dossier spécial greffe médicaments autre, passée la phase de traitement curatif, chirurgie, radiothérapie et/ ou chimiothérapie, les inhibiteurs de m-TOR sont aussi un moyen de donner un traitement immunosuppresseur a minima qui exposera moins que les autres à un risque de récidive de la prolifération des cellules tumorales. Le traitement en fonction du profil des receveurs Le Bélatacept s’administre en intraveineux en perfusions mensuelles sur plusieurs années en association avec des corticoïdes et du Mycophenolate Mofetil. L’étude ayant comparé ce schéma à une triple association, CsA, Mycophénolate Mofetil, corticoïdes, a montré que les patients traités par Bélatacept sans anticalcineurine avait une meilleure fonction rénale. Quel traitement pour quel patient ? La multiplication des médicaments immunosuppresseurs a permis d’adapter le traitement au profil pré et postgreffe de chaque patient mais les raisons au choix de son traitement peuvent lui paraître obscures, d’autant plus qu’il n’existe pas de recommandations précises dans ce domaine. Le traitement en fonction du rang de la transplantation Les transplantations à haut risque immunologique, c’est-à-dire les retransplantations ou les patients bénéficiant d’une première greffe rénale mais ayant des anticorps contre les antigènes HLA, recevront un traitement immunosuppresseur fort, comprenant du sérum anti-lymphocytaire dans les premiers jours de la greffe, suivi d’un traitement d’entretien associant généralement anticalcineurine et mycophénolate voire une petite dose de corticoïdes. Le traitement d’induction des premières transplantations repose sur le Basiliximab. Il existe par contre plusieurs options pour le traitement d’entretien. L’association inhibiteur de m-TOR Acide 42 /// Reins-Échos n°11 - www.rein-echos.fr Mycophénolique peut être préféré à la bithérapie anti-calcineurine Acide Mycophénolique. Cette modification, faite après quelques semaines de transplantation, est systématique dans certains centres qui privilégient la préservation de la fonction rénale ou intervient en fonction du profil des patients. Ainsi un patient qui a des antécédents de cancer sera plus probablement mis sous ce traitement. Le traitement en fonction des événements de la transplantation A chaque fois que la fonction rénale est menacée : donneur âgé, toxicité des anticalcineurines, dysfonctionnement rénal, le remplacement des anticalcineurines par un inhibiteur de m-TOR se discute, à condition que soient respectées les conditions d’une conversion réussie citées précédemment. Les protocoles utilisant le Bélatacept sont trop nouveaux pour avoir trouvé leur place et le médicament n’est pas encore commercialisé, même si de nombreux greffés l’ont déjà reçu. Il n’existe par contre pas encore de traitement efficace du rejet chronique et les transplanteurs sont démunis devant cette situation. La survenue d’un cancer imposera toujours des modifications du traitement immunosuppresseur. Dans le cas d’un cancer cutané, l’immunosuppression était jusqu’à présent simplement allégée mais les inhibiteurs de m-TOR ajoutent maintenant leur potentiel de prévention de la récidive et doivent remplacer les anticalcineurines. Si il s’agit d’un cancer Le receveur âgé (> 60-65 ans) est théoriquement un bon candidat pour un traitement par inhibiteur de m-TOR. La probabilité pour qu’il reçoive le rein d’un donneur âgé est forte ; du fait de son âge, il est plus exposé au risque de cancer et a peut être déjà des antécédents de cancer. Les études publiées montrent que la perte de la greffe chez les receveurs âgés est en grande partie liée à la mortalité des patients et que celleci est avant tout d’origine cardio-vasculaire. Il conviendrait donc de privilégier les traitements qui n’aggravent pas les facteurs de risque cardio-vasculaires. Malheureusement, il a été rattaché à la CsA un risque d’HTA, aux inhibiteurs de m-TOR un risque d’anomalies du cholestérol, au Tacrolimus un risque de diabète. Les corticoïdes ont à eux seuls ce triple risque mais il reste relativement simple de se passer ou d’arrêter rapidement ce type de traitement après la greffe. Dans notre centre, par exemple, nous transplantons sans corticoïdes un patient à risque de diabète, défini comme une personne ayant présenté un diabète de type 2 dans le passé et qui peut s’être amendé après une perte de poids, une personne ayant des antécédents familiaux de diabète de type 2 ou qui est en surcharge pondérale. Conclusion Un traitement immunosuppresseur plus adapté doit garantir une plus grande efficacité mais en faisant disparaître des effets secondaires gênants (troubles digestifs) et en évitant des complications graves de sur-immunosuppression ou cardio-vasculaires, il permet aussi une meilleure qualité de vie. La qualité de vie des patients transplantés fait d’ailleurs de plus en plus partie de l’évaluation des médicaments immunosuppresseurs. \\\