Journal Identification = PNV Article Identification = 0522 Date: February 28, 2015 Time: 11:5 am
D. Abdoulhadi, et al.
– l’attente d’un avis diagnostique ou thérapeutique (n = 1).
La prise en charge la mieux adaptée pour ces patients
aurait été :
– une prise en charge ambulatoire dans leur Ehpad (n = 4) ;
– une prise en charge en hôpital de jour (n = 2) ;
– une prise en charge par un suivi psycho-gériatrique ambu-
latoire (n = 1).
Discussion
Notre étude a montré un taux d’inadéquation des
admissions de 17,5 %, ce qui est dans la moyenne des
résultats retrouvés dans les études [23-29]. En effet dans la
plupart des publications, les taux observés d’inadéquation
varient entre 10 % et 30 %, les taux les plus fréquem-
ment relevés se situant dans la fourchette 20 %-30 %.
Par conséquent, le mode d’admission direct en CSG de
patients provenant d’Ehpad, spécifiquement étudié dans
notre cohorte, ne semble pas constituer un facteur de
risque d’admissions inappropriées.
Dans notre étude, pour le jury d’experts, la prise en
charge des patients dont l’admission a été jugée inap-
propriée aurait pu être réalisée en ambulatoire ou, le cas
échéant, lors d’une journée en hôpital de jour. Lors des dis-
cussions du jury d’experts, il a pu être soulevé que le délai
important d’accès aux consultations gériatriques, la mécon-
naissance du réseau gériatrique par le médecin traitant
ou encore les difficultés éventuelles de coordination entre
le médecin coordonnateur et le médecin traitant peuvent
expliquer certains recours au service de CSG. Il est pos-
sible que les «demandes expresses »soient également
motivées par des demandes insistantes de la famille et de
l’équipe soignante de l’Ehpad, ou par le manque de temps
du médecin traitant. De plus, la sémiologie spécifique de la
personne âgée, avec des symptômes souvent atypiques ou
peu spécifiques, rend la prise en charge diagnostique plus
difficile, avec crainte permanente d’une situation critique.
L’«altération de l’état général », qui nécessite souvent
une démarche de recherche diagnostique pluri-disciplinaire,
rend compte d’une demande insistante du médecin traitant
à laquelle il est difficile de dire non.
À partir de ces constats, il pourrait être envisagé la
mise en place d’équipes mobiles gériatriques ou psycho-
gériatriques externes, intervenant dans les Ehpad, pouvant
réaliser une première évaluation au niveau gériatrique
et au niveau des besoins de la personne âgée, et qui
permettraient d’apporter une aide au médecin traitant
concernant l’orientation du patient dans la filière géria-
trique : consultations gériatriques ou psycho-gériatriques,
hôpital de jour (HDJ), hôpital à domicile (HAD), unité
cognitivo-comportementale, soins de suite et réadaptation
(SSR), service de CSG, etc.
On pourrait également envisager de mettre en place
des créneaux de consultations d’urgences gériatriques
et psycho-gériatriques, lesquels permettraient de régler
rapidement certaines situations sans avoir recours aux
consultations habituelles dont les délais sont déjà très
longs.
Notre étude a utilisé le seul outil validé en langue
franc¸aise disponible dans la littérature. Néanmoins, il n’a pas
été spécifiquement développé pour l’évaluation de la perti-
nence des admissions en médecine gériatrique aiguë. Ainsi,
dans notre étude, avant l’évaluation par un jury d’expert,
seules 52,5 % des admissions étaient considérées comme
pertinentes par la grille AEPf. Après l’avis du jury d’experts
82,5 % des admissions sont jugées pertinentes ou justi-
fiées (33 admissions sur 50). La proportion des admissions
jugées dans un premier temps inappropriées par la grille
AEPf, puis justifiées dans un second temps par le jury
d’experts est très élevée (30 %). Ce taux devrait être
compris, au regard de la littérature, entre 5 et 10 % [9, 30].
Les critères de gravité cliniques de la grille AEPf semblent
donc être trop exigeants et les critères liés aux soins déli-
vrés semblent porter sur des soins trop techniques pour
des patients de gériatrie [25].
Dans certains services, pour certaines pathologies ou
pour la prise en charge de populations spécifiques, les grilles
peuvent s’avérer incomplètes ou mal adaptées [10]. Les
raisons justifiant l’admission ou la présence dans les ser-
vices de gériatrie doivent être repérées. Si une ou plusieurs
raisons apparaissent fréquemment, on peut envisager de
définir un critère explicite qui sera, après validation, ajouté
à la grille.
Cette démarche pourra permettre de diminuer le
nombre de journées justifiées par avis d’expert et une pré-
sentation plus objective des résultats. Quelle que soit la
situation, les nouveaux critères devront être spécifiques de
l’activité et réellement justifier la journée d’hospitalisation
ou l’admission.
Proposition d’adaptation
gériatrique des critères
de la grille AEP : grille AEPg
Les discussions du jury d’experts ont révélé certaines
difficultés dans l’utilisation de la grille AEP, notamment la
critique de plusieurs items :
– critère A1 : «Coma, inconscience ou désorientation
d’installation récente ». L’expression «désorientation
18 Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 13, n ◦1, mars 2015
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