BLOC-NO TES
DES LEÇONS DE 'HOUMACH DONNÉES
DEVANT UN CONSEIL PÉDAGOGIQUE
(Sous la direction de H
. TS
. ENOCH)
Les « leçons » que nous publions ci-dessous constituent les comptes
rendus fidèles des cours qu'ont donnés, devant un certain nombre
de leurs collègues et en présence de leur directeur, deux professeurs
de l'Ecole Maimonide.
Les auteurs de ces «leçons» ont voulu mettre en évidence
un
certain nombre de principes :
1)
que, surtout pour des élèves au-dessus de 11 ans, un sujet
tiré du TENAKH doit être présenté de telle manière qu
'
il apparaisse
riche en problèmes
;
que l'enseignant n'a pas le droit de se con-
tenter d'une simple traduction ou d'un résumé du texte - ce qui
risquerait d
'
entraîner de la part de la classe un désintérêt total
pour le sujet enseigné ;
2)
que l'étude des « idées » contenues dans un texte n'exclut
nullement l'explication philologique approfondie, avec acquisition
de vocabulaire hébraïque, mais qu'elle la favorise, au contraire ;
3)
que c
'
est l'art du maître à souligner certains concepts qui
permettra de susciter chez les élèves la formation d'une
conscience
juive,
qui s'élaborera de leçon en leçon, se fondant sur la
connais-
sance
et sur le
sentiment.
La Rédaction de HAMORE remercie les pédagogues qui lui ont
transmis ces trois « leçons » et en félicite les auteurs
; elle aimerait
suggérer aux maîtres qui s
'
intéressent sérieusement aux questions
pédagogiques d'expérimenter à l'occasion ces cours dans leurs pro-
pres classes, avec les modifications qu'imposent les différences des
conditions de leur enseignement
. S'ils nous adressaient, à la suite
de cette expérience, leurs résultats et leurs observations, il s'en-
suivrait, dans notre revue, un échange d'idées extrêmement fruc-
tueux.
Nous avons souvent déjà exprimé le souhait d'une collaboration
plus étendue avec nos collègues
: ne pourraient-ils mettre égale-
ment à notre disposition des leçons qu'ils ont eux-mêmes traitées,
en exposant avec précision les conditions dans lesquelles elles se
sont déroulées (nombre, âge, niveau de connaissance des élèves,
nombre d'heures de cours) et en rendant compte avec autant de
fidélité que possible du déroulement du cours (questions du pro-
fesseur, réactions de la classe)
. De brèves remarques didactiques,
explicatives, relèveraient le niveau de leur travail.
Nous sommes persuadés qu
'
il y a beaucoup de «pédagogues»
parmi nous
: qu'ils nous fassent profiter de leurs expériences, car
n'est-il pas interdit LIKHBOCH ET NEVOUATO, de ne pas partager
ses connaissances avec ses collègues !
Première leçon-modèle de 'Houmach
Donnée par M
.
H
. Harboun
à une classe de 5ème de l'Ecole Mai-
inonide - élèves de 12 ans en moyenne, préparant le Certificat
d'Etudes Juives.
L'enseignement du
'houmach
dans les classes du Certificat d'Etu-
des Juives, tel qu'il se pratique actuellement, présente de nombreuses
difficultés
. En effet, le programme comporte la traduction de
dix chapitres tirés du
'houmach ou
des Premiers Prophètes
. Le
professeur limite son enseignement à la traduction
. Quelles sont les
conséquences de cette méthode ?
a)
L'étude du
'houmach
devient fastidieuse
;
le
professeur
éprouve quelque peine à maintenir la discipline.
b)
L'enfant fait appel uniquement à sa mémoire - tout l'ef-
fort consiste à apprendre les mots du vocabulaire,
c)
Il ne se crée aucun lien entre le texte et l'enfant
. A la place
du
'houmach,
on pourrait mettre du latin, le résultat serait le
même
.
d)
L'enfant apprend à traduire un texte donné, il éprouverait
beaucoup de difficulté à traduire un autre texte comportant
le
même
vocabulaire.
e)
Après l'examen, il ne reste strictement rien.
Pour rendre l'étude du
'houmach
intéressante, il convient de
ne plus la limiter à la traduction, et surtout d'éviter des séances
interminables de traduction de versets à tour de rôle
. Notre but ici
n'est pas de proposer la suppression pure et simple de l'examen du
C
.E
.C
.J
.F
., mais de faire aimer la
Tora
aux enfants, et pour cela
de leur
. donner la possibilité de découvrir, à travers le texte, l'enri-
chissement spirituel qui leur est indispensable
. Nous proposons
donc un
modus vivendi
entre la méthode
habituelle
de la traduc-
tion et la méthode a israélienne » - qui consiste en une étude de
texte
. Il faut à notre avis que l'étude du
'houmach
conduise à une
prise de conscience juive, et pour cela l'enfant doit être convaincu
que le texte qu
'
il étudie fait partie de son patrimoine
. Pour sortir
de la théorie, nous proposons ici à titre indicatif l'exemple d'un
cours de
'houmach
dans une classe du C
.E
.C
.J
.F.
L'étude portait sur le chapitre 3 de l'Exode
. Il convient au
préalable de signaler que le chapitre a été parcouru une fois déjà
pour relever quelques termes particulièrement difficiles
. Par consé-
quent dans notre cas les élèves sont censés avoir une connaissance
approximative du texte, sur le plan
linguistique
tout au moins.
LE DEROULEMENT DU COURS
Le Maître
. -
Nous venons de lire
les
huit premiers versets du
chapitre 3 de
Chemot
. Vous
avez certainement noté comme moi
que plusieurs termes identiques reviennent souvent dans ce texte.
35
Les élèves
font des propositions
. Le maître participe à la dis-
cussion et provoque ainsi un genre de concours entre élèves
. (1)
M
. - Essayons de voir clair
: nous allons classer ces termes :
(2)
1K71]ii ,i1K1t~1 ,te
l
l
,X7
1
1.
E
. - Tous ces termes viennent du verbe
iliaï
qui signifie
«
voir ».
M
. -
Il serait intéressant de trouver un titre à ce passage.
Les élèves
font des propositions
. (3)
M
. -
Nous
avons entendu différentes propositions, résumons-
les
: « Le buisson ardent » - « Conversation de Dieu avec Moché »
-
« Le miracle » - « La curiosité de Moché »
. (4) Vous avez cer-
tainement une remarque capitale à formuler.
E
. -
Dans ces propositions ne figure pas le verbe « RAO ».
Tous ces titres ne donnent pas une idée précise, ils sont trop
vagues.
M
. - Nous avons constaté que le verbe « RAO » est le plus
fréquent dans ce texte, mais « pour voir » il faut qu'il y ait d'abord
une rencontre
...
Les élèves
proposent alors le mot « apparition » et enfin le mot
«
révélation ».
M
. - Maintenons ce dernier terme qui semble donner satisfac-
tion
. Nous reviendrons plus tard sur ce terme, en hébreu
: HIT-
GALOUT
. (5) Cherchons maintenant autre chose dans cette racine
«
RAO »
: elle concerne une partie importante du corps.
E
. -
Après avoir reconnu qu'il s'agit des yeux, on en arrive
au terme définitif de « sens de la vue »
. (6)
M
. - Voyons maintenant comment réagit
Moché,
le verset
6
peut nous y aider
. Dans le verset 4 Moché a voulu voir, il s'est
approché pour voir - il avait donc l'intention de voir ? (7)
Les élèves
avancent des explications, comme
: « Moché ne vou-
lait pas voir Dieu, c'est le phénomène lui-même qui l'intéressait
. »
(8)
Moché avait peut-être peur de regarder l
'
Eternel ?
M
. - L'Eternel apparut à Moïse sous un nom précis - ce nom
nous est très familier.
les lettres «
rèch
», « ale/
» et
« hé ».
(3)
Cette fois aussi le maître se contentera d'écrire sur le tableau
les
propositions des élèves.
(4)
Le maître peut écrire les réponses des enfants en hébreu sur
.
le
coin du vocabulaire, par exemple, conversation = SI'HA.
(5)
Le titre est une partie importante de l'étude du texte, il convient par
conséquent de le noter en hébreu en haut et au milieu du tableau.
(6)
L'expression « sens de la vue » figurera aussi à côté du mot
SI'HA.
A
partir de maintenant, bien que les enfants ne parlent que le français, le
maître, lui, prononcera les mots en hébreu, ex
.
'HOUCH HAREIYA.
(7)
Pour illustrer l'hésitation de Moché il serait intéressant d'insister
sur la forme
ASSOURA-NA.
(8)
Ecrire la phrase en entier, avec point d'interrogation
: Pôiltqu©i
le buisson ne brûle-t-il pas ?
(1) Le maître réservera une partie du tableau avec un titre permanent
-
« Mador Halachon » ou «
le coin du vocabulaire »
. C'est là qu'il note
les mots difficiles.
(2) Le maître, en écrivant ces mots, utilisera la craie de couleur pour
36
Les élèves
font
. remarquer que Dieu apparaît
sous
le nom de
Dieu de ton père, Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac et Dieu de
Jacob »
. (9)
M
. -
On peut maintenant dire que le fait d'apparaître sous ce
nom a entraîné une réaction de Moché qui était négative
. Le verset
6 nous dit en effet « Moïse dissimula son
visage
»
. (10)
E
. -
(On lit l'étonnement sur quelques visages) - Peut-on
voir Dieu ? mais on nous a dit qu'Il « n'avait ni corps ni forme ».
Cette constatation ne tient pas
. Dieu apparaît par l'intermédiaire
d'un élément naturel, en l'occurrence un buisson.
M
. - Toute la grandeur de Dieu n'aurait-elle pu choisir autre
chose qu'un buisson ? pourquoi pas la majesté d'un cèdre ? (11)
E
. -
On ne trouve pas de cèdre dans le désert, mais on trouve
des buissons
. Le buisson convient mieux à la vision
. Un buisson se
consume plus facilement
. Il était donc normal que le regard de
Moïse soit attiré.
M
. - Nous allons faire un petit résumé de ce que nous avons
dit
. A ces huit versets on peut donner pour titre «
la révélation de
Dieu à Moché »
.
Le sens de la vue, le
'houch hareya
est mis en
évidence par la répétition du verbe RAO
. La réaction de Moïse à ce
'houch
est négative, Moïse ne voulait pas voir Dieu, telle est la
réaction de tout Juif qui ne veut pas tomber dans l'idolâtrie
. (12)
E
. -
Dieu connaissait cette réaction de Moché
: dans ce cas
pourquoi voulait-Il à tout prix Se faire voir ? (13)
E
. -
Le sens de la vue est le sens qui sert à convaincre
: on
croit plus facilement ce qu'on a vu par soi-même.
M
. -
Mais peut-être fait-on appel encore à un autre
'houch
dans ce texte ? Ne serait-ce qu'indirectement ?
E
. -
Le verset 4 comporte deux termes qui impliquent l'ouïe.
Ces termes sont VAYIKRA et VAYOMER, « VAYOMER
:
HINENI
»,
ceci prouve que Moché a entendu
. (14)
(9) Le maître insistera ici sur la signification de cette formulation.
(i0) Nous avons ici une occasion parmi d'autres pour élever le débat
et créer cette conscience juive si nécessaire à nos élèves
. On peut à cette
occasion interpréter le refus de Moïse de voir Dieu comme le refus de tout
juif de tomber dans l'idolâtrie
. Le refus de Moïse de voir Dieu, d'être
ébloui, peut aussi servir de base pour faire comprendre aux enfants que la
doctrine juive ne conditionne pas ses fidèles, elle veut des hommes majeurs
et non des fidèles à genoux.
(11)
Il existe également ici une occasion pour susciter un intérêt dans
la classe et pour façonner cette conscience juive dont nous avons parlé
plus
haut
. Pourquoi un buisson ? On peut faire appel à Rachi - MICHOUM
IMO ANOKHI BETSARA
: le buisson est le symbole de la
Galout
;
comme
on peut y introduire la main sans risque de blessure, on peut aller dans la
Galout sans inconvénient, tel Jacob descendant en Egypte
; et comme en
retirant sa main d'un buisson on se blesse, ainsi la sortie de la
Galout
est toujours pénible, ex
. la sortie d'Egypte.
(12)
Il convient de faire figurer tout le résumé sur le tableau, le tableau
devra être une image vivante du cours
; chaque fois que le maître prononce
un mot hébreu il devra l'indiquer sur le tableau pour que les élèves
.en
apprennent l'orthographe.
(13)
Il faut essayer de provoquer les questions des élèves. Le maître
devra alors diriger le débat, une fois la question posée, il aura ainsi l'occa-
sion de revenir sur des mots déjà vus, ce qui en facilitera ` l'assimilation:
(14)
Comme nous avons écrit d'un côté du tableau, l'expression
'HOUCH
HAREIYA
au-dessus des mots
VAYERA-VAYAR -
ER'E
MAR'E,
nous
écrirons cette fois
'HOUCH HACHEMIA au-dessus
des mots
VAYIKRA
=
VAYOMER
HINENI
.
37
M
. - Il serait aisé de connaître maintenant la question
.
q
ue Je
me propose de poser
: faisons un parallèle avec ce qui s'est passé
d'abord
. Nous avons vu quelle était la réaction de Moïse au
'houch
de la vue - négative
. Mais quelle est la réaction de Moïse au
'houch
de l'ouïe ? Cette fois, elle est positive
; il répond « présent »à l'appel
de Dieu
. Il veut bien écouter, mais pas voir
. (15)
M
. - Maintenant lisons attentivement le verset 7 et relevons ce
qui nous parait important pour la compréhension du texte.
E
. -
Cette fois, c
'
est Dieu qui parle
. (Plusieurs élèves
,
signalent
l'emploi de « RAO RAITI », on parle de
'houch Hareiya
.
En ce qui
concerne Dieu il est positif, Dieu peut, Lui, se permettre de voir avec
insistance
.) (16)
M
. - Dieu peut se permettre aussi le 'HOUCH HACHEMYA
le même verset emploie le verbe CHAMOA et cette fois d'une manière
directe
. Nous avons vu que le
'houch Hachemiya
chez Moché était
indirect.
Les élèves
font remarquer que parfois on entend sans écouter,
dans le cas de Moché il était trop préoccupé par la vision du Buis-
son
.
M
. -
Relisons encore une fois le verset 7
: on constate une
gradation dans les termes
; essayons de trouver ces termes.
Les élèves
citent les termes dans l'ordre
: RAITI - CHAMA'TI
(17) On avance aussi le terme YADA'TI
: ce terme serait donc la
conclusion de Dieu - la connaissance, la «
Yédiya
» ne serait-elle pas
la suite logique de la
Reiya
et de la «
Chemiya » ?
(18,
E
. -
Effectivement, on ne peut saisir l'importance d
'
une chose
qu'après la «
reiya
» et la «
chemiya ».
M
. - Nous arrivons maintenant à la fin de notre passage
. Nous
avons constaté que la conclusion pouvait se résumer dans le terme
YADA'TI, mais encore cette conclusion ne peut rester sans consé-
quences
. Ce terme YADA
'
TI a-t-il entraîné une conséquence ?
E
. -
La lecture
du
verset 8 donne la réponse à cette question.
On y relève en effet ces termes
: VAERED
.
.
. LEHAALOTO,
M
. - Il y a une constatation à faire à la lecture de ce verset.
Si nous suivons bien le mouvement décrit par ces mots
; on constate
qu'il y a d'abord la déscénte et après la montée
. (19)
VEER'E ».
(17)
Il est possible que la réponse des enfants ne corresponde pas à
celle que le maitre attend
. Dans ce cas il serait imprudent de répondre
sèchement par un « non »; il convient d'user des éléments figurant sur le
tableau pour amener les enfants à donner la réponse exacte.
(18)
On ajoute aux termes figurant déjà sur le tableau les mots que
nous venons de voir :
(19)
Pour terminer le cours, il est nécessaire de faire appel à
,
la cons-
cience juive des enfants
; dans le cas présent, le maître peut évoquer la
renaissance
d'Israël
: c'est le
terme LEHAALOTO,
après une
-
époque
de
décadence spirituelle
: c'est le terme VAERED.
(15)
Il
existe ici une troisième occasion de faire appel à la conscience
juive des enfants
: l'obéissance inconditionnelle à Dieu.
(16)
En relevant sur le tableau l'expression RAO
HAITI,
il convient
d'insister sur le redoublement du verbe, puis de dépasser le stade gram-
matical - pour dire que Dieu peut insister sur le
'HOUCH HAREIYA
contrairement à Moché qui, lui, agit avec précaution « ASSOURA NA
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