc trop faible pour rétablir leurs finances
publiques. Aussi, afin d’équilibrer le solde courant
, le prix devrait-il s’élever à 60 dollars pour l’Iran et
à 100 dollars pour la Russie. Dès lors, la sortie de crise pour ces pays nécessite inexorablement une
remontée des cours, et par conséquent une diminution de l’offre de pétrole. Pourtant, chacun d’entre
eux cherche à préserver ses parts de marché, de telle manière que toute tentative (en particulier de
l’OPEP) de geler la production mondiale a jusqu’à présent échoué
. Sans une convergence politique
des pays exportateurs, il semble donc très peu probable que les cours du pétrole remontent à court
terme. Le prix du baril de pétrole devrait donc se stabiliser autour de 40 dollars en 2016, voire reculer
à nouveau si le ralentissement de l’économie mondiale se poursuit.
SAMA Foreign Holding, fonds souverain saoudien, disposait de 533 milliards de dollars d’actifs en 2012.
L’hebdomadaire « The Economist » a estimé que la dette cumulée des producteurs d’hydrocarbures de schiste (pétrole et
gaz) équivaut à celle de la Grèce.
La balance courante représente le solde des flux monétaires d’un pays liés aux échanges internationaux (biens, services,
mais également revenus, dons, aides, etc.)
La dernière réunion entre les membres de l’OPEP, ayant eu lieu le 17 avril 2016, a échoué, principalement en raison de la
volonté de l’Iran de retrouver son niveau de production historique, avant la mise en œuvre des sanctions internationales.