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Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 02 - Avril - mai - juin 2014
Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation
essentiellement la libération d’acétylcholine. Son action
provoque alors la paralysie des fi bres musculaires. Les
actions de la TB sont totalement réversibles.
Sept sérotypes de TB ont été identifiés à ce jour
(deAàG), mais seuls 2types (AetB) ont une appli-
cation thérapeutique approuvée. Les formulations de
typeA sont utilisées couramment en France pour le
traitement de la spasticité (Botox
®
, Dysport
®
, Xeomin
®
).
La neurotoxine de typeB (Neurobloc®) est utilisée de
façon très confi dentielle dans le domaine de la spas-
ticité et n’a pas l’AMM dans cette indication.
Le traitement consiste en des injections intramuscu-
laires, qui se pratiquent de préférence sous repérage
électromyographique, sous électrostimulation ou sous
échographie. Il s’agit d’une thérapie dont l’effet est
réversible. Un début d’effi cacité est observé 1semaine
après l’injection ; le pic d’effi cacité se situe en général
entre 4 et6semaines et l’effet dure environ 3mois
pour le muscle strié.
Chaque TB commercialisée en France a une AMM diffé-
rente dans le cadre de la spasticité. Botox® a une AMM
chez les adultes et les enfants de plus de 12ans ainsi
que chez les enfants de plus de 2ans pour le traitement
symptomatique local de la spasticité (hyperactivité
musculaire) du membre supérieur et/ou inférieur.
Dysport
®
a une AMM chez les adultes et les enfants
de plus de 12ans pour le traitement symptomatique
local de la spasticité (hyperactivité musculaire) des
membres supérieurs et/ou inférieurs. Chez les enfants
de 2ans et plus, l’AMM ne concerne que le traitement
de la déformation dynamique en pied équin chez les
enfants présentant une spasticité due à une paralysie
cérébrale. Xeomin
®
n’a actuellement une AMM que
dans la spasticité des membres supérieurs avec fl exion
du poignet et fermeture de la main faisant suite à un
accident vasculaire cérébral (AVC). Neurobloc
®
n’a pas
d’AMM dans le cadre de la spasticité.
La TB de typeA est recommandée car il existe une
preuve scientifi que établie de son effet sur la réduction
focale de la spasticité après injection intramusculaire
(GradeA)
[1]
. Elle peut être utilisée en traitement de
première intention de la spasticité lorsque l’objectif est
focal ou multifocal (accord professionnel). Chez l’adulte,
la plupart des résultats proviennent d’études concer-
nant des patients victimes d’AVC et, chez l’enfant, de
patients atteints d’une paralysie cérébrale. Cependant,
l’utilisation de la TB peut être envisagée quelle que soit
la pathologie en cause (accord professionnel), avec une
indication plus symptomatique qu’étiologique
(1)
.
Il a été montré chez l’adulte que si l’on fi xe des objec-
tifs personnalisés avec le patient, à l’aide d’outils tels
que la GAS
(Goal Attainment Scaling)
, ceux-ci sont le
plus souvent atteints et ce, d’autant plus que l’objectif
concerne la défi cience (maintien des amplitudes arti-
culaires, douleurs, raideur) ou la fonction dite “passive”
(nursing, habillage, toilette). L’atteinte de l’objectif est
plus rare lorsqu’il s’agit d’une amélioration de la fonc-
tion dite “active” (préhension, marche)
[3,4]
.
Chez l’enfant, on observe :
•
une amélioration de la fonction active au membre
supérieur et au membre inférieur (niveau de preuve2) ;
•
un effet sur la douleur (niveau de preuve2). Il
convient de préciser qu’aucun effet antalgique propre
n’a été montré ; ce sont donc les conséquences dou-
loureuses de la spasticité qui sont réduites.
La prévention des déformations orthopédiques est
un objectif important qui incite à un traitement très
précoce chez l’enfant.
La dose totale maximale recommandée
(1)
est :
•
chez l’adulte : 500U Allergan pour Botox® et Xeomin®
et 1 500U Speywood pour Dysport® ;
•
chez l’enfant : 20U Allergan/kg pour Botox® et 30U
Speywood/kg pour Dysport® (accord professionnel).
La dose maximale de Botox® et Xeomin® recommandée
par session est supérieure à la dose plafond de l’AMM.
Ce dépassement paraît en effet justifi é si le traitement
multifocal (accord professionnel) est nécessaire.
Concernant la technique d’injection, il est fortement
recommandé de ne pas utiliser le repérage anato-
mique seul. Il a en effet été montré que le ciblage
musculaire est peu précis dans ce cas-là
(5)
. L’utili-
sation du repérage par électrostimulation ou écho-
graphie est fortement conseillée afi n de cibler au
mieux les muscles. L’EMG de détection est, quant
à lui, peu précis dans le domaine de la spasticité,
contrairement à ladystonie.
Une analgésie adaptée de type inhalation de protoxyde
d’azote se doit d’être proposée au patient.
Une formation préalable théorique et pratique des
médecins est recommandée avant la prise en charge
par TB. Selon les bonnes pratiques, il faut distinguer la
consultation dédiée à l’information du patient de celle
consacrée à la réalisation du geste, laissant ainsi au
patient et à son entourage un délai de réfl exion. Il est
recommandé d’évaluer en consultation avec le patient
les résultats de l’injection 3 à 6semaines après la
première injection afi n de juger de l’effi cacité et de la
tolérance du traitement et de la nécessité d’une adap-
tation des doses et muscles cibles.
Phénol et alcool
L’alcool et le phénol agissent sur la spasticité par une
action de neurolyse chimique (destruction irréversible
du nerf). Même si, en théorie, l’effet de ce traitement
devrait être défi nitif, on constate souvent une réci-
dive de l’hypertonie après 6 à 12mois, en raison du
bourgeonnement collatéral possible sur les axones
indemnes du nerf périphérique, établissant de nou-
veaux contacts synaptiques et de nouvelles plaques
motrices. Cette situation peut conduire à la décision
d’une ré-injection de phénol au contact du même nerf.
Ils ne représentent pas le traitement local de pre-
mière intention, sauf dans certains cas de spasticité
particulièrement diffuse et gênante où ils peuvent
alors être utilisés en complément d’un autre traite-
ment local (TB par exemple). Il faut noter que ni le
phénol, ni l’alcool n’ont une AMM car ils n’ont pas
fait l’objet d’évaluations par l’Agence nationale de
sécurité du médicament (ANSM). Il existe cependant
une autorisation d’utilisation par les pharmacies à